Raaaaa lovely….Voilà c’est fait je n’ai pas résisté à l’envie de vous faire découvrir mes petits chouchous du moment. Leur troisième et dernier album en date se trouve être mon disque de chevet depuis quelques semaines déjà et je ne me lasse pas de l’écouter (voir kronics). Je vous invite donc à parcourir les lignes qui suivent pour découvrir ce groupe hors du commun et des courants bassement mercantiles.

VS : Bon salut Gary. Pour commencer une question pas vraiment palpitante : peux-tu présenter les membres du groupes à ceux qui ne le connaissent pas encore ? Qui a eu l'idée d'un nom de groupe pareil ???
- Patrick Mireault: Voix
-Jarrod "Buck" Martin: Guitare
-Gary Lyons: Basse
-Patrick Gordon: Guitare
-Brian Craig : Batterie
Gary -Le nom du groupe viens d'un épisode de la série de télévision "Tales from the Crypt". C'est Pat Mireault qui l'avait suggéré à l'époque. Une "Goule" (ghoul en anglais) est une sorte de monstre qui déterre les morts pour les manger (c'est une des définitions, il y en a plein d'autres) et en anglais, "Lunatic" peut se traduire comme un "cinglé" ou un "fou" ou quelque chose comme ça. On a décidé de l'écrire en un mot....C'est de là que vient Ghoulunatics.

VS : Il semble que le cinéma d’horreur un peu kitch reste une grande influence sur le groupe. Cela se ressent dans les textes, les pochettes d’albums et même un peu dans la musique. J’ai lu aussi que Pat travaille dans un cimetière. Doit-on en conclure qu’il existe chez les Ghouls (surnom des membres du groupes) une certaine fascination morbide ou parlez-vous d’horreur pour mieux exorciser une crainte de la mort  ou encore avez vous un certain recul humoristique par rapport à tout cela ? Les trois à la fois peut-être ?
Pat - La mort...une certitude de la vie. Le cinéma d'horreur pousse notre imagination au delà de nos limites du réel, créant ainsi un climat de terreur qui nous amène dans un univers fictif qui dérange notre esprit. Tout ça nous fait frémir et nous comble de bonheur! Et oui, je suis macabre, vos lecteurs sont macabres, la vie est belle et macabre et le travail dans un cimetière en tant que fossoyeur et horticulteur, c'est vraiment plaisant!!!!

VS : Donc les coûts de productions ont été supérieur pour "King of the undead"? Cela explique la différence flagrante avec "Mystralengine". Les deux disques n’ont pas bénéficié des même moyens techniques d’enregistrement. C'est un peu paradoxale de sortir un album avec des moyens plus modestes pour un label et le suivant avec une production d'enfer alors qu'il est auto-produit, non?
Gary : Non, pas du tout. Nous travaillons simplement avec les moyens que nous possédions au moment même. " Mystralengine " a été enregistré en 1995 sur une 16 pistes analogiques et a été lancé en version cassette seulement. Comme GWN voulait relancer cette démo en version CD, nous avons remasterisé les bandes originales et rajouté 5 titres qui eux, on été enregistré sur 2 pistes et mixé pendant un spectacle à Montréal. C’est nous qui avons assumé les coûts de production de cet album, tout comme le plus récent. Quand on est sous contrat avec un label, c’est très rare qu’ils payent la note de l’enregistrement, ça ne se voit jamais au Québec, ni même au Canada, pour les groupes underground comme nous. On donne généralement notre produit fini à la compagnie qui elle, assure les coûts de pressage et une partie de la promotion pour ensuite offrir 1$, 2$ ou 3$ par album vendu au groupe. C’est une bonne entente dans certains cas, pour un groupe qui commence et n’a aucun contacts ou est en manque de fonds, par exemple. Mais pour " King of the Undead " ça ne valait pas la peine puisque, comme je le mentionnais, nous avons acquis au fil des années les moyens et le savoir-faire nécessaire pour promouvoir notre album nous même sur le sol canadien. De cette façon on a réussi à faire un peu de profit pour payer nos articles de promotions …etc. Pour l’Europe, c’est une toute autre histoire mais ça devrait se débloquer bientôt, je pense….Aussi, c’est grâce à Galy records (une division de GWN), avec qui nous avons signé une entente récemment pour " Mystralengine ", que cet album est de retour en magasin depuis le début mai. Un exemple typique du manque de fonds de la part d’un groupe québécois…" King of the Undead " et " Mystralengine " sont distribués au Canada par LOCAL distribution qui nous distribue dans environ 150 magasins et qui font un excellent travail pour nous.

