Uriel interview Vladimir de UNHOLY MATRIMONY
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Unholy Matrimony est l’un des cinq projets solo d’un tout jeune homme très occupé du nom de Vladimir Cochet. Des frais pâturages sa Suisse natale, il a répondu pour Violent Solutions aux quelques interrogations soulevées par l’album " Love and Death ", remarquable opus de black metal entre fureur totale et mélodies sophistiquées.

 

UnholyMatrimony.jpg (5836 octets)Salutations Vladimir, je te souhaite une bonne interview ! Ouvrons sans plus attendre les hostilités avec une petite présentation de ta personne. Raconte nous un peu qui tu es, d’où tu viens, ce que tu fais dans la vie active, et puis quel parcours personnel t’a amené à t’intéresser au metal jusqu’à le pratiquer toi-même ?

Hello Uriel. Mon nom est donc Vladimir, je suis né en Suisse et ai vécu une vie d’apparence tout à fait normale qui m’a mené à fréquenter les bancs de l’Université sous l’insigne des lettres et plus particulièrement celui de la philosophie. Même si je suis loin de m’en plaindre ou de gémir pitoyablement là-dessus, les choses n’ont en réalité pas été aussi évidentes. J’ai été dès l’âge de cinq ans, et ce pendant environ cinq années, totalement rejeté voire brutalisé par mes petits camarades de classe. Pensant à l’époque que c’était normal, je n’ai alerté personne et ai donc grandi dans la plus pure solitude, ce qui m’a permis de voir les règles internes auxquelles ils étaient totalement scotomisés au vu de leur intégration sociale dans ce qui déjà à l’époque formait une masse aveugle. J’ai gardé ce recul qui me force chaque jour, à chaque contact que je peux avoir, à faire face au constat de l'égarement humain. J’avais besoin d’un bon moyen de déchargement, le metal s’est ainsi offert à moi après que j’aie longtemps cherché une musique qui soit la plus brutale mais toutefois subtile.

 

Si je ne me trompe tu es encore un tout jeune homme, et pourtant tu possèdes déjà un bagage assez volumineux au niveau des réalisations. Avant d’entrer dans le détail permet moi de mettre le doigt sur un point qui relève probablement de la coïncidence : si on regarde la scène Suisse de près on se rend compte qu’elle abrite bon nombre de groupes et artistes qui ont eu des débuts fort précoces. Par exemple Samael ou Sadness ont enregistré très tôt leurs premières œuvres, et Rain est un exemple encore plus frappant puisque le groupe en est à son troisième album alors que si je ne me trompe la moyenne d’âge des membres excède à peine les vingt ans. Vois-tu une explication rationnelle à ce phénomène ? Est-ce que cela tient à une éducation musicale poussée au niveau scolaire ? Se pourrait-il tout simplement que les Suisses soient un peu moins lents à la manœuvre que nous, Français, voulons bien le laisser entendre ?

Je pense également qu’il ne s’agisse là que d’une coïncidence. Il ne me semble en effet pas que notre éducation musicale soit à ce point poussée. Nous avons forcément des cours de chant lors de notre scolarité obligatoire, mais nous n’y apprenons même pas à y lire une partition. Je me demande cependant également comment il se fait que nous ayons autant de groupes totalement cultes à travers nos montagnes joliment enneigées et vallons doucement herborisés [Hellhammer, Celtic Frost, Coroner, Samael] alors que l’image que donne la Suisse est plutôt celle de la plus grande prudence et lenteur de raisonnement. Serions-nous des avant-gardistes vifs qui s’ignorent ?

 

Unholy Matrimony est au menu du jour, donc attardons-nous en priorité sur ce projet. Quelles ont été les circonstances de sa naissance et le but que tu souhaitais initialement atteindre ? Je crois qu’une histoire très personnelle est à l’origine de tout, n’est-ce pas ?

