ERA NOVA est un groupe de la région nantaise qui compte dans ses rangs le batteur Manard (ULTRA VOMIT), le guitariste Gru (ex-ULTRA VOMIT) et le chanteur Andreas (ANDREAS & NICOLAS).
Ne tombez pas dans le piège, ERA NOVA est très éloigné des styles respectifs des groupes précités, le combo évolue dans un registre Heavy metal quelque part entre Angra et Gamma Ray.
Era Nova a été formé en 2002, pouvez-vous rappeler à nos lecteurs votre parcours jusqu’à la sortie de ce premier album en 2010 ? Chris (guitares) : Salut à tous les membres de VS Webzine. Era Nova est un groupe qui a démarré à la fin de l'été 2002 sous un nom et un line-up totalement différent. J'en suis le seul rescapé. A l'époque, je souhaitais monter un groupe de heavy et j'avais déjà quelques morceaux de prêts. Quand tu montes un projet musical, il est parfois difficile voire très difficile de trouver des gens qui ont la même envie d'aller dans la même direction que toi. Quand Andréas est arrivé à la fin de l'année 2003, ça a vraiment été une bouffée d'oxygène pour moi.
J'ai pu me "reposer" sur une personne qui avait envie d'aller dans la même direction que moi en termes de musique et d'ambition. En 2004, nous avons participé au festival Emergenza en jouant notamment à l'Olympic à Nantes. C'est un super souvenir, c'est une super salle. En 2005, nous avons enregistré notre seule et unique demo intitulée "Sin Eater". En 2005, Ben (basse) et Pierre (claviers) ont rejoint Era Nova. Fin 2006, Andréas est parti quelques mois en Angleterre. Nous avons continué à travailler tous les morceaux dans leurs parties instrumentales pendant ce laps de temps. Pendant toute l'année 2007, j'ai fait toutes les préproductions instrumentales des morceaux qui allaient composer notre 1er album, "Children of Alcyone". Cela nous a permis de régler les éventuels problèmes d'arrangements qui pouvaient être notés. Ensuite, j'envoyais ça à Andy pour qu'il puisse travailler sa partie. Début 2008, j'ai contacté Neb Xort (Anorexia Nervosa) du Drudenhaus Studio pour établir un planning de sessions studio. L'enregistrement s'est étalé de mai 2008 à novembre 2008. Nous avons dû faire ça en plusieurs fois en fonction des plannings de chacun. Le planning a d'ailleurs été dépassé, il a parfois fallu remettre en questions certaines parties. C'est comme ça qu'on apprend. Cela reste un excellent souvenir. Nous avons tous beaucoup appris au contact de Neb Xort. C'est une personne très professionnelle qui te fait toujours des remarques objectives, constructives et pertinentes. Je me souviens encore des séances de mixage que je faisais avec lui. On a fait un paquet de tours dans ma caisse pendant toute cette période.
Cinq années se sont passées depuis la réalisation de votre démo, "Sin Eater", en 2005. Comment percevez-vous l’évolution du groupe durant cette période ? Chris : Je pense que nous avons tous progressé au cours de cette période que ce soit sur nos instruments ou dans notre façon de concevoir les morceaux. Si tu écoutes, les versions des morceaux enregistrés sur la demo ("Sin Eater", "In Search of Gralium" et "Requiem"), nous avons changé plusieurs petits détails. Certains sont plus perceptibles que d'autres. Andy notamment a vraiment amélioré les lignes de chants sur ces morceaux. Je pense au refrain de "Requiem" qui est bien meilleur que l'ancien.
Pierre (claviers) : Personnellement, je suis arrivé après l'enregistrement de la démo, j'ai donc un regard un peu plus extérieur… L'évolution au niveau des compos est largement perceptible quand on sait la période à laquelle ils ont été composés. Les derniers morceaux sont plus rentre-dedans, moins évidents au niveau des structures… En plus, comme l'a rappelé Chris, on a tous pas mal évolué au niveau instrumental. Pour ma part, je sais que dorénavant je suis beaucoup plus sobre au niveau des arrangements. Le résultat n'en est que meilleur !
