Raf et Vince (NOLENTIA) - Chris, Manu et Frank (TREPAN DEAD) - [NOLENTIA - TREPAN DEAD] par ..::JU::.. - 2473 lectures
Quels points communs peut-il y avoir entre les Ch’tis du Nord-Pas de Calais, et les Toulousains du Midi-Pyrénées ? De prime abord, pas grand-chose...
Mais c'est sans compter sur la scène Grind française, qui, plus sûrement que Meetic, réunit Ch'tis et Toulousains dans une orgie sonore jouissive.
La preuve avec NOLENTIA et TREPAN' DEAD, deux groupes talentueux, deux styles de Grind, deux origines différentes, mais une même passion, associée à la même gentillesse.



NolentiaTrepanDead
Messieurs, vous vous connaissez un peu, puisque les Nolentia étaient venus visiter le Nord Pas-de-Calais à l’occasion d’une date organisée par les Trepan...
Aussi, vous comprendrez mon envie de tester vos connaissances réciproques sur le groupe avec lequel vous avez passé une soirée. Je vais donc poser 2/3 questions à chacun d’entre vous, mais qui concerneront l’autre groupe, et je pense que vous n’aurez aucun mal à répondre chacun aux questions concernant l’autre groupe... Non ?



Chapitre 'Actualité et buzz croustillant'
Aux Nolentia : les Trepan Dead sont actuellement sous les feux des projecteurs, avec une actualité brulante et deux grandes nouvelles pour tous les amateurs du groupe... Mais quelles sont ces infos ?
Raf/Nolentia : Alors... je sais qu'il y a le Tribute de Nasum qui vient de sortir, et sur lequel les Trepan jouent une superbe reprise, heu je ne sais plus le titre... (se tournant vers Chris de Trepan) : c'est la quelle ? 'Distortion & Disinformation' ?
Chris/Trepan'Dead (se prenant au jeu) : Ah désolé, mais c'est toi qui l'a enregistré ! Moi je joue dans Nolentia... (Rires généraux)
Raf/Nolentia : Bon, eh bien en tout cas les Trepan Dead jouent sur le Tribute de Nasum, et il y a plein de groupes géniaux dessus. Sinon, deuxième info primordiale pour le groupe, je crois, c'est que les Trepan Dead ont accueilli il y a peu un second gratteux, en la personne d'Ugo, des Goryptic. Donc le groupe passe à 6 membres, ça promet un bon gros bordel sur scène !
Ju : Pas mal, tu te débrouilles bien ; mais il y a encore une autre info importante actuellement pour les fans du groupe...
Raf/Nolentia : Alors, l'autre info, je crois qu'ils préparent actuellement un split qu'ils partageront avec Infest et un autre groupe portugais... C'est ça ?
Chris/Trepan'Dead : Alors, en fait, on a deux projets de split : un avec Yattaï, un 7'', et effectivement un split avec Infest et Utopia, un groupe portugais de Grind Core ; donc ça se sont des projets pour l'année à venir, mais l'info importante à laquelle faisait référence Ju, c'est surtout qu'on travaille actuellement à la composition et à la préparation du second album de TD, qui est donc notre priorité actuellement.

Ju : Bon, c'est mas mal du tout, je vois que Raf est bien au courant ; alors, les Trepan, même punition : Les Nolentia ont également une actualité bouillonnante en ce moment ; pouvez-vous nous en toucher deux mots ?
Chris/Trepan'Dead (qui se prend au jeu) : Oui, effectivement nous, là, on vient de sortir un album tout récemment, il y... quelques semaines, un mois.
Ju : Et qui se nomme ?
Chris/Trepan'Dead : Heu... Aucune idée... Question qui tue... (rires)
Vince/Nolentia : « One Loud Noise And It's Gone »

One Loud Noise and It's Gone
Chris/Trepan'Dead : Oui, excellent album d'ailleurs ! Mais bon tu sais, moi dans Nolentia je ne m'occupe pas trop de toute cette partie ''promotion', moi j'ai posé mes partitions, après c'est surtout le bassiste (Raf) qui s'occupe de la promotion. Mais bon il faut savoir que Nolentia, c'est un projet particulier quand même, c'est une véritable association de malfaiteurs, avec une véritable volonté commerciale... Sans parler des problèmes d'alcoolémie dans le groupe... (rires...) Toulouse, c'est une ville morte, terne, ça ne vaut pas le Nord-Pas de Calais, qui est une région vraiment vivante, c'est ensoleillé, y'a une joie de vivre ! Toulouse, c'est triste, et c'est pour ça qu'il y a quelques problèmes de boissons. D'ailleurs, on n'est pas au complet ce soir, car les deux autres sont complètement cuits !
Ju : Les deux autres ? Donc ils sont 4 alors dans Nolentia ?
Chris/Trepan'Dead : Ben, oui man... (rires) (NdJu : Nolentia est un trio)
Ju : Bon, on voit que tu connais bien le groupe, car ils sont trois en fait !
Chris/Trepan'Dead : Oui, mais attends, en fait c'est parce qu'il y en a un qui a le volume de deux, quand même. Ca prête à confusion aussi ! (rires)


Chapitre 'Albums, style & évolution'
Ju : Bon, allez on va dire que les Trepan connaissent un peu Nolentia quand même. On reprend chacun son vrai rôle le temps d'une question :
Aux Trepan Dead : Comme l'a dit Raf, vous êtes en phase de composition pour un second album ; mais votre précédente sortie discographique (le split avec Mesrine) illustrait déjà une réelle évolution par rapport à votre premier album, avec une intensité et une furie revues à la hausse, un peu comme si vous préfériez accentuer l'aspect purement Grind. Etait-ce une volonté délibérée du groupe de faire évoluer les compos dans ce sens, ou bien vous êtes-vous laissés porter par l'inspiration ?

