MEL-P est ce genre de groupe à créer une musique fraiche, puissante et oppressante. Original, racé, technique et débridés tels sont les mots qui conviennent pour décrire la musique des MEL-P. Une petite interview pour se caler avant le plat de résistance...une musique de maboul taillée pour la scène.

Salut les Mel-P ! Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de VS qui ne vous connaissent pas encore ?
Mel-P est un groupe de Dub Métal formé au Mans en 2004. A la base, on était 4 potes étudiants en acoustique. On s'est mis à jouer ensemble pour s'amuser et partager la musique qu'on écoutait (métal, punk, ska, dub, électro, fusion). C'était plus une période de recherche musicale pour s'amuser, je ne crois pas qu'on aurait pu appeler ça Dub Métal à l'époque ! De fil en aiguille, on a choppé des contacts pour enregistrer un maxi 5 titres, « Nouvelles de la Jungle » en 2005. A la suite de sa sortie, il y a eu pas mal de changements. Cyril et Aurélien nous ont rejoints aux guitares et on a commencé à travailler sérieusement sur l'univers, la scénique, les compos... Notre style quoi ! Thomas, un pote, avec qui on a joué pendant pas mal de temps, est venu se greffer sur le projet à la programmation et au trombone. C'était pour nous la dernière couche qu'il manquait en l'absence de chant.
C'est avec ce line-up qu'on a pondu "Anima Azylum".

Que signifie votre nom ?
Mel-P est une version abrégée du terme « melting pot » qu'on a détourné pour dire « mélange de styles musicaux ». A l'époque, on ne s'était pas trop cassé la tête pour trouver ce nom !

Vous définissez votre style musical en le qualifiant de Dub/Metal. En écoutant ne serait-ce que quelques secondes votre nouvel album, on comprend pourquoi vous avez choisi cette appellation. Bien que vos influences semblent très riches et diverses, qu'est-ce qui a bien pu vous passer par la tête pour faire copuler ces deux styles apparemment très éloignés l'un de l'autre ?
On a toujours tous aimé les fusions de genres dans la musique. C'est un peu arrivé au fur et à mesure des compos. On jouait et écoutait du dub et du métal, mais aussi d'autres trucs. Du coup, on a tout mélangé et on s'est rendu compte que ça sonnait bien comme on le voulait finalement. C'est peut-être le côté sombre dans ces deux styles qui fait que ça marche, le fait de pouvoir créer des ambiances glauques et atmosphérique. A cette époque, nous étions tous sous influence « Mike Patton projects » ! Je pense que ça nous a donné des idées dans cette direction et ça nous a aussi permis de comprendre qu'il n'y a pas forcément de limites à mixer tout et n'importe quoi. Les limites sont justes celles que tu te fixes en fait...

Les plans Dub que vous pondez sont particulièrement carrés et maîtrisés. A la vue de cette maîtrise, vous devez porter une affection véritable au Dub et peut-être aussi au Reggae ?
Pour le côté carré, les compos étaient toutes écrites en midi. Il a fallu qu'on se force à être efficace pour que ça sonne. Après, on ne fonctionne plus complètement comme ça maintenant, mais ça nous a donné une certaine rigueur et expérience de ce côté-là. Nous venons tous d'univers musicaux différents et bizarrement aucun de nous n'a une vraie culture reggae (genre on écoute tous Bob Marley et puis c'est tout :) ), mais, par contre, chacun a ses références côté dub, drum&bass, électro (High Tone, Amon Tobin, Prodigy,...).

Outre le Dub, je retrouve dans vos plans des influences polyrythmiques (peut-être Meshuggah ?), du Post Core, du gros metal qui tache et même du Drone. Pouvez-vous nous dire quels sont les groupes que vous aimez et comment arrivent-ils à se mêler pour donner ce mélange particulier ?
Effectivement, nous aimons pas mal de groupes comme Meshuggah, Textures ou Tesseract pour leurs polyrythmies notamment. Côté post-core on est plutôt influencé par The Ocean et Cult Of Luna et quant au gros métal, ce serait plutôt Gojira, Threat Signal... On aime bien aussi les barjos de Sikth, les groupes de mathcore comme The Number Twelve Looks Like You et The Dillinger Escape Plan ou encore, dans un style bien différent, Sleepytime Gorilla Museum.

