Tonton interview ENTOMBED
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Le passage d’ENTOMBED à Paris en octobre dernier après cinq années d’absence dans la capitale était l’occasion idéale pour réaliser une ch’tit interview afin d’en apprendre d’avantage sur les aspirations actuelles des inventeurs du death métal suédois. Malgré le scepticisme des fans qui rêvent d’un retour aux sources, ENTOMBED continue son petit bonhomme de chemin sans se préoccuper des tendances ou courants musicaux actuelles. Morceaux choisis d’une conversation avec Jorgen le bassiste massif du groupe.

VS : Ok, commençons par un premier point sur le nouvel album sorti cet été. Lorsque nous nous sommes vus lors du Fury Fest, tu m’avais dis qu’ « Inferno » serait différent de « Morning star ». ENTOMBED s’est orienté vers un côté plus « garage » aussi bien au niveau du son que de la composition. Il semblerait que cela soit une tendance qui se généralise dans le métal. Avez-vous écrit cet album dans l’optique de suivre un mouvement quelconque ?Entombedfury.jpg (16323 octets)
Jorgen : En fait, on ne s’est pas trop occupé de ce qui se passait autour de nous lorsque nous avons commencé à travailler sur « Inferno ». Nous voulions évoluer vers de nouvelles perspectives. Il serait trop facile de refaire à chaque fois le même album. « Uprising » avait déjà une sonorité voisine de ce que nous avons fait avec « Inferno ». C’était presque la même démarche mais nous n’avions pas un son live comme pour ce dernier. En fait, enregistrer en live, c’était quelque chose que nous voulions faire depuis longtemps mais pas forcément pour avoir une production de ce type. Cette expérience nous tentait mais nous n’avions jamais mis cela sur pied.

VS : Crois-tu que vous ayez pris des risques en tentant ce genre d’expérience ?
Jorgen : Non, pas de risques, enfin je ne sais pas trop. J’ignore ce qu’en pense les gens mais pour nous c’était surtout un nouveau défit et c’est ce que nous essayons de faire à chaque fois. Nous cherchons toujours de nouvelles façons d’aborder notre musique pour que cela reste intéressant sinon cela deviendrait vite ennuyeux.

VS : En fait, chaque album est un nouveau challenge ?
Jorgen : Oui, on ne veut pas que les albums se ressemblent.

VS : Oui j’ai remarqué, (rires) et je ne pense pas que je sois le seul…
Le titre qui m’intrigue le plus sur « Inferno » c’est « Intermission ». Il a des consonances de musique de film. Qu’aviez vous en tête quand vous l’avez écrit ?
Jorgen : Il y avait déjà du piano joué par L.G. sur « Too ride… ». En fait il a écrit ça pour le concert avec le ballet que nous avons fait l’année dernière. Le ballet commençait par L.G. seul au piano sur scène avec des danseurs. Il a joué la partie extraite de « Too ride… » et a composé « Intermission » pour la prolonger.

VS : C’était peut être aussi une façon de faire remarquer que vous pouviez aussi faire des compositions plus fines ?
Jorgen : Bah, je ne crois pas, Lars adore les musiques de films et ce genre de trucs. Donc je ne suis pas surpris que tu trouves que ça sonne comme une bande originale. Il écoute beaucoup celles d’ « Evil dead » ou ce genre de trucs.

VS : Parles nous un peu de cette histoire de ballet. Comment cette idée vous est-elle venue ?
Jorgen : Non, ce n’était pas notre idée, on nous a demandés. Deux artistes suédois Bogedan et Karina qui font diverses performances artistiques, ont eu une requête du ballet du Royal Opéra pour créer quelque chose de nouveau. La direction du ballet voulait de l’inédit pour l’Opéra. Bogedan est un fan d’ENTOMBED de longue date. Il nous a vu sur scène plusieurs fois alors il s’est dit « Yeah peut-être qu’on pourrait faire un ballet avec ENTOMBED et des danseurs ».

