Kruger Coilguns Morse Montpellier 23 octobre 2014

[RBD]

La scène locale autour de Head Records oscille depuis l'origine entre ses deux penchants HardCore Noisy et Stoner. L'affluence moyenne à la limite de la déception ce soir, pour du HC new school et Noisy de ce niveau, confirmait que nous n'échappons pas à la mode générale et que la tendance Stoner est franchement majoritaire y compris chez les paroissiens de la cave du Black Sheep. Les trois formations venaient avec un merchandising assez fourni au total.

MORSE, habitué du rôle d'ouvreur, a délivré à nouveau un set court et intense, l'explosion de HardCore Noisy agressif et déjanté, tendant aussi par moments vers les passages les plus cinglés du Grind à la Brutal Truth. Jean-Marc, le chanteur, donne toute son énergie à se jeter comme d'habitude dans le public (ce ne sera pas le dernier), boosté par les coups de pied au cul administrés par Abel. Pour varier un peu, il est entré sur scène après une longue intro instrumentale bien massive de ses comparses. Le gros son des versions studio concocté par Scott Hull, assez métallisé, était restitué sans mal grâce à la qualité du matériel de la salle, qu'on ne louera jamais assez. La demi-heure syndicale fait toujours son effet, en dépit de l'habitude acquise aussi par le public local. Ce n'est pas original mais c'est bien fait et sincère.

Le groupe COILGUNS vient de La Chaux-de-Fonds (Suisse, Neuchâtel), il comprend un chanteur, un batteur, un guitariste et seize pédales d'effets. C'est une formation assez récente mais je crois que presque tout le monde est passé par The Ocean à ce que j'ai lu. C'est du MathCore qui porte l'héritage des premiers Converge ou de Botch à un point complètement fou, qui fait même penser à du Fantômas. Le chanteur – frisé pire qu'un mouton – laisse éclater une dinguerie toute nerveuse dès son échauffement sautillant, surpassant encore l'agressivité de son prédécesseur en y donnant un côté à la limite de la nervosité pathologique. Il adorait mettre sa main dans le visage des spectateurs, et s'est baladé partout à grande vitesse malgré son micro filaire. Ce qui a provoqué évidemment un gros emmêlement avec le pilier central et quelques dégâts sur les retours, que le staff a dû arranger en direct. Les propos assez taquin confortent la sensation de folie douce ravageuse, mais pas bien méchante dans le fond.
Après un début déroutant, le propos n'en devient pas moins séduisant car la musique suit. Les multiples effets et changements de guitare apportaient finesse et variation, au-delà de l'énergie partagée avec le batteur qui cognait sec et haut. Si bien que la basse ne manquait pas trop, même à mes oreilles. Épuisé par une telle performance, j'ai cru que le chanteur ne se relèverait pas à un moment. Une longue pause lui permit de récupérer avant qu'un quatrième membre ne monte et que lui-même n'empoigne une basse, pour un titre final plus posé et plus lourd. C'était assurément la découverte du moment.

Si je connais KRUGER depuis un moment je les ai vus une première fois l'an dernier quand Gojira les avait emmenés en première partie, à Perpignan. Ici les Lausannois étaient dans un cadre plus chaleureux que l'amphithéâtre du Mediator, et en tête d'affiche pour défendre leur cinquième album.
Il n'y avait pas de surprise néanmoins dans leur HardCore moderne à la Breach et Converge, conservant même une trace de feeling Emo. Plus ancien et donc plus classique, Kruger entretient très heureusement une écriture lourde et massive, où l'héritage digéré du Death Old-School reste palpable. Renaud le chanteur dût affronter quelques problèmes techniques avec son micro à l'ancienne, causés par les dégâts laissés par leurs compatriotes. Il donne une dimension étonnante, sensuelle à ce HC avec sa manie d'embrasser le public (cette fois je n'y ai pas échappé), de chanter la tête contre l'épaule de tel ou tel spectateur, d'inviter l'autre à s'approcher. Pour autant, il ne brisait pas par cette attitude l'incontestable puissance sous contrôle qui déferlait des enceintes.
Le groupe jouait toujours proprement et très ensemble un répertoire qui rappelait joyeusement les heures où nos SpinningHeads de chez nous s'escrimaient dans le même créneau. Ce défoulement moins rapide mais plein de souffle me convenait mieux, à la différence d'une partie de l'assistance qui s'était déjà défilée.
Bref, malgré la concurrence de Hoods le même soir dans un autre style de HardCore, je ne regrette pas d'être venu malgré quelques frayeurs en marge du concert proprement dit.

[nubowsky]

Excellent report comme dhab !
Merci