Shaka interview ALKEMYST
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ALKEMYST est un groupe originaire d'Annecy qui a pour particularité de compter dans ses rangs, le chanteur de SECRET SPHERE. Quand on sait que leur premier album, "Meeting in the mist", sort chez Nuclear  blast et en plus qu'il est excellent, voilà plusieurs très bonnes raisons pour donner la parole à Arnaud, le guitariste.

alkgroupe_2.jpg (62002 octets)1) Peux-tu présenter le groupe à nos lecteurs ?
(Arnaud Ménard - guitare) : ALKEMYST est la continuation d'une formation qui a vu le jour en 1992 (nous avions 13 ans à l'époque, c'est dire la qualité de la musique que nous pouvions proposer lol !). Nous avons finit par stabiliser notre line-up en 1998. Pour donner quelques détails "historiques", Arnaud Gorbaty (Batterie) a embarqué sur le navire en 1996, Séverin Bonneville (guitare) en 1998, Denis Mellion (basse) a fait partie d'ALKEMYST par intermittence, en occupant à peu près tous les postes possibles (chant, guitare notamment) de 1994 à 1997, pour revenir fin 1998 à la basse.  En 1999, nous avons donc fait quelques dates, et enregistré nos deux premières démos, "From Depths to Light", destinée aux organisateurs de concerts, et "A Path To Heaven" qui fut commercialisée. Puis notre chanteur de l'époque, Fabrice Sollier, nous a quittés, et nous l'avons remplacé par Ramon Messina en 2000. Il fait partie, en plus d'ALKEMYST, du groupe de Metal symphonique italien SECRET SPHERE, avec lequel il a enregistré trois albums, "Mistress of the Shadowlight", "A Time Nevercome", et "Scent of Human Desire".

2) Comment cela se fait-il que l'on retrouve au chant Ramon Messina, le chanteur de SECRET SPHERE ?
Grâce à une forme de chance que l'on ne s'explique pas trop (rires) ! C'est une histoire de dingue, et j'ai bien du mal à croire que ce soit un simple hasard. Lorsque j'en parlais à mes potes, au départ, et que je leur disais que nous avions écrit à Ramon de SECRET SPHERE - et qu'il avait répondu - je le disais vraiment en déconnant, ne croyant pas un instant qu'il enregistrerait quelques mois plus tard un album avec nous (rires). C'était un pur délire ! En fait, lorsque Fabrice a quitté le groupe, nous avons essayé de lui trouver un remplaçant. Nous avons cherché dans notre ville, puis dans notre département, dans notre région, puis dans notre pays, puis finalement en Europe, car, au bout d'un moment, on a un peu pété un câble, et on s'est mis à écrire à tous les chanteurs possibles, à tous les musiciens du monde.  Je me rappelle même avoir épluché les annonces des numéros de Hard Rock Magazine de 1992 (rires) ! A cette même époque, un ami m'a prêté un disque de SECRET SPHERE, et j'ai vraiment accroché sur la voix du chanteur. Or, comme nous habitons dans les Alpes, pas très loin de Turin, nous avions déjà commencé à orienter nos recherches vers ce coin de l'Europe. Sous le CD, étaient notées quelques adresses personnelles de musiciens du groupe, dont celle de Ramon. Je lui ai donc envoyé un courrier, avec notre démo 2 titres, sans espoir de réponse. Une semaine après, nous recevions une lettre d'Italie (rires) ! Du coup, nous avons correspondu pendant six mois, échangé des démos des morceaux que nous avions l'intention d'enregistrer, et en juin 2001, Ramon s'est pointé en personne au studio. On ne se l'explique toujours pas. C'est un peu surnaturel comme truc. On a vraiment eu l'impression d'être dans un film au début ; encore plus lorsque le disque dur du studio a planté en 2001 d'ailleurs (rires). On commençait vraiment à penser qu'on était les héros d'une sorte de "Truman Show" !