En effet. Lorsque Unholy Matrimony a pris vie en novembre 2000, il ne le fut pas uniquement de mes seules mains, du moins c’est ce que le concept semblait dire. Celle qui était à l’époque ma Moitié devait en être la mère alors que j’en étais le père. Le but était de créer une musique assez crue mélangeant les racines du black metal primaire avec des influences plus modernes afin de donner vie à un black hétéroclite. Voilà pour l’horizon musical ; pour ce qui en est du concept, le thème était celui de notre union [d’où le titre du groupe, le " Unholy " n’étant pas à prendre dans son sens satanique mais dans le sens de " profane ", " malsain ", " non désiré "]. J’ai composé jusqu’au mois de décembre 2000 quatre titres qui étaient destinés à figurer sur une petite démo qui n’a jamais vu le jour puisque le groupe s’est vu tomber à ce moment dans l’oubli le plus total. Il en serait probablement toujours ainsi si elle et moi avions continué à vivre ensemble ; mais le destin en a voulu autrement et nos chemins se sont séparés. Cet évènement ne s’est pas fait sans difficulté, que se soit pour elle ou pour moi. Après plusieurs mois d’agonie, j’ai décidé de redonner vie à Unholy Matrimony dans le but d’achever ce chapitre qui était le notre et d’accomplir ainsi au moins une chose que nous aurions commencée ensemble. Puisque quatre titres me semblait frugal pour cette œuvre, j’ai ajouté six morceaux. J’en ai composé quatre nouveaux et y ai placé deux anciens arrangements instrumentaux mais dont la signification s’inscrivait dans le concept.

 

Je ne pense pas que tu me contrediras si j’affirme que l’album " Love and Death " se nourrit abondamment et avant tout de racines black metal. Qu’est-ce que ce style représente au juste pour toi ? Est-ce que tu te contentes d’utiliser ses enseignements techniques et ses caractéristiques majeures pour parvenir à tes propres fins musicales, ou bien portes-tu un soin particulier au respect des valeurs qu’il véhicule ? En d’autres termes la notion de black metal appartient-elle pour toi au domaine commun, ou suppose-t-elle encore de sacraliser certains principes immuables ? Lesquels ?

Peu importe la situation dans laquelle je me trouve, j’ai tendance à briser les usages afin d’aller dans la direction qui me semble être la bonne, tout du moins dans ce genre de cas, dans celle qui me convient le mieux. Je ne respecte donc pas d’idéologies liées à un courant musical ni de recettes pré-établies aboutissant à un résultat type. A mes yeux, le black metal n’est pas un régime dogmatique rigide [détruire la chrétienté en l’attaquant sur ses principes jugés comme étant trop durs et menteurs pour remonter un système branlant et encore plus strict pour se voir finir par appliquer la fabuleuse loi du " j’écoute de la musique terrible, je suis fort comme le diable "... dans ces conditions, je préfère passer mon temps avec des enfants regardant Winnie l’ourson ; eux au moins ne font pas une crise d’identité]... enfin si, peut-être que c’est ce qu’est le black metal... écoute, sincèrement je ne me soucie guère de la manière dont on peut appeler ma musique. Je joue pour exprimer des choses que j’ai en moi et que je veux d’une part extérioriser pour m’apaiser et d’autre part éventuellement sortir pour les voir depuis un autre point de vue et ensuite être en mesure d’y mettre un tant soit peu d’ordre.

Si certains, pour reprendre tes mots, principes immuables devaient être respectés, ça ne le serait certainement pas dans un courant qui se veut artistique [donc selon mon appréciation personnelle, artistique se veut avant tout exprimé de manière subjective et intime] mais plutôt dans un domaine qui est censé être là par l’homme et pour l’homme dans son équilibre naturel. Je fais donc ici référence aux sciences et aux principes d’économies qui ont à mes yeux démarré un vicieux processus de génocide humain à échelle planétaire, mais dont bien entendu aucun auteur n’a eu ne serait-ce que la moindre intuition tant la vision se limite à un avenir proche, après avoir notamment réussi à réduire l’homme [en dehors de toute classe sociale et nationalité, ce qui était suffisamment calé pour qu’on prenne le temps de le noter] et la nature au simple statut de fonds dont on peut disposer à volonté. Je m’égare un peu, mais cette petite digression permet de réaliser le statut aberrant des querelles de ménagères qui occupent les metalleux extrêmes, d’abord parce qu’elles sont effarantes mais surtout inscrites dans une Europe qui a perdu toute de toute notion de valeur [et ce même au niveau strictement personnel comme le revendique cette scène justement] ; elles sont donc le fruit d’une partie de ce qu’elles nient.

