MkM & BST - AOSOTH par SKAY - 5573 lectures
Après un troisième album plus sombre, mais tout aussi réussi que les précédents, l'occasion m'a été donné de poser des questions à MkM et BST, les deux têtes pensantes de l'entité, devenue trio.
Concept, album, live, réseaux sociaux, le groupe s'exprime et s'explique sur tous les sujets. L'occasion de découvrir ou redécouvrir une valeur sûre du back metal français à l'heure actuelle.



INRVI vous a rejoint récemment. Peux-tu présenter rapidement le line-up actuel du groupe ?
BST : A l'heure actuelle nous sommes trois membres permanents dans le groupe, MKM au chant, INRVI à la basse, et moi-même aux guitares et programmations. Nous avons plusieurs personnes qui sont susceptibles de nous accompagner sur scène en fonction des disponibilités de chacun, mais dans l'immédiat il n'est pas prévu d'accueillir de nouveau membre fixe.


Si Antaeus vivote, se reformant pour quelques concerts particuliers, de son côté, BST officie dans The Order of Apollyon et a réactivé récemment Genital Grinder, sans parler des autres projets (VI, Balrog). Quelle est la place d’AOSOTH dans la vie musicale des membres ?
BST : AOSOTH est à mon avis un projet à part. Musicalement il est mon groupe le plus expérimental et finalement celui qui est le moins limité au niveau du style, et ce de moins en moins au fil des albums. De plus la démarche que nous avons est intéressante dans la mesure où nous avons quelque part le dos tourné au public : nous ne recherchons pas à jouer absolument, et à partager notre son avec le plus de monde possible autrement que par les sorties, et d'une certaine manière même l'impact d'un album sur les auditeurs a peu d'importance pour nous comparé à notre ressenti et notre satisfaction personnelle. Je ne dirais pas qu'AOSOTH compte plus ou moins qu'un autre projet à mes yeux. C'est juste une approche différente des choses.


Parlons un peu du dernier album, III, sorti il y a quelques mois. Vous avez travaillé de nouveau avec Agonia, j’imagine que ça se passe donc bien. Que vous apporte un tel label ?
BST : Nous avions un contrat pour deux albums, donc que cela se passe bien ou non avec eux, il aurait bien fallu le sortir chez eux... Mais cependant je dois dire que je suis globalement satisfait de leur travail, et surtout du fait qu'ils nous traitent de plus en plus comme une priorité et non un groupe de back catalogue. Ils ont fait pas mal d'efforts pour nous aider à faire en sorte que cette tournée avec WATAIN se produise, par exemple. De plus la promo pour le nouvel album est plus que satisfaisante.


Comment trouves-tu les retours sur ce dernier album ? Est-ce ce à quoi tu t’attendais ?
BST : Comme dit précédemment je ne m'attendais pas forcement à grand-chose, même si personnellement j'adore l'album. Je pensais qu'il plairait moins, à vrai dire, alors que jusqu'à présent la majorité des chroniques sont très positives... ''III'' a été bien perçu et surtout bien compris en particulier à l'étranger, ''bizarrement''...


Moins de deux ans séparent "III" de "Ashes of Angels". Le besoin d’écrire et de sortir un nouvel effort était-il si puissant que vous n’avez pas pu attendre, ou est-ce que le label vous a mis la pression pour garder le public attentif à AOSOTH ?
BST : Absolument aucune pression n'a été mise par personne, cet album s'est fait de la manière la plus naturelle possible. Je suppose qu'il y a eu un pic d'inspiration à un moment donné, et l'écriture fut assez rapide, comme d'habitude. Les albums d'AOSOTH sont en général composés, puis produits très rapidement, pour garder un maximum de spontanéité. Ceci dit le précédent avait été encore plus rapide : deux semaines en tout et pour tout pour en écrire et produire la totalité.


