Un Top n'engage que son auteur. Nos goûts étant conditionnés par nos connaissances, un Top est toujours susceptible d'évoluer. (traduction: je ne parle que de ce que je connais). L'objectif de ce Blog est de susciter le débat, d'encourager les échanges. Soyez curieux et n'hésitez pas à proposer le votre.

Dans le metal, l'iconographie a toujours été primordiale. Du premier vinyle de Black Sabbath à nos jours, nombre d'artistes se sont distingués, contribuant à façonner notre imaginaire. La liste est longue, très longue.

Précédemment abordés dans le Blog:
Travis Smith et Michael Whelan (Etats-Unis), Kristian 'Necrolord' Wåhlin (Suède), Kris Verwimp (Belgique)
Dan Seagrave et Dave McKean (Angleterre), Andreas Marschall (Allemagne), Jean-Pascal Fournier (France).

Jusqu'ici, il a été question de contemporains. Cette fois intéressons-nous à un artiste passé à la postérité:
le Norvégien THEODOR KITTELSEN (27/04/1857 - 21/01/1914).

Autoportrait, 1891
Issu d'une famille nombreuse (8 enfants), Theodor Severin Kittelsen naît en 1857 à Kragerø, une ville portuaire du sud du pays. Âgé de 11 ans à la mort de son père, il est envoyé en apprentissage d'horlogerie. 6 ans plus tard, le marchand d'art Diderich Maria Aall découvre son potentiel et choisit de financer son éducation artistique. Theodor Kittelsen intègre dans un premier temps la Wilhelm von Hanno's drawing school de Christiania (patronyme d'Oslo à l'époque). En 1876, il rejoint l'Académie Royale de Munich, croisant la route de plusieurs compatriotes, parmi lesquels Erik Werenskiold, Skredsvig, Eilif Peterssen, Gerhard Munthe et Harriet Backer. En 1879, le mécénat de Diderich Maria Aall prend fin. Theodor Kittelsen gagne alors sa vie en tant que dessinateur pour la presse allemande. En 1882 le Norvégien gagne Paris pour un nouveau cycle d'études. 5 ans plus tard, Theodor Kittelsen rentre au pays et s'installe chez sa soeur à Lofoten, un archipel situé à proximité du cercle polaire.


Kvitebjorn - Kong Valemon, 1912 / Skogtroll, 1906
Au contact de la nature sauvage, Theodor Kittelsen libère son inspiration, accumulant textes, dessins et peintures. Il accède à la célébrité grâce à ses illustrations pour les Contes de Norvège (Norske folkeeventyr) de Peter Christen Asbjørnsen et Jørgen Moe. Theodor Kittelsen retourne à la civilisation en 1899 en s'installant près de Prestfoss dans le sud du pays. En 1900 son artbook Svartedauen consacré à la Peste Noire ne passe pas inaperçu. En 1908 il est fait chevalier de l'Ordre Royal Norvégien de Saint-Olaf (Den Kongelige Norske St. Olavs Orden). Mais sa santé décline et il est contraint de vendre sa propriété de Lauvlia en 1910. L'artiste rend son dernier soupir en 1914 à l'âge de 57 ans. Considéré comme l'un des plus grands artistes norvégiens, Theodor Kittelsen reste cependant méconnu à l'échelle mondiale, son nom n'apparaissant que rarement dans les registres d'artistes/peintres célèbres. Un musée national porte son nom (voir Blaafarveværket). A l'occasion du 100ème anniversaire de sa mort, une exposition lui a été consacrée en 2014 et passe pour avoir été la plus importante de l'ère moderne. La maison de son enfance à Kragerø et la propriété de Lauvlia qu'il possédait de 1899 à 1910 sont également devenues des musées privés.


Action de grève, 1879
Entre néo-romantisme et art naïf, l'oeuvre de Kittelsen semblait prédestinée à servir de support à la fameuse génération black metal apparue un siècle plus tard. A noter que si ses illustrations de fantasy ont fait sa réputation (les trolls en particulier), Theodor Kittelsen a également fait preuve de plus de réalisme (voir son autoportrait ou le visuel ci-dessus). Passons maintenant au Top 5.

5/ EMPYRIUM - Where at Night the Wood Grouse Plays (1999)


1999, où l'année du changement pour Markus Stock (aka Ulf Theodor Schwadorf). Suite au départ du claviériste Andreas Bach, l'Allemand s'éloigne des rivages metal pour s'aventurer plus franchement en territoire dark folk. Un 3ème album aux allures de brouillon préparant l'incontournable Weiland. Artwork évidemment signé Kittelsen.

4/ SATYRICON & WONGRAVEN (1994-1995)


A l'instar de Varg Vikernes, Sigurd 'Satyr' Wongraven fait parti des premiers à s'être employé à faire connaître l'oeuvre de Theodor Kittelsen à la communauté metal. Après de discrètes références dans les livrets de Dark Medieval Times & The Shadowthrone, le Norvégien l'expose au premier plan avec le visuel de Fjelltronen, l'unique album de son projet solo Wongraven.

3/ OTYG - Älvefärd & Sagovindars Boning (1998-1999)


En parallèle de son projet solo, le Suédois Andreas 'Vintersorg' Hedlund fonde ce groupe à l'approche plus folk. Qu'il s'agisse de l'artwork (Älvefärd) ou du livret (Sagovindars Boning), l'esthétique d'Otyg est indissociable de l'oeuvre de Kittelsen. Une bonne occasion de jeter un oeil aux Remembers.

2/ WHEN - The Black Death (1992)


"Comment un visuel aussi vilain peut-il figurer dans ce Top, de surcroit aussi bien classé? En plus il n'est pas de Kittelsen." La raison? Son livret, qui comprend plusieurs illustrations tirées du fameux Svartedauen. Par exemple Fattigmannen [repris par Vikernes comme visuel de l'album Hvis lyset tar oss (1994)] ou Pesta i trappen [repris par Nagash comme visuel de la Demo From the Storm of Shadows (1994) de son groupe Covenant (plus tard renommé The Kovenant)]. Pour un aperçu du livret, direction discogs.

When kessecé? Un projet solo de Lars Pedersen, un musicien issu de la scène post-punk. Ce concept-album sur les ravages de la Peste Noire en 1349 se compose d'un unique titre de dark ambient de 38 minutes (pour les curieux, il s'écoute ICI). Longtemps introuvable, cet enregistrement a finalement été réédité en mars 2015. A noter, l'implication de Kristoffer Rigg (Ulver).

1/ BURZUM - Hvis lyset tar oss & Filosofem (1994-1996)


A l'échelle de l'underground, difficile de faire plus iconique que le visuel de Filosofem. Un grand classique entré dans la mémoire collective, associant à jamais, pour le meilleur et le pire, les oeuvres de Vikernes et Kittelsen.

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