VAS Y PAPY
(RACONTE NOUS LES 80's) par PAPY CYRIL
INTERVIEW DE RENAUD HANTSON (SATAN JOKERS) par PAPY CYRIL-remerciment
a Fushia et Renaud
Papy : Peux-tu nous raconter brièvement lhistoire de Satan Jokers ?
Renaud Hantson : Jai commencé par former un groupe du nom de Jarretelles avec le
bassiste Laurent Bernat. Nous avons ensuite recruté un guitariste, Hervé Peyrot, et un
chanteur, Pierre Guiraud, et avons changé de nom à ce moment-là pour devenir Satan
Jokers. Il y a une anecdote amusante à propos de Pierre puisquil est arrivé à son
audition avec une botte dune couleur à un pied et une botte dune autre
couleur à lautre pied, comme cela avait été le cas lors de la rencontre entre le
guitariste et le bassiste de Kiss. Nous avons ensuite changé 2 ou 3 fois de guitariste
avant de rencontrer Stéphane Bonneau et de signer notre premier contrat (pour 3 albums)
chez Polygram. Le groupe sest formé vers 1981 et le premier album est sorti en
1983. Vous connaissez la suite de lhistoire...
P : Quelles étaient les influences du groupe et les tiennes ?
RH : Les influences du groupe étaient hard-gothic : Judas Priest, Black Sabbath, etc... A
cela venaient sajouter les grandes valeurs du hard-rock : Led Zeppelin, Deep Purple,
Aerosmith, Van Halen, etc... Laurent Bernat et moi voulions ajouter à ce type de hard un
peu binaire une influence jazz-rock qui était un type de musique que nous avions
pratiqué tous les deux avant Satan Jokers dans un trio qui sappelait Tract. Ma
définition de Satan Jokers était la rencontre entre Led Zeppelin et Magma, entre le
hard-rock et une musique un peu cinglée...
P : Quel est pour toi le meilleur moment avec le groupe ? Et le pire moment ou
regret ?
RH : Le meilleur moment cest quand nous avons démarré, lorsque nous avons signé
le contrat en présence du P-DG de Phonogram qui portait le badge du groupe ! Le pire
moment cest lors du France Festival, lorsque je me suis rendu compte quà une
quarantaine de groupes (Trust, Warning et Satan Jokers compris) nous arrivions
péniblement à réunir 2 000 personnes alors quau même moment Deep Purple jouait
deux soirs à Bercy devant 15 000 personnes, pour une reformation du groupe purement
lucrative. Jai alors compris que ce type de musique était définitivement
anglo-saxon et quaucun groupe de langue française ne réussirait à vraiment percer
en France. Jai donc annoncé aux autres membres de Satan Jokers, ce jour-là avant
de monter sur scène, que cétait terminé, que jarrêtais.
P : As-tu une anecdote à nous raconter à propos du groupe ?
RH : Il y en a beaucoup. Par exemple, à loccasion dun grand festival de
hard-rock qui devait avoir lieu à Mulhouse et qui a été annulé, presque tous les
participants se sont retrouvés dans le même hôtel en ville et nous nous sommes amusés
à échanger les numéros des portes des chambres et les gens étaient donc complètement
perdus dans lhôtel. Et puis le fils du patron de lhôtel jouait lui aussi
dans un groupe de hard qui répétait dans les sous-sols du bâtiment et nous avons joué
toute la nuit. Cest un bon souvenir.
P : Que sont devenus les autres membres de Satan Jokers ?
RH : Stéphane Bonneau continue à donner des cours de guitare, comme il le faisait déjà
à lépoque. Je crois quil écrit également des chansons. Pierre Guiraud est
reparti vers son Sud-Ouest natal. Laurent, qui était mon bras droit dans le groupe, a eu
de petits problèmes de santé et il a séjourné assez longuement dans des centres qui
aident les gens qui ont abusé de certaines substances.
P : Quels sont les morceaux de Satan Jokers que tu préfères ?
RH : « Justice », « Pas de solution » et « Sorcier » sur le troisième album, «Trop
fou pour toi », « Pas fréquentable » sur le deuxième album, et « Quand les héros se
meurent », « Les fils du métal » et « Age de confusion » sur le premier.
P : Jai limpression que le troisième album est celui que tu
préfères. Est-ce celui qui te ressemble le plus ?
RH : Non, il ne me ressemble pas forcément. Nous avions fait un premier album de heavy
metal, à la Judas Priest ou Metallica, et les fans attendaient donc que nous continuions
dans cette lignée. De notre côté nous pensions que ce public-là était acquis et que
nous pouvions les amener vers un autre domaine, celui du hard FM qui commençait à bien
fonctionner à lépoque. Pour le
deuxième album, nous voulions profiter du fait davoir deux chanteurs dans le groupe
pour mettre en valeur laspect mélodique, comme Deep Purple du temps de David
Coverdale et Glenn Hughes. Mais nous nous sommes trompés et donc sur le troisième album
jai en quelque sorte voulu régler mes comptes avec cette musique en allant dans une
direction beaucoup plus violente. Cest un album très en avance pour lépoque
et jaimerais bien quil soit lui aussi réédité.
P : Quel est ton sentiment vis à vis des rééditions ? Comment se sont
passées les retrouvailles en studio avec Stéphane Bonneau à cette occasion ?
RH : Ces rééditions étaient inévitables même si jai eu tendance à ne pas
vouloir que les albums de Satan Jokers sortent en CD pendant des années parce que
javais le sentiment que ça avait peut-être un peu vieilli et parce que
javais limpression que ça manquait dà-propos par rapport à la musique
beaucoup plus soul et chanson française que je fais maintenant. Et puis finalement je me
suis rendu compte que le label Axe Killer distribuait à peu près tous les groupes de
cette époque-là et jaurais trouvé stupide que ce ne soit pas le cas pour les
albums de Satan Jokers. Je trouve que cette réédition est une très bonne chose car elle
satisfait une partie du public de lépoque et aussi les fans de Renaud Hantson qui
sont curieux de savoir ce que jai pu faire avant. En ce qui concerne Stéphane,
cétait sympa de le revoir. Nous sommes allés boire un coup ensemble, avons
déterré des souvenirs et nous sommes rappelé avec un peu damertume que nous
sommes passés un peu à côté de notre rêve de gosses.
P : Peut-on espérer une reformation du groupe le temps dun concert à
loccasion de ces rééditions ?
RH : Non, parce quil faudrait retrouver Pierre et Laurent que nous ne savons pas où
joindre. Et puis de mon côté je nai pas le temps de men occuper alors il
faudrait que cela repose sur les épaules de quelquun dautre afin que je
naie quà venir répéter et jouer.
|