Uriel interview HAERESIS
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S'il y a bien quelque chose qu'on ne peut pas reprocher à VS, c'est de négliger la scène nationale au profit de la machine marketing orchestrée par les gros labels et leurs vaches à lait. Deux raisons à cela : d'abord, croyez le ou non, il est beaucoup plus facile et moins contraignant d'obtenir un rendez-vous avec son plombier local qu'avec un agent d'une grande chaîne internationale de réparation de tuyauteries. Ensuite c'est le plus souvent auprès des petits groupes encore peu connus que l'on a le meilleur contact. Voici par exemple Haeresis, dont le mini CD sorti récemment chez Dead Sun Records tourne régulièrement sur ma platine. Sylvain (chant, guitare) a battu le record de zèle avec moins d'une semaine pour répondre à cette interview ! Il nous conte les origines et la destinée de ce quatuor franco/suisse qui devrait bientôt faire du bruit, au propre comme au figuré...

Commençons par consacrer un peu d'espace à l'histoire du groupe. Tout d'abord il convient de préciser que Haeresis est un le fruit d'une collaboration franco-suisse, ce qui n'est pas si banal. Ma première question est donc toute bête : doit-on considérer Haeresis comm
haeresisraisinghell.jpg (11774 octets)e un groupe français ou comme un groupe suisse ? Plus précisément, dans quel pays le groupe a-t-il ses racines, et vous sentez-vous plus proches de telle ou telle scène ? Y a-t-il des membres à la base non-francophones dans Haeresis ?
Nous sommes basés près de Genève, certains membres habitent en France voisine mais nous nous sentons plus proche de la scène Genevoise car les structures nécessaires pour faire des concerts sont plus développées dans cette ville que dans les villes françaises environnantes. De plus, nous avons fait la majorité de nos concerts en Suisse (aussi bien dans la partie francophone que germanique).

Parlons de la formation d'Haeresis. Est-ce que vous vous connaissiez tous de longue date, ou bien vous êtes-vous rencontrés par le biais d'annonces, de contacts interposés ? Dans le second cas de figure, quels membres du line-up actuel composent le noyau d'origine du groupe ?
Haeresis est la fusion de 2 groupes sans importance dans les quelles jouaient Maurizio et moi d'un coté et Bruno et Romain de l'autre. Etant donné que Bruno est mon frère, la rencontre fut facilitée lorsqu'on a décidé de commencer quelque chose de sérieux.

Décris le niveau d'expérience du groupe. A partir de combien de temps de jeu en commun avez-vous commencé à travailler en fonction d'un projet de démo ? En d'autres termes, est-ce que Haeresis a été dès le départ fixé sur un objectif de composition-réalisation, ou bien avez-vous eu une phase de balbutiements où vous vous réunissiez uniquement pour le fun ou pour reprendre d'autres groupes ? Si oui, quelles étaient/sont vos reprises de prédilection ?
On a évidemment eu une période de tatonnements qui nous a permis de perfectionner la maitrise de nos instruments respectifs, mais Haeresis a toujours eu pour but de créer sa propre musique. Ceci dit, sur scène nous reprenons le fameux hit de Judas Priest: "Breaking the Law".

J'imagine que Haeresis est lié de près ou de loin au mot " hérésie ". A quel degré doit-on comprendre et interpréter ce patronyme. Est-ce que Haeresis désigne le champ de notions et de concepts que l'on retrouve dans vos textes ?
Haeresis est le latin pour hérésie mais je laisse le soin aux auditeurs d'interpréter ce nom car j'aime laisser une part d'enigme dans tout ce qui touche l'aspect textuel du groupe, ceci dit, si quelqu'un veut absolument définir un sens à ce nom, il faut le considérer sur un aspect plus large que purement religieux. Sur le mini CD il y a des textes anti-religieux (ce qui correspond a tous les membres du groupe), mais maintenant je traite seulement de sujets me concernant directement, les textes sont basés sur moi, mes (res)sentiments et mes troubles intérieurs, d'une manière abstraite/métaphorique, et les lecteurs peuvent trouver eux-mêmes un sens a ce que j'exprime.

Comment en êtes-vous venus à pratiquer la musique qui caractérise Haeresis aujourd'hui ? Êtes-vous passés par différents styles, pour voir ou par conviction ? Quelles sont les influences, sons ou méthodes de composition que vous avez intégrés et/ou virés au cours de votre maturation ?
Nous avons toujours étés orientés metal, mais ce que nous faisions au début était plus thrashy. Nous avons inclus des influences black et heavy metal à notre musique pour obtenir quelque chose de plus intéressant pour nous à jouer et à entendre.

