Uriel interview de PRIMORDIAL
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L’Irlande n’est peut-être pas la terre du metal par excellence, mais c’est probablement l’un des pays dont le tempérament indépendant et l’esprit séculaire rayonne le plus à travers ses groupes. Primordial est de ceux qui transmettent cet héritage culturel baigné de légendes, de souffrance, d’humilité et de sueur. Un petit entretien avec le vocaliste emblématique Alan Nemtheanga pour faire le point sur ce groupe qui a toujours bourlingué un peu à l’écart de ses pairs. La tête dans les valeurs les plus généreuses du metal mais les pieds bien ancrés sur la terre d’Irlande. Hier, aujourd’hui, demain, toujours…

Que dis-tu d’un peu de vénération gratuite pour commencer: pourquoi êtes-vous l’un des meilleurs groupes de la planète ? Sans blague, je le pense ! D’autant que je ne suis apparemment pas le seul clampin qui ait cette opinion, si l’on se réfère au magazine allemand Legacy qui a classé " Storm Before Calm " en tête de son soundcheck trimestriel après que " Spirit the Earth Aflame " ait déjà obtenu cette distinction. Ce n’est pas quelque chose qui arrive tous les jours, tu sais – sauf si on est un de ces groupes de biprimordialphoto1.jpg (27767 octets)bine-metal allemands, j’imagine… As-tu l’impression que Primordial a grimpé plusieurs barreaux sur l’échelle de la reconnaissance entre ces deux albums ? Est-ce que tu nous caches des origines allemandes ?
Hails ! Merci pour tes propos. En fait je crois que nous sommes le seul groupe à avoir été pointé deux fois de rang album du trimestre dans Legacy (Note : Depuis, Opeth a fait aussi bien). Je ne pense pas que ce qui arrive avec Primordial soit un phénomène soudain, c’est le résultat d’un procédé graduel. Le groupe devient évidemment plus fort à chaque album, même si personnellement j’ai encore le sentiment que nous n’obtenons pas le respect et la stature que nous mériterions en regard de ce que nous jouons. Ceci dit, il n’y a pas grand chose que nous puissions faire pour changer ça si ce n’est continuer à faire ce que nous considérons comme juste et jouer ce que nous avons dans les tripes. Des origines allemandes cachées… ha ha… non.

J’ai eu la chance de voir Primordial lors du " Damned in Black Tour " en support d’Immortal, pour ce qui était votre première grosse apparition sur les scènes d’Europe. Gardes-tu un souvenir particulier de cette tournée ? Est-ce qu’elle vous a appris certaines choses dans la façon dont vous deviez appréhender votre public et/ou votre jeu de scène ? Avec le recul, penses-tu que ce fut un événement significatif dans la carrière de Primordial ?
Oui ce tour a eu une grande importance pour le groupe. Avant nous jouions à droite et à gauche ou lors de mini-tournées, mais jamais rien de cette ampleur. Nous avons beaucoup appris durant ces trois semaines et ça reste, comme tu l’as dit, significatif pour nous. Immortal sont des gars très cools et nous nous sommes très bien entendus avec eux, d’autant plus qu’ils ont beaucoup apprécié et supporté ce que nous faisions. Personnellementare je pense que c’était une affiche bien plus complémentaire que ce que certains ont pu laisser entendre. Chaque groupe joue à sa manière du metal épique, tu comprends !

De mon point de vue pas trop objectif, j’ai constaté que Primordial attise un certain esprit de communion et de proximité avec la foule. Même des gens qui n’étaient pas familiers avec le groupe m’ont confessé avoir été profondément bougés par votre performance. Est-ce que c’est le côté hymnique de vos chansons qui suscite de bonnes réactions, ou bien est-ce que, de par leur tempérament humble et terrestre, elles cristallisent un fort sentiment d’identification parmi les fans ?
Je pense que nous essayons toujours d’aborder les choses avec une attitude de fraîcheur, de contact avec avec les gens. Nous voulons entrer au maximum dans la peau de la musique lorsque nous arrivons sur scène. Le public voit cinq personnes passionnées jouant une musique passionnée qui signifie vraiment quelque chose pour eux. Il ne s’agit pas simplement de bouger la tête comme un automate au rythme d’un quelconque riff catchy… c’est là qu’est toute la différence. Être là à jouer pour notre public représente quelque chose de capital à nos yeux, et c’est ce que les gens peuvent voir.

