Uriel interview EPHEL DUATH
Copyright
V-Solutions.net

" The Painter’s Palette " a commencé depuis sa sortie a provoquer un petit séisme dans le milieu du metal avant-gardiste. Doucement mais sûrement, le nom d’Ephel Duath commence à circuler et quoi de plus logique que de relayer la tendance en s’adressant à celui qui est la tête pensante et le porte-parole de cette entité musicale hors norme : Davide Tiso (guitare).

Hark Davide ! Au nom de l’équipe de Violent Solutions, je te souhaite un bon moment à répondre à ces questions. Avant de commencer avec quelques généralités sur le line-up et l’actualité du groupe, je me sens forcé de citer tes propos lors d’une première interview que nous avons conduite lors de la sortie de " Phormula " en Août 2000. Tu y déclares : " Ephel Duath restera toujours un duo afin de capturer des sensations immédiates, poursuivre notre spontanéité et nos instincts […] sans aucune forme de compromis et de contretemps typiques des groupes multi-membres ". Peux-tu s’il te plaît exposer les raisons qui t’ont conduit à tourner le dos à ce credo ?
A la suite de la session d’enregistrement pour " Phormula ", mon coéquipier Giuliano est entré dans un état de confusion totale en ce qui concernait le futur d’Ephel Duath, qu’il souhaitait amener vers un nouveau son et un statut anti-metal. D’après lui, Ephel Duath devait devenir un groupe instrumental avec des percussions, du violoncelle et d’autres instruments acoustiques. J’ai préféré continuer seul, il aurait fini par détruire l’esprit du groupe. Je n’avais alors aucune raison de rechercher quelqu’un pour former un nouveau duo, alors je suis devenu l’unique compositeur de la musique et des paroles, et finalement j’ai décidé de faire appel à un line-up complet afin de permettre une croissance musicale constante à travers l’expérience apportée par les autres membres et bien sûr les concerts.

ephelduath1.jpg (106915 octets)Peux-tu à présent résumer les étapes de ta " quête " pour dénicher les musiciens qui allaient être amenés à rejoindre la croisade Ephel Duath ? Connaissais-tu tout le monde avant, ou bien est-ce que cela s’est apparenté à un vrai boulot de " chasseur de têtes " ?
Après avoir signé le contrat avec Elitist/Earache, j’ai commencé à composer du nouveau matériel avec beaucoup de détermination. En quelques mois, j’ai écrit les lignes de guitares et la structure de six morceaux, puis dans un deuxième temps j’ai enregistré ces compositions dans un petit studio de ma ville Padoue. L’ingénieur du son là-bas m’a avoué qu’embaucher un batteur metal " typique " serait un désastre avec du matériel aussi éclectique, il m’a donc mis en contact avec Davide Piovesan, un musicien spécialisé dans le jazz, le prog’ et le blues. Ce fut une décision difficile à prendre, car j’étais tiraillé entre l’envie de tenter ce pari et la crainte de perdre le support du label à cause d’un choix aussi audacieux, mais finalement j’ai suivi mon instinct et au bout de quelques semaines j’étais en studio avec ce batteur allumé de 47 ans et un ami à lui, un joueur de double-basse. Malheureusement ce bassiste a du nous quitter au bout de deux semaines à cause de ses divers projets, mais son aide s’est avérée fondamentale : j’ai compris que c’était la bonne façon de créer quelque chose de vraiment nouveau. En quelques jours nous avons trouvé un nouveau bassiste excellent, Fabio Fecchio (un musicien de funk/pop/fusion !) et la section rythmique était au complet ! Dégotter la bonne personne pour le chant black a été assez difficile mais après quelques auditions Luciano est venu compléter le line-up. Le chanteur lyrique, Davide Tolomei, est le seul que je connaissais déjà auparavant. Nous avons immédiatement commencé à jouer ensemble, et au bout d’une centaine d’heures de studio notre travail a pris forme.

