Pour commencer pouvez-vous présenter la genèse du groupe, nous raconter comment vous vous êtes rencontrés et comment le groupe s’est formé ?
ALAN : En gros, ça fait 3 ans que nous jouons ensemble maintenant. A la base je connaissais Mikel, le batteur, qui venait d'un autre groupe puis le guitariste aussi qui venait d'un autre groupe et ainsi de suite. Au final on s'est tous croisés, ça s'est bien passé : « Ah tu veux faire de la musique, c'est cool. ». Ça fait trois ans, on ne se connaissait pas trop à la base, nous n'étions pas les meilleurs amis du monde mais maintenant ça va.
JEROM : On ne se connaissait pas en fait. Le lien entre nous c'était Dillinger. On avait joué ensemble à Espelette et voilà. Puis au Pays Basque la culture hardcore est très limitée donc quand tu rencontres quelqu'un qui écoute la même musique que toi, tu commences à trainer un peu avec lui et voilà…
Pour un groupe comme le vôtre quelle importance revêt le fait de jouer au Hellfest, sur un festival maousse comme celui-là ? Qu’espérez-vous tirer de cette expérience ?
ALAN : On ne sait pas encore vraiment mais je pense et j'espère que ça va nous aider à trouver plus facilement des dates. Parce que sur un CV « Hellfest » ça donne tout de suite plus de gueule. Au niveau de la promo c'est un vrai plus, ça va nous donner un petit coup de pouce.
JEROM : Puis c'est une vraie expérience que de jouer sur une grosse scène. Nous, on a plus l'habitude des petites salles, des bars et des squats tout ça. Là ça doit être la deuxième ou troisième grosse scène qu'on fait. Je pense pas qu'on ne va pas en faire beaucoup alors bon… Mais c'est vrai que tout ce qu'il y a autour, tout ça, c'est une grosse machine. Franchement c'est super enrichissant sur tous les plans.
ALAN : Ouais puis jouer sur des scènes comme ça, ça te forme. Le son, les retours, tout ça, ça n'a rien avoir. Quand tu débarques ici, tu te cherches, t'es en dilettante un peu. Habituellement on a le même son que les gens dans la salle, mais ici c'est très différent. Tu balances et dans les retours t'as l'impression de ne rien envoyer.
En tout cas vous aviez l’air assez à l’aise sur la scène. En tant que groupe, y a-t-il une grosse différence à jouer sur une grosse scène comme ça ou dans des petits clubs ?
MIKEL : C'est différent au niveau de l'appréhension au début, de l'ambiance. T'arrives plus facilement à créer une ambiance dans des lieux plus petits ou c'est plus guerre.
ALAN : On aime bien ressentir le contact des gens et là, ce n'est pas pareil, tu ne sens pas ça, il te manque la chaleur humaine.
JEROM : Puis normalement on a un jeu de lumières autogéré par le bassiste qui s'en occupe avec des pédales donc ça nous aide beaucoup au niveau de l'ambiance puis pour nous, ça nous aide à rentrer dedans. Puis en plus si nous, on fait de la merde, il reste un beau jeu de lumières pour cacher la misère. (rires)
MIKEL : Maintenant, à côté de ça, ici t'as un confort, t'as un gros son. Pour moi le son de la grosse caisse c'était magique (rires). Ça change la vie.
JEROM : Mais ça surprend aussi, au début j'ai trouvé ça super déstabilisant. On n'est pas habitués, t'entends tout mais pas tout en fait. Parce que le son est très ciblé. Là t'entends certaines choses, là t'en entends d'autres, tout dépend de l'endroit où tu te trouves sur la scène. Toi Alan, je t'entendais, toi je t'entendais pas…
MIKEL : Ah ouais ? Putain j'envoyais pourtant merde ! (rires)
En tout cas de la fosse on entendait bien tout le monde je vous rassure. Sinon vous êtes là depuis le début du festival, vous avez vu des groupes, vous allez en voir d’autres ou vous êtes en mode VIP à traîner comme tout un tas d’autres groupes?
ALAN : Non, non, non on n'est pas comme ça. On a tous vu et on va essayer de voir le plus de groupes possible. Là on commence à fatiguer parce que ça devient long mais on est ici aussi pour la musique.
JEROM : Nous, on profite de l'opportunité, on vient là, c'est payé et on profite. Enfin moi si je ne jouais pas, je ne serais pas venu parce que je n'ai pas les moyens, c'est Noël pour moi. Pouvoir regarder des groupes depuis le côté de la scène c'est bien. Nous, on est des petits du coup on n'a pas la prétention de venir et de traîner à rien faire donc on va voir le plus de concerts possibles.
MIKEL : On est là pour la musique, merde !
On va parler un peu de l’album maintenant. Comment vous êtes-vous retrouvés sur le label Throatruiner ?
ALAN : Tout simplement parce qu'on démarchait plusieurs labels et Matthias de Throatruiner nous a dit qu'il était intéressé et voilà. On ne se connaissait pas à la base, depuis on s'est vu quelque fois mais avec internet tout est vraiment facile aujourd'hui. Le truc classique quoi.