 

Peux-tu exposer en quelques mots les principaux traits de caractère de cet album ? Par exemple comment conçois-tu le ratio mélodie/brutalité le plus efficace, ou bien comment appréhendes-tu la programmation de la boîte à rythmes ?

Cet album comporte, en dehors des instrumentaux et de l’apocalyptique " Selbstmord ", deux périodes bien distinctes en matière de compositions car séparées de pratiquement deux années. On les entend je crois très distinctement. La partie ancienne comporte plus de parties lentes ou atmosphériques alors que les morceaux plus récents sont plus rapides et agressifs. Le son de batterie n’est pas exactement le même non plus, j’ai fait ce choix afin de marquer les deux époques. Ceci dit les morceaux sont mélangés entre eux, ce qui peut rendre leur identification plus ardue.

Je n’ai vraiment pas de baromètre interne que je consulte afin de juger de la bonne proportion entre mélodie et agressivité, j’avance de manière instinctive. Le squelette rythmique est programmé relativement rapidement, c’est l’agrémentation et la sophistication des frappés qui me prend un peu plus de temps. J’ai travaillé de manière assez primitive pour " Love & Death ", ça n’est pas ici qu’il faut s’attendre à voir des schémas étonnement subtils.

 

L’album dissimule selon moi des amplitudes extrêmes et des sensibilités parfois antagonistes. Jusqu’à quel point t’autorises-tu une certaine " fantaisie " de composition lorsqu’il s’agit de faire coexister une partie très symphonique et un segment axé sur la vitesse et le gros pilonnage ? Est-ce que tu restes en général fidèle à l’idée d’un morceau que tu as en tête dès le départ, ou bien t’accordes-tu toute liberté d’inclure des parties, de modifier, d’effacer, de restructurer, etc., quitte à en bouleverser l’atmosphère du tout au tout ?

Je compose de manière totalement impulsive et extrêmement rapidement, à savoir un morceau en une journée, voire deux dans de rares cas. Les idées que j’ai au moment où j’attaque l’écriture sont très vagues et je conçois la structure de la composition au fur et à mesure. Pour ce qui est des brusques changements de tempo, ils sont volontaires. J’aime personnellement beaucoup ces accélérations et en fais usage souvent ; j’aime cette instabilité chaotique. Je sais que ça n’est pas le cas de tous... Il en va de même avec la rapidité des tempos, on m’a souvent dit que j’exagérais sur ce point, mais c’est à dessin que j’ai programmé une batterie aussi rapide. Et tout sera encore *pire* sur le prochain album " Misologie " qui verra le jour en septembre 2003.

 

Certaines accélérations dégagent une énergie massive au confluant du black et du death clinique qui n’est pas sans me rappeler ce que font les acteurs de ce qu’on a coutume d’appeler la " nouvelle " scène extrême, tels Aeternus, Myrkskog ou Zyklon. Ces groupes – ou d’autres – t’ont-ils en quelque sorte montré la voie pour rendre ton son le plus destructeur possible ? En tout état de cause, es-tu en mesure de révéler ta recette personnelle pour parvenir à une production aussi intraitable ?