Justement, as-tu rencontré des soucis d’ajustement au moment de mettre le groupe en place ? Prenons le batteur Davide Piovesan par exemple, qui peut paraître un peu hors de son élément à cause de son passé non metal et de son âge (47 ans), mais qui finit par apporter une touche technique unique aux morceaux… Comment a-t-il (et par extension les autres membres) réagi à la violence de la musique, les saturations, les cris, etc. ?
Après une certaine période d’adaptation, Davide Piovesan et les autres non-métalleux sont entrés dans ma conception de la musique. Il y a bien eu quelques problèmes durant la composition, notamment à cause du fait que j’ai du mal à " expliquer " mes lignes de guitare, mais leur grande détermination a fait le reste.
C’est seulement dans la phase de pré-production que je leur ai clairement expliqué qu’il allait y avoir du chant hurlé et ce que j’en attendais. Ce fut un moment assez délicat, mais ils ont très bien assimilé l’impact positif des hurlements sur les chansons. De plus ils ont beaucoup apprécié le professionnalisme de Luciano…
Ephel Duath réprésente un challenge d’importance à leurs yeux, c’est pourquoi ils y mettent toute leur énergie. Nous sommes vraiment confiants en notre avenir…

Et sur un plan plus interpersonnel, quel est le degré d’affinité entre les membres ? Est-ce que vous passez beaucoup de temps ensemble en dehors du studio, ou bien est-ce une collaboration strictement professionnelle ?
Je préfère que ça reste du domaine professionnel.

Dirais-tu que le travail sur " The Painter’s Palette " a été un challenge riche d’enseignements didactiques pour le groupe ? Est-ce que ta propre perspective de la création musicale et ta carrière future s’en est trouvée changée ?
Ce fut une expérience géniale pour tous les membres d’Ephel Duath, c’est clair. Pour la première fois j’ai travaillé en collaboration avec une véritable équipe et, plus curieux, avec une équipe composée de gens venant d’horizons musicaux très divers. En même temps, sur un plan personnel, je ne peux pas dire que le travail sur cet album se soit apparenté à un " challenge ". Le seul challenge a été avec moi-même, et la chose la plus importante est la volonté de me décrire à travers la musique tout en essayant de tirer du plaisir de ce procédé.
Pour l’avenir, je ne peux que t’apprendre que deux nouvelles chansons sont déjà composées (" Imploding " et " New Disorder "). Elles prennent une tournure plus puissante, plus dense et possèdent une grosse touche seventies dans le son, elles ont un petit quelque chose de stoner. Nous espérons enregistrer un nouvel album début 2004.

Considères-tu le duo Ephel Duath des débuts et le groupe Ephel Duath de maintenant comme deux entités largement distinctes, ou bien existe-t-il un fil rouge qui relie toutes les incarnations de ton art depuis 1998 ? Si oui, peux-tu nous donner une idée de ce à quoi ressemble ce fil (matériel ou spirituel) ?
L’esprit du projet est le même depuis ses racines, et notre volonté d’expérimenter grandit de jour en jour. Aujourd’hui comme à nos débuts, nous sommes simplement un groupe de metal extrême qui essaye de créer un son personnel et identifiable en fusionnant certains styles et des centaines d’intuitions musicales différentes. Je ne vois pas de différence entre l’attitude du Ephel 2003 et nos premières incarnations. Nous sommes la même entité.

Venons en à l’album. Il y a tellement de choses qui s’y bousculent qu’il est impossible de garder trace d’un style en particulier. Je qualifierais votre musique d’exceptionnellement éclectique et progressive avec une approche freestyle débridée au niveau des constructions. En même temps, les chansons semblent suivre un schéma intelligible et ne pas tomber dans la confusion au milieu d’un millier de fragments partant en tous sens pour aller nulle part, comme c’est le cas avec beaucoup de groupes de prog’ au sens strict. Peux-tu essayer de donner ta propre définition de la méthodologie qui a conduit à donner naissance à " The Painter’s Palette ", et de ce qui relie les chansons entre elles dans une idée de cohérence ?
Comme des milliers d’autres musiciens, j’ai horreur de décrire ma musique avec des mots, mais je sais que pour des raisons promotionnelles il est pour ainsi dire impossible d’y échapper. De fait, je pense que le terme de metal avant-gardiste avec des influences jazz couvre suffisamment d’aspects de notre musique pour pouvoir la qualifier au sens large.
Il faut bien voir que " The Painter's Palette "est vraiment varié, chaque morceau possède sa propre identité (la production a sa part de responsabilité là-dedans) mais à mon avis notre travail est tout à fait cohérent. C’est la même ligne d’interprétation qui court d’un bout à l’autre de l’album, et on ne peut la saisir pleinement qu’en se plongeant dans l’écoute avec un esprit résolument ouvert.