Dans les commentaires de la chronique sur VS, mKm semblait surpris de voir la chronique. La promotion de l’album a été mauvaise d’après vous ? Pourtant, il me semblait avoir vu pas mal de promo dans les magazines et sur Internet.
MkM : Pas surpris de la chronique en elle-même, mais de lire une telle chronique d'Aosoth sur VS. Ou n'importe quel autre webzine français en fait... A aucun moment il n'est question d'être surpris quant à la promotion, vu qu'Agonia nous donne des comptes rendus au moins deux fois par semaine sur les retours des promos et on aura eu la liste de tous les médias (web/mag/radio) ayant reçu le promo ou le lien pour l'écoute. Les chroniques françaises sont arrivées dans les dernières, les interviews aussi (sauf pour hard rock mag), je ne les attendais tout simplement plus vraiment. Agonia a fait un très bon travail de promotion, rien à redire là-dessus ; les retours sur les chroniques ont été globalement très bons partout en Europe & Etats-Unis. Nous avons aussi été réactifs et actifs dans cette promotion, notre label nous aidant, la moindre des choses c'est de s'impliquer aussi au maximum. Comme ça a toujours été le cas pour moi avec Antaeus aussi par exemple.


"III" se situe dans la continuité des deux précédents albums, mais en explorant une facette encore plus sombre et rampante du black metal. La violence qui découle de l’album n’est pas directe, mais plus insidieuse, dans l’ambiance. Est-ce que c’est un constat que vous partagez, était-ce l’effet recherché ?
BST : Je suppose que l'effet recherché est toujours une forme de malaise, d'étouffement. Mais encore une fois tout se fait de manière spontanée, il n'y a pas une grande réflexion en amont concernant la direction musicale.


Si je devais choisir un mot qui définit le nouvel album, je dirais « Ténèbres ». Quelles sont les œuvres, musicales, cinématographiques, littéraires, ou autres, qui vous ont influencés lors de l’écriture de cet album ?
BST : Rien de précis à vrai dire, le son chaotique présent sur l'album serait plutôt une retranscription de choses présentes dans nos vies personnelles. Bien sûr il y a probablement un grand nombre de formes d'art qui façonnent notre manière de créer, mais je ne pourrais vraiment pas te dire avec précision lesquelles ont joué un rôle dans notre façon de travailler ici. Musicalement, beaucoup d'artistes non metal ont pu être une source d'influence, que ce soit des projets electro, ou encore des groupes comme AmenRa par exemple.


Le dernier album est un concept album, tous les titres s’enchaînent dans une certaine logique, et il ne saurait se laisser écouter que d’une seule traite. Peux-tu expliciter son concept ? Comment allez-vous aborder ces titres sur scène ?
MkM : Dans l'idéal, faire un concert reprenant l'intégralité de l'album serait la solution. Mais techniquement, pour pouvoir restituer le tout, je ne pense pas que cela soit possible pour le moment. Après nous avons un line up qui est composé de session et relativement peu stable. Avoir un deuxième guitariste sur scène, avoir un ingénieur du son avec nous : ces deux facteurs sont les premiers points sur lesquels on aura à travailler en premier – histoire de ne pas répéter les erreurs passées.


D’une manière plus générale, peux-tu nous éclaircir un peu sur les sujets que tu abordes, voire les expliquer ?
MkM : Les paroles incluses dans "III" sont assez explicites. Trop à mon goût même. Pour moi, le chant est un instrument bien secondaire, il apporte une tessiture sonore, évoque un ressenti. L'enregistrement des pistes chant de "III" s'est effectué en une seule prise, enfin une prise continue des titres dans l'ordre ; telle une performance ou un « happening » sonore. Le résultat final capture une atmosphère particulière, Aosoth a figé ce chapitre en format audio, et la thématique abordée m'est chère, tout en étant aussi privée… d'où une certaine gêne dans cette exposition. C'est paradoxal, comme tout le fait que je sois chanteur, que l'on fasse de la scène mais que je ne supporte pas les regards sur moi et recherche une distance.


L’album devrait sortir en vinyl sur Spikekult, mais en instrumental. Quelle est la raison derrière ça ?
MkM : Cette décision vient de moi & moi seul. Cette version alternative sera limitée à 100 exemplaires, donc ce n'est pas dans un but mercantile ou quoi que ce soit. Une sortie assez confidentielle pour laquelle j'ai déjà reçu un nombre conséquent de messages de la part de personnes intéressées pour aborder "III" sous un autre angle. Ca m'est venu du fait que j'écoutais plus souvent les premix instru que la version finalisée et qu'il s'en dégage une toute autre atmosphère. Pas vraiment bien compris pourquoi j'ai eu aussi d'un autre côté des plaintes ou critiques quant à cette édition ; les « je ne vois pas l'intérêt » ou « pour faire de l'argent » ou je ne sais quoi d'autre… Je l'autoproduis, je choisis ce que je veux faire & la manière dont je veux le faire, si ça pose problème : tant pis pour eux. Le même type de discussion ou critique arrivait non stop en fin 90 début 2000 avec les autres sorties SPK, et quand je vois le prix de certains releases maintenant…


