Amduscias (guitare/voix) et Arkdaemon (basse) - TEMPLE OF BAAL par KRYDE - 2452 lectures
Le premier album de TEMPLE OF BAAL chez Agonia avait fait friser les moustaches de Kryde. Quelques questions plus tard, Amduscias et Arkdaemon en livrent aujourd'hui un peu plus sur leur dernier opus en date, "Lightslaying Rituals".
(photos issues du MySpace du groupe, copyright BloodyCountess et Vanessa J.)



Hail Amduscias, 4 ans séparent "Traitors to Mankind" de ce nouvel album, "Lightslaying Rituals". Que s’est-il passé pendant ces 4 longues années ?
Amduscias : Pas mal de problèmes qui ont frappé le groupe et qui ont ralenti le travail de composition. Ca n'a pas été une partie de plaisir et il a fallu passer par des moments assez pénibles. D'un autre côté, cela nous a galvanisés pour composer l'album le plus brutal de notre histoire avec "Lightslaying Rituals". Cet album est donc en quelque sorte l'illustration d'un combat contre le destin. Et il semble que nous n'en ayons pas fini, puisque nous venons de perdre notre batteur, Antares. Encore un coup dur, alors que nous aspirions à un peu de stabilité. Mais encore une fois, je pense que cela nous servira de moteur pour la suite, je n'ai pas l'intention de baisser les bras. Ceci dit, nous allons tout mettre en œuvre pour que notre prochaine réalisation sorte dans des délais plus « raisonnables »…


Pendant ces 4 ans, vous avez accueilli au sein du groupe Alastor. Comment s’est fait son intégration, qu’a-t-il apporté à Temple of Baal? Pourquoi avoir voulu passer d’un trio à un quatuor?
Amduscias : Etant donné la tonalité un peu plus Death Metal des nouveaux titres, un deuxième guitariste était devenu indispensable. L'intégration d'Alastor s'est faite dans ce contexte, et tout fonctionne à merveille entre nous. Alastor a amené ses propres influences. Comme moi, il n'est pas fermé et dépasse largement le cercle du Black et du Death. C'est un bon rythmicien et le fait d'évoluer à deux guitares nous permet aujourd'hui de développer de nouveaux aspects jusqu'alors assez inédits chez Temple puisque nous évoluions en trio. "Lightslaying Rituals" contient ainsi davantage de solos et de parties à deux guitares. Je pense que cela prendra encore de l'ampleur dans notre prochain disque. Nous avons aujourd'hui quatre instruments, trois chants, cela donne de larges possibilités de composition et d'arrangements. Tout ceci en conservant notre cadre d'évolution « old school Black/Death » évidemment, il est hors de question de verser dans le math core ou autre, le credo doit rester le même, efficacité, riffs catchy et atmosphères occultes, tout en enrichissant la musique avec les outils qui sont les nôtres… En tant que musicien ça me paraît être un défi intéressant !


Parlons de ce nouvel album. Ca fait quelques mois que "Lightslaying Rituals" est sorti, comment ressens-tu l’accueil, que ce soit par la presse ou le public?
Amduscias : L'accueil est plutôt positif, du côté du public en tous cas. Au niveau des médias, c'est assez drôle… Si la plupart des journalistes ont parlé de l'album en des termes assez élogieux, certains autres semblent avoir oublié qu'ils sont chroniqueurs de Metal extrême : ils nous reprochent un album trop violent ! J'avoue que ça me fait sourire, j'ai parfois eu l'impression à la lecture de certaines chroniques que le gars avait eu un disque de Revenge à la place du nôtre, à se demander si certains ne seraient pas plus à leur aise dans la scène goth ou autre. Enfin de toute façon la perception est souvent biaisée quand le groupe est français. La grande déception est le manque de dates. Un seul festival au Portugal il y a environ un an, rien ailleurs. Quelques satisfactions tout de même, des dates dans des parties de la France que nous n'avions pas encore visitées comme Lyon ou Rennes. Certaines propositions intéressantes sont toutefois tombées pour 2011, mais pas d'annonce tant que ce ne sont que des mots et que je n'ai rien de signé entre les mains.