Chris/Trepan'Dead : C'était totalement voulu d'accentuer la furie musicale ; en fait nous on veut faire de pire en pire, on veut faire quelque chose qui est de plus en plus porté sur l'énergie. Après, ça peut prendre différents chemins, différentes orientations sonores. Tu parlais du split avec Mesrine, mais tu vois ces titres, on ne les joue plus. Sur le split, on avait surtout l'envie d'amener quelque chose de nouveau par rapport à 'Obsessional Dysfunctions', comme une sorte de digestion de nos différentes influences ou envies.
Manu/Trepan'Dead : C'est vrai que le split avec Mesrine, c'est surtout comme ça qu'on l'a perçu, c'était l'un des intérêts, l'occasion d'essayer quelque chose de nouveau. On avait quand même la volonté d'affirmer notre son, et de l'amener vers quelque chose de plus Grind et moins Death. Sur scène, quand on jouait des titres de l'album, les personnes nous disaient souvent que c'était vraiment Grind ; donc l'énergie elle était déjà là en fait.
Chris/Trepan'Dead : En fait on s'est dit qu'on voulait essayer de retranscrire sur support cette folie, cette furie qu'on a sur scène. Et on trouvait qu''Obsessional Dysfunctions' ne reflétait pas trop ça.
Frank/Trepan'Dead : Il y a un élément aussi important, c'est qu'à l'époque du split, je venais d'intégrer le groupe. Donc le split était aussi et surtout une étape transitoire pour le groupe, avec une volonté de m'intégrer, de me faire enregistrer, de me laisser mettre ma patte sur des morceaux, de tester des trucs, d'étudier la nouvelle orientation. Donc le split a été un peu le vecteur de tout ça, entre évolution du groupe et accentuation de la furie musicale.
Ju : Et donc là, sur les titres que vous êtes en train de composer, vous êtes toujours dans la continuité de cette évolution, vers des compos encore plus Grind ?
Chris/Trepan'Dead : Ah oui, complètement ! Sur 'One day it will eat you', le promo 5 titres qu'on a enregistré pour la tournée avec Infest cet été, on est dans la continuité, bien sur cette longueur-là, toujours plus furieux.

Et vous les Nolentia : Après une démo fracassante, vous venez donc de sortir votre premier album, 'One Loud Noise And It's Gone' ; vous pouvez nous en toucher quelques mots ? Quel regard portez-vous sur cet album ? Quels sont vos sentiments, votre ressenti ?
Raf/Nolentia : On est super contents, super fiers ! C'est vrai que ça a pris presqu'une année, mais bon on aurait pu gagner facilement 5/6 mois, y'a des trucs qui nous ont pris du temps, qui nous ont un peu lassés, un peu fatigués. Mais finalement on s'en est sortis, et on a l'objet dans les mains, ça correspond à ce qu'on voulait, et on est super contents.
Vince/Nolentia : La composition de l'album s'est échelonnée quand même presque les deux 1ères années du groupe, et quand on est arrivé en studio, tout était quasiment écrit. Les prises ont été relativement rapides, mais ce qui a été le plus long, ça été le mix. En fait, Laurent Bringer, avec qui on a enregistré, a une expérience plus Hardcore, et le premier mix qu'il nous a donné, c'est vraiment avec sa patte. Au final ça sonnait bien, mais ça ne nous correspondait pas du tout... C'était trop propre, avec un gros son, un peu trop 'à l'américaine', et on a pris beaucoup de temps pour « crader » le son...
Raf/Nolentia : C'est-à-dire d'essayer de retrouver le son qu'on avait au moment des prises, en enlevant le côté « sur-production »... On voulait vraiment conserver quelque chose d'assez brut, qui corresponde vraiment à notre son et à l'énergie qu'on produit en répèt' et en concert, quelque chose qui soit assez fidèle à ce qu'on est. On ne voulait surtout pas quelque chose de surproduit, quitte à ce qu'il y ait des larsens, quitte à ce que ça bave un petit peu, tu vois. Et au final ça a pris du temps, mais je pense qu'on est très contents du résultat. Bon, après quand on le réécoute, on retrouve toujours quelques petits défauts... mais globalement on en est vraiment très contents.


Chapitre 'Ecriture, Répétition et ' Line-Up'
Ju : Petite question intime, commune : Comment s'est déroulé ou se déroule le processus de composition ? Qui compose majoritairement les compos ? Êtes-vous plutôt « travail de groupe », ou bien « despotisme et esclavagisme » ?
Chris/Trepan'Dead : Depuis le début de Trepan Dead, ça a souvent été le guitariste le point de départ autour duquel tout le monde apporte ses idées ; depuis quelques temps, les titres sont aussi composés à la guitare par le bassiste (Franck), qui amène aussi des riffs, et ensuite tout le monde participe à la composition à partir de ça.
Manu/Trepan'Dead : On n'arrive pas avec un morceau complet, ni même les bases d'un morceau, on ne travaille pas comme ça. Parce que de toute façon, chez nous si le batteur ne peut pas jouer un morceau, ou ne veut pas le jouer, c'est mort. Ca peut chier, ça peut être un super morceau, si le batteur n'en veut pas, on le jette.
Ju : Et chez les Nolentia, comment ça se passe ?
Raf/Nolentia : Alors nous, c'est un peu différent...
Chris/Trepan'Dead : En fait, eux, ils parlent en allemand en répétitions ! (rires)
Raf/Nolentia : Au départ, moi, je suis un peu guitariste ; et donc on se partageait la compo entre le guitariste (ndJu : Ghis), et moi, le bassiste. Mais par la suite, le coquin a pris une 7 cordes, donc du coup, moi avec ma 6 cordes je ne pouvais plus suivre... Donc c'est lui ensuite qui a apporté l'essentiel des riffs. Sachant qu'après, tout se recompose en répèt', ensemble, que se soit sur les mélodies, mais surtout, surtout sur les structures : il y a énormément de discussions, de tentatives, d'essais. Il y a des chansons qui ont peut-être été fixes pendant 6 mois/1 an et qui, un jour, évoluent. Et puis il y a aussi des morceaux qui ont été complètement recomposés, complètement modifiés. C'est peut-être une faiblesse, mais c'est vrai qu'on a du mal à figer les morceaux, et à force de les rejouer, on les repense aussi, et des fois on est presque tenté de les recomposer.
Ju : Oui mais n'est-ce pas un peu un cercle vertueux et vicieux à la fois, vous n'aurez jamais fini de les retoucher, de les faire évoluer, à un moment donné il faut aussi savoir s'arrêter ?
Raf/Nolentia : Oui, tout à fait, et puis de toute façon à partir du moment où tu entres en studio, il faut caler les morceaux, il faut bien prendre une décision parce que quand tu vas le jouer après sur scène, il faut bien que ça ressemble quand même au morceau qu'il y a sur l'album. Donc voilà, il a y eu tout ce travail en amont qui a été assez long, et au bout d'un moment on s'est mis d'accord, et on a enfin pu figer tout ça.

