Les parisiens de LUTECE (euh je me répète là) sont déjà sur scène quand j'arrive. Bonne surprise - c'est noir du monde dans la salle sans compter les rassemblements de blackeux par-ci par-là dehors ("bikers" comme les ont appelé deux touristes américains de passage ^^). Je vais pas trop m'étaler sur la prestation du groupe car je connais pas. Je vais par contre un peu rouspéter sur la prestation scénique et visuelle. Il s'agissait du black qui n'est pas fait en pain de mie. Et pourtant j'avais l'impression d'assister à un barbecue dominical : "Chérie, garde-moi les merguez - je fini la chanson et j'arrive. Loulou, fait le ciel avec une autre couleur, tu vois que papa en avait besoin du bleu pour le corps-paint". Voila quoi, un concept scénique un peu plus élaboré ça soit pas mal.
Avec LUGNASAD on se plaint pas de l'ambiance. Le brize scandinave rafraichie en un instant la cave parisienne rien qu'avec le look des gars. La musique en ramène avec le blizzard 100% nordique, réputé pour la rudesse et la violence. La preuve - une fille s'est fait faucher par quelques activistes de la fosse. Pas de bol pour elle - ça avait l'air sérieux. Les pompiers sont arrivés au bout de cinq minutes ce qui a stoppé le concert en plein milieu. Pas facile à gérer pour le groupe surtout quand il faut garder l'image "evil" en totale inactivité, mais ça va, ils se sont bien débrouillés. Le chanteur a tout fait aussi pour faire bouillir la marmite à nouveau - jamais vu quelqu'un de pogoter et chanter en même temps.
Bon, ok, je le dis maintenant -je suis venue pour WAY TO END. Le groupe que j'ai vu il y a quelques temps dans la même salle et que je connaissais pas non plus à l'époque. Sauf que Way to End fait partie des groupes dont on n'a pas trop du mal à s'en souvenir. Sans compter la musique assez originale, les gars marquent par leur aptitude à apporter la multitude de nuances vocaux à ce tableau à mi-chemin entre l’abstractionnisme et l’impressionnisme. Les quatre musiciens chantent et chacun a son rôle-signature vocal. Le batteur (qui est trop bôôô de plus) fait d'avantage les back-grognements assez costauds. L’élégant et discret guitariste de droite capte avec son doigté très fluide et par endroits irréel (avec ses doigts de musicien, longs et fins) ainsi qu'avec le chant planant. Le bassiste nous sort des hurlements très racés d'un autre monde (on les reconnait facilement d'ailleurs - inimitable
). Enfin le chanteur principal mène tout ce beau-monde au travers les titres labyrinthiques de l'album qui revient assez souvent hanter mes tympans. Ce que j'aime beaucoup dans cette musique est que dans la recherche de l'originalité ils se sont pas lancés dans les chemins balisés des riffs dilatés pour faire un rebelle parmi des rebelles. Non. Ils ont pris des riffs classiques mais agencés différemment, en asymétrie total. On est pas loin du chaos inaudible mais la vraie maitrise dans leur travail est de garder l'harmonie de l'ensemble intacte.
Le titre du nouvel album joué m'a fait honnêtement saliver car il semblerait qu'ils poussent le bouchon encore plus loin. Les instruments sont encore plus décomposés sans l’être vraiment. Les mélodies sont disséquées avec la curiosité presque scientifique pour voir qu'est-ce que ça donne.
Et par dessus de tout, le quatuor étant exigeant pour le son, on avait pas à se plaindre de cette prestation dominicale.
Bon, j’ai bien usé mon quota verbal je crois. D’autant plus que pour le set de MARTHYR j’étais déjà bien KO. L’ambiance, bien calme pendant Way to End, s’est réchauffée avec le retour des pogoteurs-casse-genoux-de-filles. Non mais c’est abusé – les gars de cette taille doivent être interdits de pogo dans la salle du Klub. Ils ont essayé de slammer en plus pffff… Bref, c’était bien animé pour le seul groupe non parisien (si je ne me trompe pas).
Les mineurs de SEIDE (avec des figures charbonnées, c’est pour ça…) ont été aussi attendus. Le groupe vient de sortir un album qui est bien apprécié d’après ce que j’ai lu mais personnellement je n’accroche pas. N’empêche que le titre qui est passé juste avant « Outsider » est bien sympa, il m’a presque enthousiasmé. Mais la fatigue a eu définitivement raison de moi, je suis partie avant la fin…