Arkdaemon : Il est vrai que nous considérons la scène comme un véritable outil de propagande, or la notoriété de Temple of Baal est restée relativement confinée en France pendant les années passées sur notre précédent label. En ajoutant à cela la difficulté actuelle dans le metal extrême de trouver des dates montées correctement dans lesquelles nous ne devons pas investir plus que les organisateurs eux-mêmes, nous avons toujours un sentiment de manque de ce côté-là. Heureusement nous avons pu constater que nos nouveaux morceaux étaient efficaces en concert, et je vois de plus en plus de gens à l'étranger venir me parler du nouvel album. Non pas que la reconnaissance du public ou des médias soit une nécessité, mais "Lightslaying Rituals" est un album militant, et la promotion est une étape importante de l'impact que nous voulions obtenir avec la sortie de cet album. Les critiques sont généralement très positives, alors que nous étions totalement incertains de la réponse après un album qui cristallise l'évolution opérée pendant de nombreuses années, quand nous continuions jusque-là à lire des chroniques qui persistaient à nous associer à du Black Metal de garage, certainement en raison des premières démos enregistrées sans moyens. C'est d'ailleurs la principale gène que j'ai à lire les chroniques du disque, les commentaires semblent parfois venir soit d'une écoute distraite soit de la paraphrase des chroniques précédentes, mais je dois avouer que cette tendance m'était apparue plus nettement lors de la sortie de notre précédent album.


Musicalement, il est assez éloigné de "Traitors To Mankind", en intègrant des éléments death old school, pour un résultat encore plus sauvage. Comment s’est faite cette évolution?
Amduscias : Comme je l'exprimais, la période séparant "Traitors" de "Lightslaying" a été une longue bataille sur bien des points, la musique en est en quelque sorte l'illustration. D'autre part, je voulais m'éloigner un peu du côté trop introspectif de "Traitors" et des accointances avec le courant « black metal dépressif » de certains morceaux. Je n'aime pas ce courant, l'illustration de la faiblesse très peu pour moi. Je suis de ceux qui se lèvent et résistent, je n'accepte pas les coups du sort. Je ne comprends pas ceux qui prêchent ce message de faible et de soumis, il convenait donc de prendre nos distances avec cet aspect. Cela ne constitue aucunement un adieu à la noirceur, bien au contraire, certains morceaux de "Lightslaying Rituals" comptant parmi les plus sombres de Temple Of Baal à ce jour, mais il y a cette idée d'aller de l'avant et de réduire à néant toute forme d'opposition à notre volonté. Cela prend corps avec ce son et ces riffs bien plus puissants que par le passé, illustrant le message central de l'album, l'assassinat de la « Lumière » en tant qu'unique vérité propagé par les archétypes du pouvoir, dont le principal, en matière d'ésotérisme, reste « Dieu », le triomphe de l'Hérésie et du libre arbitre…


Beaucoup de groupes de BM actuels privilégient une grosse production claire au dépit de l’émotion. Alors que ce nouvel album est vraiment sauvage, mais également étouffant.
On a l'impression d'être pris à la gorge pendant toute sa durée, et n'être relâché qu'à la fin. C'était quelque chose de voulu?
Amduscias :
Je voulais effectivement un son assez organique et massif. Cet album devait être un rouleau-compresseur, ne pas faire de quartier, je crois que c'est réussi. Au niveau des points forts, je suis très satisfait du son de basse qui se détache enfin du mix comme je l'avais toujours souhaité, c'est un point très important sur lequel je continuerai à être intransigeant lors des prochains enregistrements, c'est l'une des signatures de Temple Of Baal. Au niveau de mes standards de production, ce qui est certain c'est que je ne veux jamais avoir un gros son clair typé Black suédois par exemple. Je trouve ça trop cliché, d'ailleurs tout le monde là-haut a le même, et ça ne m'intéresse pas du tout. Je suis bien plus branché par des sons Death Metal, cela doit sonner massif, sombre et puissant. Je suis conscient de l'évolution du son de Temple Of Baal vers quelque chose de disons plus professionnel, c'est entièrement voulu et assumé. Mais ce qui me fait plaisir lorsque je réécoute nos premiers enregistrements c'est que finalement l'intention est toujours la même. La basse est très présente sur "Servants Of The Beast" par exemple, et même si elle se détache moins du reste du mix en raison entre autres d'un mastering inexistant, la personnalité du groupe est déjà là, les années ont affiné le travail et nous poursuivrons dans cette voie. Nous sommes d'ailleurs quasiment les seuls à chercher ce genre de son, à ma grande satisfaction.

