JB - SVART CROWN - TRACK BY TRACK par VSGREG - 4526 lectures





Titre de l'album :
« Witnessing The Fall » veut dire en français, témoignage de la chute. Le concept principal de l'album tourne autour de la chute de l'homme, de son penchant autodestructeur et de ses côtés les plus sombres. Tout est aussi relié autour de la dualité éternelle qui oppose l'homme à la religion.


Artwork :
L'artwork a été réalisé par Stefan Thanneur. Nous avons eu beaucoup de mal à trouver quelqu'un de réellement compétant et ayant une vision artistique propre. Nous avons suivi les conseils de plusieurs amis (Kalevi de Bloody Sign et INRV de VI pour ne pas les citer) et avons contacté Stefan. Nous nous sommes de suite mis d'accord sur l'esprit du visuel et la couleur artistique. Stefan a eu en quelque sorte « carte blanche ». C'est quelqu'un de très créatif et ouvert sur beaucoup de style.
Ce dernier point était très important pour nous. Nous n'avions pas envie d'un artwork « bateau » vu et revu, ni même d'une énième pochette/photoshop. Il nous a vite démontré qu'on pouvait avoir totalement confiance en lui et en ses idées. Pour info tout a quasiment été dessiné à la main...

La cover est une adaptation d'une photographie de la Piéta de Michel Ange prise en hauteur. Ici, Stefan a transformé le Christ en un personnage malade et complètement amorphe. La vierge Marie a quant à elle éé transformée en un personnage androgyne et mystérieux.
Stefan a réussi à capter au mieux le concept de l'album.
Vous pouvez allez voir plusieurs de ses travaux sur son blog : http://manifeste.net


Production / Studio :
Nous avons décidé de collaborer avec Jean-Pierre Mathieu de Studio des Variétés pour la batterie. Nous y avons passé quatre jours. L'ambiance était un peu tendue, du fait que nous étions assez stressés concernant le rendu de la batterie. Nous nous sommes posés comme objectif d'avoir un rendu le plus naturel possible en évitant au maximum les triggers et les éditions. Nous avons beaucoup travaillé en amont les parties guitare/batterie. J'ai été très exigeant avec Gaël pour qu'il donne le meilleur de lui-même en termes de créativité et de feeling.

Nous nous sommes ensuite enfermés 10 jours chez Sébastien Tuvi au BST studio pour faire les prises de son restantes.
L'ambiance cette fois-ci était plus détendue car nous avions déjà toutes nos parties écrites à l'avance. Le fait de faire plusieurs pré-productions nous a d'ailleurs beaucoup aidés.
Nous avons essayé d'expérimenter sur plusieurs parties, toujours en essayant de garder un résultat honnête et vivant. Séb a su vraiment nous driver en étant assez exigeant sur certaines parties extrêmes nécessitant pas mal de précisions mais lorsque c'était nécessaire (notamment sur les parties ambiantes).


Pour finir, nous avons collaboré avec Francis Caste pour le mixage/mastering de l'album. Nous avons dû faire avec des moyens assez limités, car nous avons encore produit nous-mêmes notre album.
Quand nous avons entendu le travail qu'il avait effectué sur le dernier album de Phazm… nous nous sommes de suite dit que nous devions bosser avec ce mec-là pour notre prochain album. La production du dernier Kickback nous a encore plus réconforté dans cette idée !
Nous cherchions à obtenir un son organique et à la fois massif. Quelque chose d'occulte et sulfureux comme ce que l'on pouvait retrouver sur les groupes extrêmes des années 1990.
Francis Caste a vraiment su trouver ce compromis au niveau du son.
Évidemment les auditeurs bloqués sur les productions lisses et aseptisés trouveront à redire.


Musique, Cinéma/DVD, livres, jeux ?
Pendant l'enregistrement il me semble que nous n'avons pas écouté beaucoup de musique etc.
On a essayé de rester concentrés sur l'album en évitant au maximum les influences parasites de dernière minute.

En amont, lors de l'écriture des paroles et des grandes lignes du concept, je me suis pas mal inspiré de polard de Jean-Christophe Grangé comme « La Ligne Noire » ou « Le serment des limbes ». Je me suis beaucoup retrouvé dans sa retranscription du côté sombre de l'être humain mêlé à sa fascination mystique et religieuse...
J'ai aussi re-visionné pas mal de films comme « Salo ou les 120 jours de Sodom », « Martyr », « The Girl next Door », « Eyes Wide Shut », « Sous le Soleil de Satan », « Irréversible », « Mr73 »... Bref pas mal de film qui graphiquement ou idéologiquement m'ont inspiré.


