Uriel
interview Sylvain de MONOLITHE |
Monolithe est tout frais dans le paysage metal, mais dès les premiers lacets du sentier escarpé quest " Monolithe I ", cest comme si sa musique avait été avec nous depuis toujours, un grondement sourd, une présence incessante qui, à la manière dun monstrueux ECG, souligne les mouvements du monde depuis sa création. Ca tombe bien puisque les origines de la vie, cest justement le thème avec lequel Sylvain Bégot, grand passionné de musique(s) devant léternel, a choisi den découdre avec ce projet. Alliant la quintessence du doom pedigree lourd à une infinie palette de nuances atmosphériques, Monolithe saura vous avaler tout rond et faire apprécier à votre âme ces saveurs lointaines qui animent ses entrailles. Terve Sylvain Quelques mois après que ton groupe premier Anthemon ait mis bas lalbum " Arcanes ", te revoici déjà à pied duvre avec Monolithe, ton projet intime dont laccouchement vient davoir lieu. Un petit retour sur les origines de ce beau bébé simpose. Te rappelles-tu des circonstances dans lesquelles cette envie de procréer Monolithe sest manifestée pour la première fois ? A partir de quel moment as-tu entrevu la possibilité den tirer du matériel mûr pour la divulgation au grand public ? Je suis assez prolifique, jai donc pas mal de choses de côté dont je ne sais pas trop quoi faire ou que je réserve pour déventuels autres projets. Ça a été le cas avec Monolithe. Javais un certain nombre de parties musicales assez courtes, très orientées Doom, que je ne comptais pas vraiment utiliser pour Anthemon car dune part ça ne rentrait pas trop dans son cadre artistique et dautre part parce que je ne pense pas que tout le monde dans le groupe soit vraiment réceptif à ce type de musique. Jai assemblé tous ces élements en un seul, ce qui a donné quelque chose comme les 15-20 premières minutes de Monolithe. Jétais très satisfait du résultat et cest de là que mest venu lenvie de continuer à travailler sur ce projet de manière plus " sérieuse " parce que je sentais que je pouvais aller plus loin et quen quelque sorte le morceau que javais obtenu de la sorte nétais pas achevé. Jai donc continué le processus de compostion tout en élaborant parallélement ce que serait le concept de Monolithe, aussi bien au niveau de la musique, du type darwork, des textes, etc Le choix du nom du projet sest imposé à moi sans que jy réfléchisse beaucoup en fait. Le nom Monolithe fait à la fois référence à la première source dinspiration du concept, cest à dire le monolithe du film de Kubrick " 2001, lodyssée de lespace " mais aussi à la forme musicale que jai choisie, à savoir un disque composé dun unique morceau. Le style de musique pratiqué, une musique assez lente et très lourde, aux atmosphères mystiques est aussi un élément qui ma fait choisir ce nom. Je naurais pas pu en trouver de meilleur, même si je savais quun groupe de prog des années 70 portait ce nom et quun groupe de Death le porte également, mais sans " E " à la fin. Mon but premier était de créer quelque chose dont je sois satisfait, laspect " divulgation " est venu ensuite. Le fait que Monolithe soit signé et que lalbum sorte est la cerise sur le gâteau. Mais je suis particulièrement enthousiaste quant à ce premier album, je te mentirais si je te disais que je naurais pas trouvé dommage de ne pas le sortir.