ephel2.jpg (63231 octets)Ensuite on peut commencer à partir à la chasse aux influences les plus immédiates, et c’est là que le jazz saute à l’esprit en plusieurs occasions, notamment à travers le style décalé du batteur et l’intervention régulière d’une section cuivres. Es-tu toi-même un adepte de jazz, et quelles raisons t’ont conduit à considérer l’incorporation du jazz dans ta musique comme une initiative attractive et utile ?
Aussi étrange que cela puisse te paraître, je n’écoute ordinairement jamais de jazz ! C’est probablement une influence inconsciente, mais je suis sûr que ce n’est pas une influence externe. En fait, une très large partie du matériel était déjà écrit avant que le nouveau line-up soit fondé et commence à intervenir dans le processus.

Certains des passages les plus intenses et rageurs me font penser à ce front de groupes pionniers du post-hardcore avec une approche torturée, comme par exemple The Dillinger Escape Plan, Converge, peut-être même Cephalic Carnage. Gardes-tu un œil sur cette scène, et prends-tu cela comme un compliment pour Ephel Duath ?
J’adore le post-hardcore et je serais ravi que les gens insèrent la nouvelle incarnation d’Ephel Duath dans la même mouvance. C’est une direction musicale tellement libre où toute influence est possible, ce qui est un facteur totalement compatible avec notre attitude. En fait, ma conviction est que plusieurs des groupes les plus intéressants de la planète proviennent de là : Neurosis, Cult Of Luna, Isis, The Dillinger Escape Plan, Yakuza, Mastodon et tant d’autres groupes excellents…

Honnêtement, quel est le meilleur vin à déguster tout en écoutant " The Painter’s Palette "?
" Primitivo di Manduria "! Un vin rouge produit dans le sud de l’Italie. C’est un vin très dense et corsé avec un suprême parfum de fruits des bois. Un pur délice !!!

Malgré une complexité dévorante au premier abord, le feeling " épique " qui caractérisait " Phormula " ne s’est pas évaporé totalement, même s’il perdure de façon plus implicite, entre les lignes de la peinture principale si je puis dire. Je pense par exemple aux très beaux vocaux lyriques gardés en arrière-plan lors des premières mesures de " The Unpoetic Circle (Bottle Green) ", ou bien dans l’instrumental " Praha (Ancient Gold) " il y a cette ligne de guitare fortement émotionnelle qui se cache presque derrière la trompette. Est-ce là un signe que c’est à l’auditeur de s’investir à fond dans la musique afin d’en emporter la beauté intime, plutôt qu’au groupe de distribuer des mélodies proéminentes et faciles à assimiler ?
Je pense que " The Painter's Palette ", comme chaque œuvre d’Ephel Duath d’ailleurs, contient bon nombre de mélodies émotionnelles intéressantes. Ces dernières peuvent être trouvées en particulier dans le break central de " Ironical Communion (Amber) " ("Grow to a physical essence and heavily walk on this living mosaic called pain...."), dans les vocaux clairs de " Other's Touch (Amaranth) " ("When I relive this Pain chessmen have a unique colour, and the Clash begins. I feel all the moves, I know all the moves, but I can’t expect them: ‘cause I’m the battlefield.") ou bien encore, comme tu le mentionnes, dans " The Unpoetic Circle (Bottle Green) " ("Here without disturbances lives the sound, I want to close this cycle but is it equilibrium? We are sliding but all appear so immobile") et dans la guitare de " Praha (Ancient Gold) ". Toutes ces parties - et d’autres - sont très importantes dans la structure des chansons, en fait elles permettent en quelque sorte de " respirer " au cœur du chaos total que nous engendrons par ailleurs, et je suis sûr qu’au moyen de ces mélodies les auditeurs ont la possibilité d’entrer profondément dans l’humeur des morceaux. Je me dois ici de souligner le travail de Davide Tolomei, notre chanteur lyrique : sa contribution et son transport émotionnel ont été un apport fondamental pour façonner ces atmosphères passionnelles.

