Dark T interview Jarlaath de PENUMBRA
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Allez savoir pourquoi mais quand on pense metal orchestral, on pense immédiatement à des groupes étrangers qui se serait donné le mot pour tous se faire signer sur le même label (napalm pour ne pas le citer). Avant d’aller voir ailleurs ce qui se fait, il serait bon de jeter un œil sur ce qu’on a à la maison. Penumbra, un groupe français signé sur un label français (season of mist) a sorti il y quelques mois un troisième album qui non seulement n’a pas à rougir face à la concurrence mais qui en plus peut lui donner des leçons de savoir faire. Entretien avec Jarlaath qui semble bien déterminé à affirmer son groupe sur cette scène.

DT 1 : Commençons tout de suite par la question que tout le monde se pose : Penumbra a subi récemment de gros changements de personnels, que c'est il réellement passé ?
    Nous avons décidé de ne pas travailler avec notre ancienne chanteuse pour la réalisation de ce troisième album. C’était juste du à une incompatibilité de travail et de caractère entre elle et nous. Concernant Dorian, les raisons sont multiples mais la principale est que le métal n’occupe plus une place aussi importante dans son cœur qu’autrefois. Il vogue maintenant dans de nouvelles eaux musicales.

DT 2: Maintenant que ce point est éclairci, parlons du dernier album. Je sais qu'il est peut être encore un peu tôt pour vous pour en parler mais quelles sont les grosse différences entre The last bewitchment et Seclusion (Pour ma part j'ai pu noter à l'écoute de l'album la présence de nombreux petits bidouillages électros en fond sonore, et je trouve les morceaux très accrocheurs) ?
    Tout d’abord, le chant féminin est moins orienté classique qu’avant ce qui constitue une sorte de tournant pour le groupe. Je ne sais pas aujourd’hui si c’est réellement la voie que nous allons continuer à prendre mais elle convient en tout cas parfaitement pour ce troisième opus. Il y a effectivement plus de sons électro qui participent aux différentes atmosphères de l’album. Cela a été l’occasion pour nous de proposer quelque chose de nouveau par rapport à The Last Bewitchment grâce à ces sons. Et puis il y a aussi l’apparition de nouveaux instruments telles que la cornemuse et la flûte.

DT 3 : Il est de coutume de dire que le troisième album marque un tournant dans la carrière du groupe, cet adage s'applique t il a Seclusion ?
C’est à la presse d’en juger. A chaque sortie d’album, j’étais satisfait du résultat. Pourtant avec du recul, tu t’aperçois de certains défauts ou alors tu aurais voulu finalement que ça sonne autrement. Dans quelques mois ou années, Seclusion ne dérogera pas à cette règle. Donc parler de maturité n’a selon moi aucun sens si ce n’est pour espérer vendre plus ton nouvel album que l’ancien.

DT 4 : Sur Seclusion de nombreux éléments empruntés à toutes formes de métal cohabitent pour former l'identité musicale de Penumbra. Comment se passe la composition, chaque musicien apporte sa touche personnelle ou est ce là le résultat d'un seul et unique compositeur ? De toutes façons, la musique étant assez orchestrale, avez vous une formation classique ou agissez vous en autodidactes ?
    En général, cela se passe de la manière suivante : un musicien propose une base de travail avec un enchaînement d’accords, de rythmes. Puis, chacun apporte ses propres idées. Il arrive très souvent que le morceau final ne ressemble pas du tout au morceau initial. Cela fait aussi partie du charme de la musique. Pour les arrangements classiques, Zoltan se charge de la plupart mais nous mettons tous plus ou moins la main à la pâte.

DT 5 : Cet album est à mon sens plus diversifié que le précédent, on trouve par exemple de la cornemuse (c'est une nouveauté) du hautbois et de la flûte, pourquoi utilisez vous ce type d'instruments ?
    Nous espérons à chaque fois surprendre ceux qui nous écoutent et intégrer de nouveaux instruments est un des moyens d’y arriver. Nous ne nous reposerons jamais sur nos acquis même si le risque de dérouter nos fans est présent. Et puis, il y a l’amour de la musique et des instruments : c’est aussi une manière égoïste de se faire plaisir.