Ju : Autre question pour les Trepan Dead : Vous nous l'avez dit, vous êtes désormais 6 dans le groupe suite à l'arrivée d'Ugo en tant que second guitariste. Est-ce que l'arrivée d'Ugo joue un rôle dans cette phase de composition ?
Manu/Trepan'Dead : Alors oui, complètement, ça se ressent, il y a une vraie dynamique !
Chris/Trepan'Dead : La particularité, c'est qu'Ugo est à la genèse pratiquement de tous les projets d'enregistrement de Trepan, donc il connaît par cœur ce qu'on fait depuis 'Obsessional Dysfunctions', parce qu'il les a enregistrés, mixés, parfois masterisés. Il connaît nos musiques parfois mieux que nous, et de ce fait son intégration dans Trepan se fait de façon vraiment limpide, naturelle ; tu lui montres les riffs, il connaît déjà les structures.
Manu/Trepan'Dead : En plus, le fait qu'on ait déjà enregistré avec lui joue beaucoup. Quand tu enregistres avec quelqu'un, tu discutes beaucoup avec lui, la personne finit presque par te connaître mieux que toi, c'est vraiment le reflet de ce que tu es, ce que tu veux.
Ju : Et justement, alors, pourquoi son intégration ne s'est faite que maintenant, alors que vous vous connaissez depuis longtemps ?
Chris/Trepan'Dead : En fait, quand on s'est retrouvés après la tournée avec Infest (NdJU : tournée estivale en Europe ayant eu lieu à l'été 2009), en septembre on a fait un bilan, on s'est rendu compte qu'il fallait qu'on bosse sur un album, et on était tous d'accord. Et inévitablement, au moment de réfléchir à la composition, on a remis sur le tapis la question d'un second guitariste.
Manu/Trepan'Dead : Cette idée du second guitariste, c'est une question qui revenait vraiment régulièrement, depuis 4-5 ans. On avait même essayé avec quelqu'un, mais ça n'avait pas accroché. Donc ce n'était pas une idée nouvelle.
Chris/Trepan'Dead : Sachant qu'en parallèle, Goryptic, ils sont un peu en galère pour répéter, à cause de problèmes d'éloignement géographique, et Ugo ça lui manquait vraiment de jouer... Or nous on venait justement de se poser à nouveau la question d'un second guitariste...
Manu/Trepan'Dead : Et puis de toute façon, si on intégrait quelqu'un, il fallait vraiment qu'on le connaisse bien. Pour pas perdre de temps, et puis parce qu'on fonctionne comme ça depuis longtemps. Pour intégrer Trepan Dead, faut que ça soit un proche du groupe, un ami. C'est avant tout l'envie de se faire plaisir sur scène et entre potes, et qui partagent la même passion.
Ju : Et là après vous envisagez de prendre encore quelqu'un d'autre dans le groupe ? Un clavier, un violon ?
Chris/Trepan'Dead : En fait on hésite à prendre un trombone, quelques percussionnistes, et des danseuses.
Manu/Trepan'Dead : Nues, les danseuses ! (rires) Non, on va déjà voir comme ça ce que ça donne...


Chapitre 'Echangisme et Partage de rondelle'
Split Mesrine - TrepanDead - RogerMooreJu : Dans le Grind, le partage de rondelle est une pratique discographique déviante très répandue... Donc on reprend les questions inversées...
Aux Nolentia : A votre connaissance, est-ce que Trepan' Dead a sorti entre ses deux albums des splits, voire des compils, des EP ? Si oui lesquels ?

Raf/Nolentia : Alors, je sais qu'il y a eu un split avec Roger Moore et Mesrine, et perso j'ai beaucoup accroché à ce split. Parce qu'on est très sensibles au relief, et moi j'ai trouvé que sur la partie Trepan Dead de ce split, il y avait un peu ce relief-là. J'aime bien que ça rebondisse, qu'il se passe des choses, et c'est ce qu'on avait apprécié dans le split.
Ju : Et à ta connaissance, ils en ont fait d'autres des splits ?
Raf/Nolentia : Hum, très probablement, mais franchement je ne connais pas les autres.
Ju : Alors, Chris, verdict : il y en a eu d'autres, des splits ?
Chris/Trepan'Dead : Non, non, le split avec Mesrine est pour l'instant le seul qu'on ait enregistré
Ju : Pas mal Raf ! Alors, les Trepan, même Punition : Un certain laps de temps s'est écoulé entre la formation des Nolentia et la sortie de leur album. Est-ce que dans cet intervalle, les Nolentia ont sortis des EP, split, compils, etc ? Si oui, lesquels ?
Manu/Trepan'Dead : Ben ils ont sortis leur EP, 'Sell Your Soul To Grind'n Roll'.
Chris/Trepan'Dead : Et avec une pochette excellente d'ailleurs, je trouvais qu'elle résumait parfaitement l'émotion de ce que j'ai ressentie et j'ai bien kiffé cette opposition entre la dureté et la sensibilité. Et sur scène, j'ai ressenti l'émotion que j'avais ressentie via la pochette, il y avait la même agressivité tout en ayant une forme d'émotion noire. Mais je ne crois pas qu'ils aient sorti autre chose à part l'EP...
Raf/Nolentia : Yep, c'est exactement ça.

Ju : Et à vous tous : que pensez-vous des splits (EP ou CD) ? Est-ce quelque chose qui vous attire, vous plaît, vous repousse ?
Chris/Trepan'Dead : Pour moi, le Grind c'est quelque chose qui est un peu dans l'urgence, qui doit couiner, qui doit grincer un peu, autant dans le son que dans la démarche. Et c'est vrai que participer à des splits, je trouve que c'est totalement en phase avec la notion d'urgence.
Manu/Trepan'Dead : Et puis ça permet d'essayer d'autres supports aussi, de tester des pochettes, d'affiner certains réglages. Sans compter que c'est toujours bénéfique pour le groupe en termes de promo, ça permet une bonne diffusion.
Ju : Et vous, les Nolentia, ça vous inspire quoi, les splits ?
Raf/Nolentia : Pour moi c'est clair que le split c'est très lié à l'esprit 'Grind Core', c'est-à-dire cet esprit où on se rassemble, où on partage plein de choses, pour moi le Grind c'est un peu la fête du split... (rires)
Ju : Donc vous, si vous aviez l'opportunité, ça vous tenterait de participer à un split ?
Raf/Nolentia : Oui, oui, complètement ! On commence un peu à y réfléchir... Que se soit avec des groupes de Grind, ou avec n'importe quel style, tant que c'est avec un groupe avec lequel on a une sensibilité, avec lequel humainement ça se passe bien, c'est tout un ensemble. Y'a l'aspect discographique, musical, mais aussi l'aspect humain.


