Uriel   interview MOURNING BELOVETH
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MourningBelovethLogo.jpg (24012 octets)Sans aller par quatre chemins, les Irlandais de Mourning Beloveth dispensent avec " The Sullen Sulcus " un petit abécédaire du doom de grand lignage qui devrait faire référence tant cet album concentre l’huile essentielle de ce qui rend ce style profond et fascinant. Petite palabre avec Adrian Butler (basse), entre convivialité et détermination, sur l’actualité d’un groupe qui cultive tranquillement son beau jardin dans la pénombre.

Salutations et puisses-tu passer un bon moment auprès de ce questionnaire ! Avant de rentrer dans le vif du sujet, je ne peux m’empêcher de mentionner le sujet qui est sur toutes les lèvres en ce moment, à savoir l’imminence d’un assaut militaire sur l’Irak. Sans vouloir paraître trop vague, quelle est ta position par rapport à l’escalade qui a conduit à la situation actuelle. Penses-tu que l’on peut réduire la soif de guerre des USA à une affaire pétrolière, et sinon parviens-tu à démêler les enjeux et les relations derrière tout ça ? Pourquoi ai-je cette impression que Bush a en quelque sorte publiquement redirigé son objectif afin d’ensevelir l’évidence de l’échec dans la traque de Ben Laden ?
Oui c’est vrai que la guerre est dans tous les esprits ces jours-ci. Il n’y a que ces tribus amazoniennes pour ignorer ce qui se passe, pas vrai ? Ils sont bien chanceux en un sens. J’adorerais être là-bas en ce moment, perché dans un arbre en train de manger du miel sauvage avec mes seize femmes, ha ha – ça au moins, ce serait une vie ! Bon, ta dernière phrase résume parfaitement la situation. Il me semble que beaucoup de pays en ont ras le bol de toute cette propagande américaine, il faut espérer que suffisamment voix s’élèveront contre elle. La guerre ne fait de bien à personne, et une guerre moderne peut être source de désastre pour n’importe qui sur cette planète. Mourning Beloveth espère qu’au moins qu’ils attendront la fin de notre tour aux USA cet été pour déclencher les hostilités, ha ha (NdJ : dommage…). Enfin bon, tout le monde meurt un jour, donc advienne ce qui doit advenir – c’est la réalité de la vie et de toute cette merde.

Mourning Beloveth… J’imagine qu’il y a une véritable intention derrière la simple volonté d’avoir un nom original. Peux-tu révéler l’histoire du choix de ce patronyme, et pendant qu’on y est, enchaîner sur un résumé de la formation du groupe et de vos sorties à ce jour ?
Le groupe a été baptisé par le bassiste d’origine Keith (The Bat) Parker, qui est parti bien avant l’enregistrement de la première démo. Il n’y a pas de secret, le nom lui-même veut tout dire – nous " pleurons " (" Mourning ") notre " bien-aîmée " (" Beloveth "), en gros nos amours perdus et nos tragédies. Le nom invoque des images de souffrance et d’angoisse mentale, faute de meilleure description. Ma première démo a été enregistrée en une nuit dans le cadre d’un projet que j’accomplissais pour le lycée. Elle comportait deux chansons avec un interlude au piano. C’était une maquette très brouillonne, mais elle portait les germes de Mourning Beloveth. Peu après j’ai vraiment rejoint le groupe et deux années plus tard nous avons créé notre première vraie démo " Autumnal Fires ". Celle-ci avait trois morceaux et était une fois de plus compartimentée par des pièces au piano. Cette démo était une indication très nette de la direction qu’allait suivre le groupe, et elle nous a permis de nous faire un petit nom parmi les espoirs de l’underground. Un peu partout les gens ont commencé à parler de notre originalité, ce qui a débouché sur un show en ouverture du grand Cathedral. C’est ainsi que nous avons obtenu les contacts nécessaires pour aller enregistrer notre premier album " Dust " aux Academy Studios au Royaume-Uni en 2000. Ce fut une période inoubliable de l’existence du groupe. C’était génial de bosser avec Mags et de respirer la nostalgie de ces studios légendaires. Ce CD nous a donné notre son viscéral et nous a propulsé sur le front de la scène doom/death. Grâce à la popularité de ce CD, nous avons ouvert pour Cradle of Filth à deux reprises. Nous avons sorti " Dust " nous-même sur la base de 1000 copies et plus de 300 promos expédiées aux labels et aux magazines. Mon propre label Sentinel a réédité ce CD l’an passé avec en bonus un titre de notre seconde démo et un titre pré-mastering de notre nouvel album " The Sullen Sulcus ". Et puis en février de cette année, nous avons parcouru l’Europe en compagnie de The Prophecy (Angleterre) et de Morgion (USA) – une nouvelle expérience géniale. Jusqu’à aujourd’hui nous avons eu une carrière appréciable, pourvu que ça dure longtemps.

