Ici à VS, on aime beaucoup les jeunes groupes "qui en ont". Vu que "How Hate Is Hard To Define", leur premier album, nous avait bien décrasser les oreille, on s'est it que ce serait sympa de taper la discute à la cool, par mail interposé avec les toulousains de PLEBEAIN GRANSTAND. L'occasion de parler de leur album mais aussi de leur tournée européenne qui s'est achevée en mai.

Une petite présentation rapide du groupe ?
Plebeian Grandstand existe maintenant depuis plus de 4 ans. Nos premiers morceaux sont sortis via un premier EP en 2008 sur Basement Apes Ind. et Lacrymal Records, puis nous avons enregistré l'été dernier notre premier album ,''How Hate Is Hard To Define', qui est sorti cette année.

En tant que chroniqueur, on galère toujours à trouver la bonne étiquette. Ici à Vs, un de mes collègues à « inventé » l’étiquette parpaingocore. Comment qualifieriez-vous votre musique ?
Haha! Je sais pas trop, c'est certainement une musique qui peut être qualifié d'extrême et sombre. Notre musique est avant tout un exutoire. A partir de ce chaos, on essaye de canaliser et d'organiser tout ça. C'est une manière pour nous de repousser nos limites, et finalement nous présentons aux auditeurs notre regard et notre interprétation sur ce chaos.

Quelles sont les influences du groupe ?
On écoute tous beaucoup de musiques, et des choses très différentes. Il est difficile de pointer ce qui nous influence le plus. On est autant fan de Breach que de Sonic Youth ou Coltrane. Nous sommes avant tout attirés par les musiques aventureuses en général, quel que soit le style.

Avec le recul quel regard portez-vous sur cet album ? Vous satisfait-il à 100%, ressemble-t'il exactement à ce que vous aviez en tête lors de la composition ?
Oui 100% satisfait, il correspond parfaitement à l'état d'esprit du moment. L'écriture de cet album a été une super aventure. On a défendu ces morceaux sur notre tournée européenne en avril, ça correspond très bien à ce que Plebeian Grandstand est aujourd'hui.

J’imagine que vous ne vivez pas de votre musique, comment ça se passe pratiquement ? Comment arrivez-vous à combiner vie professionnelle, musique et tout le reste ?
Évidemment nous ne vivons pas de notre musique, c'est avant tout une passion, et il faut que ça le reste. Raph est très occupé par divers projets (Khod Breaker, MC Monsieur), Simon est étudiant en para-médecine, Adrien est chercheur en physique, et Cymon est à la fac de lettres. Nous avons également chacun d'autres groupes à côté (Montreal On Fire, Yoshi Tonku). Les congés sont donc très souvent occupés par les tournées et enregistrements. Mais effectivement on ne s'ennuie pas souvent !

Personnellement j’ai adoré l’album, qui à bénéficié de la séléction VS, mais comment sont les retours ailleurs ? Dans la presse ou via les fans ?
Nous avons des supers retours sur cet album et nous sommes contents car nous avons mis beaucoup d'énergie dedans. D'une certaine façon, Cet album a été pour nous une manière de repousser nos limites .

Je trouve votre son très brut et en même temps très technique, comme si les deux composantes se mêlaient dans une même musique. Comment se passe le processus de composition chez Plebeian Grandstand ?
Simon amène tout d'abord des riffs qu'il a écrit, avec une ébauche de structure. Ensuite, le reste de la composition se fait en répétition ou résidence, souvent après des discussions interminables. Au final, chaque morceau a son histoire. Sinon, par rapport à ta première question, on recherche avant tout l'impact émotionnel en plus de la technicité ou la brutalité.

À l’écoute de l’album j’ai vraiment eu l’impression que vous racontiez une histoire et que chaque titre était à la place à laquelle il devait être. Vous avez longuement réfléchi à l’agencement de l’album, à la « scénarisation » de votre musique ?
C'est super que tu aies ressenti ça car c'est exactement l'effet voulu. On a vraiment essayé de composer un album intense, concis et cohérent. On discute beaucoup ensemble des structures des morceaux et de l'entité finale. Certains morceaux ont été écrits il y a quasiment 2 ans sur cet album, le processus de création chez Plebeian est plutôt lent.

Quelles sont vos inspirations, les thèmes abordés, la thématique, l’univers du groupe, tant musicalement qu’esthétiquement ?
Ce sont des textes très souvent basés sur des réflexions autour de thème comme l'espoir de survie, l'acte de contestation, la domestication des foules, l'émancipation, la subversion ou encore la satisfaction intellectuelle. Beaucoup d'interrogations sur notre société et ses valeurs. Les influences sont très diverses au niveau des textes, mais c'est en lisant Morrison ou Blake qu'Adrien a eu envie d'écrire en anglais. Ensuite la pensée ainsi que l'esthétique situationniste de Debord imprègne beaucoup cet album.

