Le
passage dENTOMBED à Paris en octobre dernier après cinq années dabsence
dans la capitale était loccasion idéale pour réaliser une chtit interview
afin den apprendre davantage sur les aspirations actuelles des inventeurs du
death métal suédois. Malgré le scepticisme des fans qui rêvent dun retour aux
sources, ENTOMBED continue son petit bonhomme de chemin sans se préoccuper des tendances
ou courants musicaux actuelles. Morceaux choisis dune conversation avec Jorgen le
bassiste massif du groupe.
VS : Ok, commençons par un premier point
sur le nouvel album sorti cet été. Lorsque nous nous sommes vus lors du Fury Fest, tu
mavais dis qu « Inferno » serait différent de
« Morning star ». ENTOMBED sest orienté vers un côté plus
« garage » aussi bien au niveau du son que de la composition. Il semblerait
que cela soit une tendance qui se généralise dans le métal. Avez-vous écrit cet album
dans loptique de suivre un mouvement quelconque ?
Jorgen : En fait, on ne sest pas trop occupé de ce qui se passait autour
de nous lorsque nous avons commencé à travailler sur « Inferno ». Nous
voulions évoluer vers de nouvelles perspectives. Il serait trop facile de refaire à
chaque fois le même album. « Uprising » avait déjà une sonorité voisine de
ce que nous avons fait avec « Inferno ». Cétait presque la même
démarche mais nous navions pas un son live comme pour ce dernier. En fait,
enregistrer en live, cétait quelque chose que nous voulions faire depuis longtemps
mais pas forcément pour avoir une production de ce type. Cette expérience nous tentait
mais nous navions jamais mis cela sur pied.
VS : Crois-tu que vous ayez pris des
risques en tentant ce genre dexpérience ?
Jorgen : Non, pas de risques, enfin je ne sais pas trop. Jignore ce
quen pense les gens mais pour nous cétait surtout un nouveau défit et
cest ce que nous essayons de faire à chaque fois. Nous cherchons toujours de
nouvelles façons daborder notre musique pour que cela reste intéressant sinon cela
deviendrait vite ennuyeux.
VS : En fait, chaque album est un nouveau
challenge ?
Jorgen : Oui, on ne veut pas que les albums se ressemblent.
VS : Oui jai remarqué, (rires) et
je ne pense pas que je sois le seul
Le titre qui mintrigue le plus sur « Inferno » cest
« Intermission ». Il a des consonances de musique de film. Quaviez vous
en tête quand vous lavez écrit ?
Jorgen : Il y avait déjà du piano joué par L.G. sur « Too
ride
». En fait il a écrit ça pour le concert avec le ballet que nous avons
fait lannée dernière. Le ballet commençait par L.G. seul au piano sur scène avec
des danseurs. Il a joué la partie extraite de « Too ride
» et a
composé « Intermission » pour la prolonger.
VS : Cétait peut être aussi une
façon de faire remarquer que vous pouviez aussi faire des compositions plus fines ?
Jorgen : Bah, je ne crois pas, Lars adore les musiques de films et ce genre de trucs.
Donc je ne suis pas surpris que tu trouves que ça sonne comme une bande originale. Il
écoute beaucoup celles d « Evil dead » ou ce genre de trucs.
VS : Parles nous un peu de cette histoire
de ballet. Comment cette idée vous est-elle venue ?
Jorgen : Non, ce nétait pas notre idée, on nous a demandés. Deux artistes
suédois Bogedan et Karina qui font diverses performances artistiques, ont eu une requête
du ballet du Royal Opéra pour créer quelque chose de nouveau. La direction du ballet
voulait de linédit pour lOpéra. Bogedan est un fan dENTOMBED de longue
date. Il nous a vu sur scène plusieurs fois alors il sest dit « Yeah
peut-être quon pourrait faire un ballet avec ENTOMBED et des danseurs ».
VS : Jimagine ta tête quand on
ta parlé de ça.
Jorgen : En fait, il nous a contactés par mail sur notre site web. Jai vu
ça et je me suis dis « Ouais, cest ça
efface» (rire). Puis il
nous a re-contactés un peu plus tard pour savoir si nous étions intéressés ou pas,
pour tenter ce genre dexpérience. On sest donc rencontré pour en parler. Ils
étaient très sérieux en nous expliquant leur projet. Ça serait un show filmé. Ça
semblait tellement bizarre, cétait un sacré challenge de faire un truc pareil. En
plus ils voulaient que nous écrivions de nouveaux titres dans cette optique. Mais nous
navions pas de temps pour ça entre les tournées, les enregistrements, on a donc
proposé de jouer des titres extraits de nos albums sauf peut être ce passage dune
minute très grind que nous avons ajouté (rires)
VS : Jai le sentiments
quENTOMBED a toujours besoin de nouveaux défis. Avez-vous peur de vous ennuyer ou
de vous enfermer dans une routine ?