Je présume que tu seras d’accord si je classe le groupe parmi le contingent du doom metal ! Tu sais, mon opinion est qu’en vue d’avoir un minimum de succès avec sa musique, il faut maîtriser une sorte de marketing " dual " : d’un côté les gens ont besoin de groupes qui rentrent dans une catégorie donnée avec laquelle ils se sentent en confiance, et de l’autre côté il y a toujours cette demande de diversité et d’originalité. Examinons ce paradoxe… Dans quelle mesure Mourning Beloveth est-il compatible avec la scène doom, et d’autre part qu’est-ce qui vous différencie des autres groupes dans ce style ?
Au sein de la scène doom on nous considère le plus souvent comme un groupe de doom/death. Nous sommes un groupe de doom, jusque là c’est clair, et les vocaux death nous confèrent la seconde appellation. D’un autre côté, comme beaucoup de groupes de doom " traditionnels ", nous utilisons du chant clair, donc si tu veux aller par là notre style peut être considéré comme un peu plus universel que la moyenne. Au début nous nous efforcions de ne pas être rangés dans un tiroir. En réalité nous avons toujours été un groupe de doom, mais nous ne voulions pas être systématiquement rattachés à cette étiquette car nous progressions en tant que collectif et notre style était en pleine phase évolutive, comme c’est d’ailleurs toujours le cas.
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Personnellement, je trouve votre son assez traditionnel avec un certain aspect terrestre, une petite pointe ventilée. Lorsque les autres groupes de doom enferment dans une crypte noire et étroite, écouter " The Sullen Sulcus " emmène en plein air dans un endroit non moins sinistre et sombre, mais avec beaucoup de place pour respirer. Je ne sais pas si tu reconnais votre musique dans ce sentiment, mais dirais-tu que vous avez délibérément essayé d’accorder les instruments de façon à " briser " l’impression cloîtrée que le doom porte habituellement en lui ?
Je sais ce que tu veux dire – c’est un sentiment d’" élévation " que l’on obtient parfois à travers la musique. Notre musique peut avoir un effet claustrophobique mais à un moment donné il y aura une mélodie vocale claire ou une ligne de guitare flottante qui surgira du diable-vauvert pour te délivrer des tourments emmagasinés jusque là. Nous accordons les guitares en do#, et je n’ai pas souvenir que nous ayons jamais utilisé une autre technique – peut-être avant mon arrivée dans le groupe mais ça me paraît improbable. C’est peut-être cet accord qui réverbère au mieux l’âme de la musique et incite la tristesse des guitares et du chant à s’unir dans une apparence que seuls nous et les groupes de notre espèce peuvent comprendre. On m’a déjà posé des questions similaires, et à chaque fois les descriptions proposées varient un peu, mais ce sont toujours les mêmes émotions que les auditeurs semblent percevoir. Tu sais, ce feeling lorsque la peau du dos s’électrise et que les fourmillements remontent jusque dans ton cou. C’est exactement le genre de choses qui se produisent lorsque j’écoute nos chansons, et en particulier certaines des nouvelles chansons. Lorsque je ressens ce phénomène en composant un nouveau riff, je sais que ça va être bon. J’espère que nos morceaux procurent les mêmes émotions au public, parce que c’est une connexion fabuleuse entre la musique et l’esprit.