3) Et votre signature chez Nuclear blast, comment cela est-il arrivé ? Je suppose que SECRET SPHERE étant aussi chez eux, cela a facilité les choses...
Nous avons commencé à démarcher les maisons de disque en février/mars, et plusieurs labels se sont montrés intéressés par notre album. Nuclear Blast nous a fait une proposition, et nous avons signé chez eux. Le fait que SECRET SPHERE fasse partie de la maison nous a permis de faire passer l'album par le courrier interne et d'éviter la case poubelle (rires)… A vrai dire, je crois qu'il est plus avantageux pour nos deux groupes d'être sur le même label ; ça pose moins de problèmes de planning. De plus, le travail fourni par Nuclear Blast et par ses partenaires nous satisfait tout à fait. De toutes façons, une telle signature peut nous donner l'opportunité de réaliser des rêves de gosse, comme être interviewés par Violent Solutions (rires) ! Sachons donc en profiter !

4) On retrouve le titre "A meeting in the mist" sur le volume 5 de la compilation "Metal dreams". Peux-tu nous expliquer comment ce morceau est arrivé à figurer sur ce CD ?
Nuclear Blast nous a proposé de faire figurer ce titre sur leur compil, et nous avons dit oui. C'est aussi simple que cela. Après, si tu me demandes de t'expliquer les calculs savants qui ont présidé au choix de cette chanson par le label, tu m'en demandes trop (rires) ! Il n'y a pas beaucoup de transparence lorsque tu travailles avec une si grosse boîte, d'autant plus qu'on n'est pas dans le métier depuis très longtemps, et qu'il y a probablement pleins de trucs qui nous échappent encore (rires). Toujours est-il que la collaboration est excellente et qu'ils semblent nous faire confiance (le choix de notre chanson pour cette compil tend à le prouver) : nous travaillons de concert, et je peux te dire que ça fait du bien de bosser avec une structure aussi carrée et pro que Nuclear Blast. Ca change du système D (rires) ! 

5) Sur votre album, on retrouve les 2 titres qui figuraient sur "A path to heaven". En quoi les nouvelles versions sont-elles différentes de celles enregistrées en 1999 ?
Nous avons essentiellement réécrit les mélodies de chant. Nous n'en étions pas très fiers, et Ramon nous a permis de faire de ces deux titres deux très belles chansons. Le son est également différent, et les arrangements sont plus travaillés. Au final, ça n'a plus rien à voir !

6) Vous avez rencontré des difficultés lors de l'enregistrement de " Meeting in the mist ". Vous pouvez nous en parler ?
En novembre 2001, nous mixions la première mouture de "Meeting in the Mist". Le Macintosh fit alors un bruit étrange en démarrant, puis un magnifique écran noir apparu comme par magie. En fait, un court-circuit dans le disque dur avait effacé toutes les données, sans qu'il nous soit possible d'en récupérer quoi que ce soit… Nous n'avons pu finalement garder que quatre mises à plat, qui nous ont servi à démarcher les labels pendant l'année, et, accessoirement, à gagner le concours Rock Hard (démo du mois) en octobre 2002. On ne peut pas dire par contre que le moral était très haut … Du coup, nous avons été contraints de tout recommencer pendant l'été 2002. Bah, la roue tourne … Maintenant, on attend la suite avec une certaine anxiété, car il semble que la roue ait singulièrement grossi. Ca va faire drôle quand elle aura fait un demi-tour (rires) !

7) Vous avez prévu une tournée ?
Nous attendons les retombées de "Meeting in the Mist" avant de programmer quoi que ce soit. Nous jouons néanmoins le 2 août en Savoie, pour un concert de chauffe, le 13 septembre au festival de Raismes, dans le Nord de la France, avec AMARTIA, SOULD CAGE, FREAK KITCHEN et EVERGREY, et peut-être en Novembre à Grenoble.

