A
la lecture de linterview qui suit, vous serez sans doute surpris par le ton assez
sarcastique et tordu de certaines des questions que jai posées à Kris bassiste de
KORUM. On pourrait croire en lisant ces lignes que je napprécie pas trop le
bonhomme. Hé bien, en fait, il nen est rien. Kris est un excellent copain.
Simplement, je ne vois pas lintérêt que jaurais à le congratuler sur son
groupe. Au lieu de ça voilà un entretien franc et sans chichi. Comme quoi copinage et
objectivité peuvent faire bon ménage.
VS 1 : Salut Kriss prêt pour
l'interrogatoire ? On y va...
Voilà quelques mois que "Son of the breed" est sorti en France. Quel est ton
bilan quant à cet album ? Le groupe reste-il satisfait du résultat final ou le temps
a-t-il mis en évidence des détails qui vous avaient échappés ?
Je vois que cette interview commence fort dés la première question, le bilan de
l'album : je le trouve globalement positif, on ne serait pas là à faire cette interview
si cela en était autrement. Le challenge était d'importance, lors de l'enregistrement de
"Son of the Breed", Sekhmet Records n'existait pas, on avait peu de moyens tout
juste 1500 Euros pour enregistrer, mixer et masteriser. On voulait le sortir tout seul
avec nos moyens car aucun label n'avait voulu croire en nous. On a donc
enregistré en 5 nuits (de 22H00 à 3 heures du mat) souvent en une à
deux prises avec des ingénieurs du son pas forcément experts dans la musique que
nous faisons. Au final, compte tenu des moyens que l'on avait à l'époque, on est assez
content du résultat, l'essentiel est présent : l'énergie, la musicalité ainsi que
la brutalité de nos compositions. Avec plus de moyens, on aurait pu avoir un son plus
gros, plus produit, mieux défini, c'est pour cela qu'avec Sekhmet Records on
envisage de re-mixer et de re-masteriser l'album avec de vrais professionnels pour
l'anniversaire du label.
Avant cet album, Korum était totalement inconnu, on luttait comme des morts pour de
misérables concerts, maintenant c'est différent ce n'est pas la gloire et de toutes les
façons on s'en fout mais nous pouvons désormais partager ce que nous faisons avec
autrui.
Une autre facette du bilan a été la façon dont les ventes de l'album ont été
localisées, nous avons vendu 3 fois plus d'albums à l'étranger qu'en France pendant que
le label concentrait toutes les promos sur l'hexagone. Nous avons aussi été très
surpris par les chroniques que nous avons eues... On nous a qualifié
"d'avant-gardistes", "d'hyper techniques", nombreux sont ceux qui nous
ont dit avoir eu besoin d'écouter à maintes reprises l'album avant de commencer à
l'apprécier. Cela nous a paru surprenant car pour nous, notre musique ne nous paraissait
pas aussi complexe que cela, pas aussi "inabordable", nous le pensons toujours
du reste.
VS2 : Ouais, c'est vrai que l'album a été
globalement bien accueilli par la presse musicale extrême même si le mixage méd iocre
est un reproche récurant... Une chose me surprend cependant car KORUM m'a toujours
semblé un groupe très pro et pourtant d'après ce que tu me dis l'enregistrement
fleurait l'amateurisme. Cela aurait pu nuire au résultat final. Ce qui m'amène à
la question suivante : Y-a-t-il à ton sens des moyens suffisants en France pour
enregistrer et produire des albums d'une qualité égale aux studios américains ou
scandinaves pour ne citer qu'eux....?
Oui et non, en France c'est possible, les studios existent mais ils sont inabordables,
quel est le groupe en France ou le label de métal extrême capable de financer un
enregistrement à 4500 Euros ? Cela reviendrait à espérer vendre au moins 2000
exemplaires de son album avant de rentrer dans les frais... Quand tu sais que de grand
groupes américains ne vendent que 5000 exemplaires en France et que le métal extrême
français a énormément de mal à s'exporter de part sa très mauvaise réputation à
l'étranger...
Donc, soit les groupes sont eux même des ingénieurs du son et se débrouillent avec leur
home studio, soit tu fais avec les moyens du bord sans l'appui de personne. Voila
pourquoi, "Son of the Breed" n'a pas pu avoir une production à la hauteur mais
le ré-enregistrement de la basse, le re-mixage et le re-mastering sont en cours et
là ce sera différent et cela grâce à Sekhmet Records et à son réseau de distribution
à l'étranger qui permet désormais d'envisager un tel investissement.