DT 6 : Il s'agit d'un concept album, et plus précisément de la suite du concept débuté sur The last bewitchment. Pouvez vous nous éclairer d'avantage sur le sujet ? L'histoire est elle terminée ou cela va t il continuer sur le suivant ?
    Nous racontons l’histoire impossible entre un ange qui, pour connaître le monde des hommes a décidé de déchoir, et une femme. Cet amour est proscrit par les anges et les dieux. Doit-on y voir de la jalousie, du dédain, de l’incompréhension, de l’envie, etc… ? C’est très complexe et je laisse le plaisir de découvrir cette histoire à ceux qui aiment lire et comprendre les textes. Pour la suite, c’est actuellement trot tôt pour le dire. Disons qu’il y aura très certainement un troisième volet à cette histoire mais peut être que cela ne sera pas pour le prochain album.

DT 7 : Au delà du concept pur et simple, quels sont les thèmes que vous vouliez aborder ?
    La nature humaine à la fois dans ce qu’il y a de plus beau et de plus vil. La religion aussi, la manière dont elle peut être perçue et utilisée Ceux qui prendront la peine de comprendre les textes le verront.

DT 8 : Chaque personnage est représenté par un type de chant, cela a du nécessité beaucoup de travail. Le résultat est assez grandiose, doit on voir dans l'utilisation des choeurs une nouvelle marque de fabrique du groupe?
    Je ne pense pas. Les personnes focalisent davantage sur la présence d’un chœur et non sur son utilisation. Ce serait une démarche vouée à l’échec que d’essayer uniquement de se différencier par l’intégration de chœurs et des textes sous-jacents à leurs utilisations.

DT 9 : Seclusion fait preuve d'une grande inspiration. Justement, qu'est ce qui vous inspire et vous influence ? Sur le plan purement musical dans un premier temps et sur un plan plus général ensuite.
    Sur le plan musical, tout nous influence à partir du moment ou on peut le mettre à profit pour notre musique. L’intérêt pour chaque type de musique n’est pas homogène mais si tu analyses bien, il y a toujours quelque chose à « prendre » que ce soit au niveau musical, de la production, etc… Avant j’étais très fermé musicalement parlant et je n’écoutais que du classique et du métal. Aujourd’hui je me force à écouter plus de groupes moins métal et plus rock même si parfois c’est difficile je l’avoue !!
Pour nos autres influences, il y a bien sûr le cinéma dont nous sommes tous de très gros consommateurs, la littérature même si pour certains d’entre nous elle se résume surtout à la bande dessinée !!!
       
DT 10 : Dans ce style de métal, les groupes se doivent d'avoir une excellente production. Vous avez fait appel une fois de plus à Terje Refnes qui est bien connu pour produire plusieurs groupes de ce style (Trail of tears, Tristania, Sirenia). Le fait que tous ces groupes oeuvrant dans le même style enregistrent au même endroit attise les comparaisons. Ne craignez vous pas que cela vous nuise par la suite en arrivant à une uniformisation du son de tous ces groupes (comme ce fut le cas pour les studio abyss il y a quelques temps, victimes en quelque sorte de leur succès et de leur qualité) ? Pensez vous continuer à enregistrer aux soundsuites ou allez vous voir ailleurs pour justement vous démarquer des autres?
    C’est à l’ingénieur son de trouver celui qui te convient le mieux. Terje a prouvé maintes et maintes fois qu’il faisait partie de ceux qui arrivaient à trouver un son personnel en harmonie avec la musique du groupe. C’est un luxe de savoir que quand tu vas dans ce genre de studio, tu es sûr d’avoir un son de qualité. Et crois moi, c’est vraiment une épine en moins dans le pied. Cela répond indirectement à ta deuxième question : oui je pense que nous irons encore enregistrer dans son studio au prochain album.

DT 11 : Pendant un moment le groupe s'est retrouvé sans label, avant de signer chez season of mist Penumbra avait sorti un ep autoproduit. N'ayant pas eu la chance de l'écouter, que sont devenus les titres de cette démo ? Sont ils sur The last bewitchment ?
    Nous avons réalisé en effet ce produit uniquement dans le but de démarcher les labels et attiser l’envie des magazines. Je crois que nous en avons seulement fait 50 exemplaires. Sur ce cd, il y a 3 titres qui sont présents et qui sont sur The last bewitchment. Ils sonnent vraiment différemment alors que paradoxalement la qualité de production est bonne. Les fans peuvent les télécharger sur internet d’après ce que j’ai vu. C’est une bonne chose.