On peut dire sans trop risquer de se tromper que ce projet vient garnir les légions du doom. Nous discuterons les attributs spécifiques de Monolithe plus loin, mais dabord peux-tu expliquer ce que le doom en tant que musique et la scène doom en tant quenvironnement représentent à tes yeux ? Cest un univers qui passe pour hermétique et mystérieux aux yeux de beaucoup, et qui a pour particularité délever au rang de cultes la plupart des groupes quil génère Quest-ce qui ty attire et quelles sont les sensations que tu y recherches ? Le terme " Doom " ne représente pas grand chose en soi, cest un terme générique qui regroupe des artistes qui pratiquent une musique qui explore un peu les mêmes sentiers. Souvent les groupes du style sont très différents les uns et des autres et je suis loin daimer tout ce qui se fait en la matière. Disons que cest un refuge pour des artistes qui cherchent à créer une musique émotionnellement riche et, pour les meilleurs représentants, sans limites artistiques sans pour autant chercher à être techniques ou iconoclastes à nimporte quel prix. Les groupes de Doom que japprécie particulièrement sont ceux qui allient la puissance et les ambiances profondes. On y trouve souvent une rare beauté, parfois " alternative ", parce quelle nest pas systèmatiquement basée sur des mélodies mais sur des atmosphères ou des riffs de guitares qui dérangent loreille parce quen dehors des conventions harmoniques usuelles. Le Doom est certainement un des seuls genres musicaux qui peut encore me surprendre lorsque jécoute les albums de nouveaux venus, alors que cest très rarement le cas dans dautres styles.
Il semble que la scène doom, tout en demeurant bien confidentielle, soit dans une phase dexpansion avec larrivée de nouveaux groupes et de nouveaux fans. De plus les festivals, voire les tournées exclusivement dédiés au doom sont plus nombreux et mieux soutenus que jamais. A quoi attribues-tu ce phénomène ? Est-ce comme souvent dans dautres styles une manifestation cyclique appelée à retomber tôt ou tard ? Effectivement jai constaté ce phénomène moi aussi. Je pense que le succès de Shape Of Despair auprès dun public plus large que le cercle des fans de Doom habituels y est pour quelque chose. Il faut espérer que ça ne va pas dégénérer en grosse farce comme pour le Black Metal. Quant aux tournées dont tu parles, je suppose que tu fais référence au Doomination Tour, qui a fait pas mal parler delle, mais il faut savoir quelle sest déroulée en dehors de tout support " professionnel ". Elle a été organisée par les groupes et par les fans. Je ne veux pas jouer les Nostradamus de pacotille, mais je pense que le Doom entre dans une phase de mode et je ne peux que souhaiter que les conséquences ne sauront pas les mêmes que pour le style cité plus haut. On voit dailleurs déjà émerger des tendances agressives dindividus qui proclament savoir ce quest le vrai doom et critiquer tout le reste, bref tout le cirque habituel dès quun style devient plus populaire.
La forme de doom que tu pratiques pousse assez loin les notions de lourdeur et de lenteur, et ménage un espace généreux pour les atmosphères et les orchestrations. Est-ce là le genre dapproche que lon peut regrouper sous le terme de funeral doom ? Je ne peux pas te dire précisemment comment catégoriser la musique de Monolithe. Il y a des influences de plusieurs styles de Doom et même des éléments qui viennent de courants musicaux qui nont rien à voir. A ce titre je ne sais pas si Funeral Doom est vraiment le terme approprié même si certaines parties de "Monolithe I" sen rapprochent.
Monolithe a été comparé à un croisement entre Shape of Despair et Skepticism. 1° Est-ce quelque chose qui te flatte ? 2° Est-ce quelque chose que tu acceptes comme approprié ? Je naime pas trop les comparaisons en général, même si celles ci sont assez flatteuses. Néanmoins il a été dit aussi que Monolithe I posait les bases dun nouveau style de Doom et bien évidemment je préfère largement ce genre de commentaire :) Les comparaisons avec Skepticism et Shape Of Despair viennent sans doute dune utilisation des claviers comme élément important dans la musique mais ces deux groupes utilisent les guitares en renforcement de la lourdeur de leurs atmosphères alors que celles de Monolithe ont plus dimportance que les claviers. A ce titre je me sens plus proche de groupes comme Unholy ou My Dying Bride même si ça na rien à voir musicalement.