Arkdaemon : L'enregistrement s'est fait dans des conditions similaires au précédent, mais j'ai le net sentiment que notre implication quant au résultat voulu était nettement plus importante, l'expérience nous a certainement permis de savoir très vite ce qui nous permettrait d'obtenir un résultat conforme à notre vision. Le matériel a également évolué afin de permettre aux morceaux d'avoir la personnalité qui leur convenait. Des premiers enregistrements en prises live jusqu'à "Lightslaying Rituals", nous n'avons jamais suivi les canons des productions contemporaines, et je pense que chaque enregistrement confirme notre volonté initiale de faire correspondre son et composition.


Vous avez également abandonné les corpse-paint. Est-ce lié à votre nouvelle orientation musicale, qui intègre d’autres genres que le Black-Metal?
Amduscias : En partie peut-être. Cette évolution vient également de raisons pratiques. Ces dernières années nous avons dû donner pas mal de concert sans corpse paint, en raison de conditions impropres à son usage, et nous avons fini par continuer ainsi. Ça ne remet rien en cause, le message de Temple Of Baal a toujours la même part importante dans notre art, finalement je trouve que c'est peut-être d'autant plus honnête : Plus de « masques », c'est nous que le public a en face. Finalement cela me convient mieux, j'ai moins de complexe à m'adresser au public de cette façon, c'est plus sincère, plus vrai.

Arkdaemon : J'ai peut-être été le plus réfractaire à l'abandon du corpse paint, mais effectivement Temple of Baal s'affirme comme une entité sans artifices dans laquelle le maquillage devenait une contrainte inutile. Je n'imagine pas non plus le maquillage comme un travestissement de la vérité, mais dans notre cas, les aléas qui l'ont parfois rendu impossible ont mis en évidence le fait qu'ils étaient pour nous plus une vieille habitude qu'un outil dont nous avions besoin.


Pour vous avoir vu sur scène à Paris au Nouveau Casino, et d’autres fois auparavant, je trouve que vous avez une énergie sincère sur les planches.
Il y a une véritable osmose entre vous, le groupe, et les tarés qui sont dans la fosse. Est-ce que c'est quelque chose que vous ressentez? Plus globalement, que représente la scène pour le groupe?
Amduscias
: La scène est essentielle. Nous composons d'ailleurs toujours nos morceaux dans cette perspective. Un morceau de Temple Of Baal doit être efficace en live. Nous adorons ce moment, ce contact, cet échange réciproque d'énergies entre le groupe et le public : c'est l'une des raisons pour lesquelles notre groupe est un « Temple », chaque concert constitue une célébration et un dégagement d'énergie dirigé vers les forces auxquelles nous faisons référence dans nos textes… Pour autant, nous ne théâtralisons pas la chose : nous sommes un groupe de Metal, au vrai sens du terme. En dehors du décorum « habituel » (backdrops, symboles, etc) je souhaite conserver un côté « concert traditionnel » basé avant tout sur la musique et les réactions qu'elle peut engendrer.

