- ARKELION par DUNGORPAT - 1906 lectures
Une tortue biomécanique coursant un lapin (lièvre?) terrorisé sous les rayons d'un soleil jaune, sur fond de Thrash/Death suédois, ça interpelle. D'autant plus quand la musique est bonne, comme disais JJG!
VS a tenté de découvrir ce qui se cachait là-dessous (cigarettes de drogue ou approche philosophique de notre évolution?) en interrogeant le groupe au complet...



VS : Salut à vous! Rentrons directement dans le vif du sujet : c'est quoi ce lapin poursuivi par une tortue cyborg qu'on voit à l'intérieur du digipack de votre EP?
Un concept particulier ou le résultat d'un abus de cigarettes qui font rire et de jeux vidéos?
Kali : Hahaha!
Salut à toi! Le délire part de JM, car c'est un imitateur parfait du cri de la tortue en rut!
C'est en fait, l'illustration d'une partie de chasse d'une tortue mutante carnivore. On revisite de façon décalée la fable du "lièvre et de la tortue" de La Fontaine si tu préfères. Après il y a peut-être aussi un effet jeux vidéos... Nous avons quelques geeks dans ce groupe ^^


On sent, quand on navigue dans votre site ou qu'on fait un tour sur votre MySpace, que vous ne vous prenez absolument pas au sérieux tout en essayant d'être le plus pros possible ;
N'est-ce pas difficile de concilier les deux?
JM : Pas forcément. On part d'un constat simple, les groupes de Death qui nous entourent sont souvent très pros dans leur univers et design mais aussi très formatés, n'osant pas sortir des carcans établis par le style (ambiance sombre, attitude froide...). Notre musique se veut mélodique et pleine d'énergie, elle nous ressemble. Nous avons voulu être originaux dans le design mais pour cela, il fallait qu'il soit d'excellente qualité. Quitte à faire dans le délire, faisons-le à fond, mais bien !
      
Kali : Ce n'est pas évident en effet. Je suis celle qui se prend le moins au sérieux et qu'il faut visser... J'aime la dérision mais pas le ridicule. Je préfère faire passer un message de motivation et me lâcher au maximum plutôt qu'être en mode hautaine, sérieuse et trop froide. C'est peut-être l'envie d'avoir un public convivial, heureux d'être là, de se défouler, de pogoter et de slammer, qui se traduit ^^

Alain : Travailler dans une bonne ambiance c'est le secret! Mais il est vrai qu'étant encore peu connus, nous essayons de ne pas laisser notre côté dérision et décalé faire croire que nous sommes "je m'en foutistes" dans notre expression musicale.


Votre formation lors d'une fête de la musique, comme vous le précisez dans votre bio, doit être responsable de cet état d'esprit, au moins en partie?
Comment s'est déroulée cette rencontre?
Kiki : Pour ma part , j'ai rencontré Bart au Conservatoire , donc par la voie musicale et non "fêtarde", du coup nos objectifs étaient clairs : faire du métal et aller jusqu'au bout ensemble.

Alain : J'ai rencontré Kali à une soirée vomifest organisée dans son appart, grâce à un ami commun, Nico. Il se trouve qu'ARKELION cherchait un batteur durant cette période. Mon groupe SUFFEREIGN étant en stand by, j'ai auditionné les jours qui suivirent pour être embauché dans la foulée.

JM : Même si le groupe a beaucoup évolué depuis (notamment des changements de line-up), il est vrai que nous avons officialisé la naissance du groupe lors d'une fête de la musique, premier contact avec le public. La rencontre des membres du groupe s'est faite assez naturellement, nous nous sommes retrouvés autour d'un concept de Death mélodique, nos groupes de l'époque ne nous satisfaisant pas.


Vous vendez « What Else » comme un EP huit titres, pourtant on pourrait aisément le considérer comme un album, bien que court. Y a-t-il une raison à cela?
JM : C'est notre première galette, les changements de line up retardant la sortie d'un EP plus tôt, nous avions beaucoup de titres à notre actif (plus d'une dizaine). Nous avons donc choisi de sortir cet EP avec nos morceaux préférés, mais son but était de promouvoir le groupe avant tout.

Alain : Modestie affichée, et prix en rapport, ce qui semblerait bizarrement très peu cher pour un album correspond à un prix modique pour un EP. Finalement cela fait une bonne surprise pour le fan.


Les morceaux du EP sentent bon le Thrash, le Heavy Metal et l'école Melodeath suédoise ; est-ce dans cette voie qu'ARKELION va se développer ou « What Else? » n'est-il qu'une étape,
une façon des rendre hommage à vos influences avant de vous lancer dans une voie plus personnelle?
Bart : C'est une évolution logique et proportionnelle aux progrès techniques, cet EP n'est que les débuts d'ARKELION.

