Uriel interview THE SPERICAL MINDS
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The Spherical Minds c’est l’histoire d’une poignée de potes qui ont eu envie de dire non aux conventions et d’ouvrir leur horizon de composition aux quatre vents de leurs envies, quitte à se retrouver avec une pléthore de sensibilités musicales à gérer sous la coupe d’une même histoire. Un enjeu osé dont ils ont tiré un premier album, " De Ira ", qui fait à sa façon honneur à la créativité débridée d’une nouvelle génération d’artistes français bien décidés à se faire reconnaître ailleurs que dans leur patelin. Une conversation découverte s’imposait :

Salut et soyez les bienvenus à vous exprimer sur VS ! Avant toute chose, voudriez-vous m’enlever une épine du cerveau : à quoi ça sert au juste un " esprit sphérique " ? C’est pour éviter que les bonnes idées s’encroûtent dans les angles ?
Valentin (chant, piano, synthés) : C’est un nom qui nous trottait dans la tête depuis un moment, en fait c’est venu assez naturellement, il n’y a pas vraiment de concept là derrière...
Paul (guitare) : Ou alors seulement le fait d’essayer de ne pas être étroits d’esprit (rires).
Mathieu (guitare) : Je pense qu’il ne faut pas chercher une signification particulière derrière ce nom !

A ma connaissance le groupe est originaire de Lyon. Peux-tu nous en dire plus sur la provenance de chacun des membres, les circonstances de votre rencontre et le cheminement de The Spherical Minds, de sa genèse en tant que projet musical jusqu’à la sortie de " De Ira " ? Une ch’tite bio, quoi…
Mathieu : Nous jouions ensemble depuis longtemps déjà, puisque nous habitions tous Lyon. The Spherical Minds est cependant très récent ! Désormais nous sommes tous un peu éparpillés. Valentin habite en Allemagne pendant ses études, Paul et moi sommes à Paris pour nos études également.

Ces derniers temps, Lyon et ses environs ont largement contribué à la santé de la jeune scène underground française. Je pense à certains groupes, comme Kemet, mais aussi à la présence du très prisé studio de Ludovic Tournier, à qui vous avez également remis les clés de votre son. Existe-t-il sur Lyon une véritable dynamique structurelle de soutien autour de la musique metal et genres assimilés, des assos, des locaux de répétition, des salles de concert, etc., qui contribuent à faciliter l’éclosion et le développement des groupes ? En ce qui vous concerne, entretenez-vous beaucoup de contacts avec les acteurs locaux (lesquels) ?
Paul : Il y a quelques années, on était assez au courant de tout ça, puisque nous avions un groupe de metal dans le collectif Hammer of Gones. Nous avions ainsi quelques contacts, en particulier avec Kemet. D’ailleurs c’est une coïncidence qu’ils soient sur le même label que nous. Cependant depuis quelques temps, nous avons décroché du milieu car nos centres d’intérêt se sont considérablement variés. Toutefois il n’en demeure pas moins que la scène lyonnaise est active, quel que soit le style d’ailleurs. Le studio de Ludo contribue grandement à l’émancipation de certains groupes de la région au niveau national.

