Mark (guitare) - SUICIDE SILENCDE par SEB ON FIRE - 2443 lectures
Les Califroniens de SUICIDE SILENCE sortent un nouvel album, "The Black Crown", étant de passage au Hellfest c'était l'occasion d'en savoir un peu plus sur leur petit dernier. Comme Mitch, chanteur et frontman ultra tatoué, n'était pas disponible, je me suis entretenu avec un Mark Heylmun passablement éméché. Enfin juste ce qu'il faut pour éviter la traditionnelle langue de bois tout en restant compréhensible.
Comment allez-vous ? Contents de jouer ici au Hellfest ?
Je vais bien mec, vraiment bien. On a joué ce matin, y'a quelques heures maintenant donc c'est cool. Là, je bois, je me promène sur le site, je vais voir des groupes jouer, voir des potes musiciens que j'ai pas vus depuis longtemps. On est super contents de jouer ici en tout cas. Tu vois, je suis dans un vrai festival de Metal et je suis un vrai metalleux. Donc jouer tôt c'est génial comme ça après tu peux rester et vivre l'ambiance du festival.
Y a-t-il des groupes que vous voulez voir ? Vous restez ici pour l’ensemble du festival ?
Non, on doit décoller d'ici à minuit mais d'ici là je vais faire mon mieux pour voir d'autres groupes, j'aurais adoré voir fuckin Possessed mais ce sera trop tard pour nous. Bon je pourrais en voir un petit peu quand même mais ce sera frustrant de partir après trois morceaux.
En tant que groupe, vous aimez jouer dans de gros festivals comme celui-ci ou vous préférez les salles plus petites ?
C'est complémentaire en fait, quand tu joues devant 30.000 personne tu dois tout faire pour attirer l'attention de gens qui ne t'ont jamais vu et ne savent peut-être même pas qui tu es alors que quand tu joues dans un petit club, là les spectateurs savent parfaitement qui tu es et sont venus expressément pour te voir. Donc tu dois juste te concentrer sur eux, les satisfaire et leur donner un bon show. Y'a un donc un peu plus de pression dans les petits clubs mais les deux configurations sont vraiment fun. L'avantage en festival c'est que t'as une bonne occasion de gagner de nouveaux fans. Puis tu dois garder en tête que tu as devant toi des milliers de personnes. Alors c'est évident que les premiers rangs t'attendent et passent un bon moment mais tu dois convaincre le gars qui est tout au fond accoudé à la table de mix et qui se concentre pour trouver le moment où tu joueras une fausse note. Alors ouais en live il m'arrive de faire des dizaines de fausses notes mais bon, on s'en branle du moment que tout le monde passe un bon moment.
Voyez-vous une différence entre le public européen et le public américain ?
Ca dépend où tu te trouves aux Etats Unis, si tu te trouves sur une des grosses villes des côtes comme New York, Seattle, Los Angeles, Boston… les gens sont un peu blasés car ils ont des shows tout le temps tous les jours. En Europe c'est pareil, tu joues à Paris, à Londres, à Berlin ils sont tous gavés de concerts. Là-bas t'as l'impression que les gens vont au concert et restent debout les bras croisés près de la table de merch. C'est cool mais bon… tu vois moi, malgré le fait que je sois dans Suicide Silence je suis toujours le gars qui va dans la fosse pour danser, mosher et tout ça tu vois. Je suis toujours un fan donc voilà.
Vous venez de sortir un nouvel album qui s’appelle « The Black Crown. » Vous pouvez nous en parler un peu. Qu’est-ce qu’on peut en attendre et vous qu’attendez-vous de cet album ?
Eh bien, c'est la prochaine étape pour SUICIDE SILENCE. Là on sort de "No Time To Bleed", on a beaucoup tourné et on arrive exactement là où on voulait être. On continue d'avancer et il y a déjà un petit moment qu'on prépare cet album. On s'est réuni tous ensemble et on a réfléchi à comment devait être cet album, quelle direction on voulait prendre et au final « The Black Crown » est plus structuré, plus travaillé que "No Time To Bleed", on a plus de morceaux et on est là où voulait être avec cet album. Que les fans l'aiment ou pas, nous, on a fait exactement ce qu'on voulait faire et je pense qu'on est plus contents de cet album qu'on ne l'a jamais été pour aucun autre. On est tellement contents de cet album qu'on l'écoute tous et qu'on est vraiment excités de voir comment ça va se passer lors de la sortie et comment il sera reçu. C'est vraiment cool mec, je pourrais m'asseoir là, l'écouter et dire « Fuck Yeah ! » On est nous-mêmes stupéfaits de certains morceaux sur cet album, ce sont vraiment les meilleures choses qu'on ait jamais faites.