Je ne pense pas être en mesure de révéler une quelconque recette puisque je travaille de manière instinctive et impulsive. Le secret serait peut-être ce qu’il y a à exprimer... Maintenant je dois t’avouer être un peu vexé d’entendre certaines productions que tu as citées précédemment, dans le sens que j’aurais du sortir ce que j’ai fait avec Weeping Birth plus tôt [ça fait trois ans qu’un enregistrement dort sur disque dur] puisque mon rythme était déjà déchaîné avant la sortie du " World ov Worms " ou de " Superiror Massacre ". Néanmoins tu as raison, ce sont des groupes que je trouve intéressants et que j’écoute assez régulièrement. Mes principales influences dans ce domaine ont été Hate Eternal avec " Conquering the Throne ", ainsi qu’Angel Corpse et Nile dans leur discographie complète.

 

" Love and Death "… Le titre sous-tend-il un contraste ? On est en général plus habitués à voir une opposition entre la mort d’un côté et la vie de l’autre… Doit-on y voir une quelconque analogie entre la vie et l’amour au sens littéral, ou bien est-ce que, par exemple, tu perçois l’amour comme une rivière qui afflue dans le grand lit des tragédies, auquel cas il s’agirait davantage d’une sorte de cycle brisé ?

Dans la perspective mise en scène par " Love & Death ", le concept serait plutôt celui de l’amour impossible menant à la destruction, mais de manière cyclique et non sous la forme d’un cercle brisé comme tu l’entends. S’il y a bien une chose que je retiens chez Oswald Spengler, en la modifiant toutefois quelque peu, c’est bien cette notion de cycles, de rythme biologique : naissance, maturation, décrépitude, mort ; probablement parce qu’ainsi se déroule notre vie, mais en dehors de certaines vérités scientifiques que nous extrayons du vaste domaine de l’inconnu pour le placer sous la lumière du toujours, j’ai le sentiment qu’il en va ainsi pour tout ce que nous façonnons, construisons.

Amour & Mort... Être et Penser sont indissociables selon le riche enseignement de Descartes ; il en va de même pour l’Aimer et le non-Être, mais dans une perspective radicalement différente. L’Aimer pur donne accès à un nouveau stade de conscience de sa propre existence, un état dans lequel on se trouve enchaîné à l’autre avec sans arrêt le risque de voir sa prise lâcher et l’être aimé s’envoler au loin, hors de notre portée, poussé par des vents qui nous traversent comme si nous ne sommes qu’ectoplasme. Lorsque cela se produit, cette perception réflexive de l’existence par le regard de l’autre est brisée et la mort peut se jeter sur nous. Et même si notre étreinte est bonne, le vertige nous menace car le vide est sous nos pieds. Ce qui est intéressant avec cette représentation c’est qu’elle est perçue de la même manière par les deux parties, qui se retrouvent chacune accrochée à l’autre pour ne pas chuter et rester à ce niveau d’Être élevé.

 

Dans le même ordre d’idées, le mythe de Tristan et Iseult revient comme un leitmotiv tout au long de l’album. Moi qui ai depuis longtemps oublié tous mes grands classiques (honte sur moi), aurais-tu l’amabilité de retracer en substance l’intrigue et la morale de cette œuvre ? Peux-tu donner des points de repère qui permettraient à l’auditeur de se figurer les passerelles entre elle et " Love and Death " ?

Pour l’exprimer de la manière la plus simple possible, le mythe de Tristan et Iseut raconte l’histoire d’un amour impossible et qui n’aurait jamais du naître, puisqu’il est le fruit de l’absorption d’un philtre magique. Il est vécu dans la honte et la crainte puis fini par mener à la perte des deux amants. La morale que j’en ai retenue est que tout l’amour passionnel est voué à l’échec, ce qui justifie l’utilisation de cette image à travers l’album. J’ai un peu reconstruit la fin ceci dit, la mort de Tristan dans Unholy Matrimony se fait par le suicide [Selbstbord en allemand], alors qu’il meurt de chagrin dans le mythe. Et pour l’anecdote : le titre Hymne à la Mort d’Iseut a été composé avant la naissance même de Unholy Matrimony. Tout avait été " intuitionné " dès le début...

