Musique céleste et spirituelle en même temps que vaudoue, vulcanienne, luciférienne,
elle porte toute l'époque que nous vivons et celle de nos parents,
quand il y en avait encore, avant les usines à clonage.
- Maurice G. Dantec -
Débarquer sur une listening session du nouveau MORBID ANGEL c'est un peu la grande messe œcuménique du death. Entre ferveur et béatitude, une dizaine de pèlerins attend pieusement le début de l'office devant le parvis du pub La Maison Hantée (Marseille, VIe), sous les bons auspices des moines cénobites de Season Of Mist. Le temps de rafraîchir les gosiers asséchés par la route et le soleil Provençal, chacun s'installe devant son lutrin. Enfin...la musique fût. 1. OMNI POTENS (intro)
Exercice classique, l'album s'ouvre sur une introduction orchestrale portée par le chant incantatoire de David Vincent. Ces psalmodies aussi inquiétantes que grotesques vont servir de fil rouge à l'album, motif récurent sur plusieurs titres.
2.TOO EXTREME
Voilà un des titres qui risque de diviser les fans du groupe. Si le riff ouvrant le morceau évoque la période Covenant/Domination, « Too extreme » déploie rapidement un arsenal de sonorités industrielles très martiales. Pas une once de machines là-dedans toutefois ; Tim Yeung se révèle générateur de drumbeats en chef, tandis que Trey...Trey n'est définitivement plus de ce monde. Il jamme dans le living continuum avec Azaghtoth – le vrai – et parfois, parfois, quelques échos nous parviennent.
3.EXISTO VULGARE
Que ceux qui honnissent la production de « Heretic » se rassurent. Le nouveau cru semble impeccable sur la forme. Un espace sonore plein et équilibré, le sound-system mis en place ce jour-là n'y est certainement pas étranger mais on en prend plein la tête. Ce morceau nous ramène en terrain plus connu. Vers le Morbid des années 90 avec un Tim Yeung qui semble avoir enfilé les chaussons de Sandoval. Le morceau s'achève sur une figure de style du groupe : un pur solo de Trey - harmonies lumineuses et bonds inspirés - dont les dernières notes viennent s'échouer sur la fin du titre. Argh.
4.BLADES FOR BAAL
Joli titre hein? Un peu cliché mais imagé. A l'image de ce morceau, le premier avec un gros tempo, chant hargneux un peu en avant et grosse artillerie new-school. On gagne en efficacité ce qu'on perd en pertinence. Ça roule quand même.
5.I AM MORBID
En ouverture du titre : une foule en délire qui scande « Morbid! Morbid! Morbid! ». On avait compris. Et pour les retardataires le refrain en remet une couche : I am Morbid
Morbid and
Morbid
Un gros mid-tempo qui ronronne sur une riff répétitif au feeling assez modern rock – même une pincée de wah wah sur le refrain je crois. Aussi étonnant que convaincant dans le fond. Trey enfonce le clou avec une série de tappings en cascades.
6.10 MORE DEAD
Là encore un morceau plus classique qu'on pourrait croire échoué des chutes d'un « Domination ». David Vincent reprend les choses là où il les avait laissées. On peut trouver pire comme filiation pas vrai?
7.DESTRUCTOS VS THE EARTH/ATTACK
Oui je sais ça fait bizarre au début. Mais VS est cité dans un titre de Morbid, la classe quoi.
Plus sérieusement, retour des influences indus sur un titre d'inspiration sci-fi. Tout y est, du travail sur la texture de la voix de Vincent, aux effets noisy crées par Trey. Le rythme du morceau se reflète dans le leitmotiv des paroles : We're marching
Destructos' marching on man 8.NEVERMORE
Bon, on commence à le connaître celui-là. On s'est bousillé les oreilles à essayer de dégager trois notes de videos pourries chopées sur YouTube. Maintenant on va pouvoir l'écouter tranquille à la maison. Pas de prise de risques, c'est le morceau des retrouvailles.
9.BEAUTY MEETS BEAST
Pas grand chose de marquant à signaler. Plus le moindre souvenir. Qu'est ce que je foutais à ce moment là?