Arkdaemon : La scène est évidemment un endroit où nous cherchons une communion, nos morceaux sont violents et nous aspirons à retrouver cette violence devant nous en concert. À Paris les choses sont encore plus évidentes, d'autant que les tarés de la fosse sont pour la plupart de véritables amis avec qui j'ai eu la chance de pouvoir de nombreuses fois partager le moshpit. Plus généralement, nous n'oublions tout simplement pas qui nous sommes quand nous montons sur scène, ce n'est pas par respect du public ou je ne sais quelle connerie, nous avons juste le devoir de montrer ce qu'est ce Temple que nous incarnons.


Quel est l’univers musical de Temple of Baal? Quelles sont les groupes qui font partie de votre background musical?
Amduscias : Tous les groupes que nous avons pu écouter lors de notre vie de fans de Metal, du Heavy au Black Metal en passant par tous les styles intermédiaires. Au niveau du songwriting, on connaît l'importance du Black du début des années 90 pour Temple Of Baal, en particulier la trilogie de Darkthrone, "De Mysteriis Dom Sathanas" de Mayhem, "In The Nightside Eclipse" d'Emperor ou "Through Chasms…" le premier mini de Carpathian Forest. Des groupes comme Celtic Frost ou Hellhammer ont également eu une empreinte indélébile, nous sommes également très réceptifs à la furie d'Impaled Nazarene par exemple. S'ajoute à cela l'énergie du Thrash et son côté le plus extrême et malsain, en particulier chez Slayer ou Sodom. Ensuite, nous avons bien entendu vécu la grande époque du Death Metal : la scène de Floride avec Deicide, Obituary et Morbid Angel, la scène suédoise avec Entombed et Dismember, d'autres grands noms comme Incantation ou Immolation (le dernier « Majesty And Decay » est d'ailleurs la dernière vraie claque que je me suis pris depuis "The Stench Of Redemption" de Deicide !) En fait, j'ai toujours eu une préférence pour les groupes qui mêlaient énergie et atmosphères occultes, mystiques, d'où mon attirance particulière pour Darkthrone, Emperor ou Morbid Angel par exemple, voire Slayer (je pense en particulier à l'intro d'"Hell Awaits", peut-être la meilleure des introductions jamais composées pour du Metal, dans le top 5 en tous cas !) des groupes dont les albums sont des pierres angulaires de ma culture Metal. Et il y a tout ce qu'on peut écouter à côté qui nous influence peut-être moins directement, mais qui contribue à une atmosphère d'ensemble, je suis un grand amateur de musique classique et contemporaine par exemple…

Arkdaemon : Nous partageons le fait que la musique, le metal et l'occulte sont maintenant pour nous une très longue partie de notre vie, pour être exhaustif il faudrait même élargir nos influences à toutes formes d'art qui nous ont construits d'une façon ou d'une autre. Musicalement, il faudrait parler aussi bien d'"Appetite for Destruction", de Turbonegro et de tant d'autres se trouvant aux marges de ce qui est considéré comme le metal extrême, ensuite il est délicat de résumer 20 ans d'écoute qui ont contribué à forger Temple of Baal sans sombrer dans le listing indigeste, mais Bolt Thrower, Funeral Mist, GGFH, Mysticum, Archgoat, et tant d'autres manquaient à la liste d'Amduscias.


D’après toi, quels sont les 10 albums à retenir, qu’ils soient black metal ou non?
Amduscias : Mission difficile… Mais pour relever le défi, je vais m'en tenir à des albums d'un registre Metal plus ou moins extrême et qui ont eu une influence sur Temple… Il en faudrait plutôt vingt mais essayons de jouer le jeu :
Slayer : Decade Of Agression
Darkthrone : A Blaze In The Northern Sky
Morbid Angel : Altars Of Madness (pour son côté fondateur, mais j'aurais tout autant pu citer B, C ou D.)
Deicide : Legion
Metallica : Master Of Puppets
Dissection : Storm of The Light's Bane
Mayhem : De Mysteriis Dom Sathanas
Emperor : In The Nightside Eclipse
Mercyful Fate : Don't Break The Oath
Impaled Nazarene : Ugra Karma
Et si tu me permets d'en rajouter un onzième, il sera français et a une place particulière dans mon esprit, il s'agit d'Antaeus avec "Cut Your Flesh And Worship Satan". Cet album est tout simplement parfait.


