Artillery ou l'un des plus vieux groupe danois réputé et encore en activité. Après plusieurs longues pauses et un retour "gagnant" en 2009 avec le convaincant "When Death Comes", l'Artillerie se devait de rapidement confirmer sa bonne santé sous peine que ce nouveau come-back avorte en moins de deux. L'engagement est plutôt réussi, car preuve en est avec ce "My Blood", mélange élégant de heavy et thrash metal. Quoi de mieux dès lors que de s'entretenir avec l'un des membres fondateurs du groupe, Michael Stützer (guitare), qui si il n'est pas très bavard, répond de manière sympathique aux questions.

Vous revenez 2 ans à peine après «When Death Comes», qui marquait votre grand retour après pas loin de 10 ans de pause: comment s'est déroulé la composition de «My Blood» ? Y a-t-il des morceaux composés à l'origine pour «When...» qui se retrouvent sur votre nouvel album ?
Michael Stützer (guitare): Seuls quelques riffs sont issus des sessions de «When Death Comes». «My Blood» est composé uniquement de nouveaux titres à l'exception de «Ain't Giving In» dont la première mouture remonte à 1991 !

Qui s'est occupé de la production ? Je trouve que «My Blood» sonne moderne mais garde une intensité plus «oldschool» qui donne un côté unique au son d'Artillery...
C'est un gars qui s'appelle Søren Andersen, il a également produit «W.D.C.». Ce type est super aussi bien pour le travail qu'il réalise, que le relationnel que l'on a avec lui.
C'est pour ça qu'il était très important pour nous de garder une certaine sensation oldschool dans la production sans que cela ne sonne trop démodé.

Musicalement «My Blood» est dans la lignée de son prédécesseur; cependant la présence de sonorités orientales sur plusieurs morceaux est clairement affichée: comment et pour quelle raison sont-elles aussi présentes ?
Cela remonte à l'époque où nous avons tourné en Russie près de la frontière afghane (NDLR: ou plutôt près du Kazakhstan ?) en 1989. C'est là que nous avons entendu beaucoup de musiques orientales. Elles nous ont inspirés notamment pour écrire le morceau «Khomaniac» (sur l'album «By Inheritance») et depuis nous avons toujours voulu garder ces ambiances dans notre musique.

De ce fait, y a-t-il un fil conducteur au niveau des textes ? On peut penser et voir à travers la pochette que le thème de la mort est récurrent...
Les paroles traitent de beaucoup de sujets différents. Par exemple, nous parlons des problèmes de l'environnement mondial (sur «Dark Days»), ou nous faisons tout simplement une dédicace aux fans de metal («Thrasher»).
Sur «Concealed in the Dark», c'est l'histoire d'un alpiniste décédé, tout seul sur la montagne où personne ne peut lui venir en aide.
«Mi Sangre» parle du fait que vous pouvez aider vos enfants pour beaucoup de choses mais vous ne pourrez vivre leur vie. Ils doivent donc apprendre à vivre une vie qui est de plus en plus difficile.
«Monster», elle, évoque la bête qui végète au fond de chacun de nous.

«My Blood» sonne entre thrash metal et heavy metal et la voix de Søren Nico Adamsen est bien représentative de cette sensation: parfois bien agressive et à d'autres moments plus mélodique, cela donne du caractère à la musique d'Artillery; pensez-vous qu'avec la voix de Nico, l'identité d'Artillery est aujourd'hui encore mieux définie ?
Oui peut-être, mais je pense que ça a toujours été la manière de sonner d'Artillery, ce mélange heavy et thrash metal.
Søren a une gamme plus large que Flemming (Rönsdorf, chanteur du groupe de 1985 à 1990 et en 1999) pouvait avoir. Et ceci résulte d'une plus grande variation vocale sur les morceaux.

Comme Artillery a eu une carrière assez mouvementée, je vous propose de revenir sur chacun de vos albums depuis vos débuts en 1985 avec «Fear of Tomorrow» jusqu'à aujourd'hui et «My Blood» ? Racontez-nous un peu l'histoire de chaque album...
«Fear of Tomorrow», bien qu'il soit notre premier essai, nous fait toujours l'effet d'un sentiment très spécial dans nos cœurs, même si c'était il y a déjà plus de 25 ans maintenant !

