TRAUMATISME commence à se faire un nom en France auprès des fans de shock rock. Plus un one-man band actuellement qu'un vrai groupe, il vient de sortir son deuxième album, "Horrorwood Rocks! 2". Une bonne occasion donc de lui poser de nouvelles questions.

Quel bilan peux-tu dresser de l'accueil de ton premier album "Horrorwood Rocks!" sorti l'an dernier ?
C'est un peu difficile pour moi d'essayer de voir tout ça d'un œil objectif, dans la mesure où je suis le seul maître à bord du navire Traumatisme. Je m'occupe de tout seul, et c'est donc assez délicat d'essayer de promouvoir un album un peu partout, tout en essayant de monter des concerts en même temps, de te concentrer sur de nouvelles chansons ou en ayant un million d'autres projets en tête. De plus, il faut garder en tête que tout ce que je fais est réalisé dans l'artisanat le plus complet, je suis loin d'avoir des moyens conséquents pour matérialiser tout ce que j'aimerais faire, donc je me débrouille avec ce que j'ai. Ceci étant dit, pour en revenir à ta question, mon premier album m'a surtout permis de me faire connaître à une plus large échelle, en France comme ailleurs. J'ai créé TRAUMATISME il y a plus de six ans maintenant, et c'est depuis l'année dernière que mon travail commence vraiment à payer, à force de patience et de détermination, même si j'ai encore un très long chemin devant moi !

As-tu reçu des échos de l'étranger ?
Oui, notamment en Angleterre, aux États-Unis ou encore en Italie. Pour ce qui est des chroniques dans des magazines ou webzines, la plupart des retombées ont été positives et assez encourageantes. Il y en a bien eu une ou deux vraiment mauvaises, mais elles sont tellement exagérées qu'elles en deviennent géniales - je pense même les utiliser si un jour je décide de me faire de la contre-promo ! C'est ce qui arrive quand on ne prend pas la peine de voir au-delà de l'imagerie ou du manque de moyens. C'est très facile, voire tentant, de se moquer de ce que je fais, d'ailleurs je me fous royalement qu'on parle de ma musique en bien ou en mal, du moment qu'on en parle. Mais comme je le dis souvent quitte à sonner arrogant, et même si ça fait toujours plaisir de lire une chronique - surtout si elle est bonne et justifiée - dans l'absolu ça m'est un peu égal. Je fais mon possible pour que mes albums soient chroniqués un peu partout car c'est un moyen efficace pour faire découvrir à de nouvelles personnes, qui ne seraient sans doute pas tombées sur moi autrement, mais il faut toujours garder en tête que si tu fais quelque chose, que tu y crois à fond et que tu y consacres tout ce que tu as, tu dois avant tout le faire pour toi-même, et non pour essayer de plaire à des gens qui n'en n'auront probablement rien à foutre de toute façon. Si j'avais dû tout arrêter après mes premières critiques - et il y en a eu un certain nombre depuis - je me serais collé une balle depuis longtemps !

"Horrorwood Rocks! 2" est sorti en septembre. Quelles différences principales y a-t-il avec le premier volume ?
Avec ces deux albums, mon but était de définir ma musique et mon univers, mais d'une approche différente dans les deux cas. Pour le premier, je voulais présenter TRAUMATISME de la manière la plus simple possible, en faisant un album direct, basique et assez léger. C'était principalement une collection de vieilles chansons écrites il y a des années, sans aucun lien les unes avec les autres, mais que je voulais absolument mettre sur mon premier album. Le second album est beaucoup plus ambitieux et solide, il est aussi plus sombre et personnel, tout en restant fun. Ce n'est pas du tout une suite du premier, mais plutôt son contraire, son pendant sombre, plus travaillé thématiquement et plus cohérent. L'une des autres raisons pour lesquelles les deux albums ont le même nom, c'est principalement parce qu'ils ont tous les deux été faits avec les mêmes personnes, et de la même façon, avec les mêmes moyens. Je pense d'ailleurs être allé aussi loin que possible en travaillant de cette manière, et c'est pourquoi je considère ce nouvel album comme un aboutissement, et la fin d'une époque.

Tu parlais de monter un groupe pour jouer en live, où en es-tu de ce projet ?
C'est la question que tout le monde me pose en ce moment, car les gens savent que ça fait des années que j'essaie de donner vie à mon univers sur scène. C'est mon rêve ultime, mais je ne veux pas précipiter les choses, l'enjeu est bien trop important à mes yeux et je ne me permettrai pas de tout bâcler en faisant les choses à moitié. Ce qui me ralentit, c'est encore et toujours le fait de devoir trouver des musiciens pour m'accompagner sur scène. Je suis un ovni aux yeux de beaucoup de monde, et peu de gens prennent mon travail au sérieux. Et je recherche, en plus de bons musiciens, de personnes qui comprennent ma vision, tout en étant capable de se lancer à corps perdu dans la bataille avec moi. Mais je ne me laisse pas démonter, et d'ailleurs les choses commencent à payer de ce côté également. En attendant, si vous êtes intéressés, manifestez-vous, je ne mords pas... la plupart du temps.

Quels sont les albums sortis cette année que tu apprécies ?
A part en ce qui concerne mes groupes et artistes préférés, je ne suis pas du tout au courant de ce qui se fait en ce moment, et d'ailleurs ça ne m'intéresse pas. Il y a eu "Hellbilly Deluxe 2" de ROB ZOMBIE en début d'année, "Babez For Breakfast" de LORDI, le nouvel album des MURDERDOLLS, "Women And Children Last"... et je crois que c'est tout pour cette année.

