Tonny (chant) - GOLDEN BULLET par SEB ON FIRE - 3366 lectures
GOLDEN BULLET a sorti un des meilleurs albums hardcore de ce premier semestre. Un album old school, à l'ancienne, qui a ravivé le feu des défunts CONGRESS et LIAR en ramenant la vibe H8000 sur le devant de la scène. Hardcore. Belgique. Nineties? Ces mots te parlent et te mettent le kik au garde-à-vous? Alors c'est le moment de lire l'interview que nous a accordée Tonny, chanteur et parolier du groupe.


Peux-tu nous présenter GOLDEN BULLET. Comment le groupe s’est créé et qui y fait quoi ?
Nous sommes GOLDEN BULLET de Belgique. Nous venons de la "H8000 area" en Flandres Occidentale pour ceux qui connaissent. Les membres du groupe sont Jan à la batterie, Jef à la basse, Lowie et Ivo aux guitares et moi, Tonny qui tiens le micro et écris toutes les paroles.
Notre rencontre découle d'une longue histoire mais je vais essayer de résumer tout ça.
Quelque part en 2005, notre batteur Jan s'est mis à jammer avec un guitariste Tom. Je me suis proposé pour les rejoindre et voilà, c'est plus ou moins les débuts de GOLDEN BULLET. Nous cherchions un second guitariste et via un ami commun nous avons déniché Ivo. Ensuite Tom nous a quittés et donc nous avons dû recommencer à chercher (rires). Finalement nous avons trouvé Lowie grâce une fois encore à des amis communs. Lowie est venu aux répétitions avec Jeff, un de ses potes, et voilà c'est toujours le line-up actuel du groupe. Notre premier concert date de l'été 2006, ça fera donc cinq ans cette année que nous nous produisons sur scène. Nous allons avoir la superbe opportunité de fêter ça lors du Ieperfest cet été.


Quel est le signification de “GOLDEN BULLET”? Y a-t-il un sens profond ou vous l’avez choisi parce qu’il sonnait de façon cool ?
Oui, il y a une signification là-dessous. J'essaie de le définir dans notre morceau « Gold.Betray.Bullets ». La signification vient de personnes, qui se prétendent vos amis, qui vous tendent la main, vous offrent des solutions, vous donnent des conseils, vous aident etc etc… Ils se pensent en or (« Golden »). Puis, au final, ils vous laissent tomber, vous trahissent, profitent de vous dès que possible, se réjouissent et tire profit de votre chute et vous tirent dans le dos. Une balle dorée si on veut (« Golden Bullet »)


Vous avez grandi en plein fief du H8000. Comment les choses se passaient là-bas à l’époque ? Quelle était l’ambiance et comment un si petit crew, dans une si petite région a pu se développer au point d'acquérir une renommée mondiale ?
Je suis entré dans la scène hardcore vers 1998. C'était un tout nouveau monde, une toute nouvelle culture pour moi. Il y avait tout un tas de groupes et autant de concerts. Les mots d'ordre étaient vraiment unité et respect. J'ai le sentiment qu'à l'époque l'expression « plus que de la musique » était beaucoup plus importante qu'aujourd'hui. Après, OK d'accord, il y avait aussi de l'hypocrisie et tout un tas d'autres conneries, mais les choses étaient différentes, ou alors c'est simplement moi qui les voyais d'une manière différente. A l'époque j'avais 16 ans, j'en ai presque 29 aujourd'hui, je dois voir les choses différemment. Mais malgré tout, il y avait quelque chose de spécial, une vibe particulière. Maintenant, je ne sais pas pourquoi la scène H8000 est devenue une telle référence mondiale. Peut-être parce que tout simplement il y avait beaucoup de bons groupes (ndla : Congress, Liar, Solid, Sektor, Spineless, Vitality, Kindred,…), un gros label (ndla : Goodlife Recordings), le Ieperfest. Nous avions une scène très active, un son vraiment atypique et différent puis il y a eu toute l'histoire derrière la signification du « H » de "H8000". Lorsque j'ai rejoint cette scène elle était à son apogée donc je ne peux pas vraiment parler des débuts.