Il serait assez facile de voir Haeresis comme un suiveur de la scène death/thrash mélodique Suédoise initiée par des groupes comme At the Gates ou In Flames. D'une part, revendiquez-vous ces groupes, ou d'autres, comme des références ? D'autre part, es-tu d'accord lorsque j'affirme qu'il existe chez Haeresis une propension plus large à distiller la violence brute que chez la plupart des groupes de la manne Göteborg, quelque chose d'instinctivement malveillant, voire " evil " ? Peux-tu mettre le doigt sur cette impression par des mots illustrant une intention concrète ou, pour le dire autrement, considères-tu jouer consciemment une musique à la fois plus lourde, froide et " négative " que ce à quoi le style nous a habitués ?
Nous apprécions In Flames mais nous ne cherchons absolument pas à nous calquer sur le son d'un autre groupe, ce que, je pense nous arrivons à faire. Et nous avons conscience d'avoir un son plus rugueux, lourd et froid que les groupes précités, mais cela je ne peux l'expliquer sinon que je compose naturellement ce que je ressens.

C'est probablement idiot, mais j'ai presque envie de dire que vos morceaux sont structurés scientifiquement. J'entends par là que, où que l'on en soit de l'écoute, la partie adéquate semble toujours tomber au bon moment et s'enchaöner avec une nouvelle partie idéalement complémentaire lorsque la première a donné son plein potentiel, ce qui a pour effet de limiter très strictement les répétitions et les longueurs. Ce n'est que ma vision des choses, bien entendu, mais dirais-tu qu'Haeresis apporte un soin tout particulier à peaufiner la variété et la cohésion des mo
haechef.jpg (9658 octets)rceaux ? Est-il pour toi inconcevable de se satisfaire d'un hit de 4 minutes porté par un seul riff en guise de colonne vertébrale ?
D'un point de vue général, crois-tu possible de parvenir à rendre une musique fédératrice, voire " vendeuse ", en multipliant breaks et changements d'atmosphère ? Est-ce dans les intentions d'Haeresis que de tendre vers un tel objectif ?
Le mot "scientifiquement" peut s'appliquer a notre méthode de composition car nous faisons beaucoup d'efforts pour que les parties s'enchainent bien, que l'on n'ait pas l'impression d'avoir collé des riffs bout à bout, avec des ruptures brutales et illogiques, nous travaillons beaucoup sur la structure des morceaux. Ceci dit je ne pense pas que notre musique soit accessible au plus grand nombre et bien que ca ne me dérangerait pas de vendre des millions de disques, on ne va pas changer
notre méthode de composition.

A l'opposé de la question précédente, le morceau " Lost and Wounded " offre en ouverture ce que j'appellerais une petite leçon de recyclage intelligent. On a un riff au départ très simple qui est articulé sur une succession de tempos et d'espacements de notes différents, ce qui amène un résultat très efficace, idéal pour lancer sur le titre sur de bonnes bases. C'est une méthode que je retrouve fréquemment chez Dissection, par exemple, afin de gonfler la dynamique d'une mélodie particulièrement forte. Vous arrive-t-il souvent de tenter ainsi des variations sur un même thème ? J'ai en effet tendance à trouver que dans le metal actuel, dès qu'un groupe trouve un plan mélodique sympa, il tire à fond sur la corde puis le jette en négligeant d'exploiter toutes les possibilités parallèles qu'il offre. As-tu un commentaire à livrer sur ce sujet ?
Un de nos nouveaux morceaux est articulé autour d'un riff principal dont j'ai tiré des variations pour les différentes parties, c'est un procédé interresant mais on n'en abuse pas car on en arriverait vite à tourner en rond. Je n'ai pas de commentaires à faire sur la musique des autres groupes (du moins ceux qui font de la musique honnêtement), sinon qu'une grande partie des disques qui sortent actuellement sont des merdes dépourvues d'âme et d'originalité, je pense notamment a tous ces groupes qui essaient d'imiter le Darkthrone du début et à cet espèce de revival du heavy metal, dont font partie Hammerfall et consorts qui sont vraiment une insulte à la musique et à l'art en général.

Un autre point fort de votre CD 4 titres est la production qui dépasse le beaucoup le standard pour les groupes débutants, qui plus est pour un label encore en phase de développement comme Dead Sun Records. Le son est ultra compact, clair sans être aseptisé, et offre à chaque instrument une marge de man¤uvre très confortable. J'imagine que vous êtes pleinement satisfaits de cet aspect, non ? Peux-tu nous en dire plus sur le théâtre et les artisans de ce miracle ? S'agit-il d'un studio spécialisé dans le metal ?
Deadsun n'est pas intervenu dans le processus d'enregistrement du MCD, qui s'est déroulé au Wood Studio (Genève) avec Stéphane Kroug. Nous sommes pleinement satisfaits du résultat au niveau du son, en effet, Stéphane, bien que peu habitué au metal, a fait un excellent travail d'enregistrement, renforcé par le mixage qui arrive à dégager toute la noirceur désirée, il est pour beaucoup dans la réussite de ce disque.