Comme l’indique son titre, l’album " The Painter’s Palette " est étroitement lié à l’idée d’art pictural et de chromatique. Je me rends compte qu’il y a une profondeur dans la valeur créatrice du concept qui ne peut être expliquée en quelques phrases. Néanmoins, peux-tu essayer de présenter comment tu as pensé la connexion entre les chansons et les couleurs respectives ? En d’autres termes : comment as-tu choisi la couleur relative à chaque chanson ? As-tu déterminé la couleur suivant l’impression qui se dégageait d’une chanson, ou bien as-tu au contraire composé la chanson en ayant une certaine couleur à l’esprit ?
" The Painter’s Palette " se veut une sublimation des interprétations les plus libres, et les couleurs, à mon sens, sont un très bon moyen de symboliser ce désir : as-tu déjà remarqué à quel point une seule et même couleur peut avoir des effets fort disparates sur des sensibilités différentes ? Pendant la composition, j’ai mêlé intimement notre musique avec des pigments et, afin de m’explorer totalement, j’ai reporté ces visions dans les titres - mais ceci non pas à fin de guider l’auditeur : c’est la raison pour laquelle l’artwork est en noir et blanc. Tu as donc neuf traits de couleurs que tu vas devoir chercher dans nos compositions, absorbe les avec la perception la plus large possible et tu parviendras à compléter le sens de notre travail.

Il y a quelque chose de déroutant entre ce concept dont nous avons parlé et l’absence apparente de sa réalisation dans l’artwork de l’album, qui se base essentiellement sur des tons de noir et blanc - même la partie CD-ROM est incolore. Peux-tu nous donner la clé de cette apparente contradiction ? Vouliez-vous que ce soit l’auditeur qui mette lui-même la touche finale ?
J’aime les contrastes forts et je pense que ces facteurs ont une valeur essentielle dans ma vie et donc dans ma musique. Cette passion peut se retrouver dans notre artwork : il est extrêmement minimal et métaphysique alors que la musique est très riche et pleine de couleurs. De plus, comme je l’ai déjà laissé entendre dans ma réponse précédente, pour moi un concept sur les couleurs ne pouvait que s’accompagner d’un artwork incolore.

En parlant du track multimédia, je dois dire qu’il est vraiment bien réalisé : original, stylé, ergonomique, etc. Un composant à part entière de " The Painter’s Palette " en fait. Peux-tu mentionner brièvement les personnes qui ont contribué à sa réalisation ? Pourquoi avez-vous choisi d’y faire figurer une vidéo de la chanson " The Embossed " (de l’époque " Phormula "/" Rephormula ") alors que vous avez d’ores et déjà tourné un clip pour " The Passage (Pearl Grey) " ?
La plage CD-ROM a été créée par Twan (http://www.brutalism.com). C’est un infographiste néerlandais de talent qui a déjà travaillé avec des centaines de groupes, comme Obituary, Darkthrone, The Gathering, Dark Tranquillity, Cannibal Corpse, In Flames, Dio, Morbid Angel et plein d’autres. Je pense que ce fut une très bonne idée que d’insérer cette section multimédia : un track CD-ROM permet d’étendre les possibilités d’un CD, cela place le groupe et son public sur un plan plus interactif. Je suis certain que nous renouvellerons ce genre de choses à l’avenir.
Le vidéo-clip pour " The Embossed " n’avait jamais fait l’objet d’une promotion satisfaisante, donc nous avons pensé à le placer sur le track CD-ROM. Le nouveau vidéo-clip pour " The Passage (Pearl Grey) " est bien meilleur à tous les niveaux, il est disponible au téléchargement à divers endroits comme http://www.ultimatemetal.com, http://www.elitistrecords.co.uk, http://www.earache.com ou sur le site du groupe.