VS : J’imagine ta tête quand on t’a parlé de ça.
Jorgen : En fait, il nous a contactés par mail sur notre site web. J’ai vu ça et je me suis dis « Ouais, c’est ça… efface» (rire). Puis il nous a re-contactés un peu plus tard pour savoir si nous étions intéressés ou pas, pour tenter ce genre d’expérience. On s’est donc rencontré pour en parler. Ils étaient très sérieux en nous expliquant leur projet. Ça serait un show filmé. Ça semblait tellement bizarre, c’était un sacré challenge de faire un truc pareil. En plus ils voulaient que nous écrivions de nouveaux titres dans cette optique. Mais nous n’avions pas de temps pour ça entre les tournées, les enregistrements, on a donc proposé de jouer des titres extraits de nos albums sauf peut être ce passage d’une minute très grind que nous avons ajouté (rires)

VS : J’ai le sentiments qu’ENTOMBED a toujours besoin de nouveaux défis. Avez-vous peur de vous ennuyer ou de vous enfermer dans une routine ?
Jorgen : Oui, c’est exactement ça. Si on commence à s’emmerder, il n’y a plus de place pour le fun. A faire toujours la même chose, certains d’entre nous, voire même tout le groupe deviendraient vraiment tristes. On a besoin de changements à chaque fois.

VS : Pourtant, si on y regarde bien, il y a actuellement un grand retour du death old school suédois avec des groupes ou projets comme BLOODBATH, CHAOSBREED . Même un groupe comme DISMEMBER revient très fort. Je les ai vus à Wacken cette année et ils ont été terribles. Vous sentez-vous concernés par ce genre de revival ?
Jorgen : Absolument pas, même si je crois que c’est super. On dirait un cycle qui revient tout les dix ans comme pour la plupart des genres de musique.

VS : Ceci dit en passant, avez-vous pensé à demander des droits d’auteur à BLOODBATH ?
Jorgen : (rires) non, pour tout te dire j’ai eu leur album par un gars de Century media. C’est pas mal du tout sur certains passages, pas tous. J’aime bien les choses old school. Mais ce que j’ai pu entre de CHAOSBREED me semble plus intéressant. Il y aussi ce que font Uffe et Peter avec MURDER SQUAD que j’aime vraiment beaucoup. C’est du vrai old school et en même temps leur son est très actuel.

VS : Je me doute que cette question revient souvent lors des interviews mais pourrais-tu imaginer ENTOMBED retournant au style de ses débuts ?
Jorgen : Dans le style « But life goes on » ? Ce genre là ? Comme je dis toujours, on ne sait jamais même si je ne crois pas que cela puisse se produire. Pour que cela arrive, il faudrait retrouver le même type de démarche que nous avions à la fin des années 80. Il faudrait cette même atmosphère et c’est dur de revenir en arrière pour retrouver cet état d’esprit. Ça ne serait pas un problème d’écrire un album avec ce genre de riffs mais je ne crois pas qu’il serait possible de faire un autre « Left Hand Path ».

VS : Il ne peut pas y avoir un autre « Left Hand Path »…
Jorgen : Bah, on pourrait en écrire un autre mais il est certain que ça ne serait pas pareil. Cette atmosphère du passé est unique et puis nous avons vieilli. Nous avons pris dix ans, nous sommes vieux et gras maintenant…(rires).

VS : En parlant des débuts, ne crois-tu pas que les fans de la première heure sont parfois les pires détracteurs qu’un groupe puisse avoir lorsqu’il essaye de faire évoluer sa musique. Je pense à un groupe comme PARADISE LOST qui est traîné dans la boue par ses anciens fans. Que penses-tu de ça ?entombed-uprising.jpg (6791 octets)
Jorgen : J’arrive à comprendre cela. Il m’est arrivé d’être dégoûté quand certains de mes groupes favoris ont changé radicalement au point que je ne les reconnaissais plus mais j’arrive à passer outre et je n’irai pas m’en plaindre. J’irai toujours les voir en concert. Je comprends les fans mais je pense aussi que ceux-ci devraient se mettre à la place des groupes qui essaye de se remettre en question. Maintenant, si un groupe fait toujours la même chose et que l’envie lui prend de changer radicalement, il devrait peut-être changer de nom pour que cela passe mieux. C’est parfois préférable si on veut passer à autre chose parce que quoique l’on fasse ça restera dur car on devra toujours vivre avec. Dans le cas de PARADISE LOST s’ils avaient changé de nom, ils seraient encore catalogués d’ex-PARADISE LOST et la réaction des médias ne serait pas forcement meilleure.

VS : Bah, ça dépend, quand on écrit une review les journalistes n’ont pas forcément la même approche s’il s’agit d’un groupe ou d’un side project…
En parlant de side project, certains des membres, dont tu fais partie jouent dans d’autres groupes… Est-ce que là encore on se retrouve dans la même démarche de diversification pour ne pas sombrer dans l’ennui ou alors c’est autre chose qui vous pousse à cela ?
Jorgen : Non, c’est plus histoire de faire autre chose, de jouer avec d’autres personnes. Quand je suis avec PROJECT HATE je suis dans un créneau complètement différent de celui d’ENTOMBED. Je ne compose pas pour ce groupe. Je chante et j’écris les textes. J’aime bien ça et en plus je joue de la guitare ce que je ne fais pas en temps normal.