Chapitre 'Promotion, propagation et son'
Le Grind est une musique Underground, extrême, et l'une des problématiques est souvent de faire parler de soi, de planifier ou de prendre part à des concerts. Comment faites-vous chacun, dans vos régions respectives, pour partager et à propager votre passion ? Existe-t-il des structures ou des assos, pour organiser des concerts, ou bien est-ce de l'autonomie et de la démerde totale ?
Raf/Nolentia : Alors du côté de la région toulousaine, ce qui est bien c'est qu'il y a énormément d'organisation de concerts. Et à Toulouse, il y a une espèce de solidarité entre les organisations, ce qui fait qu'il existe beaucoup de passerelles entre les styles, entre les groupes. Et on peut se retrouver à jouer avec des groupes de HxC, de Metal, de Punk. Nous, on fait partie d'un collectif, par exemple, qui s'appelle les « To Loose Punkers », où il y a donc beaucoup de Punk, mais se sont des gars qui sont ouverts, qui sont sensibles à ce qu'on fait, nous on est sensibles à ce qu'ils font, et du coup on se sent comme un poisson dans l'eau dans ce collectif, alors qu'on est le seul groupe de Grind Core. Et sur Toulouse, ça se passe beaucoup comme ça : il y a beaucoup de passerelle qui se créent, et c'est une scène qui est assez ouverte, il y a beaucoup de groupes, beaucoup d'émulation, et donc ça se passe assez bien, et c'est relativement aisé de trouver des plans pour jouer.
Vince/Nolentia : En fait, même si on n'a pas encore trop à se plaindre aujourd'hui, à Toulouse c'est surtout un problème de salle qui existe, mais les organisations et les bonnes volontés, ce n'est pas ça qui manque.
Ju : Et vous les Trepan, du côté de Valenciennes, comment ça se passe pour le live ?
Chris/Trepan'Dead : Nous, il n'y a pas beaucoup d'associations, il n'y a pas beaucoup de lieux non plus. A Valenciennes, il n'y a rien, à part ''L'Igel Rock'', une péniche qui peut accueillir 400 personnes, aménagée et sonorisée pour faire du live. Mais c'est un lieu tout nouveau sur Valenciennes. Après sur Lille, il y a 2-3 lieux, mais ce ne sont pas vraiment des salles, plutôt des arrière-salles de bars.
Manu/Trepan'Dead : Tout à l'heure, Raf parlait de lien, mais nous on n'a pas trop ça entre les scènes. Chez nous, il n'y a pas toutes ces connexions. Il y a quand même quelques assos qui organisent quelques dates, mais pas plus que ça. Il n'y a pas grand-chose chez nous.
Ju : Donc, comme beaucoup de groupes, c'est toujours un peu la misère pour trouver des dates, c'est toujours un peu de la démerde... ?
Chris/Trepan'Dead : En même temps, nous, on s'en fout de ne pas trouver de dates dans le Nord-Pas de Calais... Pour nous la musique n'a pas de frontières géographiques.
Manu/Trepan'Dead : Et en général à chaque fois qu'on organise une date, c'est toujours pour essayer de débloquer une situation, pour essayer de dynamiser la région... A 95% dans la scène Grind Core, c'est de l'autonomie et de la passion, à demander à droite à gauche, à essayer de trouver des contacts. Mais c'est toujours très long, organiser une mini-tournée comme la nôtre, c'est 6 mois de boulot...
Chris/Trepan'Dead : Et puis on veut essayer de vivre la tournée ou les dates avec un autre groupe. Pour que l'aventure humaine soit aussi importante que l'aventure musicale. Dans cette scène-là, je pense que s'il n'y a pas cet engagement underground, alternatif, où y'a une cohésion et une cohérence dans l'attitude et dans la démarche, on ne peut rien faire.

Ju : Un p'tit mot tout de même sur l'asso que vous avez montée, « Sound Carnage », pour l'organisation de concerts ?
Chris/Trepan'Dead : Oui, effectivement nous, on a un collectif qui s'appelle « Sound Carnage », avec lequel on organise le "Blasted Festival", dont la 2ème édition se fait à St Omer le 10 avril, en partenariat avec les gars de L.A.R.D.O.N., avec Squash Bowels, Hybrid Viscery, Trepan Dead, Unsu.
Mais en fait « Sound Carnage » n'est pas une asso, c'est simplement un collectif, nous n'avons aucun statut, c'est juste un ensemble de gens qui ont envie de faire des choses, et d'organiser quelques dates de concerts. « Sound Carnage » n'est qu'un collectif d'individus bien intentionnés et motivés qui veulent mettre en place un projet.


Chapitre 'Décibels et Sueur'

Trepan Dead en LiveLes concerts sont souvent un support primordial dans la scène Grind, cela permet de donner tout son sens à cette musique viscérale et énergique.
Faites-vous partie de ces groupes qui ne peuvent pas se passer de cette sueur et de cette débauche d'énergie, ou bien préférez-vous globalement vous concentrer sur la composition et les enregistrements ? Que représentent les concerts pour vous ?

Chris/Trepan'Dead : Je vais citer Bud (NdJu : le chanteur d'Infest) : « Un rêve d'enfant »... A chaque concert, pour lui c'est un rêve d'enfant... Même si on est des adultes complètement ancrés dans notre réalité musicale, sociale et privée, on est pas utopistes, on sait très bien où on veut aller ; Et, pour moi en tout cas, le Live, à chaque fois, c'est LA raison pour laquelle on est enfermés des heures et des heures en répèt... Sans non plus privilégier le live ou le studio, je dirais que c'est complémentaire.
Manu/Trepan'Dead : Mais notre finalité, c'est quand même de jouer en concerts. Même si avec le temps on se rend compte que le live et le studio sont effectivement de plus en plus complémentaires. Et puis, on est en 2010, aujourd'hui il faut à un moment donné travailler ton support audio. Donc c'est du travail, mais on prend tout de même du plaisir à le faire. Mais je m'aperçois avec le temps que, pour les Trepan, le support et le travail en studio est aussi important que le Live.
Ju : Donc vous, en tant que musiciens, votre plaisir c'est tout de même avant tout la scène ?
Chris/Trepan'Dead : Ah oui, ça c'est sûr. Le live, c'est la montée d'adrénaline, c'est bouger, propager le son, c'est l'énergie tout simplement. Quand tu vas travailler un support, un album, tu vas être dans une démarche purement artistique, et puis quand tu es sur le bois, tu es dans la démarche énergique. Donc il s'agit de deux phases différentes, et les deux sont hyper importantes. Mais la finalité, pour tout le monde, c'est avant tout de toucher du bois.