En général, peux-tu faire état de fossés dans les attitudes et réactions des fans suivant les pays ? Par exemple quelles sont les différences endémiques entre les publics allemand ; français, scandinave, etc. ?
Ca dépend, tu sais. Les réactions sont positives dans 90% des cas. Bien sûr, certains publics sont plus difficiles à mettre dans ta poche. En général des pays comme le Portugal, l’Espagne et l’Italie sont les plus réceptifs, toujours prêts à s’investir dans la musique et derrière le groupe. Dans les pays d’Europe centrale je trouve que les gens sont un peu plus exigeants, trop gâtés peut-être, et qu’ils ne sont pas disposés à transpirer comme des dingues un mercredi soir pour un groupe de metal… ils donnent l’impression d’avoir déjà tout vu et d’être en quelque sorte blasés. Mais comme je te l’ai dit, ça dépend, par exemple nous avons fait de super concerts en Allemagne. Par contre le territoire qui a toujours été impossible à conquérir pour nous, c’est l’ex-Allemagne de l’Est. Là-bas les gens n’en ont rien à foutre de la mélodie, du chant clair ou des parties lentes dans le black metal, et donc ils n’ont aucune patience envers nous. La France est difficile aussi... Je ne pense pas que nous vendions beaucoup de disques en France. A part ça ? Il y a la Pologne peut-être, où ils aiment la musique très agressive.

Sur " Storm before Calm " c’est la première fois que Ciarán MacUilliam est crédité pour la musique, alors que toutes vos réalisations précédentes portaient la mention " all music by Primordial ". Y a-t-il une raison à ça ? Est-ce que c’est juste parce que c’est la première fois qu’il compose tout tout seul, ou est-ce que vous avez voulu mettre un point d’honneur à clarifier qui était la tête pensante de Primordial au niveau de la musique ?
En fait nous arrangeons toujours la musique en groupe, mais l’idée initiale émane de lui en général. Ce n’est pas une affaire d’état. Il a juste émis le souhait d’être reconnu pour son travail. En principe, tu pourrais dire que c’est : idée de base par MacUilliam, développée par Primordial.

Lors de la dernière interview que tu m’as accordée il y a environ deux ans, tu m’avais presque surpris en affirmant qu’il y aurait toujours du black metal dans Primordial, alors que je pensais sincèrement que le groupe était sur une voie de désengagement vis-à-vis de ce style. Puis j’ai acheté " Storm before Calm " et le CD a commencé à tourner sur " The Heretics Age " – et j’ai pensé… tu vois ce que je veux dire… est-ce qu’ils ont mis un CD de Dark Funeral dans le boîtier ou quoi ? Bien sûr l’impression a duré dix secondes, car on reconnaît rapidement la marque de fabrique de fabrique et de son de Primordial, mais tout de même ! Cette chanson a les accents les plus brutaux que j’ai jamais rencontrés chez Primordial à ce jour, et maintenant j’imaginprimordiallive003.jpg (30278 octets)e que je comprends mieux où tu voulais en venir en disant cela… Est-ce que vous avez voulu faire de ce morceau particulier un signal fort que Primordial étaient de retour, plus motivés et plus metal que jamais ? Doit-on y voir un exutoire pour toute l’amertume et la rancœur accumulée au cours des années ?
C’était bien sûr délibéré et " Storm Before Calm " est un album agressif qui réserve pas mal de moments de black metal puriste. Primordial est né de la deuxième vague du black metal, et les gens ne devraient pas s’étonner que nous ayons encore un pied en enfer ! Ce morceau balance un signal, oui. Il avertit que nous sommes déterminés et concentrés sur notre objectif, et que nous ne laisserons jamais le metal derrière nous pour nous embarquer vers un quelconque crépuscule folk ou psychédélique. J’ai toujours la rage et je suis toujours en colère après toutes ces années… Ca ne changera pas.

Est-ce que vous accordez plus d’importance qu’auparavant au côté " stratégique " du tracklisting ? Par exemple j’ai noté que sur vos deux derniers albums les morceaux d’ouvertures étaient peut-être les plus emphatiques, et que les pièces acoustiques sont placées vers la fin de l’album, comme pour ménager une plage de répit avant l’assaut final. A l’opposé, l’ordre des morceaux de " Imrama " ou " A Journey’s End " me paraît plus hasardeux, ce qui veut dire que je perds plus facilement le fil. Quoi qu’il en soit, est-ce votre but d’optimiser la valeur d’un album en créant la suite de morceaux la plus efficace qui soit ?
Nous planifions davantage lorsque nous disposons du temps et de l’argent pour ça. Normalement il aurait du y avoir d’autres pièces acousiques sur le nouvel album, mais nous avons manqué de temps. Je pense que le prochain album sera le plus varié que nous ayons jamais écrit. Oui, nous essayons de placer les chansons dans le bon ordre pour un meilleur impact dramatique, je trouve ça très important pour la dynamique d’un album.