alkarno_denis_scene_3.jpg (71837 octets)8) Cela ne risque pas de poser un problème le fait que le chanteur fasse parti d'un autre groupe, étranger de surcroît ?
Non, je ne pense pas. Ni ALKEMYST ni SECRET SPHERE ne sont des groupes immenses, et on ne peut pas dire que nous demandons à Ramon beaucoup de son temps. Nous composons entièrement les morceaux (il n'a plus qu'à écrire les lignes de chant), nous produisons, nous nous occupons de la promo, de tout ce qui entoure le groupe. Tant que nous nous organisons correctement, tout va bien. En plus, contrairement à la majorité des participations de musiciens connus dans des groupes qui le sont moins, ce n'est pas l'argent qui a motivé Ramon, mais la musique elle-même. Nous sommes de surcroît devenus des amis très proches. A priori, dans l'immédiat, pas de problème, d'autant plus, comme je te le disais, que nous sommes tous deux sur le même label.

9) Comment décrirais-tu votre musique ?
Nous sommes un groupe de Heavy Metal mélodique, et nous essayons de remettre un peu en question la musique que nous jouons. Nous aimons composer des morceaux rapides et techniques, quelquefois relativement traditionnels (c'est un choix conscient, car il faut que le tout reste quand même immédiat, et pour cela, rien de mieux que de se rattacher à une tradition qui a fait ses preuves) tout en ménageant au sein de nos chansons quelques intermèdes progressifs, voire un peu plus barrés, et en proposant des mélodies de chant originales et facilement mémorisables. Avant tout, nous tenons à faire une musique variée, prenant racine dans une multitude de genres musicaux, même si nos musique reste assez "typée".

10)  Quels sont vos groupes préférés, vos influences ?
Nos influences sont sensiblement différentes de nos goûts musicaux. Tous les groupes de Metal que nous avons écouté étant plus jeunes nous ont influencé : SCORPIONS, MAIDEN, JUDAS PRIEST, METALLICA, MEGADETH, SLAYER et même les GUNS (surtout Séverin) ! Ensuite, nous avons découvert le Speed Metal mélodique, et on peut dire que ce fut un choc. Ca s'entend, je crois (rires) ! HELLOWEEN (en tête), VICIOUS RUMORS (pour les riffs et le côté "obscur"), BLIND GUARDIAN (pour l'aspect un peu rugueux et Thrash), SCANNER, le STRATOVARIUS des trois premiers albums ont été une grande source d'inspiration. Ensuite, avec Séverin et Arnaud, sont venues des influences plus progressives (ANGRA - ça reste assez traditionnel, DREAM THEATER, SYMPHONY X, RUSH et plus récemment encore ARK, dont l'album "Burn the Sun" est un pur chef-d'oeuvre).
Pour ce qui est de nos goûts personnels, ils sont très variés. Séverin écoute un peu de tout, de la Pop bien torchée (JEFF BUCKLEY, RADIOHEAD, DAVE MATTHEW'S BAND), des trucs plus funky comme les RED HOT CHILI PEPPERS, du Flamenco, Brahms quelquefois, et quand même un peu de Metal (ses premières amours, et plus récemment CHILDREN OF BODOM, SECRET SPHERE aussi ; lol). Arnaud Gorbaty écoute tout un tas de trucs. Il est étudiant en musicologie, donc sa collection de CDs est assez impressionnante, et je n'aurais pas la place ici de tout détailler. C'est un grand fan de Prog et de Jazz Rock ; il aime tout ce qui a du "groove", et tout ce qui est un peu tordu (TOOL par exemple). Ramon est un peu comme Séverin, c'est un fan de QUEENSRYCHE et de DEPECHE MODE (ben oui…), Denis écoute surtout de la musique Jazz instrumentale, des trucs qui viennent des îles, et puis SLAYER et KREATOR, ce qui, tu as raison, n'a rien à voir (rires) ! Quant à moi j'adore le Metal, du Hard Rock dit "de base" aux trucs les plus extrêmes (du genre HATE ETERNAL), la musique classique et romantique, les compositeurs russes de la fin du XIXè et du XXè, les groupes qui retournent le cerveau comme MEKONG DELTA, ATHEIST, SPIRAL ARCHITECT, de la Pop quand c'est beau (Ah, TORI AMOS !), enfin un peu de tout. Nous sommes des fondus de musique. Au studio, pendant les pauses, on branchait la chaîne Hi-Fi, et le soir on se tuait à coup de mini-discs jusqu'à deux ou trois heures du matin (rires) ! Du coup, je pense quand même que toutes ces choses nous donnent des idées fraîches pour écrire nos chansons. Notre prochain album sera d'ailleurs sûrement plus éclectique, encore que sur "Meeting in the Mist", qui sait écouter peut reconnaître facilement que nous n'avons pas fait que pomper HELLOWEEN…
   