Veuille nommer et commenter tes trois albums doom de référence Sans ordre particulier : Anathema The Silent Enigma. Un sens des atmosphères belles et oppressantes, une voix géniale, un travail harmonique hallucinant et le jeu de guitare de Daniel Cavanagh leads sublimes et larsens harmonisés pour un disque profond et tout simplement beau. Unholy Gracefallen. Une collection de riffs Doom très inspirés, une production énorme, le meilleur grunter du style, un album puissant et planant à la fois, une musique assez progressive, bref un de mes disques de chevet. My Dying Bride As The Flower Withers. Un disque fondateur, titres inspirés, en dehors de toute convention artistique à lépoque, une production roots mais collant parfaitement à lambiance du disque. Cest un classique et je lécoute régulièrement. Cest difficile de nen choisir que trois, des disques comme " Lead & Aether " de Skepticism, " Streams From the Heaven " de Thergothon, " Quietus " de Evoken ou le premier Shape Of Despair " Shades Of " sont des incontournables eux aussi. Ces groupes officient dans une veine que jaffectionne mais il y a beaucoup de courants différents, il y aurait donc beaucoup dautres disques essentiels à citer.
Es-tu parti avec lidée de réaliser quelque chose de foncièrement nouveau, de réellement extrême ? Par exemple tes-tu référé lors de la composition aux caractéristiques de certaines uvres spécifiques en essayant de repousser leurs limites encore plus loin, ou devrais-je dire encore plus bas ? Pas du tout, je fais ce qui me passe par la tête sans me soucier de coller à tel ou tel style. Néanmoins la recherche deffets particuliers ou lexpérimentation pure font partie de mon " programme ", il y aura une évolution dans la musique de Monolithe au fil des albums et certains ne seront sans doute pas très accessibles. Ils seront tous différents en fait.
Est-ce que ta vision de Monolithe a beaucoup évolué entre les premières esquisses et le moment où tu as arrêté le schéma densemble de " Monolithe I " ? Si oui, par quoi et de quelle manière la direction du projet a-t-elle été influencée ? Non ça na pas beaucoup bougé, sauf les textes et les parties de batterie. Après lécriture de "Monolithe I" jai amélioré certains arrangements et jai entièrement retravaillé la programmation de la boite à rythme pour lui donner à la fois la souplesse dun jeu humain tout en gardant le feeling mécanique de la machine, ce qui na pas été facile à faire. Jaime tout autant le jeu très fluide de bons batteurs que celui très robotique de la machine, jai tenté de réunir les deux. Quant aux textes, ils devaient être en français au départ mais après reflexion je les ai trouvés un peu trop clichesques. Disons quils nétaient pas très différents du type de textes que tu attends dun groupe catégorisé dans le doom. Or, je voulais faire quelque chose de différent et donc une fois le concept général de Monolithe au point, jai écris les textes définitifs, en anglais. Ils ont ensuite encore un peu bougé au moment de lenregistrement du chant.
La complémentarité harmonique très intense entre la lead guitar et la section rythmique non seulement façonne le visage des mélodies, mais plus généralement définit le caractère de la musique aux instants clés. Es-tu daccord si je dis quen cela, ta manière de composer, qui donne aux guitares un rôle que je qualifierais d" actif ", se démarque du doom classique qui tend à arborer un profil de monotonie " passive " en limitant lapport mélodique pur ? Oui, même si jutilise beaucoup le clavier, ce sont néanmoins les guitares qui jouent le rôle principal. Comme je te le disais plus haut, cette utilisation des guitares distingue Monolithe des groupes comme Shape Of Despair ou Skepticism auxquels nous avons été comparés. Mais dun autre côté je ne suis pas trop daccord avec ce que tu dis, on ne peut pas dire que My Dying Bride, Unholy, Thergothon ou Anathema ou les pionniers comme Candlemass utilisent les guitares de cette manière.