10.RADIKULT
Une petite intro à la basse et c'est reparti pour un morceau bien groovy, à l'instar d'un I am Morbid. Toujours un thème qui tourne, quelques effets ci et là. Une paire de solos qui perce le mur rythmique. Le résultat se révèle franchement hypnotique. Morbid Angel serait-il en train d'inventer le open stoner-death?
11.PROFUNDIS – MEA CULPA
Attention les puristes, ça va secouer sur le dance-floor!
L'album se replie doucement sur lui-même avec un final qui renvoie à l'intro. On reprend la même orchestration, on sort les violons grandiloquents, on saupoudre d'un feeling trop evil tu meurs, le chant en appelle aux forces chthoniennes des grands anciens puis... le morceau démarre véritablement. Un déluge hardtek où Tim Yeung passe le mur du son ; DJ Trey aux platines crée des harmoniques d'une autre dimension. Dans le faisceau du rétroprojecteur, le refrain précise : Illud Divinum Insanus. On s'en serait douté.
L'album terminé on s'accroche aux échos des dernières notes comme on essaierait de retenir les images d'un rêve balayées par un réveil brutal. Une seule écoute pour livrer quelques impressions, avec toutes les réserves inhérentes à l'exercice. Il serait prématuré de livrer un bilan définitif à ce stade. « Illud Divinum Insanus » est un album de rupture dans la disco du groupe qui va demander quelques efforts d'adaptation aux fans. Une œuvre réfléchie et audacieuse ; précisément ce qu'on attendait de Morbid Angel depuis plus de dix ans. La meilleure façon de résumer le feeling global de l'album est encore de vous renvoyer vers la citation en incipit de l'article.
Même parmi les journalistes présents ce jour, les avis restent prudents ; pas de dithyrambes, pas de lynchage. On sirote un verre le coude sur le zinc, l'air songeur, des interrogations plein la tête. Et comme le staff de SoM ne fait pas les choses à moitié, David Vincent investit bientôt les lieux en personne pour une longue série d'entretiens qui se poursuivra loin dans la nuit Marseillaise (à suivre...)
Illud Divinum Insanus
Musique céleste et spirituelle en même temps que vaudoue, vulcanienne, luciférienne,
elle porte toute l'époque que nous vivons et celle de nos parents,
quand il y en avait encore, avant les usines à clonage.
- Maurice G. Dantec -
Débarquer sur une listening session du nouveau MORBID ANGEL c'est un peu la grande messe œcuménique du death. Entre ferveur et béatitude, une dizaine de pèlerins attend pieusement le début de l'office devant le parvis du pub La Maison Hantée (Marseille, VIe), sous les bons auspices des moines cénobites de Season Of Mist. Le temps de rafraîchir les gosiers asséchés par la route et le soleil Provençal, chacun s'installe devant son lutrin. Enfin...la musique fût.
1. OMNI POTENS (intro)
Exercice classique, l'album s'ouvre sur une introduction orchestrale portée par le chant incantatoire de David Vincent. Ces psalmodies aussi inquiétantes que grotesques vont servir de fil rouge à l'album, motif récurent sur plusieurs titres.
2.TOO EXTREME
Voilà un des titres qui risque de diviser les fans du groupe. Si le riff ouvrant le morceau évoque la période Covenant/Domination, « Too extreme » déploie rapidement un arsenal de sonorités industrielles très martiales. Pas une once de machines là-dedans toutefois ; Tim Yeung se révèle générateur de drumbeats en chef, tandis que Trey...Trey n'est définitivement plus de ce monde. Il jamme dans le living continuum avec Azaghtoth – le vrai – et parfois, parfois, quelques échos nous parviennent.
3.EXISTO VULGARE
Que ceux qui honnissent la production de « Heretic » se rassurent. Le nouveau cru semble impeccable sur la forme. Un espace sonore plein et équilibré, le sound-system mis en place ce jour-là n'y est certainement pas étranger mais on en prend plein la tête. Ce morceau nous ramène en terrain plus connu. Vers le Morbid des années 90 avec un Tim Yeung qui semble avoir enfilé les chaussons de Sandoval. Le morceau s'achève sur une figure de style du groupe : un pur solo de Trey - harmonies lumineuses et bonds inspirés - dont les dernières notes viennent s'échouer sur la fin du titre. Argh.
