Ed Warby (batterie) - HAIL OF BULLETS par SKAY - 2655 lectures
Profitant d'un temps calme au Hellfest, je suis allé tailler le bout de gras avec Môssieur Ed Warby, batteur de HAIL OF BULLETS. Après seulement 2 albums et un EP, le groupe s'est imposé comme valeur sûre de la scène death metal européenne. Discussion donc avec un grand du death metal, à propos de leur présence au Hellfest, de leur musique, leur façon de travailler, le tout autour d'une bière, dans la bonne humeur.


Vous avez joué plus tôt aujourd’hui, quel est ton sentiment sur votre show ?
C'était un super concert. Nous avions joué aux États-Unis deux semaines plus tôt, et ce n'était pas un bon show. On faisait tous les erreurs, on était fatigué. Aujourd'hui, on avait vraiment envie de prouver qu'on pouvait le faire, qu'on valait mieux que deux semaines avant. J'ai entendu le début de l'intro, j'ai vu les autres gars, leurs visages, et je me suis dit « ça va être bon » ! Et ça a été vraiment un super show, un des meilleurs qu'on ait joués. Bon public, bon son. Et nous n'avions jamais joué en France avant, car c'est vraiment difficile de faire des concerts en club ici, donc j'avais vraiment envie de jouer au Hellfest. L'année dernière ça n'avait pas pu se faire, donc cette année, c'était la bonne. Je suis vraiment content qu'on y soit, c'est un super festival, donc oui, je suis heureux.


Est-ce que tu connais des groupes français sur l’affiche ?
Ah, je vais plutôt te dire que je connais des vieux groupes français, comme High Power, Loudblast, H Bomb, mais pas vraiment ceux qui jouent. Qui joue d'ailleurs, dis-moi ?
(Je lui fais la liste des groupes, mais sans succès).
Je suis mauvais, zéro pointé hahaha.


Bon, et parmi les autres groupes qui jouent au Hellfest, tu es fier de partager l’affiche avec lesquels ?
Bolt Thrower et Tryptikon. Bolt Thrower est mon groupe de death metal préféré, donc j'attends vraiment de les voir ce soir. Et je n'ai jamais vu Tryptikon, et je suis un gros fan de Celtic Frost, donc j'attends aussi beaucoup de les voir. On rentre à la maison demain, donc on ne pourra rien voir de l'affiche. On profite de ce seul jour pour en profiter au maximum.
S : Tu aimes Scorpions ?
EW : J'aime bien les vieux Scorpions. Enfin, laisse-moi corriger : j'adore les vieux Scorpions, la période Uli Jon Roth, jusqu'à "Blackout". Après, j'ai arrêté, ce n'était plus vraiment mon truc. Mais ils jouent des vieux morceaux ces derniers temps, donc j'irai jeter un œil. Par contre, ils jouent en même temps que Bolt Thrower, donc j'irai voir après.


Vous êtes habitués à jouer dans les gros festivals, dans toute l’Europe, qu’est-ce que tu penses du Hellfest, en comparaison ?
Ils sont très professionnels. Tu sais, on fait beaucoup de festivals, parfois tu arrives en backstage, la nourriture est dégueulasse, il n'y a pas de loges, tu n'arrives pas à trouver les gens que tu cherches, on est allé dans plein de trucs merdiques. J'aime jouer en festival, mais parfois, c'est vraiment primitif. Ici, c'est parfait. Ils viennent te chercher à l'aéroport, tu arrives ici, tu récupères ton pass, tu arrives sur scène, la batterie est déjà en place. Tout le monde te demande si tu as besoin de quoi que ce soit. On a de l'eau, des serviettes, c'est parfait. Il y a beaucoup de bons festivals, et celui-ci en fait partie, c'est vraiment un bon festival. Je suis vraiment content d'être là.