" Monolithe I " se compose dun seul et unique bloc de 5200. Comment as-tu abordé la réalisation de ce qui devait, jimagine, sonner au final comme un ensemble cohérent ? As-tu mis bout-à-bout et réarrangé des riffs, des idées ou des bribes de morceau isolés ? Ou bien tes-tu astreint à composer de manière strictement progressive, en créant chaque partie comme la résultante de la précédente ? Comme je le disais plus haut, le premier quart dheure est un patchwork de plans plus ou moins anciens que jai retravaillés pour quils senchaînent de manière très fluide. La suite de "Monolithe I" a ensuite été écrite de manière progressive et je suis revenu sur certains détails une fois le premier jet du morceau complétement achevé. Ce ne sont pas de petits morceaux collés les uns aux autres, cest bien dun seul et indivisible titre quil sagit. Dailleurs certaines parties reviennent plusieurs fois. Effectivement, un changement dhumeur dans la musique est la conséquence de la précédente et la cause de la suivante.
Jimagine quen tant que fin observateur de la scène metal, tu as eu loccasion découter des albums comme le " Crimson " dEdge of Sanity, ou le " Light of Day, Day of Darkness " de Green Carnation, qui présentent également la particularité de se résumer à une seule et même plage marathon. Sans entrer dans des comparaisons musicales qui nont pas lieu dêtre vu les différences de style, tes-tu inspiré de la méthodologie de tels albums ? Honnêtement, où se situe pour toi le principal intérêt dun long morceau unique, et quelles en sont les limites (en te basant aussi bien sur Monolithe que sur les groupes précités) ? Je possède ces deux albums. Je suis très admiratif du travail de Edge Of Sanity, mais le Green Carnation ma lassé très vite parce quil manque de rebondissements je trouve. Je ne me suis inspiré daucun de ces deux albums, jai fait les choses telles que je les sentais. Je sais que ce nest pas foncièrement nouveau de proposer un album composé dun unique titre, même si cela reste relativement rare, mais jusquà présent cela na été fait quà titre exeptionnel alors que Monolithe ne proposera que des albums dune seule piste. Dun point de vue musical et textuel, lensemble de la discographie de Monolithe sera une seule et unique histoire dont chaque album sera un nouveau chapitre, musicalement différent du précédent, tout en conservant un certain nombre de bases posées par "Monolithe I". Une fois le concept achevé, Monolithe sarrêtera. Jai déjà plus ou moins décidé du nombre de " chapitres ", cest un challenge très ambitieux mais je le mênerai à son terme. Linterêt dun seul et unique morceau est double : le premier cest de disposer dune liberté totale quant au développement dune idée, quon peut triturer comme lont veut, développer sur une durée très longue sans rendre lensemble bancal au niveau de la structure. Lautre avantage, cest dembarquer lauditeur dans un voyage et manipuler ses émotions sans quil ne puisse brûler les étapes. Il est clair quune partie du public sera refractaire à ce relatif manque de liberté mais au moins ceux qui apprécieront lalbum auront fait leffort de simmerger dans lunivers de Monolithe et de ne pas lécouter que superficiellement. En tant que musicien, sil y a bien une chose que je naime pas entendre, cest " jaime bien ton album, surtout la 3, la 6 et la 10 ! ". Tu vois ce que je veux dire. Quant aux limites, il ny en a pas ! A part la quantité de musique quun CD peut contenir :)
Je trouve que les 5200 se digèrent très bien et sont même relativement vite passées il mest arrivé de trouver le temps bien plus long sur des albums traditionnels de 4000. Est-ce que cest un phénomène que tu ressens également si tu écoutes lalbum en tant que simple auditeur ? Selon toi, est-ce que limpossibilité (ou du moins la grande incommodité) de zapper entre les parties est quelque part un moyen dopérer un tri sélectif parmi son auditoire en mettant à lépreuve la fidélité à la musique et limplication dans lécoute ? Jai déjà répondu à cette question en grande partie dans ma réponse précédente, il est évident que le fait dêtre obligé découter lalbum dune seule traite risque dévincer un public qui nécoute la musique que de manière très superficielle ce qui nest pas plus mal mais bien évidemment ce nest pas ça qui a motivé le choix dun unique titre. Du côté du public Doom, jai reçu beaucoup de réactions très enthousiastes vis à vis de "Monolithe I" sans quon ne me dise jamais que cest emmerdant de navoir quune seule piste ou ce genre de trucs. Ça ne me surprend pas vraiment parce que ce public là est habitué aux morceaux très longs. Pour répondre à la première partie de ta question, je trouve également que les 52 minutes de "Monolithe I" passent vites. Il se passe toujours quelque chose qui tient ton attention et ton interêt en éveils.