Vous êtes signés sur Agonia, le label extrême polonais. Comment s’est décidé cette signature, et comment se passe les choses jusqu’à maintenant?
Amduscias : Agonia nous a contactés via myspace. Tout se passe absolument pour le mieux, tout ce qu'ils ont réalisé pour nous est parfait et ils se sont acquittés de leur part du business avec tout le sérieux que nous étions en droit d'attendre. La promotion du groupe a aujourd'hui une ampleur bien plus grande que ce que nous avons connu par le passé, le nom se répand et Agonia nous soutient à 100%. Ils croient en notre musique, apprécient énormément "Lightslaying Rituals", et font tout ce qui est en leur pouvoir pour défendre l'album. Je ne ferai donc pas partie de ceux qui râleront contre leur label, je suis parfaitement satisfait et nous allons d'ailleurs continuer à travailler ensemble pour les réalisations à venir.

Arkdaemon : Trouver un label aussi professionnel qu'Agonia actuellement, et qui assume les risques, du moins financier, d'une sortie d'album est de plus en plus compliqué. Notre association avec Agonia, au contraire, s'est montrée très facile et naturelle. Le manager, Filip, connaît son travail et se révèle réellement investi. Nous ne regrettons clairement pas notre signature jusque-là.


Quels sont les projets du groupe, à court et moyen terme? Faudra-t-il de nouveau attendre 4 longues années avant de voir le prochain album?
Amduscias : Nous nous sommes déjà remis au travail. Nous ne pouvons pas encore annoncer officiellement avec précision ce qui va se passer, mais nous allons sortir un split avec un groupe français que nous estimons. Ensuite, nous sortirons notre quatrième album, vraisemblablement pour la fin 2011. L'actualité est donc chargée.


Le satanisme fait indéniablement partie de votre musique. Est-ce par folklore, ou par conviction? Quelle est la définition du satanisme par Temple of Baal?
Amduscias : Par conviction absolue. En ce qui me concerne, je te dirai que cela va plus loin que le « simple » satanisme, même si une certaine approche de celui-ci constitue la base de ma spiritualité. J'étudie avec sérieux et intérêt tout ce qui se rapporte à l'occultisme en général, dans un but d'accomplissement et de puissance, avec évidemment un fort sentiment de défiance envers un « Dieu » qui véhiculerait une pensée unique à laquelle tous devraient se conformer, sous peine d'être considérés comme hérétiques et traités comme tels… Ce message constitue le cœur de l'album, illustré par des titres comme « Triumph Of Heretic Fire » ou « Blessings Of Blackfire ».

Arkdaemon : Par conviction évidemment, le folklore n'est que l'outil qui permet de rendre appréhendable notre vision du monde, nos références artistiques, littéraires comme visuelles sont l'expression directe de nos vies, et pas du moment ponctuel où le groupe existe. Sans Temple of Baal, nous aurions de toute façon trouvé un moyen de véhiculer nos valeurs qui sont mises en évidence dans nos compositions.