Evoquons votre label justement. Comment le contact a-t-il été établi ? Avez-vous balancé votre produit de droit et de gauche ou bien aviez-vous des relations privilégiées avec Dead Sun ? Est-ce que le " coup de foudre " a été immédiat et réciproque, ou le fruit de négociations impartiales ? Avez-vous conscience que c'est une chance assez considérable pour un jeune groupe d'être signé par les temps qui courent ?
Nous avons enregistré le MCD en juillet 2001, nous l'avons envoyé à plusieurs labels et Deadsun nous a fait une proposition concernant la promotion et la distribution. Nous avons évidemment conscience qu'il faudra encore travailler avec acharnement et rigueur pour se faire une place et qu'il ne faut pas tout vouloir tout de suite.

En toute logique, vous avez du vous fixer des échéances pour donner une suite à votre mini éponyme. Peut-on savoir ce qu'il en est ? Appréhendez-vous de passer ce cap ? Ressentez-vous de quelconques difficultés à vous investir dans la création d'un album complet, alors que le fruit de toute la jeunesse du groupe est plus ou moins condensé dans ces quatre titres ?
Nous prévoyons d'enregistrer un album longue durée en 2003, et pour ma part, je suis impatient de commencer. Nous avons déjà 6 titres de terminés sur les 8 ou 9 prévus. Ce disque devrait être plus sombre et plus brutal que le précédent, la parfaite bande son pour des vacances à Ground Zero. Nous allons commencer la pré-production en décembre.

A quoi ressemble le feedback récolté par Haeresis à ce jour ? Accordez-vous beaucoup d'importance aux critiques, positives ou négatives, que de tierces personnes peuvent émettre sur votre musique ? Peux-tu donner un exemple de choses idiotes qui ont été dites ou écrites au sujet de Haeresis ?
Dans l'ensemble, les retombées ont été plutôt positives, mais cela n'affecte en rien l'évolution du groupe, même si une bonne critique (comme la tienne) fait toujours plaisir. Au niveau des choses stupides, quelqu'un a dit dans une chronique que nous n'avions aucun avenir dans la scène hardcore, sinon lors d'un concert, l'un des spectateurs a fait 2 remarques a notre sujet:
-que notre musique était "commerciale" (si ca veut dire qu'on a le potentiel pour vendre des disques et se faire du pognon
avec ca, alors tant mieux). -que je chantais mal (il a ajouté "moi j'arrive à faire comme Fred Durst") Ce con a quand même acheté notre disque!

J'ai vu que le contact du groupe est basé à La Luche du Crot, capitale mondiale du metal s'il en est ! C'est une contrepèterie ? Sérieusement, avez-vous déjà en tête des desseins de grande apothéose live genre " Haeresis raising Hell in La Luche du Crot " ?
On a pensé à quelque chose, mais plus dans l'esprit "Blitzkrieg over La Luche du Crot".

Pour avoir une petite idée des préférences musicales qui animent le groupe, peux-tu citer les albums cultes de chacun des membres et, à titre personnel, ta top 5 playlist du moment ?
Sylvain: Satyricon - Rebel extravaganza / Dissection - Storm of the light's bane / Metallica - Master of puppets / Immortal - Damned in black / Judas Priest - Painkiller
Top 5 playlist: Rammstein - Mutter / Myrkskog - Superior Massacre / Massive Attack - Blue Lines / Red Harvest - Sick Transit Gloria Mundi / Ulver - Perdition city

Quelle question aurais-tu aimé que je te poses en rapport avec Haeresis ? Réponds-y.
Une question sur la pochette et le livret car pour nous, c'est plus qu'un vulgaire bout de papier. Bruno (basse) l'a réalisée et a vraiment réussi à retranscrire ma conception de la musique, dans laquelle se mêlent des sentiments tels que la haine, la colère et la tristesse, choses que l'on peu retrouver dans ce graphisme...

Nous allons en rester là pour aujourd'hui. Je te remercie d'avoir pris le temps de remplir ce petit questionnaire, et bien évidemment je te laisse le mot de la fin. En outre, n'hésite pas à rendre officiel l'adresse où nos lecteurs peuvent en apprendre un peu plus sur le groupe et se procurer votre CD...
Merci pour l'interview et pour l'intéret que tu porte à Haeresis, envoyez vos lettres d'insultes, menaces de mort, critiques non constructives à Haeresis@death-star.com