Est-ce que " Monolithe I " raconte une histoire ? A la lecture de lencart lyrics et des infos communiquées dans la bio du groupe, il semble que le sujet central soit les origines de lhumanité. Sous quel angle et selon quel type de langage (philosophique, romancé, etc.) explores-tu ce vaste thème ? Monolithe raconte une histoire, "Monolithe I" nen est que le prologue. Il sagit effectivement dun concept basé sur lorigine de la vie humaine, ce qui a son importance ecrit dans un language qui se veut paradoxalement très simple et absconse. La compréhesion du texte de "Monolithe I" nest pas immédiate je pense, mais il y a quand même des indices assez évidents qui donnent les clées pour comprendre au moins de quoi ils parlent. Je nai pas la prétention daborder le sujet dun point de vue philosphique, même si ces textes sont loccasion de faire un point sur la place de lhomme dans son environnement. Cest plutôt du côté de la SF quil faut aller voir, parce que le thème de lorigine de la vie tel que je le traite ne repose sur aucune base scientifique valide.
" Monolithe I " est-il conçu afin de guider lauditeur sur la voie du concept traité ? Crois-tu que la jouissance parfaite de ta musique doit obligatoirement saccompagner dune certaine réflexion introspective ? Es-tu daprès ton expérience en mesure de suggérer des moyens datteindre les dispositions desprit idéales appareillage découte, éclairage particulier, substances, etc. ? La musique reste lélément primordial. Lartwork, les textes, le concept général, etc relèvent, dans ma manière de voir les choses, du domaine de limagerie et de la communication. Rien nest bien sûr fait au hasard, lorsque tu écoute "Monolithe I" en lisant les textes, en extrapolant sur le concept, en regardant la pochette ou en ayant en tête des images de grands espaces, etc ton imaginaire travaille et les relations avec ce quévoque la musique deviennent évidentes. Je dirais que "Monolithe I" est le type dalbum quon apprécie pleinement lorsquon y consacre toute son attention, à fort volume ou au casque, dans lobscurité ou avec le digi sous les yeux.
" Dieu nest quun mot rêvé pour expliquer le monde ", dixit Lamartine. En quoi cette citation, que tu as choisi de faire figurer au dos de lalbum, illustre-t-elle Monolithe ? Comment interprètes-tu toi-même cette pensée ? Il est communément admis par les théologiens que lessence divine, transcendante, est indépendante (au-dessus) des réalités terrestres. Or, si lon doit rechercher la justification du terrestre dans le divin (comme semble lindiquer cette phrase), nest-ce pas là un expédient commode pour lHomme de nier la responsabilité fondamentale de ses actions ? Lamartine ne fait quexprimer de manière poétique que Dieu est la personnification de lignorance de lhomme, et ce depuis toujours. Il est aussi, comme tu las dis, lexcuse incontestable, la justification ou la négation dactions qui font de lhomme un ennemi pour ses pairs et lui-même. Lemploi du mot " rêvé " nest à mon sens pas anodin. Lamartine aurait pu utiliser ladjectif " idéal " à la place, mais il nen est rien car ses mots ont un double sens. On peut aussi penser que finalement, ce serait plus commode de pouvoir tout expliquer avec un " cest à cause de Dieu ". Penser que lhomme est en fait face à un grand vide, à une grande inconnue, ou à un (ou des) dieu(x) très différent(s) de ce quil imagine, est difficile à concevoir, voire effrayant. Je suppose quil y a maintenant assez déléments pour comprendre pourquoi cette citation se trouve au dos de "Monolithe I" :)