Parlons un peu web. Temple of Baal est ce que j’ose appeler un groupe BM 2.0.
Vous êtes partout sur la toile : Myspace évidemment, mais également Facebook, Deezer et j'en oublie certainement. Vous avez décidé de dompter la bête Internet pour en faire un vecteur de propagande, et diffusez au maximum votre musique. C'est bien ça? Est-ce que c'est quelque chose que vous allez continuer à faire?
Amduscias
: Nous sommes en 2010 et tous les moyens sont bons pour faire découvrir le groupe. Youtube est également digne d'intérêt. Pour autant, je ne souhaite pas créer une antenne Temple Of Baal sur chaque réseau social. Je suis par exemple tout à fait étranger à Twitter et j'ai bien l'intention de le rester. Ces activités sont bonnes mais elles sont chronophages et il faut savoir faire la balance entre tout cela. J'ai confiance en l'antenne promo d'Agonia pour accomplir avec nous le travail qu'il y a à faire, si des personnes ont besoin d'informations à propos du groupe il est aujourd'hui facile de nous trouver. Cela peut certes détonner avec l'aspect « confidentiel » propre à l'ancien esprit que nous avons connu, mais entre nous, aujourd'hui, qu'est-ce qui est confidentiel ? N'importe quelle démo hier ultra limitée peut être téléchargée, des groupes entourés d'une aura mystérieuse il y a quinze ans sont aujourd'hui accessibles à n'importe qui. Même les choses sorties uniquement sous forme de cassette ou vinyl se retrouvent numérisées… Alors bien sûr, nous avons connu l'époque pré-internet, les courriers, les demotapes et nous connaissons le feeling spécial qui habitait ses acteurs, pour en avoir fait partie. Mais chercher à perpétuer cette époque relève de l'anachronisme total et cela n'a plus aucun sens ! Je trouve que notre présence sur un médium tel que Deezer est une bonne chose : tous les Metalheads peuvent ainsi découvrir Temple Of Baal dans des conditions légales.

Arkdaemon : Je n'aime pas le web communautaire tel qu'il existe sur facebook ou myspace, j'y suis d'ailleurs complètement étranger. Ma présence publique sur Internet se limite à quelques forums que je fréquente depuis des années, avant même l'invention du terme Web 2.0, pour avoir un contact simplifié avec des gens que je connais par ailleurs. Maintenant je pense que le groupe est désormais contraint d'exister sur le net, premièrement parce que si nous ne le faisions pas nous même, d'autres le feraient. Il suffit de voir le succès de sites comme Metal Archive ou last.fm où le contenu est amené par des contributeurs anonymes. Nous essayons de rester acteurs de ce qui existe autour du groupe, mais la volonté de maîtriser ou de dompter ce média est totalement illusoire, l'essentiel est effectivement de pouvoir utiliser les moyens qui sont à notre disposition. Il nous faudrait d'ailleurs pouvoir consacrer un temps que nous n'avons pas pour exploiter tout le champ de possibilité qui est maintenant ouvert sur ce médium.


J’ai l’impression que la réputation et le « succès » du groupe n’a jamais été aussi fort. A votre avis, c’est dû uniquement à la musique, ou à l’ouverture globale de l’information grâce à internet?
Amduscias : J'ose espérer que la musique est la première raison ! Evidemment, internet a contribué à développer le groupe, nous avons été présents sur la toile dès nos premières réalisations mais nous n'avons jamais fait les choses à l'envers. Trop de groupes ont commencé par réaliser des sites avec mille photos chiadées avant même de sortir quoi que ce soit au point de vue discographique… Il ne faut pas tout mélanger. En restant dans notre perspective de la promotion d'une certaine forme de spiritualité par un groupe de Black Metal, l'aspect visuel est bien sûr important mais il ne doit à mon sens constituer que le renforcement du premier vecteur : le vecteur musical. De même, l'information et la communication ne sont rien sans musique. Ces dernières années ont vu apparaître grand nombre de groupes qui avaient appris leur « petit manuel du sataniste orthodoxe » par cœur en recrachant les interviews d'Ofermod ou de Watain… Mais musicalement ça n'allait pas bien loin. Je reste bien évidemment partisan d'un travail approfondi de tous les aspects d'un groupe pour aller vers une sorte d'« art total », mais si vous n'accordez pas d'importance au travail musical « ce qui compte c'est le message, la musique on s'en branle » comme j'ai pu lire parfois, écrivez des livres, faites du théâtre ou autre, que sais-je, mais évitez, en vous ridiculisant, de ridiculiser un style qui prête déjà facilement le flanc à la critique…