VS : Tu vas dire que je suis médisant, mais n’est-ce pas le succès de " King of the undead " au Canada qui a incité Galy records à rééditer " Mystralengine ". Le label n’exploite-il pas votre popularité croissante en ressortant cet album ? D’autant plus que cet enregistrement ,même s’il correspond bien au style du groupe, n’est pas aussi professionnel que votre dernier en date…
Gary : C`est vrai que si tu ne connais pas tout les joueurs, ça peut paraître ainsi. C`est Galy records qui le réédite et bien qu`il fasse partie de la famille GWN, il peut faire ce qu`il veut et n`a pas eu de pression de la part de la maison mère. Le chef de Galy records est Eric Galy, un de nos meilleurs amis. Il est comme le 6<sup>ème</sup> membre du groupe, il nous aide depuis les tous débuts du groupe. Aussi, c`est lui qui s`occupe d` organiser nos spectacles et nos tournées. Eric m`aide également côté promotion car seul, je n`y arriverais pas. Alors, tu vois, nous on aide un ami qui lui nous aide en rééditant l`album. C`est aussi dû a un manque d`argent de notre part alors c`est bénéfique aux deux parties….
C`est certain que si King of the Undead avait été un désastre, il ne l`aurait probablement pas fait mais c`est normal et on l`accepte. On doit se débrouiller comme on peut……

VS : Puisque tu as abordé la question précédemment parle-nous un peu du travail avec  Pierre Rémillard (guitariste d’Obliveon –RIP-), un grand " monsieur " du métal québécois. Le choix du producteur et du studio étaient-ils évidents lorsque vous avez commencé à réfléchir à l’enregistrement de " K.O.T.U. " ? Que penses-tu du résultat final maintenant que l'album est sorti depuis plusieurs mois ? Est-ce le début d’une longue collaboration ?
Gary : Pierre est un très bon ami à nous tous depuis une dizaine d’années. Il a d’ailleurs déjà fait 3 spectacles avec nous en tant que guitariste lorsque Buck nous a quitté en 1996. On a toujours voulu travailler avec lui et cette fois on savait que ça allait être Pierre, notre idée était faite depuis longtemps.
Nous sommes donc allés enregistrer " King of the Undead " dans son tout nouveau studio de Saint-Zenon, une petite ville où il s’est installé, qui est en pleine forêt au bord d’un lac. Quelle expérience ! C’est un endroit de rêve pour enregistrer un album. Il n’y a aucune distraction et c’est très paisible. C’est impossible d’être stressés là bas. On a enregistré les 2 guitares, la basse et la batterie en même temps sans aucune coupure sur aucune des chansons. Tous les titres ont été enregistrés d’un bout à l’autre et on a pris la meilleure version de chacun des titres. Ensuite, c’était au tour de Pat d’y mettre sa voix, ce qui a pris environs 12 heures. Il était déchaîné et a complété 9 des 12 chansons en une soirée ! C’était la fête dans le chalet !
C’était vraiment simple comme concept. Nous on était bien préparé, ce qui a facilité le travail de Pierre. Ghoulunatics a son propre son et il l’a reproduit à merveille sur le CD. Il est très facile d’approche et très ouvert à tout. On connaît notre matos à fond et on aime essayer des choses nouvelles. Le fait de se connaître à énormément simplifié les choses et le tout était enregistré au bout de 4 jours. On a ensuite mixé dans un autre studio, le Victor, à Montréal.
C’est sans aucun doute notre meilleur album et nous en sommes très fiers. Pour être franc, Ghoulunatics se devait de sortir un excellent album. Au début on savait que c’était " ça passe ou ça casse " parce que le groupe n’avait pas sorti d’album depuis 1998 avec " Carving into You " qui n’a pas été un gros succès.
Personnellement, je suis très content du résultat. L’album a été très bien reçu et je n’ai pas lu un seul mauvais commentaire jusqu'à maintenant. C’est un album que j’écoute chez moi souvent, chose que je n’ai jamais fait auparavant.
On fera appelle aux services de Pierre Remillard pour le prochain, c’est certain !

