Gregor Mackintosh - VALLENFYRE par ZOLTAR - 2989 lectures
Les auteurs de VALLENFYRE ont d'abord tenté (et rapidement échoué, en ces heures sombres où le tout internet évente tout de suite le moindre des secrets) de cacher leurs identités pour "mieux laisser parler la musique". Et le pire, c'est bien la musique qui a fini par avoir le dernier mot. Car au-delà des noms prestigieux que l'on retrouve derrière - attendez les filles, on parle quand même du bassiste de DOOM, de l'un des guitaristes de MY DYING BRIDE, du batteur d'AT THE GATES et du compositeur principal de PARADISE LOST nom de Zeus! - 'A Fragile King' s'est révélé au final être un putain de disque de death, grand public sans le vouloir car nanti de 'vraies' chansons. Alors qu'il était en studio avec PARADISE LOST (interview réalisée fin novembre dernier), le guitariste Gregor Mackintosh, reconverti en chanteur (éh oui) pour l'occasion d'ailleurs, a accepté de lever le voile sur l'une des belles surprises de 2011 et un projet pas si projet que cela car déjà annoncé au prochain PARTY SAN, yes!!! (interview Olivier "Zoltar" Badin - Transcription Tonton)


Tout d'abord pour commencer cette interview, je voudrais que tu nous expliques l'évolution qu'il a pu y avoir dans votre approche du public. Au tout début, lorsque vous avez signé avec Century Media, un mystère total entourait le groupe à l'exception d'une simple photo sur le 7'' EP. Et maintenant, tout le monde est au courant. Sur le site de Century Media il y a une description très détaillée expliquant les raisons, l'inspiration et ce que tu voulais faire avec VALLENFYRE. Vous avez tourné une vidéo, donné des interviews. Alors je voudrais savoir
pourquoi vous êtes passés d'un extrême à l'autre en terme de communication ?
Greg Mackintosh – Tout d'abord, je dois dire que l'idée de sortir un 7'' EP n'était pas la nôtre. Ça n'a jamais été dans notre intention. Ensuite, vu nos carrières respectives, nous n'avions pas envie que les fans se fassent une idée préconçue de VALLENFYRE. On voulait se délester de notre passé de musiciens. Pas de bagage, pas d'histoire, pas de parallèle avec PARADISE LOST ou MY DYING BRIDE. C'était mieux, dans un premier temps, de ne rien dire et de laisser la musique parler pour nous.


J'imagine qu'il ne devait pas être facile pour Century Media de garder ces informations confidentielles. Ils devaient crever d'envie de faire savoir qui était derrière VALLENFYRE...
GM – Oui c'est clair qu'ils voulaient communiquer à ce sujet. Il a bien dû se passer deux mois avant que les infos ne filtrent. Je trouve que c'est sympa de leur part de nous avoir laissé faire.


Au regard de tous les projets qui fleurissent actuellement sans connaître de réelles pérennités, j'en veux pour exemple Shane Embury qui cumule les side-projects qui ne connaissent les honneurs de la scène qu'à dose homéopathique, ne crois-tu pas que cela rendrait méfiant les fans potentiels qui ne verraient dans le groupe qu'un exercice de style vaniteux ?
GM – Oui cela m'a traversé l'esprit également. Mais dans mon cas je joue avec PARADISE LOST depuis plus de 20 ans. Je n'ai jamais été dans un side-project. Ce n'est pas quelque chose qui m'attirait véritablement.


Oui on connaît désormais les motivations qui t'ont poussé à mettre sur pied le groupe. Tout a été instigué par le décès de ton père. A-t-il été facile d'expliquer cela, de livrer la vérité sans pudeur ?
GM – Non ça ne l'a pas été. Lorsque j'ai commencé à écrire il n'y avait pas d'idée d'album ni de chansons. C'est parti d'échanges que j'avais avec mon frère ; une sorte de thérapie où j'exprimais mes sentiments, ma colère, ce que je ressentais. Et il se trouve que certains morceaux de ces textes sont devenus des paroles. J'avais déjà 70% de l'album écrit alors qu'il n'y avait pas encore d'album. J'aurais pu faire une thérapie ou me renfermer sur moi-même. J'en ai plutôt parlé à mes amis les plus proches. Lorsque nous avons commencer à répéter j'ai cru que ça serait horrible, pesant. En fait, ça ne l'a pas été du tout. On s'amusait et on se marrait tout le temps. J'ai aimé ça... pouvoir déconner à nouveau.


Qui aurait pu penser qu'un événement aussi tragique donnerait naissance à une musique aussi triste et sentimentale plutôt qu'à un death metal chargé de colère ?
GM – Oui mais d'un autre côté, lorsque j'ai débuté avec PARADISE LOST, j'étais complètement dans ce style de musique. C'était un peu comme revenir plus de vingt ans en arrière. C'est venu assez naturellement. C'était ma première approche de la musique. Quant à savoir si c'était difficile d'exprimer ses émotions, non pas vraiment. Quand on y songe ce qui m'est arrivé va arriver à tout le monde. Qu'on le veuille ou pas. Je pense qu'il est préférable d'en parler plutôt que de garder ça à l'intérieur. Ce qui est bizarre dans un genre comme le death metal, c'est qu'on peut aborder absolument tous les sujets imaginables mais lorsqu'il est question de la véritable mort, les gens prennent peur. C'est étrange mais c'est sans doute parce que c'est inéluctable. Mais derrière l'aspect thérapeutique de VALLENFYRE il reste une forme d'hommage au « old school stuff ».