Peut-être que le côté un peu bizarre qui peut se dégager en écoutant notre musique peut s'expliquer par le fait que c'est le batteur (Mathieu) qui a composé une bonne partie de cet album et qu'il n'est pas du tout guitariste. Ça fait des riffs à la con qu'il faut que les gratteux réarrangent et adaptent. Ça les force à jouer différemment et à adapter leurs jeux.

Vous semblez presque farouchement opposés à l'incursion du chant dans votre musique. Vous pensez que cela le dénaturerait si une voix venait se mêler à tout votre univers ?
On a essayé mais ça fonctionne pas. Et puis Mike (Patton) ne répond pas à nos mails :)
L'intégration de Thomas aux machines a définitivement réglé le problème pour nous.

Beaucoup de Webzine trouvent que votre univers particulier fait référence à la folie. Est-ce que c'est une réflexion qui selon vous, définit ce que vous essayiez de faire artistiquement parlant ?
Effectivement, on aime bien plomber des atmosphères glauques sur les dubs et aussi péter un câble sur les parties métal. Notre jeu de scène va dans ce sens vu qu'on incarne des patients d'un hôpital psychiatrique, livrés à eux-mêmes dans leur délire musical. Et puis Micka (basse) a vraiment une tête de taré sur scène :)

Sur beaucoup de vos chansons, la sensation de claustrophobie est palpable. Est-ce que la vie urbaine exerce une influence sur votre musique ?
C'est possible. On n'est pas misanthropes mais pas loin :D Il y a peut-être des effets sur notre musique.

Je parlais plus haut de Meshuggah. Je trouve personnellement, que vous interprétez très bien leur message et leur "héritage" en créant une musique barrée mais personnelle... Vous vous sentez une filiation avec les gars de Uméa ?
Euh... C'est déjà très flatteur de nous comparer à eux. On ne peut pas renier qu'on est un poil influencé, mais ça ne résume pas nos influences comme on l'a dit plus haut.
Nous sommes en train de préparer un nouvel album pour le printemps 2013. On a déjà quelques morceaux bien avancés dont certains qu'on joue sur scène actuellement. Ce sera plus puissant, plus atmosphérique et même plus progressif. Les structures de morceaux sont déjà plus complexes et les riffs plus techniques. Du coup, le rapprochement avec Meshuggah mais aussi avec The Ocean devrait se sentir encore plus, tout en gardant la pâte qu'on a réussi à créer sur "Anima Azylum".

Vos visuels sont assez particuliers. C'est toujours le même gars qui bosse sur les visuels avec vous ?
Oui pour l'instant nous avons travaillé avec la même personne (c'est une fille, d'ailleurs). Les visuels ont été obtenus à partir de photos prises dans un ancien hôpital psychiatrique et correspondent bien à notre univers.

Comment espérez-vous la suite de vos aventures ?
On aimerait faire plus de scène. Les programmateurs sont un peu timides lorsqu'il s'agit de faire jouer des groupes plutôt barrés. En tout cas, Mel-P a du mal à rentrer dans la plupart des moules, tantôt trop violent et tantôt pas assez. Mais nous persévérons ! Comme nous l'avons dit plus haut, on travaille sur un nouvel album, on recherche des concerts pour fin 2012 et début 2013. Si les programmateurs timides (ou pas) nous lisent, à bon entendeur! :)

Un label n'est pas une priorité, vu qu'on arrive à se débrouiller sans, mais on se dit qu'il serait bon, pour pouvoir se produire plus et avoir une meilleure visibilité, d'en intégrer un. C'est surtout sur la communication que c'est dur. Avec le développement du web, c'est difficile de toucher un max de gens, vu qu'on est 15.000 à faire la même chose ! Et puis, on se dit que c'est surtout par les concerts qu'on touchera le plus de public et donc des gens susceptibles d'être intéressés par ce qu'on fait.

Le mot de fin est pour vous les gars.
2.

Dernière minute : Le groupe mis l'intégralité de l'album en écoute à cette adresse :
http://soundcloud.com/melp-music/sets/anima-asylum/