11)  A la fin de l'album, il y a un ghost-track assez délirant. Que peux-tu en dire exactement ?
Comme tu le dis, c'est un pur délire. Séverin est arrivé un jour en répétition avec un riff vraiment naze, du genre chanson de Patrick Sébastien (rires) ! C'était bien sûr intentionnel. Arnaud Gorbaty, notre batteur, a eut l'idée de retravailler le tout sur son séquenceur, et de nous faire enregistrer des cris d'animaux. C'est complètement débile, mais faut bien décompresser de temps en temps (rires) ! Nous sommes très fiers de cette chanson. C'est notre meilleur titre (rires) ! Le prochain album sera dans cette veine ; c'est le label qui va être content… (rires) !

12)  Que penses-tu de la scène Metal actuelle ? Et la scène française en particulier ?
La scène Metal actuelle est extrêmement intéressante. Les genres commencent à se décloisonner doucement, et on voit sortir des choses très intéressantes. Le Metal est plus vivant et créatif que jamais, même si tous les groupes ne font pas preuve d'une originalité débordante. La scène française devient de plus en plus forte. Certains groupes jouent depuis quelques années déjà dans la cour des très grands, et iront loin. Je pense notamment à SCARVE et ANOREXIA NERVOSA, qui, chacun dans leur genre, sont au top.
 
13)  Quels sont vos coups de coeur musicaux depuis ce début d'année ? (que ce soient des nouveaux albums ou des vieux trucs)
Pour les coups de cœur "anciens", je pense qu'on en a vite fait le tour : ce sont les grands albums pondus par les groupes que je citais plus haut. Récemment, j'ai redécouvert "Storm of the Light's Bane" de DISSECTION qui est une pure boucherie, et le "City" de STRAPPING YOUNG LAD qui, à tous les niveaux, est incroyable (NDS : c'est ben vrai ça !). En fait, à l'heure actuelle, nous écoutons tous un tas de trucs différents, et en élargissant notre panel, nous tombons régulièrement sur des perles, des artistes incroyables, des chansons de génie, des albums dignes de Dieux vivants. Très récemment, un pote m'a fait écouter le dernier album de BLUT AUS NORD par exemple. Peut-être ne suis-je pas digne d'écouter quelque chose d'aussi "True Beu Meu" (rires), mais leur réussite artistique est telle qu'on ne peut être que sans voix face à une oeuvre de cette envergure. Quelquefois, des musiciens de Rock peuvent écrire de tels morceaux de bravoure qu'on en vient à être fier d'en jouer (rires) !

14)  Un dernier mot à dire à nos lecteurs ?
Merci pour vous être attardés quelques minutes sur notre cas en lisant cette interview. J'espère que vous aurez la curiosité de jeter une oreille sur "Meeting in the Mist", et que vous prendrez le temps de l'écouter avec attention. C'est un album riche, beaucoup plus que ce qu'il n'y paraît. Nous y avons mis beaucoup d'émotions, et nous en avons vraiment chié. Certifié 200 % honnête, passionné, et intègre. Nous avons tout financé avec nos derniers deniers, et nous pensons que tous ces sacrifices s'entendent sur le disque. A vous, donc, de nous faire confiance ! Merci à toi en tous cas pour nous avoir ouvert les colonnes de VS. A bientôt, sur scène pourquoi pas !

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