Phil (Guitare) - MPO par SEB ON FIRE - 2168 lectures
MPO (ex-Monsieur Po) vient de sortir un album explosif, sombre et massif. Pour en savoir plus sur "Deny Life" et le groupe en général, une petite interview épistolaire s'imposait. C'est chose faite.


Salut, vous pouvez présenter le groupe et nous faire une petite et rapide biographie?
Le groupe existe depuis 2002 et a connu plusieurs changements de line-up. Je suis le dernier survivant du line-up d'origine, arrivent ensuite Valentin, Johnny puis Stef pour ce qui est du line-up actuel sachant que nous sommes en décembre 2011. Le groupe a sorti une première démo en 2004, un maxi en 2007, un split en 2010, et dernièrement le premier album.
Stef chante, Philippe joue de la guitare, Valentin joue également de la guitare, mais en attendant de trouver notre nouveau bassiste, il s'est dévoué pour occuper ce poste en live, et enfin Johnny est à la batterie.


Vous avez subi pas mal de bouleversements ces derniers temps avec un changement de line-up et de nom, vous pouvez nous éclairer là-dessus ?
Le line up a souvent changé, à chaque fois à des moments cruciaux : départ du premier chanteur et du batteur de l'époque pile à la sortie du maxi, départ du bassiste, Ilhan (présent depuis le début), au moment où on s'apprête à sortir le premier album. Tout ça n'a pas facilité l'avancée du groupe. Mais bon c'est comme ça, chacun a ses attentes, chacun a sa vie en dehors du groupe et est amené à faire des choix, c'est pas "Hélène et les garçons", il y a un moment où les chemins se séparent. Le plus important c'est que malgré ces changements le groupe ait continué d'exister et ait réussi à chaque fois à intégrer et s'imprégner des nouveaux venus, j'ai toujours vécu chaque changement comme un "nouveau souffle". Pour ce qui est du changement de nom, c'était histoire de gagner un peu plus de cohérence par rapport à la musique qu'on joue. Ce qui au départ était une sorte de pied de nez à la scène, au milieu codifié du hardcore, a pu à un moment ou un autre freiner la diffusion de notre son. On peut imaginer le mec lambda qui nous a jamais vu en concert : "Monsieur Po? c'est pas mon truc le ska festif, je passe mon chemin".
On s'est dit qu'avec un nom moins "fun" on serait peut-être un peu plus pris au sérieux, je dis pas que ça nous ouvrira des portes à l'avenir, mais on en aura peut-être moins de fermées d'office. Le choix aura quand même été difficile : changer de nom c'était un peu comme renier le passif du groupe, ça pouvait être vu comme un renoncement par rapport au délire du pied de nez à la scène. Mais qu'on se rassure, notre attitude n'a pas changé, sur la route on écoute toujours autant Starmania et les gros clichés du hardcore nous font toujours marrer.


MPO existe depuis un petit moment sur la scène parisienne alors pourquoi avoir attendu si longtemps avant de proposer votre premier album ?
Les changements de line up successifs avec de longues périodes pendant lesquelles le groupe est resté inactif, les tournées à préparer, les concerts, les enregistrements des précédents disques qui au final se sont étalés sur pas mal dans le temps, et peut-être une tendance à se disperser aussi et à prendre notre temps. La composition de l'album a vraiment commencé au retour de Johnny dans le groupe (parti en 2007 et revenu en 2010).


Avant de sortir « Deny Life » vous avez sorti un split avec le groupe xUNAVIDAx, comment est né le projet et la rencontre avec le groupe espagnol ?
On les a rencontrés lors d'une tournée sur laquelle on a fait quelques dates en Espagne, ils sont originaires d'Alicante. La mayonnaise a bien pris avec eux, ce sont de chics types. En revenant de tournée ils nous ont contactés car ils avaient des titres à sortir et nous ont proposé de faire un split. Des labels espagnoles sont joints à eux, c'est ainsi qu'est né ce disque. On s'est donc fait une session d'enregistrement "maison" de nos derniers morceaux de l'époque, 7 + 1 intro, on leur en a filé 5. C'était aussi pour nous l'opportunité de sortir ces nouveaux titres sans avoir à faire de démarches pour chercher un label. Le disque a mis un bout de temps à sortir aussi et on a eu quelques galères pour enfin les avoir (colis perdu...). On est retourné ensuite jouer chez eux à Alicante, puis quelques mois plus tard on les faisait jouer à Paris.