Même si je ne suis pas qulifié pour lire entre les lignes de vos paroles, j’ai le sentiment qu’ils ont imprégnés de considérations plus abstraites et métaphysiques que sur " Spirit the Earth Aflame ", tout en faisant appel à des figures symboliques (Terre, Sang, Dieux, etc.). Peut-être ai-je tort, auquel cas tu me ferais plaisir d’éclairer ma lanterne sur les sujets abordés au cours de " Storm before Calm ", mais est-ce que je marque un point en disant que l’album remonte vers les fondements de l’humanité en creusant directement au cœur de l’esprit plutôt qu’en se focalisant sur l’externalité et les événements ? Est-ce que l’album est censé être une sorte de thérapie, une tentative d’utiliser l’héritage du passé pour percer un (ton ?) état d’esprit ?
Tu dis ça très bien. " Storm Before Calm " est en effet plus intérieur que " Spirit the Earth Aflame ". Il pose des questions, cherche des réponses. Il se base véritablement sur la relation à notre histoire, à notre passé et à notre culture afin de dévoiler quelle nature humaine est la notre, de nous examiner et de nous découvrir, tu vois ? L’album peut aussi être vu comme un défi lancé à ta volonté… Un défi à la tempête, pour cueillir le jour.

Il est clair que Primordial est un groupe qui parvient à avoir un son majestueux sns recourir aux ficelles éculées des refrains bateaux et des fausses prouesses orchestrales. Existe-t-il au juste un groupe orienté claviers qui t’impressionne ? Est-ce important à tes yeux d’avoir réussi à atteindre un son que personne ne peut confondre avec un autre groupe ?
Tous les instruments peuvent apporter quelque chose s’ils sont utilisés de la bonne manière. Bien sûr, de très nombreux groupes te sortent les riffs les plus plats qui soient et pensent que tout ce qu’ils ont à faire est d’y plaquer quelques synthés bien basiques et de vendre ça sous l’étiquette d’atmosphère. Par exemple toutes ces merdes du genre Crematory, etc. Mais bon ceci étant, ces groupes vendent vraisemblablement cinq fois plus de disques que nous ! Bon, je n’ai rien contre les synthés s’ils apportent vraiment quelque chose, simplement je n’ai jamais trouvé que les synthés, les chœurs ou quoi que ce soit pourraient apporter un plus à cette atmosphère terrestre que nous essayons de créer. J’aime beaucoup la façon dont Shape of Despair, par exemple, utilisent leurs synthés.

Dois-je supposer que M. O’Floinn ne rejoint le line-up que sur la route ? J’imagine que c’est pratique lorsqu’il s’agit de reproduire sur scène les harmonies superposées de vos chansons (par exemple " Glorious Dawn " ou " Sons of the Morrigan "). Peux-tu nous dire ce qu’il en est du background de ce garçon ? Dirais-tu que Primordial a gagne une nouvelle dimension live avec son intégration ? Y a-t-il une chance qu’il soit impliqué dans l’écriture des morceaux à l’avenir ?
C’est possible, nous n’avons pas encore commencé à nous pencher sur le prochain album. Il n’a pas participé à la création de notre dernier album, mais il n’y a pas de raison qu’il ne soit pas impliqué par la suite. Il vient du sud-ouest du pays et là-bas il a joué dans quelques groupes peu connus au cours des années.

A première vue, j’ai été déçu par la pochette du CD. Il faut dire que je m’attendais sans doute à quelque chose baignant dans les délicieux tons bruns surannés des deux derniers albums. Mais au-delà de considération puremeprimoband012.jpg (47226 octets)nt esthétiques, il y a une nouvelle fois un grand symbolisme dans l’artwork. Après le serpent qui se mord la queue, nous avons droit à ce qui semble être un œil qui voit tout. Ce sont des signes qui doivent conduire à cogiter sur le contexte. Peux-tu s’il te plaît révéler quelques éléments de réflexion concernant le sens de cette pochette ? Que sont les quatre jeux de branches sur les côtés, qui ressemblent en fait à des veines ?
Au bout d’un moment j’en ai eu marre du marron et des couvertures sous-réalisées. J’ai voulu quelque chose de plus vibrant, mais toujours symbolique et esthétique, avec une signification forte et évidente. C’est un symbole puissant, peu importe quelle est ta culture. Tu peux le voir comme l’œil d’Odin, d’Horus, de Lugh, n’importe qui. Les branchages pourraient bien représenter les quatre éléments… Des veines ? Oui, pourquoi pas… Tout est ouvert aux interprétations.