Le marché Métal Extrême Français, en terme de vente de disques, est si médiocre
que pour un label se cantonnant uniquement sur la France un tel investissement
serait un véritable suicide ou un pour la gloire sans lendemain.
Les Français eux même ont une vision négative sur nos groupes locaux, les
distributeurs en place frôlent l'amateurisme avec le quasi monopole des FNACs, on est
quand même le seul pays en Europe à ne pas posséder une
seule "booking agency", le management des groupes est inexistant,
les salles de concerts sont tenues par un milieu associatif qui est régit par la loi
des clans et du copinage...Comment cela se fait il qu'aucun festival digne de ce nom ne
soit organisé en France ?
Voila, je vais sûrement me faire des ennemis en disant cela mais c'est ma réalité sur
le métal hexagonal. C'est pour cela que nous nous dirigeons hors de la France vers des
cieux plus cléments comme la Pologne, le Benelux, l'Espagne, la Suisse ou encore L'Italie
ou les choses s'organisent plus naturellement avec de vrais professionnels et un public
averti...
VS3 : Oui effectivement, malgré une nette
progression avec des groupes de plus en plus créatifs, la scène française
nen reste pas moins à la traîne par rapport à bien dautre pays. Faut-il en
conclure que la France a du mal à se débarrasser dun certain esprit
franchouillard ? Cest tout de même un comble pour un groupe français sur un
label français, de surcroît, de mieux " marcher " à
létranger, non ?
Quant à la version re-masterisée de " Son of the breed ", ne
trouves-tu pas que ce projet est un peu précipité vu que lalbum na pas six
mois ? Les fans qui ont déjà le premier pressage vont peut être avoir le sentiment
de sêtre fait couillonner, tu ne crois pas ?
C'est une question difficile et il serait hasardeux, je pense, de porter des
conclusions hâtives, beaucoup de facteurs rentrent en ligne de compte dans le relatif
"succès" d'un album dont des facteurs "artistiques" et de goût qui
ne se discutent pas. Je pense que la musique que nous faisons demande beaucoup plus qu'une
première écoute, car d'après les retours que nous avons eu nombreux sont ceux qui nous
ont dit en France que notre musique était indigeste au début. Un autre point qui peut
expliquer ce constat est que lors de la sortie de l'album, un célèbre magazine
français, pour cause de place sur sa compilation CD, avait décidé de mettre le morceau
"Raised Upon All Men". Ce morceau vieux de 4 ans avait certes sa place sur le CD
mais n'était pas révélateur de ce que nous faisons, c'est un titre de 2 minutes de
Deathcore pur, sans fioriture, brutal mais sans réelle identité. L'album est également
arrivé en Bac avec 2 mois de retard, au mois de Juillet, pile poil pour les
vacances. Mais personnellement, je pense que la France n'est pas réceptive au style
que nous développons, beaucoup trop éloigné de la norme à laquelle le public Métal
est habitué.
Pour ce qui est du re-pressage le label travaille actuellement pour une distribution au
USA\CANADA et dans d'autres pays comme l'Italie. Par rapport aux autres signatures de
Sekhmet Records comme Coprofago et Martyr, la production de "Son of the Breed"
et les morceaux qu'il recèle mérite un re-pressage, de plus, on est proche de la rupture
de stock. Je pense que les fans qui ont aimé l'album seront content de savoir qu'ils vont
pouvoir écouter les morceaux qu'ils ont aimé avec un meilleur son, une partie
multimédia et on y travaille, des titres joués Live.
VS4 : En fait, tu admets en quelque sorte
que la production de " Son of the breed " nest pas à la hauteur
des exigences du marché américain ni même des autres signatures de Sekhmet, je me
trompe ?
Exact. Le son de Coprofago n'est pas seulement bon, il est énorme....L'album de
Martyr "Warp Zone" qui va sortir en Europe par Sekhmet Records en Décembre 2002
a été enregistré par Pierre Remillard (Gorguts, Cryptopsy). Au Label, ils désirent
maintenant rendre plus homogène toutes les productions au niveau de leur qualité afin
que cela devienne un de leur signe distinctif. Et puis, nous ne voulons plus avoir des
remarques sur la production de "Son of the Breed" et rendre justice à cet album
qui aurait mérité une production à la hauteur.