Revenons à des choses plus terre à terre en évoquant les musiciens qui taccompagnent sur le premier opus de Monolithe. Peux-tu tout dabord en faire un bref tour dhorizon ? Ensuite, tu mavais confié à une époque que tu voulais faire de Monolithe un line-up évolutif au fil des albums, mais il semble que tu sois quelque peu revenu sur cette décision. Des explications ? A part moi-même aux guitares, claviers et programmation, les musiciens ayant enregistré "Monolithe I" sont Richard Loudin au chant, Marc Canlers à la basse, Nicolas Chevrollier et Benoît Blin aux guitares. Ils font tous quatre partie dautres groupes et ont participé à lalbum à ma demande, soit parce que jattendais quelque chose deux en particulier par rapport à leur capacité vocale ou instrumentale comme pour Richard ou Marc, soit parce quils sont des amis en qui je pouvais avoir une totale confiance pour me décharger dune certaine dose de travail. Avec toutes les pistes de guitares quil y avait à enregistrer, je me suis félicité davoir eu la bonne idée de faire appel à deux autres guitaristes pour ne pas avoir tout à faire tout seul ! En principe je souhaitais changer de line-up à chaque album, cest vrai, mais entre la difficulté de gestion dun line-up en constante évolution et lecueil possible du " all-star band ", jai préféré, du moins pour le moment, faire appel aux même personnes. "Monolithe II" sera donc en principe composé du même line-up, avec si tout va bien un musicien supplémentaire qui jouera dun autre instrument. Tout cela nexclue pas dinviter à loccasion des musiciens que japprécie, sur tout un album ou en guest sur certaines parties. Il y a notamment deux musiciens français que jaimerais pouvoir convaincre de participer un jour ou lautre à un album de Monolithe.
Monolithe sera-t-il cantonné aux murs du studio, ou envisages-tu de lui donner une existence scénique ? Comment te représentes-tu le décor et les conditions de jeu qui feraient dun concert de Monolithe une expérience inouïe ? Monolithe ne fera pas de concerts. Cest une décision que jai prise dès le départ. Ne pas faire de concert est un choix artistique et ne pas faire de répétitions est un avantage considérable. Néanmoins je nexclue pas léventualité dun concert unique un jour ou lautre, peut-être juste avant que Monolithe arrête ses activités Cest bien sûr impossible à prévoir pour le moment. Si un tel concert devait avoir lieu un jour, il faudrait plusieurs guitaristes, un véritable batteur capable de reproduire les mêmes parties que la machine, des conditions scéniques excellentes et un gros travail de préparation.
Le chant de Richard Loudin navigue dans des eaux sépulcrales dune rare profondeur. Cela participe-t-il dune volonté de départ ? Quest-ce que ce chant est censé incarner dans lil de lentité Monolithe ? Se limite-t-il au rôle de narration, ou bien matérialise-t-il une force distinctive qui ne supporterait pas un type de timbre plus clair ? Jai demandé à Richard de soccuper du chant sur "Monolithe I" parce que connaissant sa voix à travers Despond et son vif interêt pour ce genre de musique, je savais que jobtiendrais exactement ce que je voulais. Son rôle est essentiellement narratif mais il est aussi utilisé comme un instrument qui vient apporter une variation à un thème. Il sert aussi de contrepoint aux parties musicales les plus " optimistes ". Je ne voulais pas de chant clair sur "Monolithe I" mais je nexclue pas den mettre dans lavenir sil peut apporter autre chose quune simple mélodie supplémentaire. Il y a aussi un type de vocalises particulières que jaimerais bien essayer dintégrer dans Monolithe, ça pourrait donner quelque chose dassez exeptionnel.