Quels sont les concepts et les messages dans cet album ? Et que représente la « Black Crown » qui donne son titre à l’album ?
En fait « The Black Crown » représente un peu ce qui se passe dans la scène Metal ou Deathcore ou Extrememetalcore ou n'importe quel nom de merde on peut lui donner. On dit juste « voilà, ça c'est The Black Crown, c'est ce qu'on est et c'est comme ça que ça doit sonner ». Je pense qu'on est un parmi les créateurs de ce genre musical, on était parmi les premiers et tout un tas de groupe aujourd'hui ne serait pas là sans nous. Une autre explication à « Black Crown » c'est que Crown en espagnol se dit Corona et Corona c'est la ville d'où nous venons, la ville où nous avons écrit et enregistré tous nos albums. "The Black Crown" c'est nous qui nous proclamons leader de ce genre et cet album est l'album qui représente le mieux ce genre.
C’est un message envoyé aux autres groupes en quelque sorte ?
Ho non c'est pas ça du tout, c'est plus un message envoyé à nous-mêmes en fait. On n'est pas la pour basher les autres groupes, pas du tout. C'est simplement une manière de dire « on a fait ci, on a fait ça et c'est comme ça ». C'est façon de nous affirmer, une prise de position envoyée à nous-mêmes. On aime énormément de groupe de deathcore, loin de nous l'idée de les dénigrer. Nous sommes tous dans cette scène ensemble, je ne me vois pas aller voir un groupe et leur dire qu'ils sont nazes. La plupart de ces groupes sont nos potes donc non, définitivement, le message n'est pas contre eux mais plutôt une manière de nous positionner et de nous encourager nous-mêmes.
Vous parlez beaucoup de genre, de scène, etc. vous vous considérez comme un groupe de Deathcore ? Beaucoup de groupes réfutent cette appellation...
Je me considère moi-même comme un musicien dans un groupe. J'ai grandi avec du heavy metal et du classic rock américain. Donc je pense que je joue dans un groupe de heavy metal.
Sur cet album, vous avez travaillé avec Steve Evetts. Pourquoi ce choix, vous êtes fans de son travail ou fans des groupes avec lesquels il a travaillé ?
Oui bien sûr, on est tous super fans de Steve Evetts. C'est le producteur de Dillinger Escape Plan, Everytime I Die et tout un tas de groupe de hardcore. C'est quelqu'un qui te montre la voie, qui te montre comment ta musique doit sonner, dans quelle direction elle doit aller. C'est pourquoi « The Black Crown » est comme il est. Il sonne vrai. Il comprend parfaitement la façon dont les gens veulent travailler. Il a parfaitement compris qu'en tant que groupe, on voulait être vrai et donc on a tout enregistré de façon 100% organique. Il était le mec parfait pour le travail. Sa production est parfaite.
Les morceaux que vous avez sortis en avant-première, « You Only Live Once » notamment sonnaient assez différemment de vos précédents titres. A quoi est-ce dû ?
A nous-mêmes. C'est nous, en tant que groupe qui avons écrit les chansons et Steve a apporté sa touche et son savoir-faire derrière. Tu parlais de « You Only Live Once », ce riff, je l'avais en tête depuis des années, depuis « The Cleansing » mais je n'avais jamais trouvé le moyen de l'utiliser. C'était un cool riff mais je ne savais pas quoi en faire mais dès qu'on a commencé à travailler ce morceau, la structure, le texte, la musique s'y prêtaient. C'était le bon moment pour l'utiliser. C'est difficile à expliquer comment viennent les chansons, c'est juste qu'elles viennent… comme ça. On compose tout ensemble chaque morceau porte en lui la contribution de chacun, c'est une chose que pas mal de groupe ont oublié car souvent il y a un ou deux compositeurs alors que chez nous nous sommes cinq à composer.
D’ailleurs comment se passe la composition au sein du groupe ? Ca doit être compliqué de gérer cinq compositeurs en même temps ?