En règle générale, vois-tu d’un très bon œil une évolution du support audio vers un côté visuel/interactif pleinement intégré, comme le permet la technique DVD ? Ne penses-tu pas que, afin d’être appréciés à leur pleine mesure, les sons doivent demeurer avant tout l’apanage des oreilles, et que systématiquement associer un album avec une couverture vidéo totale risquerait de détourner l’attention de ce qui reste le plus important : la musique ?
Non, je pense qu’en mettant tous ses sens à contribution on peut accéder à une expérience totale. La technologie avance toujours plus vite, il est évident que les marchés de la musique se doivent d’utiliser à fond tout nouvel expédient. Si l’opportunité se présente, Ephel Duath produira un DVD aussi vite que possible.

Retour rapide sur l’artwork. Puis-je t’interroger sur le symbolisme récurrent du " carré divisé " dans votre livret ? D’autre part il me semble voir un enfant pendu derrière le support CD : penses-tu que c’est là ce qui attend les gens qui pousseront un peu trop loin leur réflexion sur " The Painter’s Palette " ?
Je n’ai pas vraiment d’interprétation directrice à te proposer, je peux juste te dire ce que moi j’y vois : le carré pourrait représenter un esprit récepteur (quelque chose comme une image vide) et la ligne verticale qui le coupe serait alors le choc d’une nouvelle expérience. En d’autres termes c’est là tout ce qui donne vie à ma musique…
L’enfant qui revient toujours dans nos livrets est une sorte de mascotte pour le groupe, c’est notre symbole. Le visage de ce personnage capture toute l’essence mélancolique et négative de mon travail : je l’adore.

ephel5.jpg (77527 octets)Peu de vos fans les plus récents le savent, et j’avoue que c’est difficile à deviner en écoutant la musique, mais le nom Ephel Duath est originellement tiré du " Seigneur des Anneaux " de J.R.R. Tolkien, où il désigne une chaîne de montagnes du Mordor. Je ne me souviens pas d’avoir vu des lyrics basés sur Tolkien ou d’avoir écouté une quelconque ambiance fantasy dans vos albums. Dis-moi donc pourquoi vous avez choisi ce patronyme à la base ? Avez-vous jamais songé à changer de nom lorsqu’il s’est avéré que vos buts musicaux partaient dans une direction très personnelle et innovante ?
J’aime la consonnance des mots Ephel Duath et je ne vois pas de raisons de changer notre nom. C’est vrai que nous n’avons jamais été dans un trip fantasy, mais ce n’est pas vraiemnt un problème, je pense ! Qui plus est, je pense que notre recherche musicale est assez bien synthétisée par le son mystérieux et fascinant créé par les syllabes de Ephel Duath.

Lee Barrett, le boss de votre label Elitist Records, semble avoir le nez creux en matière de qualité, comme en témoignent les groupes excellents qu’il a signés ces derniers temps. Comment vivez-vous le travail avec cette antenne d’un label aussi important et respecté qu’Earache, qui doit sans doute consacrer beaucoup de moyens et d’attention au contenu artistique ? Est-ce que Lee se réserve le droit de s’immiscer dans le processus créatif avec ses propres suggestions ?
Lee est un grand fan de Ephel Duath ! Lui et toute l’équipe d’Earache se donnent à fond pour nous soutenir, ils respectent nos choix musicaux et ils ont une réelle confiance en nos ambitions pour le futur. Nous avons beaucoup de chance d’être où nous sommes, et je suis fier d’avoir des gens aussi professionnels autour de mon groupe. Personne n’essaye d’interférer dans la composition des titres, et nous ne recevons aucune suggestion particulière. Notre collaboration se porte à merveille et je suis sûr que cela va continuer dans cette voie et avec cette même attitude.