Ju : Et vous les Nolentia, c'est la même chose ?
Raf/Nolentia : Oui, c'est complémentaire, mais pour moi les deux sont même indissociables, dans le sens où le support est important pour toucher des gens qu'on ne peut pas forcément toucher en Live. Parce qu'on ne peut pas tourner partout, et je trouve ça important que les gens puissent t'écouter où qu'ils soient dans le monde. Après, le live, bien sûr c'est l'énergie, c'est l'adrénaline, c'est le contact direct, et c'est énormément de plaisir. Mais, le skeud c'est quand même aussi un rêve de gosse : avoir son album à la maison, et savoir que d'autres personnes peuvent prendre du plaisir à écouter ce que tu fais, c'est aussi une récompense immense, dont tu n'auras pas le retour direct, contrairement aux concerts.
Chris/Trepan'Dead : Sachant de toute façon qu'à un moment donné, si tu veux accrocher des dates, il te faut un support. Ce que tu vas défendre sur le bois, c'est que ce tu as posé sur support. Donc Raf a entièrement raison, c'est indissociable, c'est tellement lié que l'un n'existe pas sans l'autre.
Raf/Nolentia : Après, à mon sens quand tu enregistres, tu y mets une énergie, que tu peux retrouver en live. Pour moi ce n'est pas usurpé d'écouter un disque, il n'y a pas forcément moins d'énergie qu'en live. C'est moins immédiat, mais quand tu enregistres, tu y mets beaucoup de toi, et tu essayes d'être aussi convaincu que quand tu es sur les planches. Et c'est pour ça que, pour moi, l'idéal c'est que ton enregistrement studio soit le plus fidèle possible à ce que tu es en vrai, en live. L'idée c'est qu'il n'y ait pas trop d'écart entre les deux, et qu'il y ait une certaine fidélité entre le studio et le live, surtout dans le style qu'on fait, où il y a beaucoup d'énergie ; mais les deux sont vraiment indissociables.


Chapitre 'Label or not, that is the question'
Ju : Dans le Grind, entre autres, il est toujours délicat de trouver un label, d'où le choix de certains groupes pour l'autoproduction. Si cela permet une totale indépendance artistique, ça occasionne également une charge de travail et de gestion conséquente...
Les Trepan : vous avez testé l'autoproduction sur votre premier album. Quel est votre sentiment par rapport à ça, quels avantages et inconvénients y voyez-vous ? Etait-ce un choix, ou bien était-ce 'imposé' ?

Chris/Trepan'Dead : Pour moi l'autoproduction, c'est : soit parce que personne ne veut te filer un coup de main, soit parce que la démarche de tout gérer est quelque chose d'important pour toi. Mais en général, c'est les deux...
Ju : Et donc vous, au moment de sortir TD c'était vraiment ça, à la fois un choix et une absence de choix ?
Chris/Trepan'Dead : En fait nous, on a toujours tout fait tout seuls... Comme on dit chez nous : « t'armus tes coules et tu saques en'dins », ce qui signifie « Tu te remues les couilles et tu te débrouilles ». Et pour nous, ça coule de source de tout faire, et puis c'est tellement bon de tout gérer, tu ne dois rien à personne.
Manu/Trepan'Dead : Quand on a sorti l'album, on a quand même démarché un peu quelques labels... Mais les quelques propositions qu'on a eues à l'époque n'étaient pas très intéressantes... D'un autre côté, nous, on voit plus l'apport du label en ce qui concerne la distribution surtout. Donc pour nous le choix était vite fait.
Ju : Et pour votre futur nouvel album, vous avez déjà réfléchi à la démarche ? Vous comptez rester en autoproduction, ou essayer de voir avec des labels tout de même ?
Manu/Trepan'Dead : Pour le futur album, je pense qu'on va démarcher, mais simplement dans un but de distribution. En tout cas, nous, on souhaite l'autoproduction au moins jusqu'à la distribution. On a fait ça sur le premier album, et c'est aussi hyper formateur. Après la sortie de l'album, la récompense, c'est qu'on a eu de superbes retombées, surtout au niveau des concerts. On a trouvé toutes nos dates par nous-mêmes, on distribuait nous-mêmes l'album les soirs de concerts, on a organisé notre tournée, et tout ça c'est une satisfaction par rapport à tout le travail qu'on avait fait avant. Et donc pour le futur album, il y a de fortes chances pour qu'on parte sur le même fonctionnement, on verra bien.
Chris/Trepan'Dead : On a tout ce qu'il faut pour tout faire tout seuls. On a tout de même sorti une démo avec quelques nouveaux titres, non pas pour démarcher mais histoire de dire qu'on est toujours en activité. Donc on n'est jamais fermé aux labels, mais ça ne correspond pas vraiment à notre mode de fonctionnement, excepté comme l'a dit Manu, pour la distribution. Mais par rapport à un hypothétique partenariat avec un label, il faut aussi qu'on soit sûrs de pouvoir rester en phase avec notre ligne de conduite, notre volonté : on fait du son Underground, et on ne peut pas faire autre chose, car c'est notre passion qui guide nos actes.