Maintenant entre cet album et l’EP vous avez connu une belle évolution au niveau du son. Au départ c’était très Dillinger, l’album, lui, est plus porté vers des choses plus sombres et lourdes. Tout ça est venu assez naturellement ou c’est une évolution réfléchie ?
ALAN : Non c'est venu assez naturellement. Au début on aimait vraiment les groupes qu'on ne comprenait pas. T'écoutes et tu te dis « Merde comment il a fait ça… ». Du coup, c'est vrai qu'on a essayé de faire ça au début puis naturellement on s'est mis à plus réfléchir au niveau des compos, à ne plus en mettre partout juste pour en mettre partout. On a essayé de gagner en efficacité de proposer une musique un peu plus vivante. Parce que même pour toi, en tant que musicien, quand tu es toujours à fond et dans des choses hyper techniques, t'es pas toujours dedans, tu ne vis pas vraiment ce que tu joues et tu dois être concentré à 100% sur ton jeu. Après on vieillit un peu tout ça…(rires)
JEROM : On vieillit ? Ferme ta gueule toi (rires). Après on voulait essayer de varier un peu les ambiances. Je sais que c'est très à la mode en ce moment. Mais à la base toi, tu viens du Black Metal…
MIKEL : Non, moi, je viens du Pays Basque. (sourire)
ALAN : En fait lui (Mikel) c'est un putain d'extrémiste de merde. C'est pour ça on ne pourra jamais tomber dans des trucs super simples.
JEROM : Il est chiant, il n'aime pas les trucs redondants, il n'aime pas jouer deux fois la même chose, un riff qui tourne quatre fois il en peut plus : « Non c'est trop les gars… » Lui à la batterie il fait « tu-ca tu-ka » deux fois, une demi-mesure mais plus c'est hors de question. Il le fait mais encore c'est parce qu'on a dû lui tirer les poils de cul.
MIKEL : Et ouais… ouais… Je vous emmerde. (Rires)
Comment s’est passé l’enregistrement, la composition, la confection de cet album ?
ALAN : On l'a composé en une petite année en fait. On avait cinq morceaux de prêts depuis quelques temps puis on a fini le tout sur le dernier mois avant d'entrer en studio donc on a un peu speedé sur la fin, on a manqué de temps et on a composé sans trop réfléchir, un peu à la va vite sur la fin.
JEROM : Sur le dernier morceau qu'on a enregistré, le chant je ne le connaissais pas, je suis un gros branleur du coup c'était compliqué…
D’ailleurs, si je peux me permette, ça s’entend à l’écoute…
JEROM : Oui, c'est vrai. Moi, personnellement, cet album je ne l'aime pas du tout. J'adore l'EP, je l'ai réécouté y'a pas longtemps, il a plus de couilles. L'album bon… en plus au niveau de ma voix je la trouve naze. Y'a rien quoi, y'a rien. Moi, j'aime pas l'album. Le truc c'est que Alan il nous fixe pas mal d'objectifs. C'est cool mais c'est chiant. Par moments t'as envie de lui dire « ferme ta gueule t'es un connard » mais c'est bien, hein. Ca nous donne des buts à atteindre. On s'était dit l'album on le fait là absolument. Du coup on l'a fait là absolument mais c'est naze… On s'était dit pareil, on sort un album pour la fin de l'année mais finalement on va prendre un peu plus de temps.
ALAN : Ouais on prend le temps mais pour le prochain, on a déjà des sessions de pré-prods prévues à la rentrée.
Donc tu disais que tu n’aimas pas du tout l’album mais comment tu fais pour le défendre en live ?
JEROM : Ah mais en live là, c'est pas pareil, ça passe mieux parce que y'a toute l'énergie du live mais en fait je prends vraiment mon pied sur les nouveaux morceaux, les nouvelles compos, là ouais. Ça commence vraiment à avoir de la gueule et une vraie identité. C'est pas prout-prout fou fou comme au début, Dillinger mes couilles. Non là, y'a vraiment quelque chose qui se construit. Là on en joue trois nouvelles par rapport à l'album et je prends vraiment mon pied.
ALAN : Ouais, ouais, moi aussi.
Et donc pour le prochain vous allez encore le sortir sur le même label ?
JEROM : Ouais je pense qu'on va rester chez lui…
ALAN : On va voir avec lui comment ça peut se passer, si on peut avoir d'autres labels sur le coup pour essayer de mettre toutes les chances de notre côté. Si on peut avoir d'autres labels à l'étranger ce serait bien, ça nous permettrait d'avoir une plus grosse visibilité, de faire plus de dates etc etc…
Alors une chose que je me suis souvent demandé c’est ce nom du groupe. D’où ça vient ? Il a une signification particulière, y’a une référence derrière ? Parce que bon, comment dire… ça ne veut un peu rien dire.