La plupart des membres de The Spherical Minds poursuivent des études. Cela entraîne-t-il des contraintes au niveau de la régularité des répétitions ou tout simplement du temps que vous aimeriez consacrer à écrire et jouer votre musique. Est-ce que certains d’entre vous se sont vus / se verront à l’avenir forcés de mettre le groupe entre parenthèses à cause de séjours à l’étranger, de gros projets d’études, ou d’autres choses ? D’après ce que vous avez en tête à l’heure actuelle concernant vos perspectives d’avenir respectives, pensez-vous que The Spherical Minds survivra sans " dégâts " à la transition vers la vie professionnelle de ses membres ?
Valentin : Tu touches là un point très intéressant ! En fait cela fait déjà depuis la naissance du groupe que nous sommes chacun contraints par nos études et/ou activités professionnelles. C’est pourquoi, indubitablement, nous sommes amenés à travailler chacun personnellement. Ce qui fait qu’au final, le travail de répétition est intense, car The Spherical Minds reste un groupe soudé avant tout !
Mathieu : On s’était fixé comme objectif de faire un premier album sérieux et bien produit. Ca a été une motivation particulière. Depuis qu’il est sorti, nous avons eu un certain nombre de bons échos, ce qui nous pousse encore plus à tout faire pour que le groupe ne s’arrête pas et enregistrer d’autres albums.
Paul : On a l’habitude de bosser ensemble, donc même après un arrêt de plusieurs mois, nous sommes tout à fait capables de composer et travailler efficacement ensemble.

Premier album, premier label : vous avez atterri sous l’aile protectrice du label nordiste Thundering Records. Est-ce le produit d’un harassant travail de prospection, ou bien avez-vous d’emblée reçu des propositions de contrat ? Malgré la distance, avez-vous rencontré Laurent (boss de Thundering) en personne ? Quels sont les objectifs (officiels ou tacites) qui ont été fixés entre le groupe et le label ?
Mathieu : On avait enregistré un CD promotionnel en décembre 2001 et nous l’avions envoyé à de nombreux labels. C’est là que nous avons eu notre premier contact avec Thundering. Laurent était déjà intéressé par notre musique. Mais nous n’avons signé qu’après l’enregistrement de l’album. Nous n’avons jamais rencontré Laurent en personne, mais nous sommes en contact permanent. Nos objectifs à court terme sont de réaliser une bonne promotion et distribution de l’album. Après nous verrons !

Avez-vous connaissance des autres pensionnaires de ce label, tels que Amartia, Anthemon, The Silent Agony… ? Il saute aux yeux que de tels groupes ont avec The Spherical Minds des traits communs, non pas tant musicaux en soi qu’au niveau de l’état d’esprit, la jeunesse, et aussi l’indépendance de création. Avez-vous conscience de ces similitudes et cela vous donne-t-il une motivation supplémentaire, celle de contribuer à porter haut l’étendard d’un collectif artistique soudé ?
Mathieu : Nous avons eu quelques contacts avec Anthemon et Amartia, mais rien de très sérieux... J’entends beaucoup parler de " l’écurie Thundering " avec les groupes que tu as cité. Mais je crois que les points communs s’arrêtent là. De toute évidence, notre musique est bien différente de celle de ces groupes, qui ont chacun leur style particulier, mais l’état d’esprit est sûrement similaire. Quoi qu’il en soit, nous avons tous à gagner à augmenter la collaboration entre jeunes groupes en général, et en particulier avec ceux du même label.

Resserrons à présent l’objectif sur " De Ira ". De toute évidence, ce disque est le fruit de la rencontre d’expériences musicales éclectiques. Vous citez de nombreux artistes en référence dans un éventail de styles partant du metal pour remonter jusqu’au classique, en passant par le jazz… Est-ce une façon pour vous de mettre en valeur l’ouverture d’esprit des membres du groupe, ou bien carrément déjà de caractériser le profil de The Spherical Minds en désignant clairement à l’auditeur des pistes à suivre s’il désire aller découvrir chez d’autres artistes la " paternité " de votre musique ?
Valentin : Oui tout à fait ! En fait je pense souvent que certains artistes ne sont pas connus à leur juste valeur, et le fait de les désigner en tant qu’influence majeure peut peut-être aboutir à élargir le champ de leurs auditeurs. Par ce biais, les gens se rendent compte du même coup des diverses sources qui ont pu nous amener à composer un album comme " De Ira ".
Paul : Je trouve personnellement que nous faisons preuve d’une assez grande ouverture d’esprit, bien sûr sans vouloir en faire notre pub, et cela se ressent énormément dans notre musique, et peut-être même encore plus dans les compositions ultérieures à l’enregistrement de l’album. Le fait est que nous écoutons des styles de musique très variés et très différents en fonction des membres du groupe, et toutes ces influences finissent par resurgir dans la musique de The Spherical Minds. Le tout étant d’arriver à en faire une synthèse satisfaisante à nos oreilles !