Comment s’est passé le processus de composition de « Deny Life » ? Composez-vous en groupe ou chacun de votre côté ? D’abord la musique ou les lyrics ?
Pour les 2/3 de l'album on est parti de compos bossées et enregistrées par Ilhan, l'ancien bassiste, chez lui sur son ordi, et on les réarrangeait ensuite tous ensemble en répete. C'était parfois très long, et si au final certains morceaux sont restés relativement proches de ces versions démos, pour certains c'est le jour et la nuit. Pour les autres morceaux, c'est de la composition de groupe en répetes, en partant de riffs des uns et des autres. Pour les lyrics je dirai qu'elles viennent après.


Comment et où s’est passé l’enregistrement de « Deny Life » ?
Ca s'est passé en mai 2011 au studio Sainte Marthe, enregistré, mixé, masterisé, par Guillaume Mauduit. On l'avait contacté car on avait déjà enregistré un morceau live avec lui pour une compile, il nous avait aussi enregistré les vocals de "There Was Life".
On a demandé à réserver 4 jours pour enregistrer l'album, il a dit que 4 jours c'était chaud pour un album du coup on en a réservé 5. On avait pas trop le choix : budget limité, l'envie de "tout" enregistrer car on jouait les morceaux en live depuis 1 an, et surtout, pas trop de temps, il fallait faire court et efficace. On a donc fait un enregistrement live. Mais moi ça me convenait parfaitement : le live c'est aussi une façon de pas péter un câble à refaire 3000 fois les mêmes prises parce qu'on n'arrive pas à rentrer tel passage, là comme on joue tous ensemble les loupés des uns cachent ceux des autres, et au final on garde la prise qui sonne le mieux dans son ensemble (à quelques éditions près sur le logiciel éhéh). Le gros changement aussi par rapport aux enregistrements précédents c'est qu'on a pu avoir notre disque finalisé en 5 jours. Les disques précédents c'était vraiment laborieux, prises à différents endroits, mix 36 semaines après, mastering idem, à chaque fois selon nos dispos car on faisait
pratiquement tout nous-mêmes. Cette fois on s'est réservé 5 jours, on a joué nos morceaux, et Guillaume a fait tout le reste, et à la fin le disque était prêt à partir à l'usine (restait plus qu'à faire la pochette, mais ça c'est une autre histoire).


"Deny Life" est un titre très négatif, presque nihiliste, quel est le message et les concepts derrière cet album ?
C'est vrai, il est peu probable que ce soit le titre du prochain film de Kad Merad.
Au début Stef avait proposé "How we die", car on parle toujours de vivre de telle ou telle manière, mais au final tout ce qu'on fait c'est aussi d'une certaine façon se rapprocher de la mort. J'aimais bien ce titre mais il n'a pas fait l'unanimité. Val a proposé "Deny life", qui était aussi le nom du précédent groupe de Johnny, on a tous validé ce nom. C'est brut et direct, comme la musique. Pour moi ce n'est pas un album concept, dans le sens où Zazie te sort un double album avec pour thème les saisons ou un truc du genre, dans une belle pochette en carton recyclé avec des pétales de roses à l'intérieur pour coller au concept... le genre de disque fourni avec son mode d'emploi.
J'ai jamais eu l'impression d'avoir une vraie démarche artistique, c'est plutôt instinctif et je trouve du sens après coup : le titre de l'album va lier le tout, la pochette va accentuer ce que dégage l'album, etc. Sans vouloir être trop pompeux je trouve aussi qu'il y a une continuité avec le titre du maxi : "There was life", "Deny life". Pour "There was life" il y a ce côté "spectateur", un espèce de regard extérieur qui voit un monde vide de sens, le titre collait aussi parfaitement à la pochette, cette foule fantomatique errant dans la ville. Dans "Deny life", ce côté spectateur n'est plus présent, on est dans l'action, dans le vécu, entre-temps des années se sont passés, on a pris de l'expérience de vie.