Et parmi les vieilleries, quelles sont celles que tu écoutes en ce moment ?
J'écoute toujours les mêmes trucs. Je ne suis pas quelqu'un de très ouvert à de nouvelles choses. Je n'écoute que ce qui me plaît, mais en revanche je suis une encyclopédie vivante sur les artistes qui me passionnent, c'est à dire ALICE COOPER, TWISTED SISTER, W.A.S.P., LIZZY BORDEN, ROB ZOMBIE, WEDNESDAY 13, KISS, et quelques autres... Du shock rock, en somme !

Quel est ton meilleur souvenir de concert ?
Sans hésiter, voir mes idoles ALICE COOPER et TWISTED SISTER le même soir au Hellfest de cette année. C'est en grandissant, en regardant leurs concerts en vidéo ou DVD que j'ai compris que c'est ce que je voulais faire de ma vie, mais je n'avais malheureusement jamais eu l'occasion de les voir en vrai auparavant. C'était un vieux rêve devenu réalité de les avoir enfin en face de moi, et d'ailleurs j'ai toujours du mal à réaliser. J'ai même eu la chance de rencontrer rapidement Dee Snider, le type qui a changé ma vie avec les paroles de ses chansons, et de lui donner un exemplaire de mon album, c'était complètement surréaliste ! Cela dit, pour en revenir à ta question, je vais rarement voir des concerts, à moins que ce soit l'un de mes groupes préférés. Une fois encore ça peut paraître arrogant de dire ça, mais je suis le genre de type qui se sentirait plus à l'aise en étant sur scène plutôt que dans le public.

Avec qui aimerais-tu un jour partager la scène ?
Pourquoi pas ouvrir un jour pour ALICE COOPER, ou n'importe lequel de mes héros... Je n'ai jamais vraiment réfléchi à la question, mais il est de toute façon bien trop tôt pour oser penser à ce genre de choses.

A quoi ressemble le quotidien de Traumatisme ? A part la musique, quels sont tes autres centres d'intérêt ?
Avant toute chose, et même si ça reste en rapport avec la musique, je suis avant tout un fan. J'aime collectionner tout ce qui peut exister sur mes groupes préférés, que ce soit disques, vinyls d'époque, vidéos, livres et tout le reste, que ce soit indispensable ou futile. Par exemple, je suis le genre de type qui dépense son argent dans un énième best-of d'ALICE COOPER juste parce que la pochette est nouvelle, même si j'ai déjà toutes les chansons dans quatre-vingt versions différentes. Pour ce qui est de mes autres centres d'intérêt, ça va sans doute paraître évident et cliché mais je suis un grand amateur de cinéma. Pas seulement de films d'horreur, mais principalement de films de monstres, ou mettant en scène des personnages marginaux, c'est d'ailleurs un thème qui revient très souvent dans mes chansons. A ce titre, mes films préférés sont "May" (Lucky McKee, 2002), "Freaks" (Tod Browning, 1932) et "The Rocky Horror Picture Show" (Jim Sharman, 1975), et je suis également un grand fan de la première période de Tim Burton. J'ai aussi toujours voulu réaliser mes propres films. Plus jeune, j'avais d'ailleurs déjà essayé de monter des petits courts-métrages ridicules faits avec des bouts de ficelles, mais rien de vraiment sérieux. Je suis presque certain de finir par m'y mettre un jour. Pour en revenir à ta question, disons que je suis quelqu'un de particulièrement ennuyeux. TRAUMATISME étant ma priorité dans la vie, et n'étant pour le moment qu'un autre esclave de la vie active parmi tant d'autres, ça ne me laisse pas beaucoup de temps et d'énergie pour me consacrer à autre chose.

Quelle est ton actualité à court et moyen terme ?
Je suis constamment en train d'écrire de nouvelles chansons et de réfléchir à de nouvelles idées. Mais pour le moment, ma priorité est de tout mettre en œuvre afin de donner vie à Traumatisme sur scène. C'est ma plus grande ambition et, maintenant que l'album est sorti, je compte m'y consacrer à plein temps, en commençant par m'occuper sérieusement de cet éternel problème de line-up.

Quel est le dernier message que tu voudrais faire passer aux lecteurs de VS?
Je ne suis pas sûr que beaucoup de lecteurs de VS apprécient ma musique. Mais pour ceux qui voudraient découvrir ce que je fais, commencez par jeter un oeil à mon site Internet (www.traumatisme1.com), et, pourquoi pas, si vous avez réussi à digérer, me prendre un exemplaire de mon nouvel album. C'est un disque fauché, fait avec les moyens du bord, mais avec du cœur et une âme, ce qui est déjà pas mal. Quand aux autres, qu'ils n'aiment ou pas ma démarche, je leur dirai seulement de ne jamais abandonner leurs objectifs et leurs vieux rêves, en ne tenant pas compte de toutes les personnes qui voudraient les arrêter. C'est très facile d'abandonner quand on voit le monde de cinglés dans lequel on vit, mais la vie est trop courte pour la passer à faire quelque chose qui ne vous plaît pas. Gardez toujours ça à l'esprit !
"A la Vie, à la Morgue!"

A noter que le samedi 11 décembre, dans le cadre des soirées metal au Black Dog de votre serviteur, Traumatisme sera l'invité d'honneur de la soirée ''''Nightmare Before Christmas'' consacrée au glam horror punk (cf. flyer ci-dessous).