Track by Track :
- Where the light ends :


Morceau d'introduction instrumental de l'album. Le titre commence sur un basse/batterie bien lugubre qui est rejoint ensuite par le premier thème de guitare de "Colosseum".

- Colosseum :

Premier titre composé période post « Ages Of Decay ». Il représente bien cette volonté d'aller vers quelque chose de différent. C'est un morceau très frénétique avec beaucoup de changements de tempo et de cassure rythmique. Je trouve qu'il a un petit côté « death/grind » sur certains passages. Ce fut l'un des morceaux les plus difficiles à mettre en place.
La thématique de ce morceau tourne autour du martyr. Le fait de se sacrifier au nom d'un dieu. Il évoque l'une des dévotions les plus extrêmes.
Le colisée est l'un des premiers lieux où l'on a sacrifié des martyrs. Ici il est plus utilisé comme métaphore que réel récit des péripéties des premiers chrétiens.
C'est avant tout un lieu fort, un tombeau géant, et assez inspirant en terme de cruauté humaine.
Ce morceau pose la question du réel sens du martyr et de sa valeur. Ce questionnement peut être reporté sur n'importe quelle religion.

- Dogs Of God :


Ce morceau démarre directement sur une partie très brutale pendant plusieurs minutes comprenant des accords mineurs très « black metal ». S'ensuit une partie atmosphérique assez malsaine, et assez atypique pour nous. On a rajouté trois voire quatre couches de guitare, avec beaucoup d'harmonisation et de faux « bend » pour rendre un effet très fantomatique et dissonant. La seconde partie est beaucoup plus mi tempo, proche d'un death metal assez alambiqué.
Ce morceau est une bonne synthèse de la dynamique de l'album.

Les paroles établissent un parallèle entre un fidèle et son "créateur". Cette relation peut être tout à fait malsaine quand elle est poussée à son paroxysme.
Dans ce cas précis, j'ai établi un lien entre la religion et le sadomasochisme.
Je me baladais sur le net quand j'ai trouvé une annonce d'une dominatrice SM qui cherchait un "chien" pour assouvir ses fantasmes. La façon dont était tournée l'annonce m'a de suite évoqué ce rapport de domination face à la religion.
Le créateur devient le maître, et le fidèle devient l'esclave. Le dominé a besoin d'un maître pour compenser un vide ou un manque et le maître a besoin de son esclave pour exister.
Le "Dogs Of God" est une position SM assez extrême... la boucle est bouclée.

- Nahash The Temptator :


Titre peut-être le plus « catchy » de l'album. C'est un morceau plus ou moins accessible mélodiquement parlant. Il a vraiment été composé dans une volonté de revenir à quelque chose de plus simple au niveau des riffs et de la structure. On y retrouve des influences venant du postcore, notamment sur le premier riff. Le riff de fin a été réarrangé en studio et donne ce côté assez grandiloquent. Toute la partie de chant à la fin du morceau fut improvisée sur le moment. J'ai voulu tester une nouvelle façon de chanter même si je n'étais pas forcément emballé par le résultat au début. Les autres membres du groupe ainsi que Séb m'ont vraiment poussé à garder ces prises qui sont réellement brutes.

Nahash en hébreux veut dire le serpent, le corrupteur, celui qui sème le doute.
Ce texte parle en gros du chemin sombre et caché qui mène à la connaissance.
Le doute et la remise en question du « tout » est posé comme arme ultime pour survivre fasse à n'importe quelle oppression. Ce texte est au final assez philosophique.

- Here Comes Your Salvation :


Ce morceau est un titre qui a été composé très rapidement fin 2008. Autant je suis capable de passer plusieurs mois sur un morceau à me creuser la tête comme un fou, autant celui-ci a été composé en deux/trois jours. C'est sûrement l'un des morceaux les plus rapides et brutaux de ce nouvel album. Ce n'est pas que nous nous éclatons dans la surenchère au niveau des tempi, mais de temps à autres on aime dépasser nos limites. Ici aussi, nous essayons de réduire un peu le nombre de riffs et de trouver un résultat plus spontané.

Ce titre raconte l'histoire un peu folle d'un homme en quête de sensations extrêmes et dépravées. Le texte nous plonge au plus profond des caveaux sordides où sont mêlés plaisir bisexuel et seringues usagées...