Concrètement, en acceptant d’intégrer une telle variété de sensibilités, on ne peut pas se raccrocher durablement à des repères stylistiques bien précis. La composition des morceaux s’apparente-t-elle à un joyeux laboratoire dans lequel vous fusionnez les sons et les couleurs à l’envi jusqu’à aboutir à une bonne base de travail ? Ou bien la ligne directrice est-elle déjà arrêtée avant de se lancer dans l’exécution proprement dite ? En d’autres termes : la musique de The Spherical Minds est nouvelle, est-ce que vous en maîtrisez les paramètres et les contours, ou bien avez-vous encore l’impression de partir dans l’inconnu à chaque nouveau titre ?
Paul : Jusqu'à présent, c’est en général un des membres qui présente aux autres le " squelette " d’un morceau dont il a l’idée, et si l’idée plaît à tous, chacun viendra y apporter sa touche. D’ailleurs il s’avère que souvent, en définitive, la version finale est bien différente de l’ébauche primaire.
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Vous n’êtes pas sans le savoir, l’offre musicale actuelle en termes d’albums lancés sur le marché (signés ou autoproduits) est énorme. La conséquence, peut-être contradictoire, est que le consommateur lambda est moins enclin à prendre des risques et préfère souvent se reposer sur les grands noms et du moins sur des schémas musicaux avec lesquels il se sent en sécurité. Dans cette optique, est-ce que d’une certaine manière vous craignez de ne pas trouver votre public, d’être (je schématise) " pas assez metal " pour les métalleux, et au contraire " trop barrés " pour les fans de musique atmosphérique, etc. ? La liberté de votre champ d’action ne vous condamne-t-elle pas à une vaste incompréhension ? Et, en prolongement, il revient souvent dans le discours des artistes qu’ils jouent surtout pour se faire plaisir et sont déjà ravis s’ils parviennent à toucher un petit nombre de personnes avec leur musique. Est-ce votre cas ? Pourrez-vous vous contenter éternellement du même cercle de fans, et jusqu’où seriez-vous prêts à aller en termes de sacrifices personnels pour faire accepter votre démarche et convertir un maximum de gens à votre cause ?
Paul : On nous pose souvent cette question, et pour être franc, cela n’est pas un réel problème pour nous, et cela ne modifiera en rien notre attitude vis à vis de la composition, au risque de se heurter à l’incompréhension de certains publics. Notre but premier (du moins le mien) est, et a toujours été, de se faire plaisir en jouant notre musique ; bien sûr cela est extrêmement satisfaisant d’en avoir de bons retours et de voir parfois du monde à nos concerts, car la musique est avant tout un moyen d’expression à partager.
Valentin : Je suis d’accord sur ce dernier point. Je t’avouerai que plus il y a de monde qui va s’intéresser à notre musique, et en particulier venir à nos concerts, plus je serai content. Ce n’est nullement une question commerciale, puisque nous sommes bien loin de pouvoir vivre de notre musique. Simplement, quand tu aimes la musique au plus profond de toi, et que tu composes tes propres morceaux, tu veux les faire partager au plus grand nombre. De même, j’adore aller à des concerts accompagnés d’amis qui apprécient autant que moi l’artiste ou l’orchestre à l’affiche, je trouve qu’on savoure d’autant plus le moment à plusieurs. Bref, même si on s’écoute volontiers de temps en temps un album, tranquille sur son canapé, la musique est vraiment faite pour rassembler les gens les plus divers possibles. Ca fait un peu cliché, mais je le pense vraiment ! ! (rires).