Alain : La formation du CD n'est plus tout à fait la même aujourd'hui. Bien que tout cela sente bon comme tu le dis si bien ^^ le style ARKELION est déjà là et reconnaissable.

JM : En tant que compositeur du groupe, j'ai toujours été influencé par les groupes de Death Mélodique finlandais et suédois (CHILDREN OF BODOM, SOILWORK, IN FLAMES...). De plus, la création du groupe s'est faite pendant une période particulièrement riche de ce style. Mais ARKELION ne s'arrête pas là, les nouveaux morceaux pour l'album de 2011 sont plus matures, plus puissants car ils reflètent une véritable cohésion du groupe.


Votre nouveau guitariste, Kiki, va-t-il participer à la composition des nouveaux morceaux? Que va-t-il (qu'a-t-il déjà) apporter au groupe selon vous?
JM : Il apporte déjà beaucoup, que ce soit sur la composition mais aussi par sa personnalité très fédératrice. Toujours partant, hyper solidaire et serviable, c'est véritablement un moteur du groupe. Je pense que sa grande musicalité (clarinettiste au conservatoire de Strasbourg) se développera à merveille dans notre style et apportera une aide précieuse en composition.

Kiki : Quelques riffs font déjà partie des derniers morceaux, bosser avec JM est un plaisir pour écrire. On apporte beaucoup l'un à l'autre : lui avec un feeling rare, d'expérience de pur métalleux ;  moi avec une certaine rigueur plus académique. Après chacun apporte ses talents bien sûr. Kali, sa puissance vocale et sa littérature "labyrinthesque", Alain le padre grinder et sa force de frappe, Bart qui maîtrise ses classiques de Pastorius. La fine équipe du 67 donc ^^


Comment s'est déroulé l'enregistrement? On ne trouve aucune indication sur le digi, j'en conclue donc que vous vous êtes chargés de tout? Si oui, chapeau!
JM : Merci. Nous avons enregistré seuls comme des grands, grâce à Bart (basse) qui travaille lui aussi au conservatoire en tant que régisseur son. Nous avons pu profiter de ses connaissances pour enregistrer dans d'excellentes conditions. Nous sommes ensuite passés au Downtown Studio où Didier s'est occupé du mix mastering car nous souhaitions grossir notre son toujours dans cette idée de faire les choses biens !

Bart : Je me suis chargé de toutes les prises de sons, le reste du mix s'est fait en studio. Pas mal de taf effectivement!


L'artwork est signé Tresaden ( http://www.tresadenn.com ), comme les visuels de votre site officiel et de votre MySpace... Pouvez-vous nous le présenter?
JM : Tresadenn alias Philippe CAM, est un ami à nous très fidèle au groupe. De formation artistique, il travaille maintenant en tant que graphiste dans une agence de com'. Le choix du design s'est fait tout naturellement avec lui, il correspond aussi à son univers décalé et nous suivra très certainement sur les prochains projets du groupe.


De quoi parlent vos morceaux? On ne sait trop sur quel pied danser avec le groupe, entre le gros délire carré ou quelque chose de plus sérieux.
Une chanson comme « Metal Academy », par exemple, qui contient quelques gimmicks propres au Heavy, pourrait être à la fois un pamphlet contre ce type d'émissions ou simplement un hommage aux groupes avec lesquels vous avez grandi?
Kali : Dans ARKELION toutes les chansons sont remplies de second degré, de cynisme et d'ironie. "Metal academy", c'est tout cela. Donnez-nous de la merde et on la mangera... La plupart des personnes pensent être rock n'roll car elles sont extrêmes ou font n'imp... Etre rock n'roll, c'est vivre sa vie à fond, c'est se faire déborder des fois mais rester entier malgré tout et ne pas avoir peur de sauter le pas des fois quitte à se casser la gueule... surtout en amour. C'est une grande ligne de conduite... ne pas se perdre soi-même.
Je parle aussi de notre époque décalée entre ce que les gens veulent et ce qu'ils montrent. Cette espèce de survie qui règne, au lieu de la vie... Je parle d'amour, de relations entre hommes et femmes. La revendication de pseudo liberté que veulent montrer les femmes et qui se retournent contre elles, car finalement les mecs se sentent moins en confiance et plus utilisés... On est dans une époque d'utilitaire et ça me gêne.
L'imaginaire et le fantastique me servent à parler de tout ça de façon imagée que ce soit "Medusa's mirror" ou "Cold puppet"... J'aime cette horreur gaie à la Rob Zombie ...