 

Tu m’as confié que la direction musicale d’Unholy Matrimony avait sensiblement évolué depuis " Love and Death ". Cela correspond-il à des convictions strictement musicales, ou aussi à un besoin d’enterrer ce que la première époque du groupe signifie d’un point de vue émotionnel et empirique ? Dans le deuxième cas de figure, quelles raisons te poussent à poursuivre ce projet plutôt que d’exprimer tes nouvelles idées sous un nouveau nom ? A quoi doit-on désormais s’attendre avec Unholy Matrimony ?

Unholy Matrimony change en effet assez radicalement de visage avec " Misologie " [qui je le répète sortira en Septembre 2003]. Musicalement, il n’est pas si éloigné que ça de " Love & Death ", mais uniquement sur les titres les plus rapides [tel que " A Prelude to Love & Death " par exemple]. Même si une évolution est notable, on ressent bien l’essence du projet. Conceptuellement, la mutation est radicale. " Love & Death " closait un chapitre, " Misologie " ouvre celui avec lequel je risque d’être en prise pendant une période relativement longue.

J’ai en effet songé pendant une période à ne pas poursuivre mon travail autour de Unholy Matrimony. J’ai tout d’abord longuement hésité avant de raviver ce projet pour achever " Love & Death ". Immédiatement après, mon premier désir a été de ne plus jamais rien sortir sous ce nom et de l’enfouir le plus profondément possible dans l’oubli. Mais après une petite réflexion, j’en suis arrivé à cette conclusion : même si d’apparence Unholy Matrimony était originellement le fruit de deux personnes, il n’en était rien. Si j’ai été le seul derrière l’élaboration du concept [même si nous étions deux à être représentés], c’est surtout moi qui ai entrepris l’ensemble de la composition, puis de l’interprétation. Unholy Matrimony est mon fruit, personne d’autre que moi [je fais donc ici référence à une personne bien précise] ne peut décider de son orientation, qu’elle soit musicale ou conceptuelle. L’Hymen Profane peut représenter une variété de choses, j’en ai désigné une autre pour le prochain album " Misologie ". Je ne pense pas faire ici d’affront conceptuel.

 

Intéressons-nous désormais à tes autres projets solos. Je te laisse ici une tribune afin de présenter chacun d’eux et d’en exposer les caractéristiques et les différences les uns par rapport aux autres…

Je vais commencer par présenter Mirrorthrone, mon projet de metal symphonique : Red Stream vient de sortir le premier CD de ce projet " Of Wind and Weeping " [contenant la première démo du même nom et jamais sortie autrement ainsi que 4 titres supplémentaires]. Mon but originel était de créer une musique qui permette l’évasion par l’imaginaire. Cette idée s’est un peu mutée avec le temps, comme en témoigne un des titres du prochain album : " A Scream to Express the Hate of a Race [A Call for Genocide] "... Plus d’infos sont disponibles sur le site http://www.mirrorthrone.com.

Weeping Birth est mon projet brutal black/death. Il a passablement évolué depuis le début, où la partie symphonique prenait un certain espace malgré tout, pour se réduire [ou s’ouvrir] à quelque chose aux sonorités plus agressives. J’ai beaucoup de matériel composé, en partie enregistré et que je dois sortir... plus d’infos sur le site [un peu délaissé, mais j’y reviendrai] : http://www.weepingbirth.cjb.net

 

Accurst Journey est un projet un peu plus orienté vers le doom, j’ai une démo enregistrée depuis belle lurette mais je ne me suis encore jamais décidé à la distribuer... plus sur le site : http://www.weepingweb.com/accurstjourney

 

Deafening Loneliness est un projet difficilement classable, une sorte d’electro ambient avec des influences black metal. Une démo 4 titres est prête depuis au moins autant de temps que celle d’Accurst Journey mais pour les mêmes raisons, elle n’a toujours pas été envoyée... http://www.deafeningloneliness.cjb.net

 

 

Pardonne-moi si la question te semble un peu brute, mais où est concrètement l’intérêt de multiplier les projets ? D’autre part comment t’y prends-tu pour gérer tout le travail que cela représente ? Est-ce que tu te consacres à un seul projet à la fois jusqu’à sa complétion, ou mènes-tu tout de front ? N’as-tu pas par moments l’impression de disperser ton inspiration ? Enfin, t’arrive-t-il de composer de la musique et de décider après-coup seulement dans le cadre de quel groupe elle sera la plus adaptée ?