Le mot Alcyone peut renvoyer à la mythologie, à l’astronomie, voire à un célèbre navire construit pour le commandant Cousteau (!!!), alors, levons le mystère : quelle est la signification du titre de l’album, "Children Of Alcyone" ? Chris : Cela fait référence à une nouvelle que Michelle Martin (la mère d'Andréas), Andréas et moi avons écrite, et dont Andréas s'est inspiré pour écrire les textes des morceaux. Donc il y a une composition d'ensemble de l'album qui suit le fil conducteur d'une histoire. Je laisse Andy t'expliquer ça, il sera plus clair que moi je pense.
Andréas (chant) : Oui, on a voulu que chaque morceau « raconte » un épisode de cette histoire. C'est une histoire héroïque, avec pas mal de personnages. Alcyone ici renvoie à l'astronomie: c'est une étoile bien réelle, autour de laquelle gravite une planète fictive. Les habitants de cette planète sont les « Children of Alcyone ».
Pierre : Ca aurait été marrant que ce soit en rapport avec Cousteau mais faire du heavy et parler du « monde du silence » c'est un peu paradoxal !
On ressent sur le disque les influences de formations majeures comme Stratovarius, Iron Maiden, Angra ou encore Gamma Ray : quelles ont été vos principales sources d’inspiration pour la conception de "Children Of Alcyone" ? Chris : Effectivement, les groupes que tu viens de citer font partie des influences d'Era Nova. Les sources d'inspiration sont difficiles à expliquer. Le heavy metal est ce que je préfère écouter. Mais j'aime beaucoup aussi les "vieux" groupes comme Pink Floyd, Aerosmith, Scorpions, Led Zeppelin ou encore Nirvana, U2, Ennio Moriconne… Quand je compose un morceau, je fais ça… disons… au fil de l'eau. Je ne me force jamais. Il y a des périodes où je peux travailler sur plusieurs morceaux en même temps et d'autres où je n'ai qu'un couplet et rien d'autre. Je laisse le temps faire. Les inspirations en elles-mêmes peuvent venir de plusieurs choses différentes. Cela peut venir d'un film que j'ai vu, d'une musique que j'ai entendue (je pense surtout à des musiques de film). Cela ne se ressent pas dans la musique de l'album, mais cela oriente ma façon de composer un morceau. Il peut du coup devenir plus agressif, plus calme, plus rapide, plus lent, etc. surtout qu'on voulait que chaque morceau crée une atmosphère particulière, en rapport avec un épisode de l'histoire qu'on raconte.
Pierre : Les noms que tu cites correspondent à ce qui se dégage de l'album de manière générale. Si on rentre dans le détail, et je vais parler uniquement des claviers, mes inspirations sont toutes autres. Je cite systématiquement des gens comme Roddy Bottum de Faith No More ou Yoshiki de X-Japan, des compositeurs comme Joe Hisaishi ou Craig Armstrong, voire Depeche Mode pour le côté électro qu'on retrouve sur un ou deux morceaux. On est donc assez loin du heavy traditionnel, et je crois que c'est pas plus mal, ça apporte une sorte de diversité. C'est pareil pour Andréas, il n'est pas forcément très « metal », c'est un gros fan des Red Hot ou de Rage Against the Machine…
Chris : Et c'est ce qui nous donne au final la musique d'Era Nova. Tous ces petits "ingrédients" forment la personnalité du groupe.
Comment le processus de composition s’est-il déroulé ? Composez-vous de façon collective ou Era Nova dispose-t-il d’un « chef d’orchestre » en la personne de Christophe Buys ? Chris : En fait le processus de composition en général est assez simple. Je mets toutes mes idées en place avec ce que seront les couplets, les refrains, les ponts. Je programme la batterie que Manard améliore grandement par la suite. J'enregistre toutes les grattes (rythmiques et leads). Je mets éventuellement un peu de claviers si une idée me vient, autrement Pierre s'en occupe directement. Enfin, je mixe le tout et le transmets à Andy pour qu'il s'occupe du chant. Il a ainsi une sorte de sentier bien balisé qui lui permet de pouvoir, je pense, travailler sa partie chant plus facilement. En fait, j'ai toujours pensé qu'il était difficile de peindre un tableau à 4 ou 5. Je dois avouer que je ne sais pas travailler autrement. Une répétition sert à assembler les morceaux et revoir les arrangements qui ne collent pas et pas à composer. Bien sûr, il n'y a aucune dictature dans le groupe. C'est pour ça qu'ils n'hésitent pas à me dire si une partie ne colle pas bien ou n'est pas très bien arrangée, etc. Il est primordial pour moi que tous les membres du groupe prennent plaisir à jouer les morceaux.