De même il y a quantité de solos très mélodiques dans votre musique, même si il s’agit plutôt du genre traînant et affligé. Je pense par exemple à la partie longue et ondoyante qui prépare la clôture de " My Sullen Sulcus "… Bien sûr vous n’avez pas inventé ce mélange des habituels gros riffs sismiques et des guitares claires, mais je suis réellement impressionné de la manière spontanée avec laquelle ces différentes couleurs sonores s’harmonisent à la perfection. Cela ressemble à l’expression d’un témoignage : peu importe comment tu t’y prends, peu importe la quantité de lyrisme que tu injectes dans ton discours, tout retombera dans un chaudron de misère à la fin. Peux-tu s’il te plaît apporter ton commentaire et offrir ta propre vision de la façon dont les types de guitares interagissent et des humeurs qu’elles sont censées déclencher ?
Encore une fois c’est une bonne analyse. Il y a quelques temps, un gars m’a dit que lorsque l’on écoute Mourning Beloveth aussi bien en live que sur CD " on ne peut jamais prévoir quel genre de riff va tomber la seconde suivante – ça te prend par surprise et te sort la merde des boyaux ! ". C’est un des plus beaux compliments qu’on puisse recevoir. Ca montre en tout cas que nous avons notre propre marque de doom et qu’elle sonne assez originale. Bien entendu nous reprenons les éléments de base de nos influences, mais nous avons bâti notre propre son et notre propre dialecte émotionnel. Au tout début de la naissance d’une chanson, les parties de guitares sont assemblées à partir d’une certaine quantité de riffs qui flottent depuis un moment au local de répétition, et nous savons qu’au bout d’un certain processus d’arrangements, ces riffs déteindront l’un dans l’autre pour former une ambiance particulière qui à son tour deviendra le noyau de la chanson. Chaque fois que nous " construisons " une chanson, c’est pour mieux la disséquer de nouveau ensuite, et si ça se trouve trois riffs que nous aurons viré d’une seule chanson serviront d’assise à trois nouvelles chansons par la suite. Comme je l’ai déjà mentionné plus haut, les atmosphères te soulèvent d’abord, puis elles te plongent tête première dans les gouffres du désespoir et de la solitude. Notre musique est faite pour suggérer une idée de souffrance incessante et cela peut prendre à l’auditeur un peu de temps avant de comprendre où exactement nous voulons en venir. Aucune de nos chansons n’a pour fin absolue d’être extatique de bout en bout. A quoi bon ? Nous sommes un groupe de doom metal et personne ne peut se soustraire à notre calamité lorsqu’il a goûté à la tristesse et à la moiteur de la solitude.

Le chant clair a quelque chose de stupéfiant, il semble véhiculer tellement de douleur et pourtant c’est " le " facteur d’espoir des compositions, ou tout au moins c’est comme ça que je le vois. Est-ce que ces vocaux sont pensés métaphoriquement parlant comme le miroir des growls agonisants ? Avez-vous jamais songé à faire interpréter ces parties par une chanteuse ?
C’est marrant, c’est ce qu’un label nous avait proposé après avoir écouté la promo de " Dust ". Mais le chant féminin n’est pas quelque chose auquel nous tenons. Frank est notre diva à nous, ha ha… Les deux types de vocaux sont la pour se compléter, ce fut toujours l’idée de départ entre Darren et Frank. Nous considérons le chant comme un instrument de plus. Nous sommes cinq membres mais avec six instruments à bord, en somme. Certaines des paroles lyriques sont chantées en surplomb de la voix death de Darren ou bien elles s’accordent le long d’une ligne mélodique unique pour les deux chanteurs. Le but n’est pas uniquement de balancer du chant pour créer un effet particulier, il y a énormément de travail derrière la façon dont chaque mot est exprimé et l’émotion qu’il transporte. Les gars passent beaucoup de temps à perfectionner les paroles et le chant pour chaque morceau. Tout doit être bien en place et s’harmoniser jusqu’à ce que les vibrations soient les bonnes.