VS : Cette atmosphère d’enregistrement vous sans doute été très utile et a renforcé cette sorte de maîtrise qu’on retrouve sur l’album. Mais comment définirais-tu votre musique ? Certains parlent d’Horror groove ou encore de Rotten roll. Quel est ton avis par rapport à ces étiquettes. Et que penses-tu de ce besoin de toujours donner des appellations à la musique de chaque groupe ? Cela t’amuse ou t’agace par moment ?
Gary : Horror Groove métal est venu d’une critique de " Mystralengine " et on trouvait ça bien alors on l’a utilisé pendant un bout de temps. Ca représentait bien le groupe à l’époque. Personnellement, je trouve ça agaçant de toujours devoir coller un nom ou un style à un groupe. De nos jours, on ne compte plus les différents styles de black métal, de hardcore, métal, rock, grind, death, etc.…A vrai dire, ça m’énerve !
Ghoulunatics joue un mélange de death métal, hardcore et de stoner et on n’a jamais vraiment pu nous comparer à un groupe en particulier (ce qui est en même temps un avantage et un inconvénient). Ce qui nous sépare des autres, je crois, ce sont les mélodies que nous incorporons à notre style deathcore. On peut écouter une chanson et taper du pied, y a un beat, pas juste des millions de notes jouées à une vitesse incroyable. Pour " King of the Undead ", on se posait la question y a quelques mois et on se disait "ah, ce n’est que du rock n’ roll   après tout " ! Et, je crois que c’est Buck qui a répondu " Non, c’est du Rotten Roll "! On a tous trouvé ça cool et puis, quitte à prendre une étiquette, autant que ce soit la notre.

VS : Le truc qui me paraît dingue, c’est l’influence qu’Elvis semble avoir sur le groupe. Le titre de l’album est un clin d’œil au " King ", vous faites la reprise de " Suspicious minds " précédée d’un extrait d’interview d’Elvis en guise intro, vous avez été jusqu’à organiser des shows spéciaux baptisés " Elvis is dead tour " et que dire de l’ancien nom de scène de Pat (Evil S Presley). Une telle association musicale est pour le moins inattendue, raconte nous tout ça. A quand un concept avec Franck Sinatra ?
Gary : Il y a trois ans de ça, on cherchait à faire un spectacle mais on voulait faire quelque chose de différent alors on a décidé de faire un spectacle hommage à Elvis ayant pour titre " Elvis Dead Story ". On s’est dit que ça allait faire parler les gens car au Québec, un ancien impresario d’Elvis donne un spectacle intitulé " Elvis Story " où il chante des chansons de toutes les époques de sa vie. Le spectacle a eu un succès moyen mais on a recommencé l’expérience l’année suivante. On jouait environs 7-8 chansons du King et quelques-unes une des nôtres. On a eu beaucoup de plaisir à faire ça mais je ne pense pas qu’on continuera….On passera à autre chose.
On a quand même décider d’inclure " Suspicious Minds " sur l’album parce qu’on la reprend souvent en spectacle et qu’on aime bien la jouer. Pat a utilise le nom Evil S.Presley un peu pour rire de tous ces groupes où les membres utilise des nom fictifs. C’était supposé être une blague ! Tu vois, dans Evil S. on retrouve le mot Elvis….Faut pas prendre tout ça trop au sérieux, on aime bien déconner. Quant à la musique et à son côté business, on prend tout ça très au sérieux…

VS : Lorsque on contemple la scène canadienne, on a parfois l’impression qu’il existe une sorte de frontière entre la scène du Québec et celle du reste du pays. Qu’en est-il exactement et crois-tu que cela se limite à une barrière des langues ou bien y-a-t-il quelque chose de plus profond ?
Gary : En effet, on entend parler du métal ici au Québec plus que dans le reste du pays. Je pense que nous avons ça dans le sang! Le Québec est en explosion depuis une paire d`années et on a une quantité énorme de nouveaux groupes, promoteurs, fanzines papiers et sur Internet qui font surface. Les fans ici sont très fidèles à leur métal et pas mal de groupes internationaux sont surpris de voir les salles complètes lorsqu’ils viennent jouer à Montréal
Il reste beaucoup de travail à faire pour ce qui est de la scène locale mais j`ai confiance et on va y arriver si assez de gens s`impliquent, mettent de côté leur ego et décident de s`entraider.
Je ne pense pas que ce soit une question de langue puisque la plupart des groupes chantent en anglais. C`est juste que le métal au Canada : ça se passe au Québec. Il y a l`Ontario, qui commence à développer une scène intéressante et où nous allons d’ailleurs faire une tournée de huit dates en juillet pour voir la réaction des gens. On a déjà reçu des offres pour les provinces de l`ouest mais nous attendons le moment propice pour vraiment faire une forte impression de ce côté du pays….Il faut trois jours de route pour arriver à Vancouver en camion alors nous voulons bien préparer notre invasion prochaine pour ce coin du pays ….