- Into A Demential Sea :


C'est à mon sens le morceau le plus proche de « Ages Of Decay » avec une touche plus macabre. Tout ce morceau est articulé autour d'un riff composé par Clément (guitare). On retrouve ce riff au milieu du morceau. J'ai réarrangé un peu l'affaire et composé le reste assez rapidement en me servant des finitions et accords du riff central. Je pense que c'est l'un des morceaux les plus efficaces de l'album.

Un texte plus occulte, qui traite de la peur de l'inconnu et des éléments incontrôlables. Le thème de l'océan déchaîné est traité encore une fois de façon métaphorique. Il est décrit comme quelque chose qu'on ne maîtrise pas, un élément plus fort qui nous dépasse.
Ce texte est beaucoup inspiré par Lovecraft.

- An Eternal Descent :

Morceau assez atypique et expérimental. "An Eternal Descent" est un morceau tout en progression et très introspectif. Musicalement on a voulu essayer de retranscrire une longue agonie mêlée à plusieurs instants de frénésie. Le tout terminant sur un final chaotique de plus de deux minutes de blast beat...
Sébastien Tuvi et INRV de VI m'ont prêté main forte pour compléter les parties de chant afin de rendre la fin du morceau encore plus extrême.
Je ne suis pas forcément client de « featuring » et collaboration de ce style, mais en ayant discuté plus profondément avec eux, je me suis rendu compte que l'on partageait beaucoup la même vision des choses sur pas mal de points notamment sur le thème du morceau.

Ce morceau est très personnel, et évoque une certaine vision de ma conception de la mort et du néant.

- Strenght Higher Than Justice:


Encore un morceau qui pose de nouvelles bases pour le groupe, notamment en terme de brutalité. On retrouve plusieurs riffs plus hardcore et moderne. Au niveau de la structure du morceau, encore une fois, on a essayé de chercher quelque chose de différent en accentuant plusieurs minutes sur un passage assez dissonant, le tout complété par plusieurs guitares d'arrangements.

Gaël s'est chargé de l'écriture de ce texte. Il a pris pour exemple plusieurs histoires où des hommes ont agi de façon négative en ayant pour but de faire le bien.
Ce morceau est aussi un constat sans appel de la réalité qui nous entoure : la force est plus forte que la justice.


- Incestuous Breath:


Morceau assez primaire et bestial. On retrouve plusieurs influences assez black metal. Ce titre est un peu à part du reste de l'album. Je l'ai composé peu de temps avant d'entrer en studio.
Encore une fois le morceau finit sur un riff répétitif où plusieurs couches de guitares s'amorcent et forcent une progression.

Ce morceau part du principe que nous naissons tous impurs. Nous avons tous ce côté vicieux en nous, que beaucoup tente de cacher.
Ces instincts animaux, bestiaux et sexuels... assimilés comme péché ou déviant, mais qui est au final sont très humains.
On retrouve aussi un parallèle étrange porté sur la naissance et le rapport presque incestueux avec la mère.


- Of Sulphur And Fire:


Morceau de clôture et dernier titre composé pour l'album. Ce morceau démarre par une introduction en arpège assez obscure. On a voulu montrer un visage plus lourd voire doomesque sur ce titre. Tout est basé sur l'ambiance et le morceau avance à grands coups de rythmique pesante et oppressante.
Le morceau se clôture sur un riff lancinant et répétitif. La chute ne fait que commencer…

Ce dernier titre, encore écrit par Gaël, traite de la vengeance. Ce sentiment haineux et incontrôlable.
Gaël a repris le mythe biblique de la destruction de Sodom ordonné par Dieu.
C'est un peu le point final de l'album. Dieu a créé des êtres qui ont choisi des voies différentes de ce qu'il espérait.
Dans les écrits il est noté que les habitants de Sodom ont renié Dieu, et celui-ci s'est vengé en les punissant par le feu et le soufre.
Ce texte évoque cette incompatibilité entre les attentes de la religion et la nature de l'homme.

Conclusion:
Cet exercice de track by track n'est au final pas si facile que ça... Ca n'est pas forcément évident de poser des mots sur la musique et les textes que l'on écrits.
J'invite les lecteurs de VS à prendre le temps d'écouter l'album plusieurs fois, ça n'est pas un disque qui se digère facilement.

Jb et Svart Crown.


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