Est-ce qu’il est naturel pour vous d’écrire de longs morceaux ? J’ai en tête plusieurs exemples de groupes qui se sont significativement affaiblis en optant pour des formats de chansons plus courts, probablement dans le but de viser un public plus étendu si tu vois ce que je veux dire… Penses-tu que le fait, par exemple, d’accélérer les transitions ou de réduire le nombre de fois où une partie se répète soit davantage susceptible de nuire à la qualité générale de la musique que d’améliorer son dynamisme ?
Lorsque Mourning Beloveth écrit une chanson, sa longueur dépend avant tout du temps nécessaire pour délivrer le bon message et faire passer les émotions souhaitées. La seule fois où nous avons été limités dans le temps pour une chanson, ce fut pour un des titres du split CD à paraître avec un autre groupe irlandais appelé Lunar Gate – ce sera limité à 300 copies donc il faudra nous contacter directement pour l’avoir. C’était une expérience instructive. Dans sa version prototype, la chanson était pratiquement deux fois trop longue et nous avons été contraints de faire des coupes. A l’avenir, nous espérons ne plus trop avoir affaire à ce genre de choses. Cette chanson est une des plus étranges que nous ayons jamais écrites, mais quelque part elle sonne vraiment bien. Quoi qu’il arrive, nous savons désormais qui sont nos fans, et nous savons qu’ils n’accordent pas une importance capitale à la longueur des titres du moment qu’ils portent la marque de fabrique Mourning Beloveth au niveau du style, de la structure et de l’atmosphère. Pour un bon résultat final, la qualité et la dynamique doivent coïncider, donc c’est un peu idiot de sacrifier l’un pour l’autre. Je ne pense pas que Mourning Beloveth vendra un jour son âme au mercantilisme – mieux, j’en suis certain.

Seriez-vous particulièrement prudents si l’opportunité se présentait d’inclure des éléments exogènes dans votre musique, comme par exemple du folklore, du synthé, etc. ? Êtes-vous en principe ouverts à toute possibilité tant qu’elle apporte de bonnes vibrations, ou bien y a-t-il des échelles de sons avec lesquelles vous n’accepteriez jamais de jongler de peur qu’elles endommagent l’âme de la musique ? Des exemples ?
Pas vraiment, non. Nous avons utilisé des interludes au piano pour les deux démos que nous avons sorties, mais c’était surtout pour souligner les ambiances que nous voulions faire passer à travers les morceaux principaux. Les parties de piano étaient vraiment des morceaux à part entière, mais sur requête de leur compositeur elles ne sont pas créditées. Depuis, les gens ont l’air totalement satisfaits que nous soyons un groupe 100% " metal ", avec juste les cinq instruments de base pour ainsi dire. Nous sommes toujours fiers de ces parties sur les démos, mais à moins d’un gros revirement ce n’est pas quelque chose que nous referons. Lorsque nous avons besoin de mélodies additionnelles , nous essayons de les émuler à l’aide de parties de guitares supplémentaires ou des lignes de vocaux clairs de Frank. Nous avons prouvé que nous pouvions très bien nous en sortir sans synthés, donc il n’y a pas de raison de se compliquer la vie avec !

Vous êtes sous contrat chez Aftermath Music, qui semble être le seul label norvégien à ne pas être focalisé sur le black metal. Comment en êtes-vous arrivés là ? Etait-ce un choix naturel pour vous, et avez-vous eu le choix entre plusieurs possibilités ? Ils ont un autre groupe dans leur effectif que je trouve carrément génial, à savoir Poema Arcanus des terres lointaines du Chili : apprécies-tu ce qu’ils font ?
Aftermath ont été l’un des rares labels à s’intéresser à Mourning Beloveth dès la période où nous avons envoyé les promos de " Dust ", et donc nous sommes restés en contact avec eux, ce qui a permis de bâtir de bonnes relations et de voir leur intérêt croître au fur et à mesure. Lorsque nous avons eu un petit bouquet de chansons prêtes pour le nouvel album, nous avons enregistré une démo assez rudimentaire et nous avons de nouveau fait du démarchage auprès de ceux qui étaient toujours intéressés, et logiquement c’est Aftermath qui ont manifesté le plus d’enthousiasme. Mais ça ne s’est pas fait tout de suite. Le nouveau CD était dans la boîte depuis mai 2002 et nous en étions toujours à expédier des promos jusqu’au jour où le deal s’est enfin conclu, c’était en septembre je crois. Sur la base de leur discours et de leur politique de signatures, nous avons déterminé qu’Aftermath étaient bel et bien le label qu’il nous fallait et ça s’est avéré être un excellent choix. Les autres labels qui nous avaient approchés n’ont pas du avoir assez de flair, si l’on s’en tient à l’impression laissée par notre nouveau CD " The Sullen Sulcus " qui récolte bonne chronique sur bonne chronique. Il est d’ailleurs bien mieux reçu que " Dust ", ce qui est bien sûr en partie dû au fait que nous soyons signés cette fois ci. Sinon, j’ai écouté un peu de Poema Arcanus il y a quelques temps, et je pense effectivement qu’ils ont du talent. C’est chouette d’être sur un label avec des bons groupes.