J’ai effet à l’heure actuelle, comme je viens de les lister, cinq projets de styles différents dans lesquelles j’officie entièrement seul. Je voulais au départ n’en avoir qu’un seul et y mélanger toutes mes influences mais je me suis très rapidement senti limité par cette manière de procéder car je voulais développer ces styles plus à fond. D’où les multiplications de projets. Il paraît en effet difficile de mixer au sein d’un même groupe des éléments brutal death avec du doom, du true black et un zeste de synthés planants. Œuvrer entièrement seul dans tous ces projets demande en effet un certain investissement.

Je travaille de manière lunatique, un jour pour un projet, un jour pour l’autre. Je n’ai jamais composé un morceau et décidé une fois achevé dans quel groupe je le placerai. Je suis dans un état d’esprit bien précis au moment où j’attaque la composition qui me fait savoir d’emblée dans quel projet le morceau figurera. Donc non, je n’ai pas l’impression de disperser mon inspiration mais plutôt de plancher comme un chien pour un résultat qui prend un temps énorme à se concrétiser. Mais je suis le plus heureux des hommes de pouvoir procéder de cette manière.

 

Vas-tu sortir quelque chose de nouveau dans les prochains mois ? Quels sont tes plans à plus long terme, le calendrier des sorties prévues ?

Comme je l’ai expliqué plus haut, le premier album de Mirrorthrone vient d’être sortie par le label Américain Red Stream. En plus de cela, j’espère pouvoir achever la composition et l’enregistrement [du moins provisoire] du prochain album de ce projet d’ici la fin de cet été.

J’ai enregistré une cover de Godflesh [" Like Rats "] avec Weeping Birth pour un album tribute qui devrait voir le jour bientôt et je suis en ce moment même en train de faire ma promo pour un vieil enregistrement : " A Painting of Raven and Rape ". Si personne ne se montre intéressé à le sortir, je le ferai presser par mes soins et distribuer du mieux que je le peux. S’en suivra ensuite l’enregistrement du prochain album déjà composé.

Et finalement pour Unholy Matrimony, la sortie de " Misologie " d’ici septembre 2003 sur Melancholia Records. Je ne sais pas quand je me remettrai à composer pour ce projet, bientôt je pense...

 

Parlons un peu du volet symphonique de ta musique puisque tu t’y adonnes un peu avec Unholy Matrimony, mais surtout avec Mirrorthrone à ce que j’ai cru comprendre. Essaies-tu au maximum de rendre justice à la composition classique lorsque tu écris tes parties de synthé ? Il y a quelques années de ça, il était plus facile de vendre avec une bonne mélodie à deux doigts bien enfantine mais charismatique qu’avec de véritables structures contrapunctiques ou multidimensionnelles… Il semble toutefois que les exigences du public évoluent dans le bon sens. Quelle est ta vision de cet aspect des choses ? Te fixes-tu un certain niveau de recherche ou de contenu pour tolérer telle ou telle suite mélodique dans un de tes morceaux ?