Récemment votre label Hammerheart Records a réédité une quantité non négligeable d’albums à prix bas, ce qui signifie que " Imrama ", " A Journey’s End " et " Spirit the Earth Aflame " sont désormais vendus autour de 9€. Est-ce une situation positive pour toi ? D’une manière générale est-ce que, en tant qu’artiste, tu as un contrôle solide sur le côté " business " du metal ? Jusqu’à quel point est-ce que la notion de produit marketing domine dans la chaîne de valeur d’un album en contraste avec le contenu artistique ?
Il y a une partie de moi-même qui se tape complètement de tout ça et qui ne veut se consacrer qu’à la musique. Cependant, plus nous vendons, plus nous disposons de fonds pour proposer une meilleure vision de notre musique la prochaine fois, et meilleures sont nos chances de pouvoir allez jouer dans le monde entier. En ce qui me concerne, plus le groupe prend de l’ampleur médiatique et financière, mieux c’est. Nous ne sommes pas le genre de groupe à changer si nous gagnons plus d’argent. Mais parfois il faut comprendre que certains compromis sont nécessaires pour arriver à tes fins, il faut jouer le jeu. Tout ce côté business dans le sens où tu le retrouves chez la plupart des musiciens m’a laissé à travers les années un goût un peu amer dans la bouche.

Si je ne me trompe, tu es toi-même éditeur d’un zine. Peux-tu s’il te plaît présenter ta publication et ses principales caractéristiques ? Est-ce que tu utilises ton expérience des interviews avec Primordial afin de formuler les bonnes questions ?
J’ai fait un fanzine entre 1990 et 1998. Aujourd’hui j’écris à droite et à gauche pour quelques mags, surtout des chroniques de CD. Pour être honnête je ne fais plus d’interviews, surtout parce que mon intérêt pour ce que les autres ont à dire a beaucoup décliné. Et puis à un moment donné, j’ai vu l’underground partir dans une direction à laquelle j’avais du mal à m’identifier.

Bien qu’on penserait le contraire en regardant vos visages gracieux et pétillants, Primordial fait partie des groupes qui bourlinguent sur la scène depuis près d’une décennie. Es-tu pleinement satisfait de la façon dont la scène entière a grandi en même temps que vous ? Ressens-tu toujours le besoin d’être branché sur l’actualité, comme dans ta prime jeunesse, ou bien est-ce que tu tries ta consommation musicale avec plus de soin et de détachement qu’auparavant, l’expérience aidant ? Quelle est ta réaction lorsque tu vois des gamins (spécielement dans le black metal) dispenser fièrement des leçons sur ce que doit être le bon esprit et la bonne attitude ?
En fait nous sommes actifs depuis 1991, donc ça fait un peu plus d’une décennie maintenant. C’est difficile de répondre, tu sais, j’ai vu naître et crever tellement d’engouements et de tendances. J’ai eu affaire à tellement de gens qui sont disparus de la circulation aussi vite qu’ils étaient apparus. J’admets que je ne suis plus aussi zélé qu’avant pour ce qui est d’aller chercher les démos, les fanzines, et d’acheter des 7"s, mais l’underground a changé. J’ai de moins en moins l’impression d’y appartenir. Aujourd’hui il y a des chances que tu me surprennes en train d’écouter WASP, Mercyful Fate ou Judas Priest plutôt que la nouvelle démo de Levifer ou quelque chose comme ça… Ce qui ne m’empêche pas de m’impliquer activement en faveur de certains groupes actuels comme Deströyer 666, Desaster, Gospel of the Horns, Secrets of the Moon, Razor of Occam, Adorior, Vomitor, Pentacle, Clandestine Blaze, Cianide, Root, etc. Des groupes dans ce goût là.
Personnellement ça me remplit d’allégresse de voir des jeunes de 18 ans se pointer et m’expliquer comment c’était dans les 80’s et la façon dont le black metal doit se comporter… et puis qui te regardent avec dédain si tu leur dis que tu te souviens de la démo de Cradle of Filth en 92 ou que Rotting Christ sont un super groupe… En général je me contente de hausser les épaules.