Ne trouves-tu pas que le growl bien grave possède certaines propriétés aphrodisiaques ? Richard est hétérosexuel mais je vais te donner son contact et tu pourras tenter ta chance si tu veux :)
Ta collaboration avec Appease Me sest annoncée de façon assez singulière, puisque ce sont les dirigeants de ce label qui tont signifié leur intérêt pour Monolithe sans que tu leur aies envoyé de maquette au préalable. As-tu été surpris de cet intérêt a priori exclusivement basé sur des critères artistiques de la part de personnes avec lesquelles tu navais pas de contacts auparavant ? Cela a-t-il joué dans ta décision de tengager, bien quAppease Me soit un label encore très jeune ? Ce qui ma surpris cest surtout quune proposition arrive aussi rapidemment. Maintenant que la proposition émane dAppease Me nest en soit pas très surprenant, les dirigeants sont eux-mêmes des musiciens qui concentrent leur attention sur la qualité de la musique quils font sans redouter les réactions du public. Pour tout dire, Appease Me na pas été le seul label avec qui jai été en contact, mais mon choix final a été influencé dune part par la concordance de leurs motivations et des miennes, par le respect que je porte aux musiciens quils sont, par le fait quils étaient prêts à me suivre dans toutes mes décisions et ils ont tenu parole, sur le fait de sortir un digipack par exemple -, par une volonté affichée de transparence, par leur ouverture desprit dans leurs goûts musicaux, et aussi parce que Appease Me étant un jeune label ambitieux et sincère dans ses démarches, participer à cette " aventure " depuis le début ma particulièrement motivé. Je pense sincèrement quAppease Me va rester ce quil est déjà, à savoir un label très, très intéressant sur le plan de sa politique artistique et quil va très vite devenir une référence.
Dans lhypothèse où Appease Me ne taurait jamais mis le pied à létrier, comment comptais-tu ty prendre pour produire et distribuer " Monolithe I " ? Est-ce que la signature a considérablement accéléré les choses ? La signature avec Appease Me a accéléré la sortie de lalbum, mais comme je te le disais, ce nétait pas le seul label avec lequel jétais en contact. Il aurait très bien pu sortir ailleurs sans que je ne fasse de véritable travail de démarche. Si javais effectivement eu besoin de démarcher, je ne pense pas que jy aurais apporté beaucoup dimportance et il existe de toute façon des moyens de distributions alternatifs. Néanmoins la situation dans lequelle est Monolithe à lheure actuelle est celle que jespérais.
Doù lintérêt dune cyber-promotion rondement menée auprès de cibles médiatiques choisies Je tai fréquemment vu rendre compte de lavancée du projet Monolithe sur certains forums et espaces web, et le site de Monolithe était en ligne bien avant que lalbum ne soit disponible. Y a-t-il concertation avec Appease Me à ce niveau afin doptimiser la diffusion de linformation, ou bien es-tu totalement libre daller faire indépendamment ta promo à droite et à gauche ? Quen est-il de la majorité de fans qui, pour une raison ou une autre, ne lisent que la presse écrite ? Est-ce encore une cible hors datteinte (en dehors du bouche à oreilles) ? Le site ou les annonces passées sur des forums se font sans consultation. Jai tout de même prévenu Appease Me dans certains cas. Je pense que je ne mavance pas trop si je dis quAppease Me comme moi-même considérons la promo comme un mal nécessaire, nous faisont de notre mieux, avec nos moyens, mais lessentiel reste ailleurs. Internet est un média peu coûteux, il est donc primordial pour des formations comme Monolithe ou Blut aus Nord dont le public se forme à travers le bouche à oreille plutôt quavec la promo. La presse écrite, elle, est plus délicate à atteindre. Le prix des pages de pub est très élevé et les magazines nationaux ne prêtent pas beaucoup dimportance aux groupes qui essaient de faire quelque chose de différent, surtout si ce sont de nouveaux venus. Dautre part entre lénergie quil faut dépenser pour avoir droit à 5 lignes bâclées par un type qui a écouté ton album une fois et celle quil faut pour quun chroniqueurs passionné prenne un peu de son temps pour essayer de comprendre ta musique avant den parler, le choix est vite fait. Cest un peu carricatural, mais bon Un seul journaliste de magazine national a fait leffort de faire en sorte que Monolithe figure dans les pages de son magazine alors que tous ont reçu un cd promo
Sur les premières chroniques (élogieuses) de " Monolithe I ", plusieurs proviennent de zines allemands. Disposes-tu de contacts privilégiés au pays de la saucisse ? Est-ce que la distribution de " Monolithe I " sera assurée en Allemagne, et par extension ailleurs à létranger ? Je nai pas de meilleurs contacts en Allemagne quailleurs, mais jai remarqué en effet que les retours en provenance de létranger étaient plus nombreux quen France, autant au niveau de la presse que du public. Concernant la distribution, je suis un peu perdu. Appease Me travaille sur la distribution à létranger et je ne sais pas trop ce qui est déjà signé et ce qui est en pourparler alors je ne préfère pas mavancer. La distribution en dehors des frontières françaises est de toute façon primordiale pour Monolithe, qui a plus de chance de simposer aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne quen France.