Jorgen : Oui, cest exactement ça. Si on commence à semmerder, il
ny a plus de place pour le fun. A faire toujours la même chose, certains
dentre nous, voire même tout le groupe deviendraient vraiment tristes. On a besoin
de changements à chaque fois.
VS : Pourtant, si on y regarde bien, il y
a actuellement un grand retour du death old school suédois avec des groupes ou projets
comme BLOODBATH, CHAOSBREED . Même un groupe comme DISMEMBER revient très fort. Je les
ai vus à Wacken cette année et ils ont été terribles. Vous sentez-vous concernés par
ce genre de revival ?
Jorgen : Absolument pas, même si je crois que cest super. On dirait un
cycle qui revient tout les dix ans comme pour la plupart des genres de musique.
VS : Ceci dit en passant, avez-vous pensé
à demander des droits dauteur à BLOODBATH ?
Jorgen : (rires) non, pour tout te dire jai eu leur album par un gars de
Century media. Cest pas mal du tout sur certains passages, pas tous. Jaime
bien les choses old school. Mais ce que jai pu entre de CHAOSBREED me semble plus
intéressant. Il y aussi ce que font Uffe et Peter avec MURDER SQUAD que jaime
vraiment beaucoup. Cest du vrai old school et en même temps leur son est très
actuel.
VS : Je me doute que cette question
revient souvent lors des interviews mais pourrais-tu imaginer ENTOMBED retournant au style
de ses débuts ?
Jorgen : Dans le style « But life goes on » ? Ce genre
là ? Comme je dis toujours, on ne sait jamais même si je ne crois pas que cela
puisse se produire. Pour que cela arrive, il faudrait retrouver le même type de démarche
que nous avions à la fin des années 80. Il faudrait cette même atmosphère et
cest dur de revenir en arrière pour retrouver cet état desprit. Ça ne
serait pas un problème décrire un album avec ce genre de riffs mais je ne crois
pas quil serait possible de faire un autre « Left Hand Path ».
VS : Il ne peut pas y avoir un autre
« Left Hand Path »
Jorgen : Bah, on pourrait en écrire un autre mais il est certain que ça ne
serait pas pareil. Cette atmosphère du passé est unique et puis nous avons vieilli. Nous
avons pris dix ans, nous sommes vieux et gras maintenant
(rires).
VS : En parlant des débuts, ne crois-tu
pas que les fans de la première heure sont parfois les pires détracteurs quun
groupe puisse avoir lorsquil essaye de faire évoluer sa musique. Je pense à un
groupe comme PARADISE LOST qui est traîné dans la boue par ses anciens fans. Que
penses-tu de ça ?
Jorgen : Jarrive à comprendre cela. Il mest arrivé dêtre
dégoûté quand certains de mes groupes favoris ont changé radicalement au point que je
ne les reconnaissais plus mais jarrive à passer outre et je nirai pas
men plaindre. Jirai toujours les voir en concert. Je comprends les fans mais
je pense aussi que ceux-ci devraient se mettre à la place des groupes qui essaye de se
remettre en question. Maintenant, si un groupe fait toujours la même chose et que
lenvie lui prend de changer radicalement, il devrait peut-être changer de nom pour
que cela passe mieux. Cest parfois préférable si on veut passer à autre chose
parce que quoique lon fasse ça restera dur car on devra toujours vivre avec. Dans
le cas de PARADISE LOST sils avaient changé de nom, ils seraient encore catalogués
dex-PARADISE LOST et la réaction des médias ne serait pas forcement meilleure.
VS : Bah, ça dépend, quand on écrit une
review les journalistes nont pas forcément la même approche sil sagit
dun groupe ou dun side project
En parlant de side project, certains des membres, dont tu fais partie jouent dans
dautres groupes
Est-ce que là encore on se retrouve dans la même démarche
de diversification pour ne pas sombrer dans lennui ou alors cest autre chose
qui vous pousse à cela ?