Mirrorthrone est en effet mon projet le plus symphonique, mais on en retrouve parfois des bribes dans tous mes autres projets. Je ne pense pas que l’on puisse dire que le Black Metal, même symphonique, ait quelque chose à voir avec la composition classique. Je sais que ce sont des revendications assez courantes. On retrouve en effet assez souvent des éléments Baroques ou Romantiques dans certaines atmosphères, mais niveau de l’architecture des oeuvres, aucune comparaison n’est possible. J’aurais envie de dire que le Black Metal emprunte à la Musique Classique ce qu’elle emprunte à la Mort et au Mal : une inspiration mais surtout une belle singerie. Comment peut-on décemment comparer les cinq heures d’un opéra de Wagner avec la petite demi-heure de riffs simplistes d’un album de Marduk ? Donc personnellement, je ne prétend pas arriver à la cheville des œuvres classiques que j’apprécie mais m’en inspire néanmoins et l’adapte au metal que je pratique.

Je dois avouer que je ne me rends pas très bien compte de l’évolution des marchés musicaux et du travail de ses acteurs. Il me semble que le black s’est infiniment complexifié dans certaines de ses ramifications, ce qui ne va pas en effet pour me déplaire. Mais je suis pour la diversification, j’adore des formations très complexes mais raffole également de choses plus simples. Ce qui veut donc dire que je ne me fixe pas vraiment de limites quand à la complexité de mes compositions, je me laisse porter par mes instincts sans trop me soucier de l’aspect intellectuel de la chose.

 

Comment t’y prends-tu pour gérer le côté promotionnel ? T’occupes-tu toi-même du démarchage des média ou es-tu aidé par une agence ? Quel terrain couvres-tu en priorité ? Je me souviens avoir lu une bonne chronique de Mirrorthrone dans le mag allemand Ablaze… Quels sont les pays qui se sont jusqu’ici montrés les plus sensibles à ton travail ?

Ca va être dur de répondre à ta question car je ne procède jamais de la même manière. Jusqu’à ce que Melancholia distribue " Love & Death ", je me suis occupé de toute la promo par moi-même. Je n’ai certainement pas faut autant qu’un label aurait pu faire, mais j’ai quand même envoyé un certain nombre d’exemplaires à travers le monde. Je ne saurais pas vraiment dure quels pays ont été le plus réceptif, c’est difficilement évaluable vu le petit nombre de CDs qui circulent. Il n’y a en tout cas pas eu, à ma connaissance, de pays qui ont rejeté en masse ce que j’ai pu faire, c’est déjà une bonne chose. Et pour la bonne chronique d’Ablaze, je ne peux que remercier le journaliste.

 

Tu es également très actif dans la conception graphique d’espaces web. Entre ça et ton rendement musical intense, as-tu encore le temps de profiter du plein air ? Sérieusement, est-ce qu’on peut d’une certaine façon mettre ces deux activités en parallèle ? Est-ce que tu envisages par exemple un site web aussi bien comme un outil d’information que comme la possibilité de conférer une existence visuelle permanente et évolutive à ta musique ?

Je vois Internet comme une gigantesque base de données plutôt que comme un réel moyen de communication. Mais sur un plan stérile de sentiments, cela peut être extrêmement bénéfique : la rapidité des courriels, la possibilité échanger des données d’un point à l’autre du globe en claquant des doigts. Pour mes groupes ceci dit, je n’utilise le web que dans le but de proposer quelques informations que je juge comme intéressantes [bio, mp3s, news, éventuellement présentation de concept, diverses infos sur les productions]. Je ne cherche pas à m’y forger une imagerie particulière et indépendante. L’idée est bien de mettre les choses à jour afin de tenir les visiteurs au courant de l’évolution des choses, mais pas d’aller au-delà. Et si je passe autant de temps à soigner les présentations de mes sites, c’est par plaisir personnel.

 

Te sers-tu de cette expérience des techniques graphiques dans un but original et ambitieux, comme éventuellement la création d’effets, voire de " clips " en images de synthèse pour accompagner certains de tes titres ? Penses-tu que le support CD-audio est de plus en plus amené à se tourner vers le multimédia, à l’image de ce que le DVD a apporté au film ?