Nous en avons déjà discuté lors de la dernière interview dAnthemon : un " Monolithe II " est déjà dans les starting-blocks, et je crois savoir que le travail de fond sur " Monolithe III " est déjà bien avancé. Peux-tu dévoiler certains des contours quauront ces albums, au niveau de leur style, de leur ambiance et de leur contexte ? Doit-on sattendre à une suite conceptuelle ? Sagira-t-il encore de morceaux uniques ? "Monolithe II" sera au niveau conceptuel et textuel la suite de "Monolithe I" et il sagira dun morceau unique, idem pour "Monolithe III". Monolithe II reprend un certain nombre de bases posées dans "Monolithe I" mais il sera différent. Lambiance générale est plus belle et triste, et surtout la musique est très lancinante et hypnotisante. Jai déjà enregistré de courtes démos et elles sonnent encore mieux que ce que jimaginais, jattends donc avec impatience denregistrer lalbum en décembre prochain. Quant à la sortie je nen sais encore rien. Les guitares seront accordées comme sur "Monolithe I" sauf que nous utiliserons des 6 cordes et non pas des 7 cordes cette fois pour avoir un son toujours aussi massif, mais désincarné. Monolithe III sera lopposé de "Monolithe II", à savoir un album très extrême, laid et repoussant. Jen ai un peu commencé la composition et je sais dans quelle direction aller mais ce ne sont que les premières esquisses. Et bien sûr, ce sera un album composé dun seul titre.
Je me la joue Philippe Bouvard deux secondes. De qui est cette citation : " Lart nest pas une étude de la réalité positive, cest une recherche de la vérité idéale " ? Peux-tu surtout essayer dinterpréter le contenu de ce message, en le rapportant éventuellement à ta propre vision de ce vers quoi lactivité artistique brute doit tendre ? Cest de George Sand, mais jai triché :) Japprouve la première partie de la phrase, je suis plus réservé pour la seconde. Lart est une vérité sublimée, certes, mais avant toute chose subjective. Lart est une interprétation à travers un médium, voire deux : lartiste et son outil de travail (un pinceau, un instrument de musique, un appareil photo, ). Et selon moi lactivité artistique ne doit pas tendre vers quelque chose, elle ne peut pas à avoir de règle, sinon ce nest plus de lart mais de lartisanat. Tout est possible et envisageable, et ce par nimporte quel moyen, à partir du moment où luvre terminée possède sa propre conscience.
Quel est le film le plus doom que tu aies visionné ? Scoobidoo.
Je te remercie une fois de plus pour ta disponibilité à légard de VS, et comme je nai encore jamais trouvé quelque chose de mieux que de laisser le dernier mot à linterviewé, je te laisse le dernier mot Il est possible découter quelques extraits de "Monolithe I" sur le site de Monolithe : http://www.monolithe.free.fr Pour toute question relative à Monolithe : monolithe_contact@hotmail.com Merci pour linterview !
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