Je sais que tu es fan d'AUTOPSY, CELTIC FROST mais lorsque l'on écoute l'album il apparaît une nette influence de la scène de Stockholm dans le son des guitares à la ENTOMBED, GRAVE...
GM – Ça n'était pas vraiment intentionnel mais il est exact que le death suédois fait aussi partie de mes influences. ENTOMBED comme tu disais mais aussi NIHILIST, CARNAGE aux côtés de certains groupes de la scène US comme les premiers MORBID ANGEL, AUTOPSY, REPULSION mais aussi les débuts du crust NAPALM DEATH, DISCHARGE, ANTI-CIMEX. Voilà, VALLENFYRE c'est un mix de tout ça. Certaines personnes y voient telle ou telle influence plus marquée que les autres. Moi je voulais simplement réunir toutes mes premières sources d'inspiration sur un même disque tu vois.


C'était peut-être aussi une façon de revenir à quelques chose de moins sophistiqué. Le style de PARADISE LOST n'a cessé d'évoluer au fil du temps. Et pour le coup, tu as juste branché les amplis et plaqué des bons gros riffs cradingues.
GM – En fait c'était assez rafraîchissant de rejouer ainsi. Il est vrai qu'avec PARADISE LOST nous avons vite évolué pour nous orienter vers un son différent. Quand j'ai commencé VALLENFYRE, il était évident pour moi que ça serait du death metal. Je savais aussi que les gens y reconnaîtrait du PARADISE LOST puisque j'en ai composé la plupart des riffs. Cela n'a jamais cessé de faire partie de moi. Je suis toujours fan de death metal. J'ai gardé mes vieilles démos. On peut se demander l'intérêt de garder ces vieux trucs d'il y a 25 ans mais j'y tiens.


Tiens justement, tu as travaillé sur les guitares mais quel a été ton ressenti avec cette expérience nouvelle du chant. Je sais que dans un premier temps, vous aviez cherché un chanteur mais au final...
GM – Oui je voulais quelqu'un d'autre mais sans réellement y avoir réfléchi au préalable. Après j'ai pensé à quelques uns de mes amis dans divers groupes mais j'ai vite réalisé que leur voix ne collerait pas avec la musique. Et puis il y avait le côté très personnel des textes. Cela aurait été bizarre d'entendre mes mots dans la bouche de quelqu'un d'autre. Alors j'ai décidé de me lancer. J'ai travaillé ma voix quelques semaines. J'ai longuement répété pour retranscrire au mieux le caractère émotionnel des paroles. Au final, j'avoue que cette expérience m'a plu. C'était bizarre d'être sans guitare après toutes ces années mais le fait est, je me sens heureux de l'avoir fait. C'était un sacré challenge.


Il était évident pour toi d'user d'un chant grogné...
GM – Oui cela m'a semblé logique avant même que j'y réfléchisse. Le chant devait traduire une certaine angoisse, une certaine colère et les growls étaient tout indiqués.


Pour revenir au sujet qui t'a inspiré pour ce disque. J'avoue qu'il est assez inhabituel de trouver un terme aussi sérieux dans un style résolument tourné vers l'agressivité et dans lequel le fan moyen prête assez peu attention aux textes. Les tiens sont tristes plein de cynisme voire même nihilisme.
GM – Oui absolument mais c'est ainsi que je me sentais lorsque je les ai écrits. Ces textes représentent un instantané de ce que j'avais en tête. Il va de soi que si nous continuons avec VALLENFYRE, si nous sommes assez inspirés pour faire un autre album d'ici deux ou trois ans, il nous faudra aborder un sujet différent. Il m'apparaît comme évident qu'on ne puisse pas « fabriquer » de toute pièce cet état d'esprit.


Je sais qu'il est encore un peu tôt pour parler de cela mais comment vois-tu le futur du groupe. Est-ce que tu as imaginé une carrière comme celle de BLOODBATH jouant une paire de concerts par an et produisant un album tout les deux, trois ans ?
GM – Hmm je ne sais pas exactement. Je sais que le reste du groupe et moi-même avons envie de donner des concerts. Nous en avons déjà quelques-uns de planifiés : des petits concerts en mars de même que quelques festivals cet été (ndT : depuis la présence de VALLENFYRE a été confirmée au Party San). On a envie de jouer surtout dans des petites salles cradingues, le genre d'endroit où tu trouves de la merde étalée sur le mur des loges. (rires)


En te remettant au death metal de façon aussi réussie, crois-tu que cela aura un quelconque effet sur le futur musical de PARADISE LOST ?
GM – Non, je ne pense pas. PARADISE LOST représente une partie de moi alors qu'on pourrait voir en VALLENFYRE le souvenir, la réminiscence qui m'a fait réaliser pourquoi j'avais commencé à faire de la musique avec PARADISE LOST. Je crois que beaucoup de gamins d'aujourd'hui s'attaquent à la musique pour de mauvaises raisons. Certains viennent me voir en demandant comment faire presser leur disque, comment imprimer des T-shirts. Ils devraient plutôt se demander pourquoi ils veulent faire de la musique. Joue avec tes potes, bois des bières et quand c'est fini rentre chez toi (rires). On doit faire de la musique parce qu'on aime ça. C'est primordial mais de nos jours, les gens ont un peu perdu cette conception du truc.


Difficile de terminer cet entretien sans te demander ce qu'il en est de PARADISE LOST...
GM – Le groupe a été mis en veille ces dernières années mais nous avons repris l'écriture et devrions commencer à répéter dans les prochaines semaines. L'enregistrement du prochain album devrait se faire en novembre pour finalement sortir en mars 2012. (ndlr : dernière date officielle, le 23 avril prochain)


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