Andréas : Oui on prend du plaisir et à les créer (les lignes de chant et les paroles pour ce qui me concerne), et à les jouer ! On suit les idées de Christophe, ce qui n'empêche pas de discuter sur certains passages à modifier. Pour le chant c'est très intuitif, il me laisse des longues plaques d'accords sur lesquelles je peux poser mes mélodies. Parfois c'est plus compliqué, j'ai mis un petit temps à trouver le chant sur l'intro très spéciale du morceau « Children of Alcyone ».
Pierre : Ouais, Christophe apporte la base mais on garde tous une certaine liberté pour apporter notre touche personnelle, du moment que cela fait avancer le morceau dans le bon sens… De plus, nous ne sommes pas dans un système fermé… Il s'est avéré que Chris avait dès le départ plein d'idées mais si aujourd'hui quelqu'un apporte une bonne structure sur laquelle travailler, on s'y mettra !
Si l’on devait inverser les rôles et vous laisser endosser le costume de chroniqueur, comment définiriez-vous la musique d’Era Nova à quelqu’un qui ne l’a jamais entendue ? Chris : Fantastique (rires) ! La musique d'Era Nova, c'est tout simplement du heavy à multiples facettes. C'est difficile de décrire sa musique. Chaque auditeur peut avoir une idée différente sur ce qu'il entend. On ne fait pas plus du symphonique que du power ou autres... Disons que c'est un peu tout ça à la fois. En fait, la touche symphonique est surtout marquée dans "In Search of Gralium". Nous n'avons pas de parties symphoniques sur les autres morceaux. "Requiem" sonne même un peu rock, je trouve sur certains passages.
Pierre : "Children of Alcyone" est un album de heavy varié et bien produit, et le groupe ne se prend pas trop au sérieux. Pour moi, c'est un élément essentiel.
Andréas : Je sais pas, je dirais que c'est du Super Metal.
L’un des très bons points du disque concerne la production : comment s’est déroulée l’expérience au Drudhenhaus Studio ? Chris : Elle s'est très bien déroulée, même si notre planning a été dépassé. J'ai appris beaucoup de choses au contact de Neb Xort. Il a fait un travail remarquable et s'est parfois arraché les cheveux sur certaines parties. Il a des connaissances incroyables et une oreille diabolique (rires). Comme je le disais tout à l'heure, cela s'est fait en plusieurs fois, ce qui n'a, je pense, pas contribué à nous faciliter la tâche. Nous avons tous aussi des occupations personnelles ou professionnelles. Nous n'avions pas le choix.
Andréas : On s'est quand même bien marrés au studio. Les passages qu'on pensait les plus évidents à exécuter se sont parfois révélés être les plus compliqués à enregistrer. Sinon moi j'ai beaucoup dormi dans le canapé afin d'avoir une oreille fraîche sur le travail réalisé !
Pierre : Contrairement à Chris, je suis pas certain que le fait que l'enregistrement se soit déroulé sur plusieurs périodes soit une mauvaise chose. Ca nous a permis de prendre du recul, de revoir certaines parties au fur et à mesure… D'ailleurs, je suppose que c'est pareil pour les groupes qui ont plein de thunes, ils n'enregistrent pas 24/7 pendant des mois, c'est juste qu'ils disposent de beaucoup plus de temps que les autres et ont un studio à disposition à tout moment.
Pourquoi avoir choisi de privilégier le chant en anglais ? Pensez-vous qu’il s’agisse de la langue incontournable en matière de heavy metal ? Chris : En ce qui me concerne, ce sont 2 choses indissociables. Je ne me suis jamais posé la question. Il était clair que Era Nova serait avec des textes en anglais.
Andréas : Eh bien je crois que ça vient d'abord des caractéristiques phoniques de la langue anglaise qui se prêtent mieux à ce style de musique. Ici, la musicalité prime. Mais écrire en anglais pour Era Nova ne m'empêche pas d'écrire en français pour Andréas & Nicolas par exemple.