MIKEL : Vas-y tu te démerdes maintenant…
JEROM : Non, ça ne veut rien dire. Y'a un truc derrière, c'est très construit. En fait, il devait être quatre heures du matin, j'étais à Bayonne, je devais être complètement bourré. J'ai appelé Mikel, il jouait avec son groupe d'avant dans un village à 50 km de là. J'étais torché vraiment, du coup je l'appelle : « Hé, j'ai trouvé un nom, on va s'appeler. Rodeo. Idiot. Engine. » lui il était naze et il a fait « Ouais… ». Voilà. (Rires collectifs). On essayait de trouver des noms mais ça nous prenait trop la tête donc on a gardé ça. Y'a pas de sens, c'est pas du tout réfléchi mais ça se retient et ça nous ressemble un peu aussi. Au début, on était très Dillinger et on cherchait des trucs idiots… puis pour tout te dire je me souviens t'avoir appelé mais je ne me souviens pas du tout de la soirée, ni avant ni après.
Et au niveau des paroles, du texte c’est pareil ou là, y’a un message derrière, une vision, quelque chose comme ça ?
Non j'ai aucune prétention de délivrer quoi que ce soit. J'écris juste quoi… Je ne suis pas un parolier, je n'aime pas du tout écrire mais je suis un peu obligé. Donc je le fais au dernier moment et ça me fait chier. C'est très viscéral finalement, ce sont des choses qui me sortent comme ça mais non y'a pas vraiment de fil rouge, de message ou quoi que ce soit…
Vous écrivez la musique d’abord et les paroles viennent par la suite ?
JEROM : Oui j'écris en fonction de l'ambiance de la musique mais vu que c'est assez chiant ben les paroles sont assez chiantes (rires).
Vous venez tous du Pays Basques, c’est une chose que vous revendiquez ou au contraire ça n’a aucune espèce d’importance ?
ALAN : Non pas vraiment mais quand on tourne en France ou même à l'étranger on aime bien dire qu'on vient de là. Ce n'est pas pour revendiquer quoi que ce soit mais ça vient naturellement. Ca fait partie de nous quoi. Mikel et notre autre guitariste Txomin ont parlé basque avant de parler français.
JEROM : Après, c'est un peu en dehors du groupe mais on revendique chacun personnellement des idées plus ou moins engagées dans l'identité et la culture basque mais on ne sert pas du groupe pour ça. On est tous engagés à des niveaux différents dans la défense et la mise en avant de cette culture mais jamais via le groupe, ce sont deux choses séparées. On a déjà écrit un morceau en basque sur une compil pour la condition des prisonniers etc etc… Mais bon c'est toujours pareil, t'écris un texte et quelque soit la langue au final ça sonne « Bwah Bwah »…
Maintenant comment vous voyez le futur et l’avenir du groupe à court et moyen terme ?
ALAN : On va tourner en France une semaine fin juillet et fin août on a un festival vers Montpellier, on va revoir des copains tout ça. Pour l'été on va jouer puis après comme je disais on va se calmer au niveau dates pour préparer l'album avant de recommencer à jouer après la sortie du disque. Pour le moment on fait une ou deux par an mais on va essayer d'intensifier le rythme et ne plus faire que ça. Tourner trois semaines, rentrer une semaine, repartir trois semaines et ainsi de suite.
JEROM : Txomin il a démissionné pour se consacrer à ça. Il était instit dans une école basque, il a quitté son poste.
Justement par rapport à ça comment vous arrivez à combiner votre vie professionnelle et personnelle avec la vie du groupe ?
MIKEL : On arrête de taffer.
ALAN : Voilà on arrête. Pour le moment on s'en sortait avec les congés mais les cinq ou six semaines qu'on avait sur l'année n'étaient vraiment pas assez. Moi je vais démissionner aussi à la rentrée, là. Mikel est intermittent donc c'est un peu plus facile pour réussir à gérer quoi.
JEROM : Là avant les tournées c'étaient les vacances scolaires donc c'était compliqué et pas suffisant. Maintenant le bassiste, Thomas, il peut s'arranger, moi je suis à mon compte… Mais bon c'est la vie quoi. Le plus dur c'est la vie conjugale.
MIKEL : On l'a lâchée y'a longtemps celle-là. (rire)
JEROM : La vie conjugale nous a lâchés plutôt. Moi, ma copine elle veut un enfant et tout, elle me fait chier avec ça. Non mais attends-moi je ne suis pas sorti de l'adolescence encore. Je regarde mon caca quand je vais aux toilettes. Moi aussi je veux un enfant hein, mais plus tard…
Vous pourriez l’élever en tournée, jeter des couches sur le public.
JEROM : Ouais des couches pleines dans la gueule, c'est ça le hardcore merde.
ALAN : En 2012 ça se passe comme ça.
JEROM : Cacacore. Merci pour le concept, si jamais on commence à monter un projet c'est pour toi.
Je suis flatté. On arrive à la fin là donc si vous avez des choses à jouter, des blagues, des commentaires, des choses importantes, n’importe quoi, c’est le moment.
JEROM : Si, si, moi j'ai un truc. Notre deuxième guitariste Txomin, il n'est pas là, mais tu peux faire passer le message : il bande mou. Tu l'écris en gras : « Txomin bande mou. »
Parfait, ça fait un beau mot de la fin.
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