Comment était la scène musicale locale durant les années 90? Et comment est-elle maintenant ? Y a-t-il toujours de bons groupes, des jeunes ont pris le relais ?
Comme je le disais, le concept « More than music » signifiait vraiment quelque chose et était la chose la plus importante pour nous. Il y avait énormément de « benefit shows », les groupes étaient vraiment engagés et impliqués, ils avaient tous quelque chose à dire. Ce n'était pas parfait, il y avait de gros défauts mais c'était différent en ce temps-là et c'est difficile de comparer les deux époques. J'étais jeune, je découvrais tout ça. Tout était beau et neuf pour moi. Mais j'ai une anecdote qui résume bien l'état d'esprit de l'époque, si tu permets je vais te la raconter. Je me souviens que lors d'un concert, le chanteur de Reveal, un groupe local de l'époque, c'est mis à lire une lettre sur scène en plein concert, entre deux morceaux. C'était une lettre de quelqu'un qui faisait du travail volontaire et bénévole dans un pays du Tiers-Monde. Il a fait ça lors d'un concert organisé pour Amnesty International. Toutes les personnes présentes au concert étaient silencieuses et écoutaient attentivement. J'ai du mal à imaginer une chose pareille aujourd'hui. Je suis un peu nostalgique car c'est une époque qui m'a énormément inspiré et j'espère que d'une façon ou d'une autre, à notre tour, nous tenterons d'inspirer les kids d'aujourd'hui. Car j'entends souvent des anciens dire, à propos de la jeune génération hardcore « qu'ils ne savent pas de quoi il est vraiment question ». Eh bien, j'ai envie de dire que c'est peut-être parce que nous, les anciens, ne les avons pas assez inspirés ou ne leur avons pas montré le bon exemple. Nous avons peut-être trop pensé à nous et pensons que nous étions, ou sommes toujours, les meilleurs sans chercher à vraiment les comprendre. C'est très simple de pointer du doigt et de critiquer mais c'est beaucoup plus difficile d'essayer de changer ça. Ça demande beaucoup d'efforts et de courage. C'est de ça dont je parle dans le morceau « Through The Years ». Puis franchement, je pense qu'on a vraiment pas à se plaindre car j'ai rencontré plein de jeunes fans fantastiques, sympas, impliqués et qui portaient vraiment le hardcore dans leur cœur et comprenaient l'importance et la spécificité de cette scène.


Que signifie les mots “Hardcore” et “H8000” pour toi? Sont-ce deux choses vraiment importantes ?
Le terme ''Hardcore'' signifie énormément pour moi. J'ai d'excellents souvenirs en y repensant, le hardcore m'a donné l'opportunité de rencontrer des gens formidables, de voir d'excellents groupes. Le Hardcore m'a apporté énormément de bonnes choses et j'ai toujours essayé d'aller plus loin que la simple musique. Passer un sale 1/4h et être capable d'évacuer tout ça en écrivant, composant et jouant un morceau permettant d'exorciser tout ça est une chance incroyable. Discuter avec les kids qui viennent toujours aux concerts et les écouter parler de leur passion pour le hardcore, de la façon dont ils voient le futur, le monde, la musique… ce sont toutes ces choses que m'ont apporter le hardcore. Pareillement pour le H8000, c'est une vraie chance pour moi que d'avoir grandi là-bas. Nous avions la chance de vivre dans ce coin où, chaque week-end, il y avait un ou plusieurs shows, c'était fantastique. Peut-être que nous étions trop gâtés pour réaliser la chance que nous avions.


Quand vous avez débuté la musique, avez-vous choisi de jouer ce type de hardcore, avec ce son si typique ou alors c’est juste sorti comme ça parce que cette musique fait partie de vous ?
En fait, on a juste commencé à écrire des morceaux et à les jouer sans vraiment réaliser que notre style se rapprochait de celui du hardcore des nineties et du H8000. Mais ensuite, de plus en plus de personnes nous l'ont fait remarquer et nous ont comparés à tous ces groupes. En tant que groupe, nous n'avons décidé de rien, les choses sont venues comme ça, sans préméditation et c'est vraiment fantastique que nous soyons comparés à tous ses excellents groupes avec lesquels j'ai grandi.