Vous jouez principalement en festival, mais vous ne tournez jamais. Est-ce que vous planifierez un jour une tournée ?
Non. Quand on a commencé, on a tout de suite dit qu'on ne tournerait jamais. Si on a un jour une offre qui est impossible à refuser, on essaiera. Mais on a tous des boulots, tourner est vraiment cher. On a eu des offres pour tourner avec des gros groupes, les tourneurs nous ont dit « on vous paiera ». OK, c'est bien, mais on doit payer pour le bus, et le bus est plus cher que ce qu'on est payé pour les concerts. Donc on va perdre de l'argent tous les jours. Donc on fait des festivals, des concerts en club parfois, mais un ou deux à la fois, et après on rentre directement à la maison. Si tu joues en tournée le lundi ou le mardi, il n'y a pas grand-monde, parce que tout le monde doit travailler le lendemain. Après la dernière tournée que j'ai faite, avec Gorefest, mon vieux groupe, je me suis dit que c'était une autre époque, ça ne marche plus. Même si c'est vrai que beaucoup de groupe continuent à le faire. On fait les choses à notre manière, et ça marche parfaitement. Tu sais, quand tu tournes, tu joues tous les jours, et après dix jours à jouer toujours le même morceau. Tu montes sur scène, tu t'éclates toujours, mais il manque toujours quelque chose. Avec notre manière, on est excité dès qu'un concert approche, de se retrouver, de faire du metal ensemble. Donc je pense que c'est la meilleure manière. Metal Blade adorerait nous voir partir deux mois en tournée, aux Etats-Unis. Mais on est plus vieux maintenant, on a tous fait ça, moi, Martin (ndlr van Drunen), et on ne se sent plus de devoir s'enfermer dans un bus pour tourner. Je préfère en fait la manière Hail of Bullets.


Vous avez sorti votre second album plus tôt cette année, quelles ont été les réactions du public et de la presse à son encontre ?
Très bonnes. Pour le premier album, on a fait une bonne promo, et on a eu beaucoup de bonnes retombées presse dessus, beaucoup de fans. L'album a très bien marché, au niveau des critiques et du public, donc il fallait une suite. On a fait un EP entre-temps, un peu différent du point de vue du son et aussi du style, et on a eu des bons retours également. On a travaillé sur le nouvel album pendant environ un an, et c'est un peu différent. Pas énormément, je ne veux pas que Hail of Bullets soit un groupe qui change beaucoup entre chaque album. Gorefest changeait entre les albums tellement que ce n'est plus vraiment le même groupe. En tant que fan, j'ai réalisé que j'adorais les groupes comme Bolt Thrower, AC/DC, Motörhead. Ce sont des exemples extrêmes, mais gardent leur style, tout en essayant d'améliorer certains petits détails. Donc pour Hail of Bullets, je voulais vraiment garder le même style. Par moments, c'est un peu plus mélodique, plus épique. Quand on l'a terminé, on avait un peu peur des réactions, que les fans préfèrent le premier. Mais la plupart des gens le trouvent au moins aussi bon, voire meilleur que le premier. On n'a pas du tout changé le style, on a juste choisi un sujet différent, à cause du thème du front Pacifique, les morceaux sonnent un peu différemment. Quand je pense aux tanks, au front de l'Est, à la boue, à la neige, j'entends une musique différente que quand je pense aux avions, aux bombardements de napalm. Je pense qu'on a connu une bonne progression. On n'a pas fait deux fois le même album, sans pour autant trop changer. On n'a pas non plus manqué d'inspiration. En général on a eu de très bons échos. On est même entré dans les charts en Allemagne, donc on a déjà vendu presque autant que le premier album, même s'il est sorti il y a quelques mois. Je suis vraiment content, parce que c'est quelque chose sur lequel tu travailles, il n'y a que nous cinq, on aime la musique, mais après ça, il faut le sortir, et les gens te disent « c'est pas terrible » ou « c'est génial ». Même si tu aimes le résultat, tu ne sais jamais à l'avance ce que les autres vont en dire. On a toujours une ou deux chroniques négatives, mais en général, c'est très positif.