4.BLADES FOR BAAL
Joli titre hein? Un peu cliché mais imagé. A l'image de ce morceau, le premier avec un gros tempo, chant hargneux un peu en avant et grosse artillerie new-school. On gagne en efficacité ce qu'on perd en pertinence. Ça roule quand même.
5.I AM MORBID
En ouverture du titre : une foule en délire qui scande « Morbid! Morbid! Morbid! ». On avait compris. Et pour les retardataires le refrain en remet une couche :
I am Morbid
Morbid and
Morbid
Un gros mid-tempo qui ronronne sur une riff répétitif au feeling assez modern rock – même une pincée de wah wah sur le refrain je crois. Aussi étonnant que convaincant dans le fond. Trey enfonce le clou avec une série de tappings en cascades.
6.10 MORE DEAD
Là encore un morceau plus classique qu'on pourrait croire échoué des chutes d'un « Domination ». David Vincent reprend les choses là où il les avait laissées. On peut trouver pire comme filiation pas vrai?
7.DESTRUCTOS VS THE EARTH/ATTACK
Oui je sais ça fait bizarre au début. Mais VS est cité dans un titre de Morbid, la classe quoi.
Plus sérieusement, retour des influences indus sur un titre d'inspiration sci-fi. Tout y est, du travail sur la texture de la voix de Vincent, aux effets noisy crées par Trey. Le rythme du morceau se reflète dans le leitmotiv des paroles :
We're marching
Destructos' marching on man
8.NEVERMORE
Bon, on commence à le connaître celui-là. On s'est bousillé les oreilles à essayer de dégager trois notes de videos pourries chopées sur YouTube. Maintenant on va pouvoir l'écouter tranquille à la maison. Pas de prise de risques, c'est le morceau des retrouvailles.
9.BEAUTY MEETS BEAST
Pas grand chose de marquant à signaler. Plus le moindre souvenir. Qu'est ce que je foutais à ce moment là?
10.RADIKULT
Une petite intro à la basse et c'est reparti pour un morceau bien groovy, à l'instar d'un I am Morbid. Toujours un thème qui tourne, quelques effets ci et là. Une paire de solos qui perce le mur rythmique. Le résultat se révèle franchement hypnotique. Morbid Angel serait-il en train d'inventer le open stoner-death?
11.PROFUNDIS – MEA CULPA
Attention les puristes, ça va secouer sur le dance-floor!
L'album se replie doucement sur lui-même avec un final qui renvoie à l'intro. On reprend la même orchestration, on sort les violons grandiloquents, on saupoudre d'un feeling trop evil tu meurs, le chant en appelle aux forces chthoniennes des grands anciens puis... le morceau démarre véritablement. Un déluge hardtek où Tim Yeung passe le mur du son ; DJ Trey aux platines crée des harmoniques d'une autre dimension. Dans le faisceau du rétroprojecteur, le refrain précise : Illud Divinum Insanus. On s'en serait douté.
L'album terminé on s'accroche aux échos des dernières notes comme on essaierait de retenir les images d'un rêve balayées par un réveil brutal. Une seule écoute pour livrer quelques impressions, avec toutes les réserves inhérentes à l'exercice. Il serait prématuré de livrer un bilan définitif à ce stade. « Illud Divinum Insanus » est un album de rupture dans la disco du groupe qui va demander quelques efforts d'adaptation aux fans. Une œuvre réfléchie et audacieuse ; précisément ce qu'on attendait de Morbid Angel depuis plus de dix ans. La meilleure façon de résumer le feeling global de l'album est encore de vous renvoyer vers la citation en incipit de l'article.
Même parmi les journalistes présents ce jour, les avis restent prudents ; pas de dithyrambes, pas de lynchage. On sirote un verre le coude sur le zinc, l'air songeur, des interrogations plein la tête. Et comme le staff de SoM ne fait pas les choses à moitié, David Vincent investit bientôt les lieux en personne pour une longue série d'entretiens qui se poursuivra loin dans la nuit Marseillaise (à suivre...)