Ju : Et vous les Nolentia, quel est votre point de vue ? 'One Loud Noise and It's Gone' votre premier opus est également autoproduit. Quel est votre sentiment par rapport à ça ? Comment vous percevez l'autoproduction ?
Raf/Nolentia : Nous, en fait, pour sortir l'album on a fondé notre propre label, 'No Masters Voice'. On n'a pas démarché de label parce qu'on s'est dit qu'on allait peut-être y perdre du temps, et on voulait surtout sortir l'album au plus vite. Et pour nous c'était important aussi d'avoir le contrôle sur ce qu'on fait. Moi, je sais que je suis chiant par rapport à ça, et que si j'avais un label derrière je le ferais chier en permanence pour savoir si les choses avancent, si les choses sont bien faites ; et le fait d'avoir le contrôle de tout me paraît important.
Après, comme disait Manu, le paramètre de la distribution est important, et c'est sûr qu'on va très prochainement chercher un distributeur pour nous aider à propager notre album. Mais être autoproduits, ce n'est pas quelque chose qui nous dérange, et même au contraire qui nous convient.
Vince/Nolentia : Et puis notre album, c'est un peu une partie de notre personnalité, on n'a pas forcément envie de le confier à quelqu'un ; sans compter qu'on n'est pas pris dans une machine de label, on est vraiment dans une logique underground, et l'autoprod' nous convient.
Ju : Petit retour justement sur 'No Master's Voice', le label que vous avez monté pour 'sortir' votre opus. Vous pouvez nous en dire plus ? Et surtout, quels sont les buts et ambitions à termes de ce label ? Sortir d'autres albums ? Et, vu que c'est le crédo affiché par le label sur son site : n'est-ce pas trop restrictif de ne vouloir sortir que des trucs cools ?
Raf/Nolentia : Haha, eh bien en fait si, on ne veut sortir que des trucs que nous, nous trouvons cool, c'est tout... Mais sinon, oui tout à fait, on a bien l'intention de sortir d'autres albums via le label. Mais nous, notre souhait, c'est avant tout de bosser avec des gens dont on aime la musique, et qu'on apprécie humainement. Ca pourrait être les Trepan par exemple, ça pourrait être des gars comme les Crankset, qui font un Hardcore hyper sombre, ou comme les Temesta, qui font un Grind Core hyper taigneux. Voilà c'est des rencontres, ou des gens avec qui on a joué, et donc simplement dont on apprécie la musique et avec qui on s'entend vraiment bien.

Nolentia en LiveJu : Les Nolentia : Petite question perso, axée sur votre style musical ; Vous pratiquez un style bien particulier, que vous auto-nommez « Grind 'N Roll ». Pourquoi donc cette étiquette ? Parce que vous cherchiez le terme marketing idéal pour vous démarquer ? Vous pouvez (essayer) de nous décrire les composantes principales de ce style de Grind particulier ?
Raf/Nolentia : En fait la base de ce qu'on fait, c'est du Grind Core, mais il y a plein d'autres choses à côté, et le Rock 'N Roll était une appellation pratique pour dire qu'on aimait aussi beaucoup d'autres choses. On aime le Hardcore, on aime le Punk, on aime le Doom, et pour nous tout ça c'est du Rock 'N Roll, et l'étiquette « Grind 'N Roll » c'était justement une manière de résumer tout ça de manière un peu facile, pratique. Et puis bon il faut bien une étiquette, pour que les gens puissent identifier ce qu'on joue quand même.
Ju : Je suppose que lorsque l'on joue du « Grind 'N Roll », le son est une composante importante, non ? Comment avez-vous fait pour aboutir à ce grain, ce cachet particulier dans le son de votre album ?
Raf/Nolentia : Notre son reste Metal, mais on a choisi aussi d'accorder les guitares vachement bas, la guitare et la basse, parce qu'on aime ce son gras, lourd, et ça nous permet aussi d'instaurer une certaine ambiance, même si ça ne nous empêche pas de jouer dans les aigus.


Chapitre 'Ju est un enfoiré'
Question subjective, volontairement exagérée, mais essayez d'être objectifs : est-ce que vous appréciez votre compagnon d'interview, d'un point de vue musical ? Si vous deviez les juger ou les évaluer, musicalement : quelle remarque voudriez-vous leur adresser ?
Chris/Trepan'Dead : Haha... Hum, les juger musicalement je ne pourrais pas trop, car je n'ai pas encore écouté leur skeud. Sinon, eh bien quant à savoir si je les apprécie : on les a fait jouer. Donc ça résume bien non ?
Ju : Bien non, justement, ça ne veut rien dire ; et puis vous les avez fait jouer juste pour les thunes, non ?
Chris/Trepan'Dead : (rires) Ils ne nous ont rien rapporté, donc là c'est bien une preuve ! (rires) Non mais à partir du moment où on les fait jouer, si on les a fait venir dans le Nord, si je les ai hébergés chez moi, ça veut dire que la réponse est là. Je ne les connaissais pas personnellement ; mais j'ai écouté leur EP, j'ai aimé, et j'ai eu envie de voir ce que ça pouvait donner en Live. Après, c'est sûr qu'on a sympathisé humainement, mais s'il n'y avait pas eu ce déclencheur musical, on ne se serait peut-être jamais connus. Mais j'attends d'écouter leur album, pour éventuellement pouvoir émettre des remarques. Et encore, c'est tellement particulier d'émettre une critique, c'est très subjectif !
Ju : Et pour vous les Nolentia, vous en pensez quoi des Trepan Dead ?
Raf/Nolentia : Ben déjà une grosse frustration, car je ne les ai jamais vus en live, et pourtant on sait combien le Grind Core est une musique qui se vit sur scène. Mais musicalement c'est clair que j'apprécie, je t'en ai parlé tout à l'heure, sur le split Mesrine/Roger Moore, c'est le groupe qui m'a le plus marqué, qui m'a le plus touché, entre l'énergie et la passion. Mais je veux vraiment les voir sur scène, et j'attends vraiment avec impatience leur deuxième album. Et je dis pas ça parce qu'ils sont là, merde ! (rires)


