Gorod Antropofago Montpellier 10 novembre 2014

[RBD]

Gorod est en tournée avec Morbid Angel, mais ne voulait pas rester les bras croisés un jour de pause sur le trajet. Annoncé un peu tard, ce concert était cependant un succès public, avec une assistance jeune et très nombreuse. Je pense qu'on a refusé du monde. Surtout, on sentait que l'ambiance était déjà à la joie contenue, qu'il pouvait se passer quelque chose. Du reste, depuis que le bar a été repris c'est bien plus cool, The Jesus and Mary Chain et Robbie Williams ont cédé la place à PanterA en fond sonore…

ANTROPOFAGO était incontournable, en tant que copains de la tête d'affiche et première gâchette locale dans le style. Le groupe est passé en mode quartet. L'expérience et les fruits du succès se sentent, Antropofago n'a plus besoin de l'indulgence pour les débutants. Ils nous ont d'ailleurs servi plusieurs nouveaux titres. Le propos se tient toujours essentiellement entre Hate Eternal et Deeds of Flesh, avec un son comparable à l'album mais où la basse était une fois de plus complètement noyée. Le chant de Melmoth est braillé, naturel, partant plus vers les aigus que s'aventurant dans les vrais graves.
Le public était complètement dedans et deux petites fosses se sont formées de part et d'autre du pilier (qui a conservé son immuabilité par contre). Cela témoignait, même à domicile, du chemin parcouru ces dernières années. Le groupe veut néanmoins encore avancer et un nouveau titre plus lent, à la Cannibal Corpse, annonce encore de nouveaux horizons et ce souci constant de varier sans s'égarer. De même avec la reprise d'"Arise", plus rapide que l'original et qui la rendait très proche du répertoire du groupe. La batterie sonne naturel, ce qui signifie dans ce style que les blasts tapent moins que les parties plus lentes. Le guitariste est capable de jouer en vitesse, mais manque encore de finesse ; par exemple dans les ponts ou pour donner un peu de consistance aux solos. Cela viendra sans doute puisqu'ils ont écrit des morceaux où il y en a…
Les trois quarts d'heure de set sont passés sans aucun mal, malgré certaines imperfections Antropofago a clairement changé de catégorie depuis quelque temps. Ça devait être la sixième fois que je les voyais, c'était incontestablement la meilleure et le nombreux public qui s'est bien bougé ne me contredira pas !

Cela faisait aussi quatre fois que je voyais GOROD, dont le Death technique mais bourrin et très chaleureux est mieux taillé pour la scène que ce qu'on voit d'habitude dans ce style. Bien échauffée, la populace s'est déchaînée – ce n'est pas à chaque fois que la porte du fond explose, j'en garde un bleu ! Les Bordelais jouent à fond ce secteur, ce n'est pas un groupe statique et Julien, en dépit d'un timbre guttural, montre bien plus de charisme que ses homologues Anglo-Saxons (quand il se coince le micro dans la gorge pour growler !). Quelques effets vocaux sont utilisés sans abus.
Comme c'était aussi les dix ans du premier album, au moins un vieux titre en a été tiré. C'est aussi au nom de l'Histoire que le bassiste, l'un des deux membres originels restants, pouvait prendre la parole et bouger son physique imposant au milieu de la scène.
Le nouveau batteur ne tape pas brutalement mais fait bien le métier. Les nouveaux titres qui annonçaient l'album à venir en mars prochain ne juraient pas… Mais personnellement j'ai toujours eu un peu de mal, à froid, avec le répertoire de Gorod surchargé de sweeps et de moulinets dans des compositions pures, mais trop peu lisibles à mes oreilles qui n'ont jamais trop saisi la direction d'aucun de leurs morceaux. Reste que sur scène, ces préoccupations s'estompent et la qualité de la prestation mériterait maintenant qu'elle soit capturée sur un album ou dvd live, sincèrement.
Toute cette folie entraîna aussi une coupure de micro, qui ne démonta pas Julien puisqu'au contraire il en profita pour se jeter à slam perdu dans la fosse. Au bout d'une heure de set un rappel non prévu fut consenti avec "Process of A New Decline", dont on sentait au début qu'effectivement il n'avait pas été répété depuis quelque temps, ce qui lui donnait une saveur tout à fait en accord avec la soirée.
Et après les acclamations renouvelées envers Gorod, la grosse voix de David Vincent retentit des coulisses et tout Morbid Angel arriva, s'empara des instruments encore en place et donna l'intégralité d'"Altars of Madness" pour bien finir la soirée et eux pour se changer les idées de "C"… sauf que je me suis réveillé dans mon lit le lendemain juste à ce moment, encore tout heureux et courbatu de cette excellente petite soirée Death Metal.