Vous dites (ou tout au moins votre bio le dit) : " La musique ne fait pas les sentiments, ce sont les sentiments qui font la musique ". Qu’en est-il de ces sentiments ? Vous parlez de mélancolie, de passion, de haine, de tristesse, de désespoir et de solitude… Ce sont là des sentiments puissants mais difficiles à saisir et le plus souvent - chez un être de psychologie équilibrée - évanescents, passagers. Quel est dans votre formule de travail le " liant " qui vous permet de capturer tout au long de la conception d’un morceau une émotion choisie, même lorsque le ressenti du moment s’en éloigne ? Se focaliser sur les conditions mentales nécessaires à la création vous réclame-t-il un effort particulier de mise en situation - par exemple invoquer des impressions à travers un décor spécifique, une transposition photographique, un icône symbolique, un sujet d’actualité ? Bref, dites m’en plus sur l’influx incorporel qui irrigue la musique de The Spherical Minds…
Mathieu : Il est vrai que nous essayons de transmettre des sentiments dans notre musique. Ces sentiments ont été vécus et nous avons fait notre possible pour les retranscrire tels que nous les avions ressenti. Je pense qu’il n’y a pas d’efforts majeurs pour nous de " mise en condition ". Il suffit simplement de se souvenir de l’impression ressentie lors de la composition. Les sentiments doivent être présents lors de la composition et pas forcément lors de l’interprétation.

Mon impression à l’épreuve de cet album est que son essence est constituée par l’instrumental, hyper fouillé, alors que les vocaux jouent rarement un rôle capital dans le déroulement, hormis peut-être sur les titres plus colériques " Die Spur des Propheten " et " Au Seuil de l’Aurore ". Est-ce que vous considérez les paroles et leur interprétation comme un ajout au tissu musical plutôt que comme un élément harmonique à part entière - en gros comme le moyen de souligner une émotion lorsque c’est nécessaire ? Comment justifiez-vous les différents types de vocaux - ainsi que les différentes langues - qui apparaissent sur l’album, et êtes vous satisfaits de leur exécution et de leur rendu ?
Mathieu : Si tu veux, pour résumer notre manière de travailler, nous composons la musique en fonction d’un concept qu’on a déterminé auparavant. Si le morceau nécessite du chant nous en rajoutons, nous choisissons ainsi quelle manière de chanter, quel chanteur et après nous écrivons les textes, la langue utilisée étant considéré à ce moment-là.
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C’est bel et bien une atmosphère de générique de fin qui couronne le dernier morceau " Aither ". Sorti de cet exemple, est-ce que vous accordez beaucoup d’importance à la disposition " stratégique " du tracklisting, à la façon dont les titres s’enchaînent, de manière à ce que l’auditeur puisse mettre en parallèle le scénario de l’album avec une succession d’émotions donnée ? Est-ce que votre album doit se " vivre " comme une histoire avec ses rebondissements ?
Mathieu : C’est vrai que nous écrivons un concept, une histoire qui évolue au fur et à mesure de l’album. Chaque morceau a sa place bien définie, et nous tenons tout particulièrement à ce que tout s’enchaîne bien.

