- PIN UP WENT DOWN - TRACK BY TRACK par VSGREG - 2969 lectures






Titre de l'album :
Alexis : 342. C'est tout simple : il faut prononcer « three four two », en comprenant « three for two », clin d'œil à l'arrivée de mon frère pour le nouvel album et à la fameuse chanson…
Nicolas : À offrir le 8 décembre, anniversaire de Gérard Holtz, Phillipe Katerine , Jim Morrisson, et le plus fort de tous, Sébastien Chabal.
Alexis : Certains ont remarqué que le disque dure 42min30. Sinon, il paraît que c'est le nombre d'occurrences de ma chinoise dans le disque.
Aspho : À la base, c'est un jeu de mots que j'ai inclu, un tryptique photographique sur lequel j'avais travaillé. Il s'agit d'un gars qui jongle avec une balle orange. J'avais travaillé sur un design consacré aux chiffres. Il y avait cette chanson "Tea For Two" qui me galopait dans le crâne... Et puis, 342 m'est apparu comme une évidence lorsque Nicolas a été intégré au projet. Nous étions 2, nous devenions trois, "Three For Two" me semblait éloquent.


Artwork
Aspho : C'est moi qui me suis chargée de l'artwork. Je voulais une pochette à la fois neutre et efficace, avec quelques subtilités qui casseraient une neutralité de tons. Alexis m'a donné quelques pistes suite à des propositions qui lui plaisaient moins. Nous nous sommes mis d'accord sur l'élaboration du titre en langue des signes, et le reste a suivi. L'idée était, pour le livret, de garder des couleurs ni chaudes, ni froides, et d'y inclure des dessins grossiers, pas finalisés, mixant un ossement animal ou humain et un autre élément.
Chaque dessin a une symbolique particulière directement en lien avec la chanson qu'il accompagne. Je pense à "Essence of I" et son squelette de raie manta croisée avec une mâchoire humaine, par exemple. La chanson est sur la recherche de l'identité et la plénitude, le lâcher-prise. La Raie Manta tend vers cette signification de plénitude et d'accomplissement.


Production
Alexis : J'ai réalisé le disque de A à Z, comme le premier, dans mon home-studio, qui s'agrandit d'année en année. Les choix de productions ont été de sonner différemment de « 2 unlimited ». Le premier album utilisait quelques plans électroniques. 342 est beaucoup plus analogique, j'ai fait des choix de production, comme des guitares peu saturées, plutôt en arrière, une batterie totalement acoustique, large, et une basse bien présente. Produire son disque est certes risqué, mais cela apporte une liberté de temps et d'action incroyable. Le troisième album sera en revanche sûrement masterisé (processus post-mixage) dans un studio spécialisé, ce sera la condition pour passer au level supérieur. En revanche, je tiens à mixer mes disques moi-même étant donné leur caractère non conventionnel et évolutif. En terme de matériel, j'ai utilisé une batterie Tama starclassic, une guitare Jaguar bariton HH, un ampli Marshall JCM800 et une basse Bossa. Je pense évoluer sur le troisième album en jouant sur orange et en changeant de préamplis pour des Chandler ou des API.
Aspho : À cause de petits détails compliqués (700 bornes et boulot), les voix ont été enregistrées à part au Black Booo Studio, à Brignais. Et Alexis a mixé tout ça.


Musique, Cinema/DVD, livres, jeux ?
Alexis : J'ai effectivement joué au dernier Call of Duty sur PC, mais je ne crois pas en l'influence d'un jeu vidéo sur la composition d'un disque… en revanche j'attends avec impatience Starcraft II, une tuerie addictive. Dans les livres, je peux vous conseiller le livre ethnologique-socologique « les musicos » de Marc Perrenoud, qui explicite la vie du musicien en France, dans ses réussites et sa loose. Pour les films, il y en a tellement… citons pêle-mêle « Soyez sympas rembobinez » de Michel Gondry, à voir en V.O, car Jack Black en français, c'est une torture atroce ; dans le genre déception, il y a le dernier Tim Burton, Alice aux pays des merveilles, qui m'a semblé inhumain, très froid. Ça ne m'a pas touché. Je serais plus du genre « Mammuth » avec Depardieu, qui rappelle « Les Valseuses » et les films de Blier. Cela manque au cinéma français, des films de la trempe de ceux de Blier, avec de la verve, de la provocation, des gueules, de la folie.
Nicolas : Niveau musique, « les variations Goldberg » de Bach ; niveau lecture, « le Joueur » de Dostoievski.
Aspho : Je jouais à Halo 3, regardais des films d'horreur de toutes sortes, des films psychomachinchouettes également. J'ai une affection toute particulière pour Guy Maddin et Gaspard Noé. Je lisais des BD (comme d'habitude), et me gavais d'American Dad, Griffins et Simpsons!