Jorgen : Non, cest plus histoire de faire autre chose, de jouer avec
dautres personnes. Quand je suis avec PROJECT HATE je suis dans un créneau
complètement différent de celui dENTOMBED. Je ne compose pas pour ce groupe. Je
chante et jécris les textes. Jaime bien ça et en plus je joue de la guitare
ce que je ne fais pas en temps normal.
VS : Oui, mais tu jouais déjà de la
guitare avec GRAVE jadis
Jorgen : Oui, mais je navais rien enregistré à la guitare depuis 92
Dix
ans !!!
VS : Pas facile de passer de quatre à six
cordes
Jorgen : Tu nimagine pas à quel point cest dur (rires). En studio
ça va parce que
VS : Personne ne peut tentendre
Jorgen : Oui exactement
Mais en concert cest une autre histoire (rires).
Il faut se concentrer au maximum pour arriver à quelque chose (rires). Mais
japprécie de faire ces expériences avec dautres musiciens qui me laissent un
peu faire ce que je veux.
VS : Où trouve-tu le temps de faire tout
ça ?
Jorgen : Hé bien, en fait, ça ne prend pas tant de temps que ça. Bien sûr
quand nous sommes en tournée je nai pas de temps pour ça mais quand je suis à la
maison, jarrive à morganiser. Par exemple, pour lalbum de Krux que
jai fait avec Peter, Mats Levén (Yngwie Malmsteen, Abstrakt algebra) et Leif Edling
(Candelmass, Abstrakt Algebra, Nemesis, ouf !). Cela nous a seulement pris deux
semaines pour répéter et enregistrer lalbum. Alors tu vois que ça nempiète
pas tant que ça sur mon emploi du temps. Comme Leif avait déjà composé tous les
titres, il nous a suffit de répéter pendant trois jours avant dentrer en studio.
Pareil pour la production de lalbum et les paroles. Jai écrit ça en une
matinée. Cest venu de façon spontanée et cest mieux de cette façon.
Cest pas comme si on sétait assis en se disant « allez, faut écrire
quelque chose »
VS : Il est vrai que parfois les
uvre les plus spontanées peuvent devenir cultes. Je pense, entre autre à
« Speak english or die » de S.O.D. qui a été composé, écrit et enregistré
en trois jours.
Pour passer à autre chose
ENTOMBED est connu pour être linitiateur du terme
« Deathnroll ». Etes-vous fiers de ça ou alors cette appellation
est juste une invention de journalistes en mal détiquettes pour votre style ?
Et crois-tu que ce nom soit toujours approprié à la musique dENTOMBED ?
Jorgen : Bah, on na pas inventé ce nom exactement. Je me souviens de
lépoque où CARCASS disait jouer du « Rottenroll ». En fait, je
trouve ça un peu ridicule, ça ne résume pas vraiment ce que nous jouons. Nos influences
ne sont pas rock. Nous faisons du death métal mixé avec du punk rock voire du hard rock
et cest tout.
VS : Pour revenir à la dernière fois que
nous nous sommes vus lors du Fury Fest de Nantes, vous avez surtout joué de vieux titres
et un seul du nouvel album « Retaliation ». Pourquoi ?
Jorgen : Oui, en effet, lalbum nétait pas encore sorti et cela ne nous
semblait pas approprié
VS : Et vous navez joué aucun titre
de « Same difference » que faut-il en conclure ?
Jorgen : En fait, on en joue dhabitude mais pas ce soir-là, je ne crois
pas non plus quon en interprétera ce soir dailleurs. Mais on continue
dapprécier cet album. Le fait est que ces compos ne collent pas vraiment avec le
reste de notre set. Il ny a guère qu « Addiction king » et
« Clauses » qui puissent coller mais la plupart du temps nous jouons
dautres vieux titres pour être plus cohérents.
VS : En parlant des vieux titres. Crois-tu
quENTOMBED prend toujours du plaisir à jouer inévitablement les vieilleries ?
Ce nest pas ennuyeux à la longue ?
Jorgen : Moi, jadore jouer les vieux trucs
VS : Même si tu nas pas participé
à la plupart de ces compositions ?
Jorgen : Oui, je nai pas beaucoup composé de titres qui figurent à la setlist
mais je suis toujours content de jouer les classiques et je crois que cest aussi le
cas pour les autres.
VS : Jespère de tout cur que
cest toujours le cas. Hé bien merci Jorgen davoir pris le temps de répondre
à mes questions à la noix.
Jorgen : Pas de problème, cétait sympa et cest toujours un plaisir
(ndt : jinvente rien, il la vraiment dit
lol)