J’ai lu quelque part que Manowar était ton groupe favori. Je n’ai pas écouté le dernier album " Warriors of the World ", mais certaines voix de déception sont parvenues jusqu’à mes oreilles. Je suis sûr que nos lecteurs adoreraient avoir l’opinion éclairée d’un spécialiste comme toi… Que penses-tu d’un sticker sur votre prochain album : " When other bands play, Primordial kills "?
Bonne idée… J’aime beaucoup cet album. Le tracklist est un peu étrange, c’est le moins que l’on puisse dire, mais au bout du compte je pense que c’est un excellent album et ça fait du bien d’écouter les vocaux d’Eric revenus à leur meilleur niveau. Certains se plaignent de la simplicité, mais si tu regardes des morceaux comme " Blood Of My Enemies " ce n’est pas si simpliste que ça. C’est difficile d’écrire des chansons aussi directes et mémorables. Je ne crois pas que Manowar aient jamais sorti un album faible. Mes groupes préférés sont Manowar, Judas Priest, Iron Maiden, Bathory, etc....

Quelle est la question la plus stupide qu’on t’ait jamais posée ? (J’espère qu’elle n’est pas dans cette interview…)
Il n’y a pas longtemps un gars m’a demandé pourquoi Opeth ne figurait pas parmi tous les groupes de notre liste de remerciements, étant donné que nous sonnions " comme eux "… Presque identiques, qu’il a dit !!!!!… Si j’avais pu l'empoigner à travers Internet et le calotter pour sa putain d’ignorance, je l’aurais volontiers fait. Ou tous ces gens qui me demandent comment est la vie dans le Royaume-Uni !!!

Je suis au courant de ton intérêt envers les écrivains existentialistes français comme  Jean-Paul Sartre (André Malraux aussi, j’imagine). Comment as-tu développé cette attraction ? Est-ce que certains de leurs écrits ont eu une influence directe sur ton dévelopement personnel ?
En fait je suis sorti avec une fille française il y a quelques années, et c’est elle qui m’a branché sur ces écrivains. C’est de là que vient mon intérêt au départ, et puis avec le temps j’ai découvert de plus en plus de livres qui me plaisaient. " La Nausée " est un de mes livres de chevet (Note : Tu m’étonnes…), beaucoup de gens auxquels je l’ai prêté le trouvent très dur à lire. Il faut dire que ce genre de littérature ne sied pas forcément à la mentalité irlandaise !

" Ghosts of Men re-writing History, red ink from the well of Martyrdom " (extrait de votre chanson " The Heretics Age "). Le penseur roumain Cioran a écrit : " Point d’êtres plus dangereux que ceux qui ont souffert pour une croyance : les grands persécuteurs se recrutent parmi les martyrs auxquels on n’a pas coupé la tête ". Est-il possible de relier les deux phrases d’une certaine façon ? Au cours de l’Histoire, les gens décrits comme des " martyrs " avaient bien souvent eux-mêmes combattu sous la bannière d’un idéal fort. Bien sûr on ne peut être catégorique, mais ne penses-tu pas que ces gens admirés pour leur courage vain et déterminé se seraient montrés, s’ils avaient pris le pouvoir, au moins aussi féroces que les dictateurs abhorrés qui les ont réduits au silence ? En d’autres termes, mourir pour une cause : honneur ou inconséquence ?
C’est difficile à dire et c’est bien sûr très subjectif. Ce que je veux vraiment exprimer avec cette phrase est ceci : à l’heure actuelle notre Histoire se trouve sans cesse déformée et reformulée conformément aux fins et aux besoins de certaines personnes. On nous apprend à avoir honte de certains chapitres, on nous montre du doigt des époques qui ne correspondent plus avec les prétendus modes de pensée actuels. Mais des hommes et des femmes ont donné leur chair et leur sang pour écrire ces pages d’Histoire, et personne ne devrait avoir le droit de nous dicter quelles parties de notre culture sont glorieuses ou pas. Nos ancêtres se sont battus pour ce que nous sommes aujourd’hui.

Bien… Il est de mon devoir de te remercier au nom de l’équipe de Violent Solutions pour avoir pris le temps de répondre à ce questionnaire. Pour terminer j’aime autant t’épargner l’inutile " dernier message ", et te laisser conclure avec un passage en revue de ce qui compose l’avenir immédiat ou plus lointain pour Primordial. Adieu…
Merci pour ton soutien. Nous tournons en Janvier à travers l’Europe avec nos camarades et amis d’Enthroned (Belgique) et de Rotting Christ (Grèce). J’espère qu’on pourra se voir pour une des dates. A part ça ? Notre démo va être enfin pressée en CD après dix ans… Ce sera un boîtier collector avec picture disc. Peut-être un album live et quelques autres trucs. Notre nouveau website est en construction, mais pour l’heure vous pouvez nous rendre visite à www.hammerheart.com/primordial