Chapitre 'Passion et défoulement'
Ju : Le Grind est une musique sans concession, violente et rageuse. Vous partagez la même passion, la même rage, en l'exprimant, musicalement, chacun à votre façon. Mais au fond, qu'est-ce qui vous attire, principalement, dans le Grind ? Est-ce que le fait de jouer ce type de zik est pour vous une forme d'exutoire, de défoulement, ou bien cela ne reste-t-il qu'une passion comme une autre ?
Chris/Trepan'Dead : La musique en général, et particulièrement le Grind Core est quand même une passion qui demande à être nourrie de façon 'excessive'. Alors... exutoire, non. Je ne fais pas de la musique juste parce que je ne vais pas bien dans ma vie, d'ailleurs je vais très bien dans ma vie ; donc pour moi c'est plutôt un catalyseur de plein de facteurs qui se rapprochent de l'énergie, de la volonté de faire un truc avec d'autres gens. Il y a une communion, il y a une cohérence humaine et affective avec les types avec qui tu fais du son, il y a la même communion ou cohérence avec le public qui est devant nous. Et tout ça, ça fait que le Grind Core est quelque chose d'important et d'inscrit en moi, dans mon existence, depuis des années. Ce n'est pas un exutoire, parce que je n'aime pas trop ce terme, mais c'est une passion.
Ju : Idem pour vous les Toulousains ? Plutôt un exutoire, juste une passion ?
Vince/Nolentia : Un exutoire pour moi ! C'est un défoulement quand même, c'est une forme d'expression, c'est aussi une communion. Un peu comme Chris, je vais bien dans ma vie, mais ça fait longtemps que la musique fait partie de ma vie, et le Grind Core notamment.
Raf/Nolentia : Moi je dirais que c'est clairement un exutoire, sans problème, parce que ça me permet d'exprimer des choses que je ne peux pas exprimer autrement. Parce que j'ai besoin de ressentir cette violence quand on joue, j'ai besoin de me faire mal quand je joue, je me fais du bien en me faisant du mal, et pour moi c'est quelque chose d'indispensable. Jouer du Grind Core avec ces gars-là c'est pour moi le sommet, quelque chose qui me répare, qui me fait du bien, les concerts restent une fête, et en se lâchant comme ça tous ensemble, avec le public et entre nous, ça permet de ressortir avec le sourire.


Chapitre 'Nouvelles technologies, nouveaux mœurs'
Ju : Vous n'êtes pas encore vieux, mais vous avez déjà une certaine expérience de la scène et de l'UG. Les mœurs ont bien évolués depuis 10 ans, le 'tape trading' a depuis peu laissé la place au P2P et aux sites communautaires. Internet est devenu un outil incontournable, tant d'un point de vue promotionnel que relationnel. Quel regard portez-vous sur ces nouveaux 'médias' ? Est-ce que les MySpace et autres YouTube sont avant tout pour vous un vecteur de communication important, ou plutôt une perte de temps futile mais obligée ?
Vince/Nolentia : Moi, je trouve que c'est un avantage, par contre c'est très difficile de faire le tri, car Internet est une masse d'information ingérable. Mais, même si c'est très underground, l'avantage c'est que quand tu as la rage, tu peux le poser, tu peux le caler et le diffuser à d'autres personnes. Donc Internet ça permet quand même cette diffusion au grand nombre.
Nolentia en LiveJu : Et vous les Ch'tis, vous en pensez quoi du Net ? Votre MySpace, vous l'avez créé par choix, pour l'aspect pratique ou bien par contrainte ?
Chris/Trepan'Dead : D'abord, effectivement tout le monde en a un, il faut bien utiliser les outils possibles pour la promotion de ton groupe, et pour moi c'est un véritable outil. Internet en général, et le MySpace notamment. C'est plus facile à gérer qu'un site, toutes les informations sont concentrées en une seule page, mais pour moi c'est vraiment un outil de travail ; la tournée, je l'ai bouclée aux trois-quarts avec le MySpace, tous les contacts qu'on peut avoir c'est via Internet. Et puis effectivement c'est pratique, tu rentres de la répèt, tu postes ton son, et ça peut être écouté par tout le monde le soir même. C'est un véritable outil de travail.
Raf/Nolentia : Je suis parfaitement d'accord avec Chris, c'est très difficile aujourd'hui de se passer d'un outil comme MySpace ; je sais qu'il y a des groupes qui arrivent à s'en passer, qui utilisent des réseaux alternatifs, et je les respecte énormément car ça demande plus de travail. Donc effectivement, MySpace c'est un outil presqu'indispensable, même si bien sûr on ne peut pas passer à côté du fait que c'est géré par des gens qui font beaucoup de fric avec, et moi c'est quelque chose qui me pose problème. Mais c'est une contradiction qu'on n'a pas encore réussi à résoudre, puisqu'on a notre MySpace... Parce qu'il y a quand même un paradoxe entre le Grind Core, qui est quand même quelque chose d'assez underground, et les outils comme MySpace qui sont gérés par des gens dont le but est de faire du pognon, et qui ne vivent pas dans le même monde que nous finalement.
Chris/Trepan'Dead : C'est vrai ce que tu dis, mais tu peux aussi te faire la même réflexion sur la marque de l'ampli avec lequel tu joues, et après tu peux passer ton temps à repousser au maximum cette idée un peu machiavélique du bien et du mal entre ceux qui se font de l'argent et ceux qui ne s'en font pas. Mais je pense qu'il faut surtout être ancré dans une réalité : le monde fonctionne ainsi. Et ce n'est pas en boycottant MySpace sous couvert d'attitude ultra-engagée qu'on va changer quelque chose. A ce titre-là tu t'achètes pas non plus d'ordinateur, et puis tu refuses de jouer sur des amplis Marshall parce c'est aussi une grosse firme, et au final c'est un peu le serpent qui se mord la queue. Moi je pense qu'il faut effectivement être conscient de ces problématiques-là, que certains se font du pognon sur des groupes et une scène qui n'en fait pas, mais quelque part tu utilises les armes qu'ils te donnent pour arriver à tes fins, et gangréner quelque part la pensée commune dans laquelle le Grind Core et la musique alternative n'ont pas leur place. Moi, je pense que la bonne attitude c'est ça : c'est d'être toujours en phase avec cette prise de conscience, mais tout en utilisant ces outils pour propager tes idées.