Je trouve vos paroles fortes et belles, mais également assez ardues à interpréter… Pourrais-tu nous donner quelques indices sur la bonne façon de percevoir les mots en relation avec la musique ?
J’aimerais que Darren soit là pour te répondre puisque c’est lui qui écrit 99.999% des lyrics, mais je vais essayer de te donner un aperçu. Le concept de base est élastique, mais s’articule autour d’expériences négatives avec la drogue et leurs répercussions ; mais comme Darren le souhaite, la signification de toutes les paroles doit rester ouverte à la compréhension de chaque auditeur. Un exemple avec " It Almsot Looked Human ", qui traite d’un mauvais trip par-delà la conscience.

Aurais-tu l’amabilité de nous éclairer sur le symbolisme de votre cover art sur " The Sullen Sulcus " ? Doit-on comprendre qu’il faut être écervelé pour être un bon metalhead ?
Non, pas du tout, ha ha ! C’est terrible comme insinuation ! Un " Sulcus " est la partie la plus basse du cerveau – la racine pour ainsi dire, et " Sullen " (" maussade ") représente les pensées sombres et misérables qu’une personne endure et invoque à partir de là. Après, la pochette se prête aux représentations individuelles à partir du moment où on assimile le titre. En ce qui me concerne, il s’agit d’une personne qui soulage une autre de son angoisse mentale en lui ôtant le cerveau, et donc en apaisant son chagrin, mais ceci aussi a ses conséquences…

L’époque est à une nouvelle vague d’intérêt envers les festivals doom, par exemple ces " Doomination of Europe ", etc. Est-ce que ce contexte élargit concrètement vos chances de décrocher bientôt un gros tour européen ?
Oui, on nous a proposé quelques concert en Europe suite à nos récentes prestations, donc l’année qui s’annonce sera active pour nous. Il y a surtout cette tournée aux USA qui va être un événement majeur pour nous, et puis ce sera historique puisque nous serons le premier groupe irlandais à parcourir les Etats-Unis d’une côte à l’autre.

Il se trouve qu’un très prometteur projet de funeral doom du nom de Monolithe est sur le point de voir le jour en France. Je suis certain que les gars seraient ravis si tu rendais une petite visite à leur site (www.monolithe.free.fr) et donnais ton opinion sur les quelques samples disponibles…
J’ai jeté un œil au site – j’ai reconnu un des membres de Despond qui ont joué avec nous à Paris et à Rouen, des garçons adorables. Mes haut-parleurs sont HS en ce moment, donc je ne suis pas en mesure d’écouter leurs extraits, mais ça a l’air bien intéressant. Ca vaudra sûrement le coup d’y jeter une oreille lorsque le CD sera dans les bacs.