Comment se passe la composition, l’écriture des paroles ? Les rôles sont-ils clairement établis ?
MkM : Très établis et ce depuis le départ. Bst s'occupe de tout ce qui est musique, enregistrement et de mon côté, paroles/visuels et gestion de certains aspects internes du groupe. Il y aura un changement pour les prochaines sorties vu que je me mets un peu en retrait à ce niveau-là, mais je laisse Bst donner sa vision des choses… On aura tous les deux connus les problèmes de formation dans lesquelles avoir trop d'individus et d'avis divergeants n'avaient rien de constructifs, bien au contraire, avec les egos de certains musiciens : impossible d'avancer. Là, on travaille à distance, nos rôles sont bien établis et ça nous permet une dynamique de travail intéressante, et nouvelle pour moi.
BST : En effet le fonctionnement en binôme est le même depuis le début de mon incorporation au projet, et ça contribue aussi à faire d'AOSOTH quelque chose d'à part. On ne se voit littéralement pas avant un enregistrement studio. Chacun fait sa part du travail dans son coin, sans remettre le travail de l'autre, et il arrive ce qu'il arrive au final. Jusqu'à présent je pense que cela donne de bons résultats.


Vous avez fait pas pas mal de concerts avec Aosoth, que ce soit en France ou à l’étranger, en tournée ou en festival. Après les mauvaises expériences de Antaeus, est-ce que ça se passe mieux avec Aosoth ?
MkM : Oui, rien à voir. Les conditions sont, en général, meilleures pour Aosoth que ce que l'on aura connu avec Antaeus… Après les deux univers sont différents, il n'y a pas de rapport similaire en interne. Antaeus était basé sur une tension palpable entre nous et ça se retranscrivait très bien sur scène. Aosoth, première fois pour moi que je vois régulièrement les membres du groupe en dehors du cadre des concerts par exemple. La proximité géographique, le fait que Inr & Bst aient tout les deux des formations d'ingénieur du son : tout cela aide à mieux appréhender tout ce qui est concert. La seule différence : Antaeus avait un public violent et une certaine renommée, Aosoth reste encore plus confidentiel tout de même… et la scène a changé. Le comportement en concert n'est plus celui de 96/99. Comme dit plus haut, la scène n'est vraiment pas un domaine dans lequel je m'épanouis en général. A part quelques exceptions mais disons une date sur 10 ?


Quels sont vos meilleurs souvenirs live ? Les pires ?
MkM : Les pires ? pour Antaeus : la tournée blood libels hors la date en Italie. Meilleur concert : Athènes. Pour Aosoth la date en Italie, ahahahah. Non même pas car ce soir-là, on avait eu un son incroyable et un très bon batteur. Mmm pour Aosoth : sûrement Lausanne, Savigny… Angoulême, Birmingham. Sur la tournée avec Watain et Shining. Heureusement qu'on a pu finir sur une note plus intéressante avec la date de Belfort avec Urgehal au Sequanian fest (surtout grâce au public présent). Ah et cette date improbable avec Nox, Anvers fut vraiment à oublier, par contre on rejouait le lendemain avec eux à Ghent et là, très bonne date !
BST : En ce qui me concerne mes pires souvenir sont quelques concerts minables comme un échec total à Plouzane en Bretagne, où j'étais tellement dépité que j'ai bu au point de ne pas me rappeler du tout ce qui s'est passé sur scène. Sinon il y a bien sur un concert en Italie devant 25 personnes dans une salle pouvant en contenir 400... En revanche nous avons tout de même eu un certain nombre de belles dates comme le Nacht der drauden schatten à Speyer, ou même notre tout premier show à La Locomotive. Un des souvenirs les plus précieux restera la participation de Seth de Dissection au morceau ''Inner War'' sur la dernière date de notre tournée avec Watain.