Track by Track
1. Diapositive
Alexis
: j'ai voulu commencer ce titre par une ambiance ''hors du temps'', ''sans âge ». Une ambiance hall d'hôtel, bar de jazz, avec un soupçon de désinvolture. La suite devient hystérique, comme un mort-vivant qui s'anime. Le pont du morceau est clairement pop, avec une pléiade de voix, que pour une fois j'ai composé !
Asphodel : Oui, Alexis a composé quelques parties de chant sur ce morceau, et j'ai beaucoup aimé d'ailleurs. Pour le reste, "Diapositive" parle des phobies d'impulsion et de la difficulté à lâcher prise. Il y a tout un questionnement sur les pensées intrusives et sur leur validité.

2. Escargot
Nicolas : On en mangerait.
Alexis : He's so british…
Asphodel : Comptez pas sur moi pour en bouffer. La musique de cette chanson a été écrite il y a plus de 6 ans. Bon, certes, il s'agit d'une tonalité de téléphone bloquée sur « occupé » , niveau harmonie, on a vu mieux. Sauf que cette bête tonalité m'a toujours passionnée. Je passe mon temps à composer des lignes de voix sur des trucs répétitifs du même style. L'alarme de fermeture des portes du métro lyonnais (plus compliqué avec le parisien)… et autres. Là, j'avais testé une ligne blues à l'époque. J'ai ressorti l'idée de derrière les fagots, et l'ambiance irish/folk music est devenue une évidence lorsque la thématique du morceau a été trouvée. J'avais besoin de me « prosterner » aux pieds d'une enfant. Ma nièce Chiara, pour être précise. Elle a 6 ans. Sa naissance m'a maintenue en vie. Et j'ai eu besoin de lui parler de cet amour-là, en passant par des allégories diverses. L'escargot est le symbole de la grossesse, de la naissance et de la vie chez les Aztèques.

3. Porcelain Hours
Alexis
: Un titre que j'ai voulu court et très mélodique. Dans la lignée de "yo-yo yes then no" du 1er album. C'est un titre pour le coup absolument pas avant-gardiste, mais plutôt métissé, entre ragga, pop et rock. J'ai voulu donné aux guitares une allure très aérienne, et au morceau un refrain simple et efficace.
Asphodel : Je ne sais pourquoi cette chanson m'a évoqué Missy Elliott. "Porcelain Hours" parle de l'impossibilité à profiter du temps présent. Les personnes qui pensent trop sont englouties par leurs pensées, et ne savent plus être en phase avec les sensations immédiates.

4. Essence of I
Alexis
: Ce morceau est la résultante d'expérimentations sur des gammes phrygiennes au marimba, non sans évoquer une musique africaine ou orientale. On retrouve un pont marimba-percussions-voix, à l'ambiance tribale, avec des questions-réponses.
Asphodel : Tout ce joyeux bordel tribal correspond à la question de la recherche identitaire. Il s'agit de mettre en exergue la rencontre avec Soi, en se défaisant de toute influence matérielle et anxiogène.

5. Khabod of My Aba
Nicolas
: L'intro était initialement prévue pour quatuor à cordes, dans l'esprit ''musique de chambre'', mais c'est finalement l'orgue qui a été choisi du fait de sa puissance .
Le côté « grand-messe » collait parfaitement avec les parties vocales d'Asphodel.
Asphodel : On a voulu pousser le stéréotype de l'intro jusqu'au bout et assumer le côté religieux de la chose. J'ai décidé de chanter en hébreu sur ce genre d'harmonies typiquement catholiques. La chanson parle du bagage familial. "Khabod of My Aba" signifie « le poids » (en tant que responsabilité résignée) de mon père. Elle ouvre une perspective d'analyse sur les rapports père-enfant, en disant que « Nous sommes tous les enfants de l'enfant d'un père », et que les erreurs parentales sont à considérer avec recul. Point de perfection ni de mode d'emploi. Il y aurait beaucoup à dire sur "Khabod"…

6. Home
Nicolas
: Ce morceau est une berceuse, un moment intime entre Asphodel et le piano, jusqu'au cri du cœur final.
Asphodel : Alors glauquissime la berceuse ! Elle est reposante, certes, mais les paroles traduisent une anxiété sévère. Elle parle de l'incapacité à supporter la chambre dans laquelle on a grandi, car elle fait ressurgir trop de choses graves. Beaucoup d'enfants construisent un mausolée mental dans leur chambre.