Le metal irlandais est un cas singulier pour moi, parce que je connais si peu de groupes et pourtant tous comptent parmi mon petit agenda privé des groupes à suivre… Qu’en est-il de Primordial, Cruachan et Geasa ? Avez-vous des connexions avec ces groupes et comment juges-tu leur musique ?
Oui je connais très bien tous ces gars. La scène irlandaise est assez réduite donc c’est facile de faire connaissance avec tout le monde si on en a envie. Pendant deux ans, j’ai co-loué une baraque avec ce bon vieux Alan (Primordial), et il y avait des gars de Geasa dans le voisinage. J’ai aussi connu Keith de Cruachan à des concerts, et ainsi de suite. Comme je te l’ai dit, c’est une petite scène mais tu ne peux pas t’imaginer toutes les initiatives qui s’y épanouissent. Il y a quelques années on aurait pu décrire ça comme un bouillon actif et travailleur, mais désorganisé. Maintenant il y a trois labels, un magazine, de nombreux groupes internationaux qui viennent jouer, des festivals et bien sûr l’inestimable ressource web www.metalireland.com. Tout le monde a commencé à tirer dans le même sens récemment et la coopération entre les nouveaux groupes et les groupes établis est vraiment géniale. Nous avons tous réalisé que si tout le monde mettait la main à la pâte, on aiderait la scène à grandir et à devenir une des meilleures scènes underground d’Europe, et on dirait que c’est ce qui est en train de se passer. Pendant que nous tournions en Europe il y a trois semaines de ça, Primordial avaient des dates en Grèce et Abaddon Incarnate en terminaient avec une tournée en Australie ! Une telle activité ne s’est jamais produite auparavant et c’est quelque chose dont nous pouvons être fiers. Avec mon label Sentinel, j’ai sorti il y a quelques années une compilation double-CD regroupant 19 groupes irlandais pour les aider à acquérir un peu de reconnaissance. Le magazine Metalwork a ouvert une nouvelle voie et nous avons maintenant la chance de promouvoir des groupes irlandais aux côtés de " stars " comme Slayer, Opeth, In Flames, Arch Enemy, Antimatter et d’autres. Ce mag n’a certainement pas à rougir sur les rayons à côté de Terrorizer et Metal Hammer, et je connais même pas mal de gens qui préfèrent acheter Metalwork plutôt que les gros noms de la presse metal britannique. Watch out for the Irish Metal Scene !!!

Un autre attribut endémique que j’ai noté chez les musiciens étrangers (et les Irlandais en général) est leur authenticité de caractère et la non-pollution de leur attitude. Dirais-tu qu’en tant que peuple insulaire et fortement teinté de culture séculaire, la propension à absorber les influences, normes et tendances occidentales est considérablement réduite ?
Absolument. Parce que nous sommes situés à l’extrémité de l’Europe, nous sommes restés épargnés pendant des siècles. Notre culture remonte très loin et nous aide à demeurer imperméables aux influences étrangères jusqu’à un certain degré. Nous faisons les choses à notre façon. La culture irlandaise est admirée pour son indépendance de goût et de style, que ce soit dans son design, sa musique, voire même la mentalité sportive. Bien sûr on ne peut pas échapper à toute influence de l’occident, mais globalement le cœur demeure distinctivement irlandais. Nous vivons et respirons notre héritage au jour le jour et il restera toujours en nous.

Y a-t-il quelque chose d’irritant dans la coupe de cheveux de Dolores O’Riordan ?
Yeah, ils devraient être coupés à la hache au niveau du cou, et le reste avec !!! Franchement, quelle bande de couillons !!! Je vais être traduit en justice si je dis publiquement ce qui devrait leur arriver.

Ma dernière question pour aujourd’hui : si tu avais le pouvoir d’envoyer un seul et même objet (n’importe quoi) à tous les citoyens de la planète, qu’est-ce que ce serait et pourquoi ?
Une dose de marijuana pour aider tout le monde à tripper et à ralentir un peu la cadence…

OK, mettons fin à cette interview. Bien entendu tu es libre d’adresser un dernier mot à nos lecteurs, et n’oublie pas de laisser l’URL du website de Mourning Beloveth ! Farewell…
Merci pour cette interview. J’espère qu’on se verra un de ces quatre sur la route pour partager quelques bières. Veuille mentionner les quelques websites suivants au cas où tes lecteurs auraient envie d’en savoir plus sur la scène metal irlandaise.

Doom on…

Adrian

www.mourningbeloveth.com: site officiel de Mourning Beloveth.
www.aftermath-music.com: nouveau label de Mourning Beloveth.
www.sentinelireland.com: mon label personnel – c’est dessus qu’a été réédité le premier CD de Mourning Beloveth, " Dust ".
www.metalireland.com: website sur tout ce qui touche au metal irlandais.
www.metalworksmagazine.com: site officiel du seul magazine irlandais imprimé professionnellement.
www.emeraldpromotions.8m.com: les meilleurs promoteurs irlandais pour les groupes de metal étrangers.