Question adressée spécifiquement à Valentin le pianiste. Lorsque j’ai écouté pour la première fois la composition " Exorde ", j’ai immédiatement fait le rapprochement avec Philip Glass, et n’ai donc été qu’à moitié surpris de voir son nom parmi les références du groupe. Dans un premier temps, peux-tu expliquer ce qui t’attire chez Glass et par extension dans l’école minimaliste américaine qui semble t’avoir marqué puisque Steve Reich et Terry Riley sont également au menu ? Peux-tu en conseiller quelques œuvres majeures à nos lecteurs ? Ensuite, quel est ton background en terme d’éducation musicale classique ? Projettes-tu éventuellement de réaliser un album/recueil uniquement au piano ? T’en sens-tu capable à plus ou moins long terme ?
Valentin : Je dois avouer que Philip Glass m’a beaucoup inspiré lors de la composition d’" Exorde ", c’est bien vu de ta part ! J’aime particulièrement la musique de ce compositeur qui sait rester efficace et " simple " tout en utilisant des techniques parfois très originales. En fait j’apprécie globalement l’école américaine minimaliste, mais surtout un autre compositeur que tu n’as pas cité, il s’agit de John Adams. De ce dernier je conseillerais " Harmonielehre " ou encore " Century Rolls ". Quant à Philip Glass, tout ou presque est excellent, par exemple " Metarmophosis ", " Akhnaten ", " Glassworks " ou encore la B.O. du film " The Hours " (NdJ : Je confirme, jetez vous sur ces disques !).
En ce qui me concerne, j’ai démarré le piano à l’âge de huit ans mais j’ai commencé à improviser et composer vers 16 ans. J’ai commencé il y a 1 an des compositions personnelles, sous le nom de Val Chantereau, et j’ai enregistré mon premier disque en juillet 2003. J’espère pouvoir un jour signer sur un label pour ce projet qui est très important à mes yeux. Je poursuis également mon activité de musique de chambre avec la violoncelliste Marie Mertzweiller, au sein du duo Schnittke ; formation qui se spécialise plutôt dans la musique du XXème siècle russe et européenne (Prokofiev, Chostakovitch, Schnittke, Arvo Pärt, Benjamin Britten...).

Comment voyez-vous évoluer votre musique dans les prochaines années ? Pensez-vous continuer à incorporer des influences et des consonances toujours nouvelles, ou bien désirez-vous plutôt tenter de canaliser le The Spherical Minds fougueux et " chaotique " d’aujourd’hui dans un style toujours aussi ouvert mais plus homogène sur la durée d’un album ? Avez-vous une notion de votre marge de progression ? En marge de cette question, quel(s) groupe(s) représente(nt) à vos yeux un modèle de maturation réussie sur plusieurs albums ?
Mathieu : Notre musique évolue en même temps que nous et le prochain album sera différent. Il sera encore nourri d’influences diverses mais ne sera pas un clone de " De Ira ". Je crois qu’il est trop tôt pour te dire s’il sera plus homogène. Nous ferons ce que bon nous semble, et nous ne nous poserons pas trop de questions. Des groupes comme Radiohead, Pink Floyd ou Porcupine Tree sont pour moi des références, car ils ont réussi à réunir de multiples influences pour créer leur propre style, et c’est un but que j’aimerais atteindre.

Ambitionnez-vous de vous produire sur scène ? Si oui, pensez-vous que le jeu et l’ambiance propres à The Spherical Minds peuvent s’accomoder de l’ambiance " typique " d’un concert de metal, ou bien rechercheriez-vous plutôt le confort plus intimiste d’une petite salle, d’un piano-bar… ?
Mathieu : The Spherical Minds n’est pas uniquement un groupe " studio ", le live reste très important. Nous sommes capables de faire des concerts électriques comme des " show-cases " acoustiques et intimistes. Nous retouchons les morceaux en fonction de l’occasion. C’est pour nous l’occasion de faire vivre différemment nos morceaux.

Est-ce que j’ai raison de discerner une rame de métro sur la pochette ? Doit-on y voir un symbolisme en accord avec les concepts véhiculés par l’album ? Le fait de baser entièrement votre artwork sur le blanc et sur des tons pastels très clairs était-il un choix délibéré ? Une façon de contraster avec le feu d’artifice de nuances de la musique ?
Mathieu : Nous avions pour intention première de ne pas tomber dans les clichés avec notre artwork. Nous avons choisi quelque chose d’urbain et de froid, car c’est de cette manière que nous interprétions le mieux notre concept. Maintenant ce qui est intéressant c’est qu’il n’y a pas une explication claire et définie de ce que l’on voit. Chacun interprète ces images différemment !