Si j’ai bien compris, Hail of Bullet est né d’une soirée de beuverie, vous avez décidé de jouer du death metal pour vous éclater, mais au final les albums marchent bien, la musique est excellente, vos concerts ont du succès, vous mettez beaucoup d’énergie dans le groupe. Tu considères le groupe à quel niveau d’importance ?
Pour moi, c'est mon groupe n°1. Et pour Martin et Paul, il est au même niveau que Asphyx. Je ne pense pas que Martin le considère comme un deuxième groupe, il a les mêmes engagements avec Hail of Bullets qu'avec Asphyx. Ce sont deux groupes différents, dans l'attitude, dans l'écriture des morceaux, mais ils ont la même importance. On a effectivement commencé pour le fun, mais on s'est aussi dit que les répètes n'étaient de la rigolade. Quand je pense « pour le fun » ça veut dire avec mes potes, faire la musique qu'on aime, faire un promo, trouver un label et aller à un certain niveau, tout de suite. On ne voulait pas commencer en bas, faire des concerts en club devant 50 personnes, faire des démos, essayer d'avoir un label. Ca faisait partie du plan de commencer haut. Je suis content, parce que ça aurait pu foirer lamentablement. Mais le meilleur compliment qu'on nous ait fait pour nos concerts est qu'on a l'air de s'éclater sur scène, et c'est totalement vrai. Si on ne s'éclatait pas, on ne ferait pas ça. Tu sais, j'ai 43 ans, pourquoi est-ce que je fais du death metal, au lieu de faire de la pop, que je pourrais faire si j'en avais envie. On aime le metal, c'est évident. Tu nous vois sur scène, avec nos larges sourires, on fait ce qu'on aime. C'est certainement le groupe le plus fun dans lequel j'ai joué dans ma carrière, et ça signifie beaucoup.


Votre premier album est à propos du front russe, le second à propos du front pacifique, de quel front parlera votre prochain album ?
Ce sera à propos de la seconde Guerre Mondiale, mais une partie différente, je ne te dirai pas ce que c'est, mais c'est un sujet vraiment cool. Je ne voulais pas faire un deuxième concept-album, mais Martin est arrivé en disant « j'ai un super concept, le Pacifique, ce sera génial ! ». Donc OK, on l'a fait. Mais pour le troisième album, on ne devrait peut-être pas faire encore un concept-album, les gens pourraient dire « ah encore Hail of Bullets et leurs stupides concept-albums ». Mais Martin est encore arrivé avec un autre sujet, et OK, ça pourrait bien le faire. Mais je ne te dirai pas ce que c'est. Ce sera une surprise.


Beaucoup de groupes parlent de la seconde guerre mondiale, pourquoi est-ce que vous avez choisi ce sujet qui n’est peut-être pas si original dans le death metal ou le metal en général ?
En fait, il y a Bolt Thrower, mais ils parlent surtout de la 1ère Guerre Mondiale, Sabaton, mais on ne les considère pas du tout, ce qu'ils font est naze. Non, j'ai pas dit ça (il rigole). Il y a God Dethroned, et… je crois que c'est tout. Quand on a commencé le groupe, Martin a dit qu'il voulait traiter du front de l'est. On n'avait pas encore décidé de s'appeler HAIL OF BULLETS, on n'avait même pas encore de nom. On n'avait pas décidé d'être un groupe parlant de guerre. On s'est dit qu'on allait faire un album sur ce thème, que ça allait être génial. Et on a eu les premiers textes, les premières démos avec les premiers titres, et cette combinaison était juste parfaite. Tu sais, tous les groupes de death old school parlent de zombies, de trucs qui éclaboussent et d'autres machins dans le genre. Il y a peut-être 500, voire 5000 groupes qui font déjà ça. Donc ce n'est peut-être pas super original, mais au moins plus original que la moyenne des groupes de death old-school. On n'est pas là pour dire qu'on est les plus originaux, tu sais. On joue le même genre de riff qu'Autopsy, Bolt Thrower, Entombed et bien d'autres, on n'est pas là pour être originaux. Mais je pense que la façon dont Martin écrit ses paroles, les détails, ça c'est original. Et même la musique, on a un style reconnaissable. On n'est pas originaux, ce n'était pas le plan prévu, mais on a un style qui fait dire aux gens « éh, c'est vous ça », même pour les nouveaux morceaux. Et Martin est bon dans ce qu'il fait. On a eu un e-mail d'un professeur d'histoire qui nous a dit utiliser nos morceaux pour ses leçons, parce que les paroles étaient vraiment bonnes, parce qu'elles sont vraiment précises, véridiques et vraiment détaillées. En tout cas, je pense que même si on n'est pas originaux, on fait bien ce qu'on fait, c'est le plus important.