En dépit du fait que je passe du temps quotidiennement derrière mon programme de retouche d’image, je ne suis pas un fervent adepte de l’imagerie des groupes. J’apprécie de belles réalisations graphiques en tant que telles ainsi que leurs éventuelles significations et interprétations possibles, mais j’ai tendance à ne pas trop m’inquiéter de l’imagerie en tant que telle. Les clips me lassent dans la plus part des cas, que ce soit en metal ou ailleurs. Je vois plutôt ça comme un bon outil promotionnel qui permet de faire circuler le nom et d’aider les ventes d’un album. Je préfère rester à considérer les pensées qui me viennent à l’esprit lors de l’écoute de la musique, accompagnée dans de rares cas de la lecture des textes. Néanmoins, j’apprécie certains clips qui collent parfaitement à la musique et y apportent une dimension nouvelle, mais ça reste dans de rares exceptions.

 

Histoire de se faire une image d’ensemble de ton profil de métalleux, peux-tu s’il te plaît lister et commenter : le premier album de metal que tu as acheté ; ton album culte toutes époques confondues ; l’album sorti en 2002 qui t’a le plus impressionné.

Mon premier achat de metal a été l’album " Killer " d’Iron Maiden, puis j’ai rapidement passé à des choses plus sérieuses avec Testament. Mes albums cultes de metal extrême sont " Anthems to the Welkin at Dusk " des fabuleux Emperor et la discographie intégrale d’Abigor dont je chéris chaque album plus que tout [même " Satanized ", je déteste la batterie mais tout le reste - et quel reste - est unique]. Autrement un des meilleurs groupes de metal un peu moins agressif que je connaisse doit être Nevermore... et Symphony X. Et Dream Theater dont la quasi intégralité de la discographie me fait hurler. Aussi dans un registre totalement différent, le Doom me fait me tirer des balles avec des groupes comme Morgion, Skepticism, Cryptal Darkness, Dusk, Evoken ou moins connus mais tout aussi géniaux, les Danois Nortt. Ou dans un registre totalement différent, la perfection auditive qui se dégage de projets comme Lustmord, When [sur the Black Death] ou la violence inouïe de White House. Et la grandeur d’Arcana...Tout ceci sans citer la fabuleuse " Île des Morts " de Rachmaninov ! Un des meilleurs albums que j’aie pu entendre tout styles confondus doit être " Scarlet’s Walk " de la génialissime Tori Amos, dont l’entier de la discographie est tout simplement sublime. Donc bref, j’ai un peu de peine à bien synthétiser et à répondre simplement à ta question... ne parler que d’un groupe serait trop réducteur et je me sentirais honteux de tourner le dos aux autres formations qui me font trembler [ça y est, j’ai oublié de parler du premier Anata et de Withered Beauty...et Kampfar...et Kvist, Ulver... Septic Flesh...].

 

Connais-tu Violent Solutions ? Que penses-tu de la presse metal francophone sur le web en général ?

Oui bien sur que je connais VS, ce doit être le meilleur site francophone de metal. Dans l’ensemble, je ne me préoccupe pas vraiment de tout ce qui peut se passer autour de cette scène. J’y ai mes habitudes, écoute certains groupes avec une essence bien précise, lis une certaine littérature, et grand bien fasse aux autres, je ne m’en occupe pas.

 

Il est temps de clore cette interview. J’espère que tu as passé un bon moment à y répondre. Je te laisse comme à l’accoutumé conclure avec tes dernières impressions ou tout message que tu voudrais livrer aux fans français.

Je te remercie de ton interview [et surtout m’excuse d’avoir pris tant de mois pour y répondre], j’espère que tu auras eu du plaisir également à la concevoir. Je remercie également tous ceux qui m’ont soutenu, que ce soit avec Unholy Matrimony ou un autre projet. J’espère que " Misologie " vous plaira, soyez prêt à le recevoir en digipack dès septembre 2003 chez Melancholia Records. Plus d’infos sur Unholy Matrimony, telles que notamment des bons longs MP3 sont disponibles sur http://www.unholymatrimony.com. Merci encore pour l’interview et à bientôt!