Es-tu quelque part " fier " de la trajectoire ascendante de votre ex-label Code666, qui est en train de devenir l’une des structures les plus solides de l’underground ? Gardez-vous des relations étroites avec Emiliano, et vous a-t-il prêté assistance dans les phases de négociation avec Elitist Records ?
Emiliano est un de mes meilleurs amis et il est toujours le manager de Ephel Duath à travers l’agence Code7. Oui je suis fier de ce qu’il réalise avec Code666, qui est désormais un des labels indépendants les plus respectés dans le business musical. Les groupes de Code666 sont excellents, par exemple Void of Silence (qui viennent d’engager le chanteur de Primordial dans leur line-up), Aborym, Diabolicum et Manes sont parmi les groupes extrêmes les plus fascinants de la scène.

J’ai entendu parler d’une activité live. Peux-tu révéler des détails ? Quels pays allez-vous dévaster ? A quoi ressemblera la configuration scénique de Ephel Duath - est-ce que le line-up studio sera au complet sur la route ?
Pour l’heure aucun tour n’est planifié. Le mois prochain nous avons quelques shows en Italie (nous avons déjà supporté Lacuna Coil, et là nous allons jouer avec Entombed), et puis le 24 Juin nous ferons un show-case londonien au club " Upstairs @ The Garage " avec Mistress et Desolation. D’autre part il y aura peut-être possibilité de participer à quelques festivals estivaux. Des news à ce sujet prochainement…
Sur scène ce sera bien le même line-up que celui qui a enregistré l’album.

Arrête moi si je dis une connerie, mais il me semble que ce fameux joueur de foot et rock-star US Alexi Lalas a joué quelques années dans ta bonne ville de Padoue ! As-tu déjà écouté les albums de son groupe The Gypsies ? Est-ce que tu es seulement branché football?
Désolé mais je ne m’intéresse pas spécialement au football… J’ai déjà entendu parler de ce Lalas, mais je n’ai jamais écouté sa musique.

Qu’est-ce que tu vas faire dès que tu en auras fini avec cette interview ?
Quelque chose avec ma femme…

A présent que vous avez laissé ce mouvement derrière vous, portes-tu toujours un certain intérêt aux développements de la scène black metal symphonique " traditionnelle " ? Y a-t-il eu des albums qui t’ont plu ces derniers mois ? As-tu été surpris lorsque Limbonic Art ont annoncé leur split ?
Je ne suis plus trop versé dans tout ce trip black metal sympho, tu sais… Ca fait un bon moment qu’aucun truc d’intérêt réel ne m’est parvenu aux oreilles.
Travailler en duo est quelque chose de très complexe et délicat, donc je ne suis pas tellement surpris du split de Limbonic Art. Ils ont eu une carrière particulièrement fulgurante, pleine de pression et d’attentes ; ce n’est pas simple de jouer dans un groupe qui, pour le public et les média, a le " devoir " d’être la locomotive de toute une scène…

Pour finir je te demanderai de me donner et de commenter brièvement trois albums, à savoir : 1. le premier album de metal que tu as acheté ; 2. un album que tu as acheté et pour lequel tu as immédiatement regretté ton geste ; 3. le meilleur album de 2003 jusqu’à présent (hors " The Painter’s Palette ", STP…).
1. Europe - " The Final Countdown ". He he… J’étais très jeune et ce fringant groupe suédois a joué un rôle fondamental dans ma conversion au " rock ".
2. J’ai pas d’argent, donc je ne peux pas me permettre d’acheter un CD si je ne suis pas certain de ce que je vais y trouver !!!
3. Cult Of Luna - " The Beyond ". Un cri profond et désespéré, empli de colère et de désolation.

Merci beaucoup pour ton temps et tes réponses sympathiques. Tu peux conclure cette interview comme tu le souhaites, et n’oublie pas de mentionner le website/contact officiel pour Ephel Duath. Ciao !
Merci pour ton soutien, très cool ! Pour plus d’infos, écrivez à davide@ephelduath.net et venez visiter http://www.ephelduath.net pour télécharger de la musique, des vidéos et d’autres choses.