Pierre : Dans l'absolu, chanter en français ne me gênerait pas, mais il faut avoir une sacrée maîtrise de la langue pour que ça passe bien. Je nous vois mal chanter en français un concept fantastique, faut être réaliste… Je crois que si un jour je devais faire des chansons dans la langue de Molière, je ferais appel à une personne extérieure, un professionnel de l'écriture. Sinon, il y a de grandes chances que ça soit ridicule.
Les premières critiques que j’ai pu lire sont très positives : êtes-vous satisfaits de l’accueil réservé à l’album jusqu’à présent ? Andréas : Oui très, surtout qu'on sait très bien que c'est pas vraiment la mode de faire ce genre de musique. Cet album on l'a vraiment fait pour nous au départ.
Chris : J'ai un certain soulagement à la vue des 1ères chroniques. Ce n'est que le début, j'ai hâte de voir les 1ères chroniques étrangères. Comme tu le faisais remarquer tout à l'heure, on sent les influences principales d'Era Nova. Nous n'avons pas pour vocation de faire de l'original, même si on pense toujours avoir fait quelque chose, disons d'un peu unique. La musique est quelque chose de tellement subjectif que chaque personne la ressentira de façon différente. Et puis, quand on voit tous les styles existants, ça me paraît difficile de faire quelque chose de totalement original. J'ajoute qu'en plus en ce qui me concerne l'originalité n'a jamais été un gage de qualité. Comme je te le disais, chaque groupe pense forcément qu'il fait quelque chose d'unique, sinon, il n'entrerait pas en studio.
Pierre : Cela dit, ça n'empêche pas de développer sa propre personnalité, à défaut de révolutionner quoi que ce soit. Ce serait d'ailleurs extrêmement prétentieux d'affirmer ce genre de choses… C'est ce que je disais plus haut, les dernières compositions du groupe sont beaucoup plus « recherchées », on essaie toujours de nouveaux trucs. Faire deux fois la même chose, ça n'a pas d'intérêt. Je ne veux pas faire comme ces groupes qui tirent sur les mêmes ficelles depuis 30 ans…
Venons-en à quelques questions plus générales maintenant. Quel est votre sentiment concernant l’évolution de la scène metal en France ces dernières années ? Chris : Pour être tout à fait franc, je ne la connais pas beaucoup. Je connais bien sûr Gojira que j'ai vu à Nantes en 2005, Adagio, Ultra Vomit avec Manard. Sur l'aspect évolution, la France n'est pas une terre promise pour le metal en général. Il y a beaucoup de gens qui se battent pour faire reconnaître et donner au metal la place qu'il mérite. Je suis en train de penser au député Patrick Roy qui s'est exprimé plusieurs fois à l'assemblée nationale pour défendre les couleurs du metal. Quand tu vois les réactions qu'ont eu certains députés (ça concernait le Hellfest). Ils tapaient tous sur leurs petites tablettes pour provoquer des huées… et tu te dis que ces types-là dirigent plus ou moins notre pays, c'est vraiment pathétique.
Pierre : C'est sûr, mais il ne faut pas non plus se poser en victime, sinon on tombe dans le communautarisme. Il y a d'autres styles de musique qui connaissent les mêmes difficultés en France. De façon générale, on ne défend pas assez la diversité dans ce pays. A tous les niveaux, d'ailleurs, pas seulement au niveau de la musique ! Cela dit, je crois que la scène metal française a fait de gros progrès en à peine 5-6 ans. Quand je réécoute ce qu'on a fait avec mon autre groupe, Midwinter, si on s'y remettait aujourd'hui la qualité de la production serait toute autre. Les producteurs metal ont fait de gros progrès, ils ont gagné en notoriété, et les bonnes prods sont devenues abordables financièrement. Les labels, eux aussi, ont avancé. Les médias également, bref c'est tout un ensemble. L'exemple de groupes comme Gojira ou Ultra Vomit tire les autres groupes vers le haut. Ce n'est qu'en multipliant ces succès, nationaux et internationaux, que la scène française pourra émerger.