Quelle est la signification derrière ce titre assez énigmatique finalement ? Car ici, on a souvent des débats sur la violence et la haine musicale. Quels sont, pour vous, les groupes qui incarnent le mieux la haine ou la colère musicale ?
Justement pour nous il était question d'essayer de dépasser ça. Je pense que ce titre correspond beaucoup à notre démarche. Tout le monde ressent ce malaise un jour face à la violence du quotidien. C'est un sentiment particulièrement singulier, qui peut également être introspectif. La violence physique et mentale, la perception du réel, la haine de soit, quels sont les ressorts derrière tout ça. D'ailleurs, la clef de voûte de l'album qui correspond au morceau central fait miroir à ce titre (Easy to Hate / Hard to Define), qui décale légèrement la réflexion pour la fin de l'album.

On peut voir un certain antagonisme entre votre musique et votre univers très sombre et les quelques photos promos ou autres que l’on peut voir de vous où vous affichez un second degré et une décontraction digne d’un groupe de punk californien…
Haha je ne sais pas trop, nous ne sommes pas non plus des dépressifs introvertis dans la vie de tous les jours. On a toujours trouvé ça insupportable les photos de presse des gars qui se prennent pour des méchants. Notre musique est avant tout ancrée dans le quotidien, on ne triche pas. Et les photos de presse sont à notre image et il se trouve qu'on est plutôt fun quand on se retrouve ensemble.

Vous sortez « How Hate Is Hard To Define » en vynil via Throatruiner et Lacrymal. Etait-ce important pour vous de proposer votre musique et votre univers sous ce format ?
Nous aimons beaucoup ce format et la plupart des disques que nous achetons sont des vynils. Je trouve que ce format a beaucoup de caractère et amplifie souvent l'univers du groupe, autant musical que graphique.

Comment se passe les relations avec vos labels ?
Très bien, il est bon parfois de se sentir soutenu et suivi par des personnes extérieures à ta création. Fred de Basement Apes Industries et Guillaume de Lacrymal Records nous soutiennent depuis le début, et nous avons eu la chance de trouver Matthias de Throatruiner Records et les allemands d'Heckspoiler Music. Nous tenions énormément à sortir une version vinyle de l'album, et c'est grâce à eux que nous avons pu la réaliser. D'ailleurs deux nouveaux labels vont faire leur entrée dans le projet via une sortie digitale par le label canadien Feast or Famine et une version US du CD avec le label américain Debello.

Quelle est selon vous la meilleure manière d’écouter « How Hate Is Hard To Define » ?
Haha ! Nu dans la forêt, avec un masque de Winnie l'Ourson et un plateau de fruits de mer. Non franchement je sais pas trop, c'est tellement personnel la manière d'écouter un album, chacun a son truc, nous on est plutôt Servietsky dans le genre.

Parlez nous un peu de la tournée que vous venez de terminer ? Quelques anecdotes ou expériences à partager ?
Elle s'est très bien déroulée, beaucoup de rencontres, et on a énormément rigolé avec les Selenites. Pour nous il s'agit de vacances avant tout, et partir entre potes sur la route, rencontrer des gens adorables et passionnés chaque soir, c'est génial, il nous tarde déjà la prochaine ! (qui se fera avec les Canadiens de Titan au début de l'été.) Les vidéos arrivent bientôt !

Comment est perçu le groupe à l’étranger et comment avec vous été reçus dans les divers pays traversés?
Comment est perçu le groupe, c'est difficile de répondre, mais on a vendu pas mal de CDs, j'imagine que cela veut dire que les gens ont du apprécier ! Sinon au niveau des conditions, l'Allemagne a des structures vraiment adaptées à la culture alternative, c'est toujours très agréable de jouer là-bas !

Une date à Paris était prévue avant d’être annulée. Vous pouvez nous en dire un peu plus la dessus ?
Il y a eu un problème de salle de dernière minute, et le timing était trop juste pour que l'organisateur trouve une alternative… Du coup on passera par Paris le 2 juillet si tout va bien.

En France on est toujours très critique avec les groupes locaux, plus qu’avec les autres. En tant que groupe ressentez vous ca au quotidien ?
Non on ne ressent pas trop ça donc c'est assez difficile de t'en dire plus...

On ne peut pas encore parler de « scène » mais il me semble qu’en France depuis quelques mois, plusieurs groupes repoussent les limites de la noirceur et de la violence en créant non pas un genre mais plutôt « une touche ».
Je pense a des groupes comme NESSERIA, CELESTE, KICKBACK, COMITY, AS WE DRAW, Vous et pas mal d'autres encore. Vous percevez ca vous aussi ou n'est ce la que des affabulations de chroniqueur ?

Dans les groupes que tu cites, certains sont de très bons copains, et on se croise assez souvent. Ce sont des groupes que l'on apprécie, après ça fait quand même quelques années que tous ces groupes là existent donc je sais pas trop. Mais peut-être qu'effectivement on assiste à un regain d'intérêt de la part du public pour la musique sombre et extrême.

Comment appréhendez-vous le futur du groupe ? Va falloir bosser pour au moins faire mieux que « How Hate… »!
Avec beaucoup d'excitation, on est déjà en train de préparer la suite, on a pas mal d'idées et pas forcément là où on nous attend.

Merci pour l’interview, d’autres choses à ajouter ?
Merci à vous pour le soutien !