Vous avez sorti des splits avec Temple of Baal, Malkherbe, VI. Que représentent ces groupes pour vous ? D’une manière plus générale, quels sont les groupes que vous écoutez actuellement. Est-ce qu’il n’y a que du black metal ?
MkM : Nous ne sortons des splits qu'avec des groupes avec qui nous avons des affinités musicales et idéologiques – et dans ces cas-là, nous nous connaissons tous depuis des années. C'est une forme de soutien mutuel. J'espère qu'il y aura de nouveaux des splits EP d'Aosoth à l'avenir. Dans les groupes que j'écoute actuellement… Corvus, le MCD sorti chez FWP, Necroblood (forcément…), Essenz, Thorybos, Disma (mon coup de cœur en death metal) mais essentiellement Genocide Organ, Karjalan Sissit, Sophia, Der Blutharsch (les débuts), Brighter Death Now. Donc non pas uniquement du black metal…


Vos albums/splits sortent en CD, mais parfois aussi uniquement en vinyls et en cassette. Que représentent ces formats pour vous ?
MkM : Je reste fan de ces formats, tout simplement. Ma collection se compose quasi uniquement de mes vieilles demo tapes & split EP. Je n'ai quasi plus de CD (maximum 400). D'ailleurs la version tape de "III" sortira dans un format semibox chez Ritval Death Offering aux USA. Très content d'avoir pu décliner nos sorties dans ces formats, et toujours un honneur d'avoir le soutien de certains labels qui se risquent encore à sortir ces formats. Avoir notre premier album en vinyl sur Ajna Offensive reste un honneur pour moi, j'estime beaucoup ce label.


Vous êtes présents sur les réseaux sociaux (Myspace, Facebook), vous fréquentez certains forums et y participez même parfois. Que représente cette nouvelle approche d’internet pour vous ?
MkM : Disons que ces réseaux sociaux sont la version actuelle des échanges courriers d'il y a 15 ans… J'ai gardé ce travers en quelque sorte… Je ne sors quasi plus depuis des années mais je garde contact de cette manière-là. Et ces forums/sites me permettent de rester au courant des informations en rapport aux groupes que j'écoute, tout simplement. Cette approche d'internet n'est pas nouvelle, je n'ai pas changé mon adresse mail depuis 96 et je reçois toujours dessus les mêmes mails promo de certains labels underground obscurs… VS n'est pas non plus tout jeune niveau webzine par exemple. Si la question se portait sur les sites communautaires & le type d'interactions que ça entraîne : alors disons que j'ai trouvé myspace intéressant (pour l'option du streaming et pouvoir avoir une identité visuelle perso, pour moi qui suis réfractaire à tout ce qui est codage html & co) au départ et comme tout le monde, constaté sa chute…


MkM a publié un billet sur myspace concernant les versions téléchargeables du dernier album. Quel est votre sentiment par rapport au téléchargement ?
MkM : Mmmmm en relisant ta question, je crois qu'il y a un problème de compréhension. Le message que j'ai posté était fait pour corriger les erreurs de tracklisting et expliquer comment l'album devait être perçu. Juste un détail, qu'il n'était pas question d'avoir I – II - III – IV jusqu'à VI et que non l'album n'était pas nommé par rapport à la troisième plage. Mais à lire comme « Chapitre III, scène 1 » ou III-1. Le téléchargement : impossible de l'éviter de nos jours. Ça doit être flatteur de se dire que l'album a eu un relatif succès dans les blogs et téléchargements, qu'il a été dispo assez vite sur pas mal de liens ici et là. Le monde du disque a changé, certains groupes s'en sortent toujours mieux que d'autres… D'ici six mois on aura une idée des ventes réelles de ce nouvel album.


Comment analyses-tu le parcours d’AOSOTH jusqu’à présent ? As-tu des regrets, des choses que tu aurais faites différemment ?
BST : Je n'éprouve pas vraiment le besoin d'analyser notre passé, je suis plus concentré sur aller de l'avant artistiquement. Donc non je n'ai pas le moindre regret, et en quelque sorte je n'ai pas le temps d'avoir de regret.


Quels sont les projets d’Aosoth pour l’avenir ?
BST : Nous commencerons à travailler sur un nouvel album d'ici le début de l'année 2012, je pense. Il est aussi question de faire un EP un peu particulier, mais il est encore trop tôt pour dire plus. De toute façon nous verrons bien ce qui arrive, nous ne planifions pas vraiment les choses à l'avance avec trop de précision.


Merci pour le temps accordé à répondre à cette interview, et je vous laisse conclure.
MkM : Merci pour l'interview & nous permettre de mettre au clair certains points.


Merci à Somnyum pour pour les photos illustrant l'interview, et à Chloé/Black Flame Booking & Management pour le relai.

https://www.facebook.com/aosoth
http://www.myspace.com/aosoth616



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