Arkdaemon : Il paraît surtout évident que notre notoriété s'étend avec le temps et les sorties d'albums. Internet permet surtout à des groupes "nouveaux" d'exploser rapidement, même sans l'aide d'outils coûteux de promotion, mais finalement ces situations restent rares. Évidemment, internet est un outil précieux de communication. Très concrètement : les interviews de webzine comme celle-ci sont moins contraignantes, la limitation de place étant totalement absente au regard des exigences des magazines qui doivent respecter des impératifs d'impression. Mais dans l'ensemble, avant Internet, les groupes intéressants émergeaient par d'autres moyens qui se révélaient également efficace. Les gens semblent oublier qu'avant Internet, les concerts existaient néanmoins, et la promotion permettait néanmoins au public d'être prévenu. Et il ne faut pas oublier que la profusion constante de matériaux éphémères amollit aussi l'impact de chaque réalisation, Internet stigmatise le besoin constant de renouvellement d'une nouvelle génération de "consommateurs de musique", qui imposent des dates de péremption à tout ce qui est plus vieux que la dernière sensation. Malheureusement, l'être humain s'affaiblit toujours quelque part quand on lui facilite un aspect de sa vie.


Internet est immatériel. Et aujourd’hui, que ce soit via les plateformes illégales, mais également les plateformes légales, on peut acquérir la musique sans support.
Tout sur le PC et le lecteur mp3, un gain de place indéniable dans le logement (et moins de ménage à faire). Comment vous situez-vous vis-à-vis de cette dématérialisation? Du téléchargement illégal?
Amduscias
: Pour ma part j'ai pas loin de 2000 CD, je ne compte pas m'en séparer, et je continue d'en acheter régulièrement. J'utilise beaucoup le lecteur MP3 car j'ai beaucoup de déplacements dans ma vie, mais j'aime l'objet CD. Quant au téléchargement illégal, évidemment nous n'allons pas l'applaudir des deux mains, mais c'est une réalité présente, il n'y a pas grand-chose à faire pour l'enrayer. Comme je te l'expliquais, nous pouvons le contrer d'une certaine manière en mettant notre album à disposition sur Deezer, mais je ne vais pas perdre mon temps à faire la chasse aux pirates, d'une part parce que j'ai autre chose à faire, d'autre part parce que je suis tout à fait réaliste, qui veut se procurer illégalement un album y arrivera toujours, aucune illusion à se faire à ce sujet !

Arkdaemon : Le téléchargement a été pour moi une façon évidente de récupérer mes vinyls sur un baladeur, idem pour quelques raretés jamais rééditées, mais dans l'ensemble et pour ma part, j'apprécie une œuvre dans sa globalité, c'est-à-dire accompagnée de l'intégralité de ce qui a été pensé par l'artiste. Le support physique reste donc pour moi un idéal. De plus, accumuler compulsivement des milliers d'enregistrements sur un disque dur me semble être une activité un peu stérile, aujourd'hui on voit des gens qui ont absolument tout ce qui existe, mais qui n'en connaissent finalement qu'une infime partie, victimes du mal des collectionneurs qui passent plus de temps à accumuler l'objet de leur collection plutôt que d'en profiter. L'argument du gain de place et du ménage me dépasse quant à lui complètement tant il ressemble à une excuse faiblarde. Il montre également une nouvelle fois que les gens vont jusqu'à traquer la plus triviale des activités pour s'affranchir du moindre effort vis-à-vis de l'art. Art qui se réduit de plus en plus à une forme de divertissement qui ne doit pas être source du plus élémentaire des investissements.


Encore une fois, félicitation pour l’excellent "Lightslaying Rituals" et je te laisse le mot de la fin.
Amduscias : Merci pour ton interview. Nous auditionnons actuellement des batteurs pour prendre la suite d'Antares, j'invite les personnes intéressées à me contacter à cette adresse : templeofbaal at myspace.com. Bientôt davantage de détails sur nos prochaines réalisations discographiques. AMSG!


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