And Also the Trees Montpellier 29 septembre

[RBD]

Certaines années il y a un groupe à voir aux Internationales de la Guitare organisé par la ville de Montpellier chaque automne. Place cette fois à une vieille gloire du Gothique anglais qui collait parfaitement à l'esprit du festival dans la mesure où depuis quelques années ils ne se produisent qu'en acoustique, et qu'ils passent souvent aux quatre coins de France.

Moi par contre cela fait des lustres que je n'avais pas remis les pieds au JAM, la salle Jazz un peu perdue entre les cités et la zone industrielle au sud de la ville… L'horaire était tôt (l'effet du dimanche ?), il n'y avait pas de première partie, le public largement quadra en moyenne rassemblait quelques corbeaux de chez nous, mais aussi des gens venus de plus loin, et surtout des mordus abonnés au festival et des habitués de la salle. Bref, ça rappelait un peu Dead can Dance aux arènes sous cet angle.

Je n'ai pas pris le temps de réviser le répertoire de ces anciens protégés de The Cure à la grande époque mais leur style est suffisamment personnel pour qu'on puisse s'en passer. Structuré autour des frères Jones (chant et guitare) sur une formation de quintet, leur Post-Punk est radicalement poétique, mêlant cette inspiration à celle du romantisme anglais, dans un esprit britannique ultra-classique. Simon Jones est très théâtral avec sa tenue de poète XIXe siècle, manteau long, gilet, montre à gousset dans la poche et chemise bouffante à col relevé. Il vit ses textes en appuyant les images par le geste et par des contorsions variables... Mais il ne déclame pas, son chant est presque simple un murmure audible, tout en finesse et en contraste avec ce jeu de scène.

Les compositions, conçues essentiellement en montées, servent essentiellement à accompagner le texte dans un esprit plus proche de la chanson que du Rock pur. Il faut vraiment entrer dedans par les paroles, leur poésie assez intemporelle et imagée. Toutefois la guitare était à l'honneur avec force trémolos (très nerveux quand c'était avec la douze cordes) et deux ou trois vrais riffs pour les titres les plus puissants. Sur quelques passages réverbérés se sent l'influence mesurée du Rock psychédélique, ou du Blues sur d'autres titres. Un morceau plus Folk sent bon le pub de campagne. La base demeure néanmoins Post-Punk et rappelle évidemment Joy Division période "Closer", Cocteau Twins ou la trilogie noire de The Cure.
Le rôle essentiel de la guitare était appuyé par la harpe chinoise de la multi-instrumentiste sur le côté (à la Lisa Gerrard), et par la basse cinq cordes, bénéficiant d'un son de velours très appréciable pour des accords restant très classiques. Ce qui laissait au bassiste la possibilité de se bouger et de faire quelques chœurs (assez moyens quand même !). La harpiste utilisait aussi souvent un melodica. Le set de batterie n'était pas restreint à la portion congrue comme on pouvait le craindre, à ce poste aussi l'interprétation était mesurée et précise.

Avec trois titres en rappel dont le dernier évoquant le Worcestershire de leurs racines, le dépaysement était accompli. Le style d'And Also the Trees est autant littéraire que musical, il faut se plonger dans les textes sinon l'intérêt paraîtra un peu limité par rapport aux autres grands classiques du Post-Punk gothique... et on passera à côté d'une belle songerie.