«Terror Squad» (1987) fut un album dont la sortie a été retardée de presque un an par notre maison de disques de l'époque (Neat Records). Mais ça a aussi été la première possibilité d'une mini-percée pour nous!

«By Inheritance» (1990) fut publié par Roadrunner et c'est aujourd'hui encore l'un de nos albums les plus complexes, produit par Flemming Rasmussen. D'ailleurs, beaucoup le considèrent comme étant notre meilleur album !

«B.A.C.K» (1999) a été un album difficile à bien des égards, il a d'une part une des meilleures chansons que le groupe ait jamais composée ("Cybermind"). Ensuite, il a plus été enregistré dans l'optique d'un projet parallèle, que d'un véritable album d'Artillery.
Il a également été l'album qui nous a poussés à nous interroger de savoir si nous devions continuer avec un autre chanteur, en raison des absences d'engagements fréquents de Flemming (Rönsdorf) à cette époque.

«When Death Comes» a été un grand retour pour nous, pour la première fois en presque 10 ans, nous étions de retour avec un véritable effort de groupe. Et en même temps, les fans et les critiques lui ont réservé un très bon accueil .

«My Blood» poursuit le bon feeling de «W.D.C.» et nous sentons que nous prenons la bonne direction pour que Artillery aille encore plus loin. Nous sommes donc très satisfaits du Artillery actuel !

D'ailleurs, aujourd'hui je suppose que vous êtes encore plus «Fear of Tomorrow» qu'il y a 25 ans...
Oui, il semble que ce titre soit encore beaucoup d'actualité, à cause de toutes ces choses qui se passent aujourd'hui!

Vous avez connu deux grandes périodes d'inactivités du groupe, de 1991 à 1998 et de 2000 à 2007; comment avez-vous vécu ces périodes ? Quels ont été les projets et occupations du groupe durant ces périodes ?
Ce fut des périodes difficiles de ne pas jouer avec ces gars, mais moi et Morten (Stützer, son frère, guitariste aussi au sein d'Artillery) avons sorti deux albums avec le groupe Missing Link (en 1995 et 1997) qui donnait aussi dans une sorte de heavy/thrash. Carsten (Nielsen – batteur) était durant ces périodes entraîneur d'une équipe de foot, alors que Peter (Thorslund – basse) jouait lui juste pour le fun.

Tu es là depuis presque 30 ans, tu as donc connu et participé à tout le développement de la scène thrash metal; actuellement es-tu intéressé par des groupes de thrash ou heavy récents ou tu es plutôt tourné vers «l'oldschool» ?
Un peu des deux, j'écoute toujours des trucs oldschool, mais il faut aussi que j'écoute des groupes plus récents comme Evile, etc...

Parle-nous un peu du Danemark en terme de metal, les groupes que tu aimes, que tu peux nous conseiller, car de France on connaît certains groupes comme «King Diamond/Mercyful Fate» bien sûr, Volbeat, Manticora...
Outre les groupes que tu as mentionné, il y a d'autres bons groupes que je conseillerais comme Essence, Impalers, Unbelief, Caro, Chainfist et Scortum.

Qu'en est-il de concerts futurs, car il me semble que vous n'avez joué que trop rarement en France...
Il y a beaucoup de plans en prévisions en ce moment, mais il peut y avoir une chance que nous venions en août chez vous.

Vous êtes signés sur le label polonais Metal Mind depuis 2007, vous venez de sortir deux albums en 2 ans, on peut dire que Artillery repart définitivement et en pleine forme... avez-vous déjà des idées pour un futur album ou d'autres projets ?
Oui il y a déjà quelques idées qui ont à peine commencé à germer, nous verrons bien si nous pouvons faire un nouvel album dans un futur proche !

Pour finir, je vous laisse le mot de la fin, si vous avez un mot à passer aux lecteurs français de VS-Webzine...
J'espère vraiment que nous pourrons venir jouer en France cette année (et je passe un bonjour à mon ami Laurent Ramadier de Snakepit) pour montrer à tous les headbangers français de la dynamite danoise!
Merci à toi et à tous les supporters français !