Le son de l’album est très roots, old school et sonne de façon très années 90. Est-ce intentionnel ? Qui s’est chargé de l’enregistrement ?
C'est notre batteur Jan qui s'est chargé de tout l'enregistrement et tout a été masterisé au CCR Studio. Dès le début du processus, Jan nous a annoncé qu'il voulait un son sale, tout sauf propre et clean. Il voulait un son et une ambiance sombre et crasseuse et je pense qu'il a réussi. Ce n'est jamais simple d'enregistrer et produire son propre groupe mais nous sommes très heureux du résultat, Jan a fait un travail formidable.


. La première fois que j’ai écouté « Downfall Of Humanity », ça m’a tout de suite fait penser à Congress, Liar, Arkangel, Length Of Time ou All Out War et tous les groupes de metalcore américains des nineties. Ces groupes ont-ils eu une grosse influence sur votre son ? Êtes-vous influencés par d’autres groupes ou d’autres types de musique ?
J'ai vraiment aimé et aime toujours d'ailleurs, tous ces groupes et je pense que les groupes que vous aimez sont toujours, consciemment ou inconsciemment, une source d'inspiration. Notre batteur est lui aussi entré dans la scène hardcore dans les années 90 mais dans le groupe nous sommes cinq et chacun a ses groupes fétiches des backgrounds différents et une vision différente de la musique. Comme nous écrivons et composons ensemble toutes nos influences se retrouvent dans nos morceaux et c'est ce qui donne le son de GOLDEN BULLET.


Quel est le concept derrière le groupe? Y a-t-il un message global dans Golden Bullet ?
Nous n'avons jamais voulu créer un concept, nous sommes ce que nous sommes et c'est tout. J'ai entendu que pas mal de gens trouvent notre album, sombre, désespéré et pessimiste. Ça ne signifie pas que nous-mêmes soyons des gars tristes, sombres et dépressifs. Notre musique est un exutoire, une échappatoire à nos fardeaux quotidiens. Il est préférable de relâcher toute la merde dans une chanson plutôt que d'être une personne frustrée et négative, c'est à ça que nous sert la musique. Donc le message global du groupe est bêtement celui de nos morceaux, tout cela mis ensemble, donne un aperçu du concept du groupe. Personnellement je pense que ce monde pourrait être meilleur, que certaines choses doivent être changées. Ça commence par des petits changements dans notre vie de tous les jours, dans la scène etc etc… J'ai développé une forme de haine envers l'humanité toute entière pour les actes inhumains et toute la merde qu'elle est capable de générer mais je ne déteste aucun être humain personnellement. La haine n'est que globale.


Les lyrics de “Downfall Of Humanity” me semblent très libre d’interprétation. Qu’est-ce qui t’inspire quand tu écris ?
Je trouve ça très cool, que tu penses ça de nos textes, de cette façon les personnes qui écoutent GOLDEN BULLET et lisent nos textes peuvent les relier à leur propre histoire et ainsi, prendre une signification particulière pour eux. Je puise mon inspiration de ma vie personnelle, de ma vision du monde, des injustices qu'on peut y trouver. J'écris aussi sur ma vision et l'évolution de la scène hardcore, sur la culpabilité, la trahison, la vie de tous les jours, toutes les merdes qu'on doit tous endurer tous les jours. J'écris aussi à propos de certaines choses personnelles dont je peux à peine parler.


L’artwork me rappelle beaucoup les pochettes des premiers albums de Length Of Time ou les visuels du “Dead Man Walking” d’Arkangel, avez-vous voulu leur rendre une sorte d’hommage? Pourquoi avoir choisi une gravure de Gustave Doré ?
Eh bien oui, peut-être que c'est un hommage mais ça n'a jamais été le but. Ces deux groupes ont eu (et ont toujours) une grosse influence sur moi quand j'étais jeune. Que ce soit leur musique, leur image, leurs paroles, leurs messages, leurs performances live… En fait Jan et moi avons toujours été d'immenses fans de Length Of Time. D'ailleurs ils ont joué lors du release show de notre album, dans une toute petite salle et c'était vraiment fou. Sinon utiliser une gravure de Gustave Doré était une idée d'Andy, qui a réalisé tout l'artwork de notre album, et ça nous a pas mal surpris au début. Nous lui avons demandé s'il pouvait faire quelque chose qui colle parfaitement avec le titre de l'album et les lyrics. Nous voulions quelque chose de sombre et pessimiste, quelque chose qui reflète la face noire de l'humanité tout en lui précisant que nous adorions les visuels de Length Of Time, Arkangel, All Out War… et que nous aimerions avoir quelque chose dans ce style-là. Comme nous avions déjà une date de sortie, nous devions faire les choses rapidement et Andy est venu nous voir avec cette idée. Il a fait un travail formidable.