Comment est-ce que vous écrivez vos morceaux ? Est-ce que vous commencez par les paroles, puis la musique ?
On commence avec le thème, en fait. Pour le premier album, Martin a dit qu'il voulait 10 morceaux : cinq du point de vue allemand, cinq du point de vue des Alliés. On a ainsi défini le thème, et l'album s'est construit de cette manière. Pour le second album, on a travaillé ensemble, j'ai amené des riffs, et Martin a dit « OK, ça, ce sera à propos de l'incident de Mukden » (attentat en 1931, qui amena l'invasion de la Mandchourie par le Japon, cf. les livres d'histoire). Et je voulais qu'un morceau soit le premier de l'album, "Operation Z", mais il s'avère que l'opération Z (opération Hawaii) n'est apparu que plus tardivement pendant la guerre, donc il fallait peut-être commencer avec Pearl Harbor, puis remonter le temps, et enfin revenir. Donc c'est comme ça qu'on travaille. Quand j'entends un morceau, je pense au thème, et parfois Martin a les paroles et veut entendre une certaine musique par-dessus, donc on a plus travaillé dans ce sens cette fois. Parfois on a le thème musical, parfois les paroles en premier, et on essaie vraiment d'associer les deux, donc le but est de ressentir une ambiance. Par exemple, sur "Tokyo Napalm Holocaust", tu peux vraiment voir les bombardements au napalm et les gens brûler. Il faut que ça marche dans ce sens.


Vos deux albums sont sortis en édition limités, avec un bonus DVD. Est-ce un souhait du groupe ou du label ?
Le label voulait vraiment quelque chose qu'ils pouvaient vendre.
(Ndr : le reste du groupe nous interrompt pour faire une séance photo, qui durera moins de 2 minutes, le tout avec des sourires jusqu'aux oreilles et des vannes. Ed se fait d'ailleurs offrir un poster de Striper par le reste du groupe, étant un grand fan.)

Pour Metal Blade, il faut vraiment sortir des éditions spéciales, que les gens achèteront, pour contrer les downloads. On a donc essayé d'avoir des packagings assez sympas. Sur le premier album, il y a ce tank qui se forme. Pour le second, il y a ce superbe digibook qui a vraiment l'air génial. Franchement, je l'achèterais, sans hésitation. Et pour nous, en tant que groupe, c'est marrant d'avoir une édition spéciale, d'avoir des versions différentes. Et c'est toujours difficile de trouver des choses intéressantes pour le bonus. En fait, le show en multicam, on ne trouvait pas le son assez bon pour en faire un DVD à part entière, mais pour un bonus, ça le fait. C'est une édition limitée, mais il y en a des milliers de copies, c'est Metal Blade tu sais. Donc au final, c'est à la fois le groupe et Metal qui sont à l'origine du truc. Tu sais, on ne fait pas ça gratuitement, il faut sortir quelque chose que tu ne peux pas avoir en téléchargeant. Et ça marche.


Tu le disais tout à l’heure, tu as une grande carrière dans le death metal, et le metal en général. Quelle est ton opinion sur la scène metal actuelle, qu’est-ce qui a changé par rapport à tes débuts ?
La scène metal est, à mon avis, de nouveau réveillée. Quelques années plus tôt, 10 ans environ, je n'ai pas l'impression qu'il se passait grand-chose. Peut-être parce que j'étais moins engagé dans le metal, mais aujourd'hui, avec tous ces festivals, etc, j'ai l'impression que ça va mieux. L'industrie musicale est vraiment en danger, et heureusement, les metalleux supportent toujours les groupes, ils achètent toujours des disques, je suis donc ravi d'être un musicien metal, plutôt que d'un genre différent. Mais je pense que le metal en général va plutôt bien, le death metal a ses hauts et ses bas. Un jour il est au fond du gouffre, et un nouveau groupe arrive, le tire vers le haut, comme Amon Amarth par exemple, qui a apporté le death à un plus large public, ce qui est bien. Et tu as tous ces nouveaux genre, le deathcore, le crabcore, je sais pas trop. C'est bien, dans un sens, puisque les jeunes écoutent plus de metal, mais dans un autre sens, ce n'est que des copies, des trucs bizarres pour moi. Ca me fait me sentir vieux en fait. Je suis content de voir la scène metal en bonne santé, de voir des jeunes de 18, 19 ans à nos concerts, qui aiment ce qu'on fait. Ils n'étaient même pas là quand cette musique a commencé, c'est une bonne chose.


Je n’ai plus de question, je te laisse donc conclure.
Ah, c'est la question la plus difficile, tu sais, je ne sais jamais quoi dire (il rigole de plus belle). Restez Metal !! Non, sans rire, amusez-vous bien en écoutant l'album, j'espère qu'il vous plaît. Et si vous ne l'avez pas encore fait, écoutez-le, on y a mis toutes nos tripes.


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