Ju : Et au niveau de la dématérialisation de la musique, qu'est-ce que ça représente pour vous ? Pas seulement le téléchargement, mais l'évolution des mœurs qui généralise de plus en plus la dématérialisation du son, le changement de support...
Chris/Trepan'Dead : Honnêtement ? A notre niveau, pour Trepan Dead, ce qui compte, c'est de diffuser la musique le plus largement possible, parce que ça nous permettra peut-être dans la foulée d'aller jouer le plus largement possible. Alors que ça passe par un support standard style CD , vinyle, ou que ça passe par la diffusion MP3 ou via MySpace, peu importe. Il ne faut pas oublier que c'est une scène de passionnés, qu'on soit acteur (musicien ou autre) ou consommateur, on participe à faire vivre cette scène. Les consommateurs de cette scène sont des acteurs, car ils sont engagés dans ce qu'ils aiment, et quand ils vont t'acheter un skeud, un pull, un T-shirt, l'argent que tu donnes au groupe c'est de l'argent qui va leur servir pour leur prochain skeud. On s'en fout du support, car ce qui compte c'est qu'à un moment donné tu vas te retrouver face au groupe, et tu vas leur acheter un truc. Et en consommant de cette façon, tu t'engages, tu es un peu en train de militer. Dans notre milieu alternatif underground, on se tape du support.
Raf/Nolentia : Plus tu es dans le circuit underground, et plus tu comprends comment ça fonctionne, plus tu sais à qui tu donnes ton argent, et plus tu sais à qui ça sert. Moi, ça ne me dérange pas de télécharger un groupe comme U2, par contre, même si je peux télécharger du Trepan Dead pour écouter et découvrir, après je sais que j'achèterai le skeud.
Chris/Trepan'Dead : Nous, on met nous-mêmes le skeud en téléchargement, tu vois. Et je vais même plus loin, je pense qu'à notre niveau, le téléchargement, même si on ne fait pas de pognon dessus, c'est quand même bénéfique. Et puis faut être clair, on n'est pas de toute façon dans une démarche mercantile.
Raf/Nolentia : Et les gens qui aiment et qui soutiennent l'underground ils ont conscience de ça, du fait que c'est un peu du producteur au consommateur directement.


Chapitre 'Son et inspiration'
Niveau inspiration musicale, ou tout au moins groupes fétiches, vous tapez plutôt dans quoi ? Brutal Death ultra technique, Gore Grind baveux, ou Bossa Nova ? Quel est votre style de prédilection ?
Chris/Trepan'Dead : Pour moi, depuis quelques temps c'est simple, je n'écoute plus de Brutal Death ni de Death, je ne peux plus, y'a trop de notes... (rires) Sans blague, je n'écoute plus de Death. Donc que du Grind, du Grind Core, que ça soit à la P.L.F., à la suédoise, ou alors les Grind des pays de l'Est, que des trucs de ce style.
Raf/Nolentia : Nous, c'est un peu pareil, dans ce qu'on écoute, on se re-concentre sur l'efficacité, c'est-à-dire que la technique on s'en branle complètement, tant que c'est efficace et que ça envoie, quel que soit le tempo, pour nous l'essentiel est là. On a beaucoup d'influences, on aime le Grind, on aime Nasum, Napalm Death, mais on aime aussi Entombed, on aime la lourdeur de ces groupes-là, on aime l'énergie de Raised Fist ou le côté presque festif de Sick Of It All.
Chris/Trepan'Dead : De toute façon, nous, c'est pareil, on n'est pas des musiciens, on est des massacreurs de décibels. On ne veut pas faire de la musique, on veut juste que ça bourrine.


Chapitre 'Commerce, mercantilisme et pouvoir d'achat'
Avec la crise, le capitalisme, la grippe A et l'augmentation du nombre d'assistés en France, les temps sont durs... il y a de moins en moins de monde qui achète des CD, et seule la logique consumériste, commerciale et lucrative fait foi. Puisqu'il faut se battre pour exister, comment feriez-vous pour me convaincre d'acheter votre album ? Quels seraient vos arguments de commerciaux avisés ?

Trepan Dead en Live
Chris/Trepan'Dead : Avec ta copine, ça va ? Au plumard, ça va bien ? Est-ce qu'il y a une bonne entente, est-ce que c'est énergique, est-ce que ça mule du sommier ? (rires...) Parce que si non, si ça ne se passe pas bien, je te conseille vivement de mettre soit du Nolentia, soit du Trepan Dead, ou du Infest aussi ; tu les mets juste avant l'acte, une fois ou deux dans les oreilles pour bien te stimuler, et ça devrait aller mieux (rires).
Vince/Nolentia : Attends, ton discours là il est quand même super conditionné, on a envie de s'arracher les oreilles là !
Ju : Mais c'est volontaire, justement, de vous faire entrer dans un extrême pour jouer un rôle en total opposition avec votre univers. Mais là, il faut me convaincre d'acheter votre album, sinon je vais plutôt aller m'acheter U2 si ça continue, merde !
Manu/Trepan'Dead : (rires) Ben, prends-le, ton U2 ! On ne te convaincra jamais d'acheter notre album, ce n'est pas notre but !
Vince/Nolentia : On cherche tous à être surpris par quelque chose, ou découvrir quelque chose de nouveau. Donc si vous voulez vous laisser tenter par un autre chemin, il faut acheter un CD des Trepan ou des Nolentia.
Chris/Trepan'Dead : Non, en fait, il ne faut surtout pas acheter notre dernier split, il faut attendre, gardez vos sous pour notre prochain album...(rires)
Raf/Nolentia : Ben moi, je dirais simplement : écoute avant d'acheter, pour pas te faire avoir, télécharge-le d'abord, va l'écouter sur MySpace, et si ça te plaît, tu l'achètes, et voilà...


Chapitre 'Avenir, projets, Futur'
Premier album pour les Nolentia, second album en préparation pour Trepan'Dead, concerts bookés pour vous deux, on ne peut pas dire que vous chômez. Quels sont vos projets à moyen et long terme ? Comment voyez-vous votre avenir ?
Chris/Trepan'Dead : Personnellement ? Ben, je suis en train de monter une boîte d'éco-isolation avec le bassiste... (rires)
Ju : Et d'un point de vue musical, sinon ?
Chris/Trepan'Dead : Oui, donc ben en plus de notre second album, en cours d'écriture, on prévoit aussi un split donc avec les Infest et Utopium, mais la priorité c'est surtout l'album. Après on fera surement quelques dates, on verra...
Ju : Et les Nolentia, du coup avec votre premier album qui vient de sortir, vous prévoyez une tournée ?
Raf/Nolentia : Ouaip, bon sans parler de tournée, on est en train de planifier quelques dates à droite à gauche. Et puis on a déjà commencé à composer pour le second album, on est bien à bloc, on a plein d'idées, donc on va bosser sur ça tranquillement...



Merci à vous 5 de m'avoir consacré un peu (beaucoup...) de votre temps, je vous laisse la parole, ces dernières lignes sont pour vous ; Bonne route à tous et à tout à l'heure dans la fosse...
Raf/Nolentia : Eh bien merci surtout à toi Ju pour l'intérêt, pour ta patience, et pour tout !
Chris/Trepan'Dead : Merci à toi Ju ! Et n'oubliez pas, 'Grind Core is not a Crime, Grind Core is Life'


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