VS5 : Donc on peut sattendre à un
" son qui tue " pour ce re-pressage et pour le prochain album de
KORUM
VS Greg dans une interview avec SCARVE faisait référence à ces groupes
français comme LOUDBLAST ou NO RETURN qui étaient partis à létranger pour
bénéficier du savoir faire de studio spécialisé dans le métal comme par exemple le
Morrisound de Tampa. Que penses-tu de cela serais-tu prêt à ce type de
" délire "un peu mégalo ? Ne crois-tu pas que où que lon
aille on ne trouve que ce que lon apporte avec soit ?
On va tout faire pour. Certaines erreurs de prise de son ne pourront être corrigées sur
la réédition mais beaucoup peuvent être rattrapées. Pour le prochain album, tant que
nous ne serons pas satisfait à 100%, il ne sortira pas. Non, pas de délire, 10 vrais
jours d'enregistrement avec des vrais professionnels français, avec cela, je crois
vraiment qu'il est possible de faire une production à la hauteur.
VS6 : En tout cas cest ce que je
vous souhaite
Pour changer de sujet, il y a autre chose qui minterpelle au sujet de KORUM. Je
connais le groupe depuis presque six mois maintenant et bien que jhabite dans la
même région que les membres du groupe, je nai vu KORUM sur scène quune
seule et unique fois. Au lieu de jouer sur Paris (ou même en province) vous préférez
partir en tournée en Pologne où le public na sans doute jamais entendu parler de
vous. Quas-tu à répondre à ça ? On est puni dêtre français? Ou bien
cela voudrait-il dire que KORUM ne plaît quaux journalistes et pas aux
organisateurs de concert ??? Ou bien tu vas me reparler des clans mafieux qui
régissent les lois du métal hexagonal ?
Encore une question délicate, afin d'y
répondre, je vais te dire ce que nous préparons comme concerts et tournées futurs, nous
attendons d'un jour à l'autre une confirmation pour une tournée en Espagne début
novembre, notre distributeur Canadien, nous a proposé une tournée au Québec avec
Soulforge, nous sommes en contact avec une booking agency Italienne et Hollandaise, nous
aurons des confirmations dans les semaines qui viennent. Avec le label, nous espérons
également créer un Sekhmet Tour avec Martyr, Coprofago et Korum et cela avec un minimum
de concerts en France.
Concernant les concerts dans l'hexagone, nous avons dû nous
débarrasser de notre ancien manager qui n'a fait que balancer (c'est le terme) des cds
non ciblés à des organisateurs au piffe, décidément il y en a marre des amateurs et
des trendies, le résultat a été : NEANT. Korum ne possède pas de réputation en
France au niveau scénique et les organisateurs sont donc frileux à lidée de nous
faire venir, dans la mesure, où ils ne connaissent pas la potentialité de Korum à
ramener du monde aux concerts et par conséquent à rentabiliser les dates (en
France, nous n'ont plus d'ailleurs).
Les têtes d'affiche étant monopolisées et dans la mesure où nous nous refusons d'être
des suceurs et des donneurs de fausses promesses, voilà un ensemble de facteurs qui
combinés à la particularité de notre musique, peut expliquer ce manque de dates en
France.
Concernant ta remarque sur le fait que Korum ne plaise qu'aux journalistes...C'est peut
être le cas effectivement...Je pense que quelque part, nous sommes "victimes"
de notre originalité, à vouloir rester le plus intègre possible dans notre démarche,
à ne pas pourrir nos morceaux avec des parties accrocheuses et tape à lil
(ou l'oreille) en pompant les riffs des autres. Korum pratique une musique pour
inconditionnels, tu aimes ou tu détestes, on ne fait pas dans le "Fast Sound".
Si nous arrivons au constat que la France n'accroche pas à ce que nous faisons, nous
n'allons pas insister, nous préférons donc nous rapprocher du public qui a su nous
adopter et faire l'effort de nous comprendre. Quand tes voisins te détestent, tu
déménages...
VS7 : Tu dis que KORUM est victime de son
originalité, de son côté avant-gardiste
Il faut dire que " Son of the
breed " nest pas un album facile à aborder dès la première écoute. Je
sais que nous en avons déjà parlé ensemble mais ne serait-il pas intéressant
dintégrer aux prochaines compositions de KORUM quelque riffs plus accrocheurs sans
que cela ne dénature la musique du groupe. Les envolées techniques cest bien joli
mais ça peut tourner rapidement à la démonstration et bien des groupes sont déjà
tombés dans ce piège : de la technicité, de la complexité et pas
dâme
Nous ne faisons pas, n'avons jamais fait et ne ferons jamais de démonstrations
techniques, c'est la presse, à notre grande surprise qui nous a donné cette étiquette.