DT 13 : Pour l'instant on s'est essentiellement concentré sur l'aspect studio du groupe, mais à quoi doit on s'attendre sur scène ? Cela risque d'être assez difficile de tout retranscrire et l'utilisation de samples semble être inévitable. Pensez vous pouvoir défendre votre album sur scène dans de bonnes conditions ?
    A l’avenir, nous jouerons effectivement avec des séquences, nous n’avons malheureusement pas le choix. C’est un gros travail mais nous devons passer par là si nous voulons garder l’atmosphère de l’album. Avec une équipe régulière autour de Penumbra (ingé son, ingé lumière), je pense que le résultat devrait être vraiment bon d’autant plus que le visuel est très important pour nous et nous garderons toujours cette optique (costumes, effets pyrotechniques, etc…)

DT 14 : On a l'impression qu'un groupe français doit d'abord faire ses preuves à l'étranger avant d'être reconnu en France. C'est un peu le cas avec Penumbra qui a une notoriété plus importante dans d'autre pays qu'en France, comment vivez vous cette situation ?
    C’est vrai que l’essentiel de nos ventes concernent beaucoup le Bénélux, l’Amérique du Sud aussi mais elles sont aussi bonnes en France. Je ne sais pas réellement expliquer cette situation. Peut être est ce du tout simplement au fait que les personnes qui écoutent du métal sont beaucoup plus nombreuses dans ces pays ou le métal est une musique reconnue.

DT 15 : Croyez vous que votre nationalité ait favoriser les comparaisons du style « Therion français» ou « Tristania français » ? Est-ce du au fait que la scène française à l'étranger a du mal à trouver preneur et que les gens, à partir du moment ou le groupe est français, doivent le rattacher à quelque chose de plus connu ?
    Vaste débat !!! Mais ce que tu dis est vrai. Il faut savoir une chose (au risque de faire peur aux autres groupes). Dès qu’un label étranger reçoit une démo d’un groupe français, elle va directement à la poubelle. Lors de nos discussions avec des groupes étrangers ou des patrons de label, on s’est aperçu qu’ils considéraient les musiciens français comme des amateurs. Dans des pays comme les Pays-Bas, presque tous les groupes (petits, moyens, gros) sont rémunérés par les salles ce qui n’est absolument pas le cas en France. Cette démarche fait partie de celles, nombreuses, qui font que les groupes métal étrangers sont plus professionnels à tous les niveaux. Je n’aime pas réellement cette vision car elle occulte a priori la passion et le travail de ceux qui comme toi, se démènent pour faire avancer les choses en France. Malheureusement, c’est la réalité. Donc comparer un groupe français à un groupe étranger est une manière de briser cette image.

DT 16 : Si un jour on vient vous voir en disant d'un groupe qu'il est le Penumbra allemand ou le Penumbra italien (les deux au hasard) qu'elle serait votre réaction ?
    J’en serai fier mais à la fois je le plaindrai !! On a tellement souffert de cette étiquette de Therion français que je ne le souhaite à personne

DT 17 : Comme vous le savez le marché du disque va mal ces temps ci. Dans ce contexte, qu'elles retombées attendez vous pour cet album et comment voyez vous l'avenir du groupe ?
    Sincèrement, cela fait longtemps que nous savons que nous faisons du métal juste par passion et pas pour l’argent. Mais maintenant, nous demandons pour les concerts à nous faire rémunérer pour les raisons suivantes : d’une part nous avons maintenant un staff technique qui le nécessite et d’autre part nous avons également des musiciens de session dont c’est le métier. De plus, on a tous des jobs et des impératifs personnels et maintenant, nous ne pouvons plus nous permettre de jouer à perte comme nous l’avons fait avant très souvent. Nous espérons avec ce troisième album avoir l’opportunité de jouer dans des bonnes salles et dans de bonnes conditions. C’est aussi simple que cela et c’est ce qui nous fera prendre notre pied : faire un concert de qualité. C’est aussi un moyen de respecter nos fans : nous sortons des albums dont les budgets de réalisation sont conséquents et le public se doit de voir un groupe qui puisse assumer en live ses réalisations.

DT 18 : Allez, un dernier petit mot pour les lecteurs de VS et n'oubliez pas de mettre l'adresse de votre site pour ceux qui voudraient en savoir plus.
    Et bien c’est justement le mot de la fin !!! Je voulais profiter de cette interview pour mentionner les coordonnées de notre nouveau site http://www.penumbra-band.com  . Pense à faire de la voyance Greg !!! :o)

Jarlaath