Non pas trop en fait. Pour cet album nous somme arrivés avec le concept d'abord. On était en tournée avec Megadeth et on se rendait compte qu'on en avait presque fini avec le cycle de "No Time To Bleed" et on a parlé de ce qu'on voulait faire avec le prochain album. On prend du temps ensemble et on discute, on discute. Puis on a loué un chalet pour un mois dans les montagnes de Californie et on a réfléchi tous ensemble à ce qu'on voulait faire. Le label pensait qu'on partait là-bas pour écrire l'album mais pas du tout, on y est allé entre amis, entre frères, pour se retrouver et parler du futur, de ce qu'on allait faire et c'est là que tout le concept autour de "The Black Crown" est arrivé. On n'avait pas procédé comme ça pour les deux premiers albums mais ici on a plus réfléchi en profondeur. On a beaucoup beaucoup discuté pour essayer de retrouver ce « mojo » tu vois ce que je veux dire.
J’ai l’impression que chacun de vos albums sonne différemment de celui qui le précède. Est-ce que vous avez besoin de cette évolution pour continuer à grandir en tant que groupe ?
Oui parfaitement. Nous avons fait « The Cleansing » puis « No Time To Bleed » qui était différent. Puis là, nous sortons "The Black Crown" qui est différent de « No Time… » et de « The Cleansing ». Là, nous avons ajouté de nouvelles facettes à notre musque, nous avons mis en avant des influences différentes comme Morbid Angel ou Korn, Slipknot, Deftones, Pantera, Metallica. Ce sont tous ces groupes qui nous ont influencés pour cet album. On ne s'y compare bien sûr pas mais ce sont ce genre de groupes qui nous inspire.
En parlant de Korn, vous avez invité Jonathan Davis et Franck Mullen sur votre album, comment s’est passée la collaboration avec ces deux chanteurs ?
Jonathan Davis est un de musiciens que tout le monde dans le groupe admire. L'avoir sur notre album s'est fait naturellement en fait. On a tourné avec eux, on s'est échangé du merch, on a pas mal discuté et traîné ensemble. Puis le lendemain, Jon et le guitariste qui remplaçait Munky portaient des T-shirt Suicide Silence sur scène, on était… « Holy Fuck Man… ». A plusieurs reprises lors d'émission télé comme Headbanger's Ball il portait des t-shirts ou des sweats du groupe. Puis un jour, on lui a demandé s'il voulait chanter sur un morceau de notre album, il a dit oui et voilà ça s'est passé comme ça. Simplement. Franck Mullen est lui un de nos amis et Suffocation est aussi une de nos grandes influences. Nous avons joué un show ensemble et nous étions en tête d'affiche devant Suffocation, ce qui était très étrange pour nous parce que ce sont des légendes. Nous étions très nerveux car nous ne pourrions jamais faire mieux qu'eux. Puis finalement ça c'est bien passé, on a discuté après le show et on a remarqué que dans leur bus ils écoutaient « No Time To Bleed », et ça été le début d'une belle relation entre eux et nous. Du coup quand on lui a demandé de venir poser sa voix sur notre album, il n'a pas hésité une seconde.
Après cet album vous serez officiellement sans contrat. Comment voyez-vous le futur du groupe ?
J'en sais foutre rien. Century Media était un très bon label, ils ont fait de l'excellent travail et je ne dirai jamais la moindre chose négative sur eux. Mais là, nous n'en avons pas encore parlé ensemble donc je ne peux rien te dire la dessus.
L’artwork de l’album est très original, que représente-t-il et qui s’en est chargé?
Alors je me sens très con là tout de suite parce que j'ai oublié son nom… c'est…attends. Ken… putain je suis trop con… Bon bah c'est Ken. L'artwork représente plein de choses, il y a plein de symboles cachés. Le logo du groupe, des 666, le signe du diable, les devil horns, tout un tas de truc. En fait il est symbolique et je laisse à chacun le soin de le décortiquer. Adams ! Ken Adams, voilà c'est le nom du mec qui nous l'a dessiné !
En tant que musicien préférez-vous être en studio ou sur scène ?
C'est très différent mais j'aime les deux. En studio c'est là où l'on compose, où l'on peut exprimer sa créativité, laisser ses émotions parler alors que sur scène tu te lâches complètement et c'est très différent, tu peux un peu improviser, c'est plus rock'n'roll en fait, tu montes sur scène et boum, l'énergie arrive sans crier gare. C'est très différent mais je ne saurais pas trop te dire quelle situation je préfère
Un dernier mot? Quelque chose à ajouter?
Putain, restez vrais, maintenez la musique heavy en vie et aimez-nous car on sera là pour toujours. Et heu… SUCK IT !