VS : Oui, mais tu jouais déjà de la guitare avec GRAVE jadis…
Jorgen : Oui, mais je n’avais rien enregistré à la guitare depuis 92…Dix ans !!!

VS : Pas facile de passer de quatre à six cordes…
Jorgen : Tu n’imagine pas à quel point c’est dur (rires). En studio ça va parce que…

VS : Personne ne peut t’entendre…
Jorgen : Oui exactement… Mais en concert c’est une autre histoire (rires). Il faut se concentrer au maximum pour arriver à quelque chose (rires). Mais j’apprécie de faire ces expériences avec d’autres musiciens qui me laissent un peu faire ce que je veux.

VS : Où trouve-tu le temps de faire tout ça ?
Jorgen : Hé bien, en fait, ça ne prend pas tant de temps que ça. Bien sûr quand nous sommes en tournée je n’ai pas de temps pour ça mais quand je suis à la maison, j’arrive à m’organiser. Par exemple, pour l’album de Krux que j’ai fait avec Peter, Mats Levén (Yngwie Malmsteen, Abstrakt algebra) et Leif Edling (Candelmass, Abstrakt Algebra, Nemesis, ouf !). Cela nous a seulement pris deux semaines pour répéter et enregistrer l’album. Alors tu vois que ça n’empiète pas tant que ça sur mon emploi du temps. Comme Leif avait déjà composé tous les titres, il nous a suffit de répéter pendant trois jours avant d’entrer en studio. Pareil pour la production de l’album et les paroles. J’ai écrit ça en une matinée. C’est venu de façon spontanée et c’est mieux de cette façon. C’est pas comme si on s’était assis en se disant « allez, faut écrire quelque chose »

VS : Il est vrai que parfois les œuvre les plus spontanées peuvent devenir cultes. Je pense, entre autre à « Speak english or die » de S.O.D. qui a été composé, écrit et enregistré en trois jours.
Pour passer à autre chose… ENTOMBED est connu pour être l’initiateur du terme « Death’n’roll ». Etes-vous fiers de ça ou alors cette appellation est juste une invention de journalistes en mal d’étiquettes pour votre style ? Et crois-tu que ce nom soit toujours approprié à la musique d’ENTOMBED ?
Jorgen : Bah, on n’a pas inventé ce nom exactement. Je me souviens de l’époque où CARCASS disait jouer du « Rotten’roll ». En fait, je trouve ça un peu ridicule, ça ne résume pas vraiment ce que nous jouons. Nos influences ne sont pas rock. Nous faisons du death métal mixé avec du punk rock voire du hard rock et c’est tout.

VS : Pour revenir à la dernière fois que nous nous sommes vus lors du Fury Fest de Nantes, vous avez surtout joué de vieux titres et un seul du nouvel album « Retaliation ». Pourquoi ?
Jorgen : Oui, en effet, l’album n’était pas encore sorti et cela ne nous semblait pas approprié…

VS : Et vous n’avez joué aucun titre de « Same difference » que faut-il en conclure ?
Jorgen : En fait, on en joue d’habitude mais pas ce soir-là, je ne crois pas non plus qu’on en interprétera ce soir d’ailleurs. Mais on continue d’apprécier cet album. Le fait est que ces compos ne collent pas vraiment avec le reste de notre set. Il n’y a guère qu’ « Addiction king » et « Clauses » qui puissent coller mais la plupart du temps nous jouons d’autres vieux titres pour être plus cohérents.

VS : En parlant des vieux titres. Crois-tu qu’ENTOMBED prend toujours du plaisir à jouer inévitablement les vieilleries ? Ce n’est pas ennuyeux à la longue ?
Jorgen : Moi, j’adore jouer les vieux trucs

VS : Même si tu n’as pas participé à la plupart de ces compositions ?
Jorgen : Oui, je n’ai pas beaucoup composé de titres qui figurent à la setlist mais je suis toujours content de jouer les classiques et je crois que c’est aussi le cas pour les autres.

VS : J’espère de tout cœur que c’est toujours le cas. Hé bien merci Jorgen d’avoir pris le temps de répondre à mes questions à la noix.
Jorgen : Pas de problème, c’était sympa et c’est toujours un plaisir (ndt : j’invente rien, il l’a vraiment dit…lol)