Comment définissez-vous le " beau " et les frontières de la beauté ? Est-ce qu’une chose doit nécessairement posséder une aura positive afin d’être considéré comme belle, ou bien est-ce que quelque chose d’effroyable mais de terriblement fascinant (par exemple une scène de bataille sanglante) peut également répondre allégoriquement parlant à la définition de " beau " ? Que pensez-vous du trash-art et de son esthétique crue/brutale ?
Mathieu : Il est difficile de donner une définition propre et claire du " beau ". Pour moi, le " beau " n’a pas de frontières et je peux trouver de la beauté dans tout ce qui m’entoure. Il suffit d’observer et de contempler. Mais ces notions sont totalement subjectives et tous les avis divergent ! En ce qui concerne le " trash-art ", ce n’est pas trop mon truc, mais je comprends parfaitement que certaines personnes apprécient !

Afin de situer un peu mieux le groupe auprès des lecteurs, pourriez-vous citer et brièvement commenter 1° votre album de chevet absolu, 2° l’album qui vous semble être le plus proche de " De Ira ", à quelque niveau que ce soit, 3° le dernier album que vous ayez acheté…
Mathieu : Mon album de chevet serait incontestablement " OK Computer " de Radiohead, par son côté original. Il est à la fois électronique et organique. J’aime beaucoup la production et tous les morceaux sont indépendants, différents et d’une sensibilité particulière. Ca a été une véritable découverte pour moi ! L’album qui ressemble le plus à " De Ira " ? Je t’avoue que je ne sais pas trop… Je n’ai même aucune idée là-dessus. Ce serait plutôt un rassemblement d’Opeth, de Philip Glass, d’Anathema, d’Empyrium, de Liszt et de je ne sais quoi d’autre. Quant au dernier album acheté il s’agit de " Thirteenth Step " de A Perfect Circle, qui est d’ailleurs un excellent album !

J’imagine que vous êtes sensibles aux problèmes du partage sauvage de fichiers musicaux et du piratage. Comment vous situez-vous à ce niveau en tant que groupe, et en tant qu’individus ? Pensez-vous que l’impact du mp3 comme outil de découverte s’en trouve largement amoindri, ou bien est-ce qu’au contraire l’opportunité de rentrer par ce biais dans le circuit du bouche-à-oreilles est pour un jeune groupe d’autant plus cruciale ? (J’ai vu que pas moins de deux titres complets de " De Ira " sont dispos au téléchargement).
Mathieu : A notre stade, il est plus important pour nous que les gens écoutent notre musique plutôt qu’ils achètent notre disque. Alors le piratage de notre CD pour nous n’a aucune influence. Ce n’est pas comme s’il y avait beaucoup d’argent en jeu. Nous ne sommes pas assez importants pour être importunés sérieusement par un tel désagrément.

Connaissiez-vous Violent Solutions avant cette interview ? Vous tenez-vous assidûment informés de l’évolution de la scène via le web ? Pouvez-vous indiquer à nos lecteurs l’adresse du site officiel de The Spherical Minds ainsi que les rubriques que l’on peut y trouver…
Mathieu : J’avais entendu parler de ton webzine… mais je ne le connaissais pas particulièrement ! Mais j’avoue que tu fais un très bon travail, nourri de recherches et d’écoutes attentives des albums que tu reçois. J’invite les gens à visiter notre site Internet : http://www.the-spherical-minds.com où ils peuvent trouver des mp3, des photos, des interviews, des chroniques, bref tout ce qui touche de près ou de loin le groupe !

Tirons un trait sur cet entretien, si vous le voulez bien. Si j’ai oublié de vous demander quelque chose de vital, si vous avez une annonce à faire, ou si tout simplement vous souhaitez laisser un petit message pour nos lecteurs, veuillez profiter de cet espace libre… All the best…
Mathieu : Cette interview était très complète ! Je n’ai rien à ajouter ! Merci pour tout !