Ton chant, Kali, est particulièrement agressif, grave, voire hardcore par certains côtés (ton phrasé et ton timbre, plus sec qu'un chanteur death classique).
Avez-vous voulu quelque chose de particulièrement viril, pour ne pas qu'on se focalise trop sur toi, ou est-ce ton chant naturel?
Kali : Aïe... Oui, j'ai toujours eu ce côté hardcore, qu'on essaie d'améliorer et de changer quand même... (voir JM) Après j'ai un gros coffre et un désir d'aller de plus en plus dans le growl bien gras partir dans un truc très homme en effet pour gommer ma voix de fille... Pas l'oublier mais la taire le temps d'imaginer qu'on écoute un gros et bel ours ^^
J'essaie de garder mon timbre féminin pour plus tard, une espèce de voix hybride de growl et de chant avec plein de notes à la Gojira... et ça je vais en chier.

JM : Au contraire, nous souhaitons une véritable attention sur elle, mais c'est par la scène qu'elle se transcende. Sa voix particulièrement puissante permettait aussi d'asseoir notre son, d'avoir une dynamique plus violente. Elle a beaucoup progressé depuis et avec les nouvelles compositions plus violentes, elle est véritablement un pilier de notre style.


Pour en revenir à l'enregistrement, et pour parler un peu technique pour les spécialistes avides de détails,
sur quel matériel avez-vous enregistré, et dans quelles conditions (studio pro, à la maison, sur PC, quel matos guitare, basse, etc.) ?
JM : Nous avons enregistré dans les locaux de la Maison Bleue détenus par le Dirty 8, où nous répétons, et également chez Bart. L'enregistrement s'est effectué instrument par instrument. Les amplis que nous avons utilisé sont un Mesa Boogie, un Brunetti et un Gallen Kruger pour la basse. Nous avons utilisé une Jackson US, une LTD et une Warwick.

Bart : Carte son Firepod FP10, logiciel Samplitude, parc micro de sonorisation de récupération.


Vous organisez également des concerts sur Strasbourg par le biais de votre association, Common Aim. Cela vous aide-t-il à trouver des dates pour le groupe?
Kali : Oui et non, c'est surtout dans une optique de contacts, d'échanges et de musique. Ça nous permet de faire jouer des groupes qui ont du mal à tourner dans le coin et qu'on apprécie ; des groupes d'autres régions, des amis, des connaissances, et de les encourager à nous faire jouer après. (On a plus de quatre groupes différents dans l'asso.)


Quels sont les concerts organisés par l'asso dont vous être les plus fiers, justement?
Kali : Pour moi forcément, c'est le Brutal Beauty fest, que je remonte cette année en mode "le retour des furies" et en tournée sur quatre dates (à Strasbourg, Toul, Paris et Rennes). Quatre groupes à l'affiche dans quatre styles différents, avec des meufs qui envoient : HEROES DIE FIRST, WHEN REASONS COLLAPSE, DEHUMANIZE et ARKELION.


S'occuper d'un groupe et d'une asso demandent un énorme investissement personnel en terme de disponibilité,
cela vous pose-t-il parfois des problèmes, comme un concert prévu qui vous empêcherait de jouer avec le groupe?
Kali : On essaie d'éviter au maximum de monter des dates pendant des dates de groupes mais voilà c'est pas toujours facile... Ça prend la tête, ça prend du temps, ça épuise. Mais merde, c'est ça la musique.

JM : Non, notre association est assez autonome pour se débrouiller (un peu) sans nous. De fait, nous arrivons facilement à dissocier les deux, puis c'est une passion que de rencontrer des groupes, organiser des dates où le public est ravi. Du coup, nos efforts sont très souvent récompensés.


Merci pour vos réponses ; je vous laisse le(les) mots de la fin : les lecteurs de VS sont pendus à vos petits doigts potelés!
JM : L'actualité d'Arkelion va être particulièrement chargée ces prochains temps. Comme disait Kali, nous sommes en train d'organiser une tournée pour février-mars. Nous souhaitons aussi travailler sur un clip vidéo toujours dans l'idée de promouvoir le groupe. L'album devrait suivre tout naturellement, nous sommes d'ailleurs en phase de composition et pour l'instant nous sommes plutôt satisfaits. Bref vous risquez d'entendre parler de nous. On a hâte !

Kiki : Venez nombreux, on est là pour le public, lâchez vous car on a tout à vous donner, du son et des oreilles !

MySpace : http://www.myspace.com/arkelionmetal
Site Officiel : http://arkelion.fr :


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