Nos morceaux sont assez simples et directs à nos yeux, de 4 à 7 thèmes par morceaux
grand maximum, pas de solos, quelques break par ci par là...Nous nous sommes toujours
attachés à faire des "chansons" brutes avec des riffs piliers bien à leur
place. Avec "Son of the Breed" nous avons été au bout de nos concepts, nous ne
changerons pas et nous n'allons pas évolué vers de la "soupe" ou du déjà vu.
La musique que nous faisons c'est du Korum, elle n'est pas inabordable à la première
écoute car elle est technique, elle peut sembler difficile car elle est unique. Pour moi,
un groupe c'est cela, il doit être reconnaissable et avoir sa propre identité sinon à
quoi bon faire de la musique si c'est pour se donner des limites, des règles et des codes
trop fermés et confinés. Korum, c'est de l'extrême dans tous les sens
du terme. Pour moi, la seule règle du death metal c'est la brutalité et les coups par
surprise ce sont donc les seuls codes auxquels nous nous plions. J'aimerai éviter tous
malentendus, je ne dis pas que nous sommes les "meilleurs" ou un truc
mégalomane dans le genre, je dis Korum c'est du Korum c'est à prendre ou à laisser.
VS8 : Cela veut-il dire que KORUM ne va
pas progresser vers une musique encore plus personnelle, que le groupe ne va pas affiner
son style ? Je connais très peu de groupes qui ont été matures dès le premier
enregistrement. Ne crois-tu pas que KORUM a encore un peu de chemin à faire avant
datteindre son potentiel maximum ?
NON, cela veut dire que Korum va aller encore plus loin dans sa propre musique, dans
ses propres concepts et cela sans démagogie, ni complaisance. Par exemple, dans le 2ème
album il n'y aura plus de morceaux trash harcore comme au début. Je pense que notre style
s'est défini avec des morceaux comme DYING, FOLLOW, SHIVERING et TIME HAS COME. Le
deuxième album ne sera composé que de morceaux de cette veine et cela on l'espère avec
une production la plus énorme possible.
VS9 : Je trouve ça un peu dommage de ne
pas continuer dans ce côté thrashcore ou plutôt deathcore même si jaime beaucoup
un titre comme " Dying ". Ce style à beau être en nette perte de
vitesse, il nen demeure pas moins intéressant et puis ces compositions allaient
très bien avec le chant très spécifique dOlivier. Lorsque je lentends,
jai toujours limpression que sa voix est poussée au maximum de ces
possibilités et cest encore plus accentué en concert. Tu nas pas peur
quil perde sa voix à force de la maltraiter comme ça ?
C'est une décision collective du Korum dont Olivier fait partie, ces morceaux
Trashcore on les aime mais nous aspirons à autre chose maintenant quelque chose de plus
profond, de plus extrême. Ecoute bien Follow, Olivier sur cette chanson je le trouve
extraordinaire.
VS10 : Bon maintenant que tu as craché
sur tout le monde, que tu tes vidé de ton fiel, comment vas-tu faire pour éviter
les coups bas dont tu vas sans doute être victime et surtout comment vas-tu ty
prendre pour clore cette interview sans passer pour un mégalo hypertrophié de la
tête ?
HIHIHIHI, Une question encore bien lancée pour finir, merci Tonton, je me suis fait
vraiment plaisir, cela fait du bien parfois de se lâcher, de vider son sac. Cependant je
pense que les gens qui ne vont pas lire cette interview jusqu'au bout vont croire que l'on
se déteste. Une bonne tranche de rigolade cet entretien, je commençais à en avoir marre
de faire des copier/coller traficotés pour répondre en 10 minutes à des interviews.
Bon, je suis peut être mégalo mais j'assume, je ne peux concevoir de jouer des morceaux
dont je ne sois pas amoureux voilà tout. Alors mégalo ou pas, ce n'est pas la question,
la musique est au dessus des personnes qui lont écrite. Voilà...mes propos sont
très discutables, ils sont donc à prendre ou à laisser comme le reste. Et comme dirait
Cantona : " vous me faites chier, je me
casse ! ", ;-)
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