7. Vaginaal Nathrak
Nicolas
: Ce morceau me laisse pantois…
Alexis : Au chant masculin, nous avons invité Andy Schmidt de Disillusion ! Nous en sommes très fiers du teuton ! Quel pied !
Asphodel : Aaaaah, Andy… Il est adorable. C'est une crème absolue, d'une humilité rare dans ce métier. Je rêvais de le voir figurer sur cet album, j'y suis allée avec ma brouette de nain de jardin, ai posé mes testicouilles sur la table et lui ai écrit ma lettre au Père Noël. Il a accepté, nous étions trop fiers ! La voix d'Andy est, en fait, la voix de la femme qui dénonce. La mienne est celle d'une ado qui pense conquérir le monde avec un string qui dépasse du jean. Il y a une réflexion sur l'image de la femme à travers les médias, le graphisme, les pubs, les mags, et j'en passe… La conclusion à la Elvis Presley est particulière, en filigrane « I got a girl, she has no brain… She's got a hole, it's all the same. », elle résume d'une façon basique et machiste le regard porté sur la femme actuelle.

8. Pictures to Speak To
Alexis
: Mon titre préféré de l'album, pour son côté simple et émotionnel.
Nicolas : Un clin d'œil à Bach.
Alexis : Arrête on va nous prendre pour Mauranne !
Aspho : Va falloir faire des surprises à Mimie Mathy, tout ça ? PTSP est une chanson à la Marianne Faithful, période "Before The Poison", quand Nick Cave l'accompagnait au piano… Il est beau cet album, d'ailleurs. J'avais besoin d'incarner un personnage, parce qu'au final, c'en est un. Un bien réel, qui sillonne les rues de Besançon avec son sac et ses photographies par paquets. C'est une petite vieille qui s'assied toujours au même endroit, sur une place publique, et elle ressort ses photos et les commente, leur parle.
Très étrange et attachant à la fois. J'ai voulu écrire des paroles sur ce phénomène, et la partie piano, posé et apaisant, m'a évoqué ses introspections. Je n'ai jamais entendu ce qu'elle disait, du coup, j'ai brodé, et ai traité une thématique particulière. La dame en question a tué les gens qu'elle aimait, à des âges où elle les trouvait parfaits.

9. Murphy in the Sky with Daemons
Nicolas
: Mon titre préféré de l'album, pour sa folie viscérale.
Alexis : Oui je dois dire que ce titre est peut-être le plus étrange dans sa construction, entre musique festive, metal, et jazz-rock.
Par certains aspects, il rappelle « Nearly dead bat make-up ».
Asphodel : J'aime bien les guitares et la basse sur les couplets de cette chanson. Elle parle d'un mec à qui il arrive des merdes toute la matinée, et le narrateur lui explique avec humour que ça peut toujours être pire. Ça m'a fait rire de faire des growls en saluant les petits oiseaux. Et j'adore les parties de chant d'Alex, ces espèces de screams douloureux…

10. Paradoxical Sarabanda
Nicolas
: La sarabande, c'était une danse espagnole à la base, non ?
Alexis : Tu suggères que ce serait un morceau pour gébou en teboua ?
Aspho : Rhaaaaaaa ! Mais ils vont se calmer !!!! "Paradoxical Sarabanda" parle des double-faces (pas du scotch, hein…) Elle envoie un message personnel aux manipulateurs en leur expliquant qu'au bout d'un moment, on les voit venir…

11. Aquarium
Alexis : Ce morceau commence par une déformation de l'adagietto de la Vème symphonie de Mahler, avec une masse de réverbération et de distorsion. Cela amène une sensation entre le malaise et la peur de la mort, assez réussie je trouve, mais qui ferait sans doute frémir les classiqueux…
Nicolas : En espérant que Malher a apprécié…
Aspho : Haha !!! Pour le malaise, je suis complètement d'accord. En même temps, il y a comme une ambiance « finale », quelque chose de solennel… Le texte, quant à lui, et sur la dépersonnalisation et la sensation de décalage. Pour l'anecdote, j'ai pleuré en enregistrant ce titre. J'ai eu beaucoup de mal à le sortir sereinement.
Alexis : C'est un morceau « post-rock », composé en quatre parties, une intro aérienne, un couplet atmosphérique et intime, un refrain post-rock, un pont atmosphérique. Une sorte de ballade électrique.


Auteur
Commentaire
Aucun commentaire

Ajouter un commentaire

Pseudo :
Enregistrement Connexion







Proposez News | VS Story | F.A.Q. | Contact | Signaler un Bug | VS Recrute | Mentions Légales | VS-webzine.com

eXTReMe Tracker