Quand on voit à quel point le genre est ignoré par le plus grand nombre, pensez-vous qu’il y ait une vraie place pour le heavy metal dans notre pays ? Chris : Bien sûr, mais encore faut-il que le style arrête d'être dénigré ou de servir de bouc émissaire. J'ai malheureusement l'impression que ce n'est pas pour tout de suite… Les passages sur des grandes radios sont inexistants. Nous n'avons pas de culture metal ou même rock en France, c'est comme ça. J'ai malheureusement l'impression que ce n'est pas pour tout de suite…
Andréas : Ma mère écoute Era Nova donc oui.
Pierre : Je ne suis pas vraiment défaitiste… Un groupe comme Gojira a réussi à percer, pourquoi pas d'autres ? La seule grande barrière qu'il reste à franchir, c'est celle des médias « de masse », les grandes radios et la télé. J'ai vu que Gojira allait jouer aux Vieilles Charrues cet été, qui l'aurait cru il y a quelques années ? Tout n'est pas perdu, loin de là. Pour que tout ça se démocratise, il faudrait que d'autres groupes se jettent dans la brèche et gagnent une notoriété, en France et/ou à l'étranger. Avec le soutien de gros labels, ce serait évidemment un plus. Les majors n'ont pas de burnes, malheureusement. De toute façon, tant qu'elles pigneront sur le téléchargement et fricoteront avec le législateur plutôt que de se bouger le cul pour proposer quelque chose, on n'est pas près d'avancer. Cela dit, je ne désespère pas que les mentalités évoluent.
Le Hellfest a une fois encore été sous le feu des médias il y a quelques semaines, suite aux propos d’un autre âge tenus par certains politiques (Philippe de Villiers et Christine Boutin, pour ne pas les nommer). Comment expliquez-vous que le metal fasse encore peur en France en 2010 ? Chris : Je ne pense pas que le metal fasse peur. On instrumentalise le metal pour en faire un bouc-émissaire. Comme ça quand ils parlent du Hellfest, nos politiques ne parlent pas d'autres choses. Christine Boutin et Philippe de Villiers sont tous les 2 des politiques conservateurs comme on en faisait, il y a des siècles. Le Hellfest est festival qui se déroule chaque année sans accrocs. Personne ne s'en plaint. Tous les amateurs de metal peuvent ainsi se faire plaisir 3 jours dans l'année lors d'une manifestation culturelle internationale avec les groupes qui s'y produisent et les gens qui viennent y assister. Après, si on en vient sur un plan économique, cela m'étonnerait franchement que la municipalité de Clisson se plaigne des retombées du Hellfest.
Résumons, des groupes internationaux viennent se produire devant des gens qui n'attendent que ça chaque année avec des retombées économiques et certainement aussi, touristiques pour la région. Tout ça bien sûr dans une ambiance bon enfant. Moi, je leur pose la question : Où est le problème ?
Pierre : Il faut remettre tout ça dans le contexte… A qui s'adressent Madame Boutin et Monsieur De Villiers ? Aux vieux Français réacs et aux catholiques ultraconservateurs. Ca reste une minorité. On fait tout un plat de leurs déclarations mais je ne suis pas sûr que leur impact soit si important. D'autant que lesdites déclarations n'ont aucune crédibilité, étant donné que ces gens ne savent pas de quoi ils parlent. C'est de la stupidité, rien d'autre. Si le metal fait peur, c'est juste parce qu'il est mal connu. Une sorte de xénophobie artistique (rires). Cela dit, le fait que les fans de metal se retranchent dans le communautarisme et/ou la provocation n'est pas une bonne chose non plus. Il faudrait un juste équilibre.
La promotion de l’album se fait principalement par le biais des webzines : pensez-vous que ceux-ci seront amenés à remplacer définitivement la presse écrite dans un futur proche ? Chris : Hum… question difficile. On pourrait faire un parallèle avec la musique et l'industrie du disque. Je pense quand même que les magazines bien établis depuis plusieurs années voire quelques décennies perdureront encore longtemps.
Pierre : Avec tout le respect que je dois aux bénévoles qui donnent énormément de temps et d'argent à leur passion, je pense que beaucoup de webzines manquent d'une démarche vraiment « professionnelle ». Je parle de la rédaction et de la présentation, pas de leur statut. Certains le font très bien, comme VS et je ne dis pas ça pour vous lécher les boules, mais ils sont rares. Quand je vois comment certaines chroniques sont rédigées sur le net, c'est parfois un peu pitoyable (tu me diras, sur certains magazines papier c'est limite aussi). Pourtant, internet reste le média numéro un pour les petits groupes comme Era Nova. Cela dit, je veux pas cracher dans la soupe, et comme je le disais plus haut, de gros efforts ont été faits ces 5 dernières années. Le meilleur reste à venir !