Musicalement, on ressent des influences très hardcore nineties, quelles sont les influences principales du groupe ? Les groupes qui vous inspirent et que vous écoutez ?
Je pense que les groupes qui m'ont le plus marqué sont ceux que j'écoutais quand j'ai commencé à écouter ce style de musique : All Out War, Kickback, Congress,
Catharsis, Arkangel. J'ai peut-être pas assez écouté les groupes récents, je suis peut-être passé à côté de plein de trucs géniaux. Dans ce que j'écoute pas mal en ce moment il y a ce groupe canadien Timber Timbre, je kiffe les ambiances qui se dégagent de leurs morceaux ultra minimalistes, Yussuf Jerusalem pour leurs mosh part de malade, sinon j'ai enfin vu Kncukledust en live et j'ai pris ma claque. Ces dernières années j'ai aussi découvert Roxy Music, mieux écouté Slayer, pas mal écouté de garage....


MPO m’a toujours apparu comme un groupe « à l’ancienne » dans l’esprit, un groupe qui à toujours été beaucoup plus présent sur scène qu’en studio ?
On porte pas de T-shirt avec des monstres fluos, on est pas accordé 36 tons en dessous, je sais pas faire de tapping à la gratte, on joue pas sur des guitares à pile, on est pas sponsorisé par des boissons sucrées, on se change pas avant de monter sur scène, on paye pas pour jouer en première partie de gros groupes, etc. Effectivement on est un groupe à l'ancienne, on a loupé le coche du HardCore 2.0


Écoutez-vous de la musique durant la composition ou l’enregistrement ?
On a pas vraiment de "phase de composition", ça peut durer des mois, ça dépend s'il y a ou non des concerts de prévus, des vacances, des tournées dans d'autres groupes, etc. Donc oui forcément on écoute de la musique pendant la composition, c'est un peu comme si tu nous demandais si on écoutait de la musique au quotidien. Pendant l'enregistrement j'avais les oreilles tellement explosées que je voulais tout faire sauf écouter de la musique. Héhé.


Le son est très noir et assez roots, loin des sonorités aseptisées qu’on retrouve aujourd’hui. Etait-ce intentionnel de votre part, une façon d’accentuer l’identité du groupe?
En fait on est pas des gros geeks du son et on a pas du matos haut de gamme, de plus l'enregistrement était live, on a pas doublé les grattes ni rien, c'était plutôt dans l'urgence, le côté roots vient peut-être de là. La seule intention de mon côté c'était d'avoir un truc qui sonne comme en concert, avec des larsens, et pas trop de fioritures.
Peut-être que beaucoup de groupes sonnent "aseptisés" car ils pensent qu'il n'y a qu'une seule façon de sonner, et généralement une seule façon de faire.


Êtes-vous satisfait de "Deny Life" aujourd’hui ? Comment sont les retours vis-à-vis de l’album ?
Moi je le suis. Les retours que j'ai eus pour le moment sont plutôt positifs, après ça vient de personnes qui suivent plus ou moins le groupe. Ce serait intéressant d'avoir l'avis des gens qui ne nous connaissent pas du tout.


Quels sont les projets du groupe pour l’année prochaine ? Vous allez tourner pour promouvoir l’album ?
Pour le moment on compose de nouveaux morceaux, l'idéal serait d'enregistrer le prochain disque en 2012, et de le faire comme on l'entend et pas comme "il faut" le faire. Dans le même temps on reste toujours opérationnels pour les concerts, et pourquoi pas des "mini tournées", mais rien de vraiment défini pour le moment. Là, on doit surtout se bouger pour trouver notre nouveau bassiste, et un nouveau local de répete, si quelqu'un a un plan on est preneurs.


Pas trop peur de la Fin du Monde qui se précise ?
Non pas trop, je fais confiance à notre président pour sauver le monde.


Un dernier mot, une blague, un commentaire ? N’importe quoi à ajouter ?
C'était quand même long de répondre à tes questions, je m'étais réservé la soirée pour jouer à la WII...


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