Êtes-vous content de votre premier album? Il possède quelques petits défauts mais je pense justement que c’est qui lui donne de la vie et le fait sonner de façon artisanale et un peu old school.
Nous en sommes très heureux, vraiment. Jan a abattu un boulot formidable sur la production et le mixage de Chris au CCR studio est excellent lui aussi. Comme tu le dis nous n'avons jamais voulu un son propre et clean mais une ambiance plus sombre. Maintenant, on sait que certaines choses auraient pu être meilleures, elles peuvent toujours l'être, c'est ce qui fait progresser et grandir un groupe.


La première fois que j’ai écouté votre album, j’étais pratiquement certain que vous étiez un groupe Straight Edge car au niveau du son et des lyrics vous me rappeliez beaucoup de groupes SxE de l’époque.
Non, nous ne somme pas un groupe estampillé SxE. Seul notre batteur a adopté ce mode de vie sans pour autant s'autoproclamé Straight Edge. Quand je suis arrivé dans la scène hardcore, je l'étais et je l'ai été pendant plusieurs années mais, avec le temps, j'ai réalisé que ce n'était pas le style de vie que je voulais et j'ai été plus longtemps « Non SxE » que SxE. Maintenant je respecte tout le monde, straight edge ou pas, du moment qu'eux respecte mon choix. Il ne faut pas croire que les gens qui ne sont pas SxE n'ont aucune valeur.


Quels sont les retours de la presse et des fans par rapport à votre album ?
De toutes les reviews que nous avions lues, aucune n'était totalement négative, donc ça nous va parfaitement et j'en déduis que les gens ont aimé l'album. Pour parler des fans, nous avons plus de shows aujourd'hui et plus de personnes viennent pour danser et bouger pendant nos concerts donc c'est aussi plutôt bon signe. Nous espérons juste pouvoir jouer plus à l'étranger, loin de chez nous pour faire découvrir notre musique et rencontrer de nouvelles personnes.


Votre album est sorti via CrossfireCult Records. Pourquoi ce choix?
Diana, une de nos amies en Hollande leur a donné un promo et nous a dit qu'ils avaient aimé donc je me suis permis de les contacter. J'ai discuter avec Rick chez CFC, nous avons discuté et vite réalisé que nous avions la même vision de le scène, du hardcore, de la vie… Nous avons signé rapidement sur ce label. C'est un peu étrange d'avoir signé sur un label hollandais mais nous en sommes très heureux. Rick est un mec vraiment bien qui se donne énormément pour promouvoir ses groupes.


N’est-ce pas trop compliqué de combiner votre vie personnelle, familiale et votre vie de musicien de hardcore?
Eh bien nous nous sommes cinq personnes vraiment très occupées à un point tel que c'est parfois très difficiles de trouver du temps pour répéter toutes les semaines. Mais chacun se débrouille et fait vraiment tout ce qu'il peut. Nous prenons énormément de plaisir dans le groupe donc ça en vaut vraiment la peine.


Pouvez-vous décrire le groupe en 3 mots…?
Pas facile…
90's. H8000. Hardcore?


Quels sont vos projets pour l’année prochaine?
J'espère que nous pourrons donner plus de concerts en Belgique et à l'étranger bien sûr. Puis nous espérons aussi écrire et composer un nouvel album.


Un dernier mot, un commentaire, une blague à raconter?
Merci beaucoup d'avoir pris le temps de lire tout ça et de l'intérêt porté à notre musique. Si vous aimer notre album, achetez notre album et faites-nous jouer chez vous. Restez fidèles au hardcore et à vous-mêmes. Take Care! Merci beaucoup à toi Seb pour la critique de notre album, pour cette interview et pour avoir traduit mon anglais très imparfait. Si vous venez au Ieperfest n'hésitez pas à venir nous voir et discuter avec nous.


Merci beaucoup à toi Tonny!


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