Dans le même ordre d’idées, la dématérialisation complète de la musique vous paraît-elle inéluctable à terme ? Quelle est votre position sur le téléchargement illégal ? Chris : Je suis bien évidemment contre. C'est comme si tu allais bosser et qu'à la fin du mois, on te mette un coup de pied au c** au lieu de recevoir le salaire auquel tu peux prétendre. Je suis pour évidemment qu'on puisse récupérer quelques morceaux pour que chaque auditeur se fasse une idée. Il y a énormément de groupes à l'heure actuelle, et il n'est pas toujours simple de s'y retrouver. C'est normal qu'une personne souhaite se faire une idée sur ta musique. Il y a le téléchargement payant très pratique, mais qui dénature un peu la musique. Je suis vraiment old-school là-dessus. Si un artiste me plaît, j'achète son disque car je suis aussi très attaché au support en lui-même.
Andréas : Je comprends que les gens n'achètent plus de CD. Après c'est tout un système à revoir pour que les artistes puissent gagner des thunes et continuer à faire de la musique.
Pierre : Les majors nous emmerdent avec leur lobbying auprès des députés… Si elles veulent lutter contre le piratage, qu'elles commencent à mettre de l'eau dans leur vin. Qu'elles s'insurgent contre les marges exorbitantes des intermédiaires, peut-être ? Ca paraît être du bon sens, pourtant. L'offre musicale a complètement explosé depuis une vingtaine d'années. Les groupes qui vendent des millions d'albums ne se comptent plus sur les doigts de la main. Il y a beaucoup plus de labels, notamment des indépendants qui arrivent à émerger. Le gâteau de l'industrie musicale a été partagé. C'est une bonne chose ! Vive la diversité. Cela n'empêche pas d'essayer de trouver des solutions légales pour permettre à chacun d'y trouver son compte, mais ce n'est certainement pas en se retranchant derrière le volet répressif de la loi que ça risque de changer quelque chose. Le législateur sera toujours en retard par rapport à la technique, quand vont-ils le comprendre ? La solution passe par des initiatives comme Deezer, qui restent à creuser. Aujourd'hui, je ne suis pas certain que les artistes y trouvent leur compte avec des sites comme ça, mais l'idée de base est excellente.
Enfin, terminons par une question inévitable : quels sont les futurs projets d’ERA NOVA ? Avez-vous des concerts en perspective ? Chris : Eh bien actuellement, nous avons repris les répétitions en vue de donner quelques concerts. A l'heure actuelle, il n'y a rien d'établi, nous indiquerons tout ça dès que possible. J'espère pouvoir annoncer ça très prochainement. Je tiens aussi à préciser qu'Era Nova est maintenant à 6 puisque Greg Dutein "Gru" nous a rejoints à la gratte.
Pierre : Ca dépendra des opportunités parce que financièrement on peut pas se permettre beaucoup de choses. On est prêt à faire des efforts, mais pas n'importe lesquels. C'est le lot des groupes amateurs : des conditions de jeu pas toujours terribles, et souvent aucune rémunération à la clé… C'est le jeu. Cela dit, on espère pouvoir en faire le maximum car ça nous démange !!
En vous souhaitant le meilleur pour la sortie de ce premier album, on vous laisse ajouter un dernier mot à l’attention des lecteurs de VS ! Chris : Merci beaucoup à tous les membres de VS Webzine pour le temps que vous nous avez consacré. J'invite bien sûr tous les lecteurs à venir jeter une oreille sur notre 1er album, "Children of Alcyone", sur Myspace ou Facebook. Merci à vous et à très bientôt tout le monde.
Andréas : Merci à vous d'avoir pris la peine de nous lire ! J'espère que vous apprécierez l'album !
Ne tombez pas dans le piège, ERA NOVA est très éloigné des styles respectifs des groupes précités, le combo évolue dans un registre Heavy metal quelque part entre Angra et Gamma Ray.