Après quelques heures de train en partance de Dijon, me voilà enfin arrivé devant le Bataclan. Petite escapade qui m'a coûté un bras, mais nous autres pauvres provinciaux ne pouvons prétendre pareille affiche dans nos vertes contrées! C'est donc avec beaucoup d'enthousiasme que je pénètre accompagné d'un dude dans cette jolie et assez moderne salle, pour voir pour la première fois Dimmu et Enslaved : deux groupes que j'affectionne depuis un bail.
Première surprise, le show commence à 19h, contrairement aux 19h30 annoncés. Pas de soucis, nous étions en avance, et on a même eu le temps de choper un demi au bar (4 euros le demi, by the way, c'est assez trashoss :/)
A peine le temps de s'avancer dans une fosse très clairsemée que Sahg monte sur scène en bon warm-up de son état pour l'occasion. Je ne connaissais pas particulièrement le combo norvégien, tout juste avais-je écouté quelques uns de leurs morceaux sur le net, mais j'avoue que la sauce a bien pris. Premier constat : le son est d'excellente facture : les différents instruments se discernent très bien et aucun son disgracieux ou parties "fouillies" ne sont à déplorer. Le groupe est bien en place, la prestation scénique est assez soft mais de bonne facture (mention spéciale au bassiste qui avait l'air très motivé !) et la demi heure passée en leur compagnie fut donc sympathique. Niveau zik, le groupe aligne les plans carrés et puissants avec un côté rock'n roll très punchy, tout en fluidité, et le chanteur prouve à tout le monde qu'il sait très bien chanter et, surtout, qu'être un musicien norvégien ne rime pas forcément avec corpse paint et t-shirt de Darkthrone

Finalement, une assez bonne surprise que ce Sahg, je pense d'ailleurs me pencher un peu sur leur discographie : du rock-metal puissant qui donne envie de taper du pied, c'est toujours bon à prendre !
Vient le tour d'Enslaved, et l'on sent tout de suite qu'une partie du public est venu pour eux principalement (dont moi) : la salle commence à se remplir, la chaleur pointe le bout de son nez moite, et l'accueil réservé à ce band légendaire (n'ayons pas peur des mots) est très chaleureux! Comme pour Sahg, le son était vraiment excellent, ce qui n'est pas du luxe pour faire ressortir la sensibilité des titres du groupe. Résolument contents d'être là, les norvégiens vont durant 45 minutes mettre tout le monde d'accord. Avec une set list faisant aussi bien la part belle aux nouvelles compos (les deux titres d'ouvertures étaient extraits de leur nouvel album) qu'aux classiques du combo (Isa pour ne citer que lui) Enslaved envoie toute sa classe et son charisme à la face d'un public manifestement content de s'en prendre plein les dents. Les musiciens sont bien en place, communiquent avec bonne humeur et humour avec leur audience et déploient un jeu de scène classique mais très efficace : : voir les deux leaders du groupe headbanger tels des vikings partant en guerre l'un en face de l'autre ça n'a pas de prix, surtout quand on connaît la carrure des deux lascars! Ce show fut vraiment excellent, la prestation des musiciens était imparable, à part peut être le chant clair trop en avant sur un ou deux titres selon moi -mais toujours juste! Les growls étaient nickel, ni trop encombrants ni effacés dans les guitarres et les compos se sont enchaînées avec une parfaite fluidité. Ces 45 minutes sont passées bien vite, et on aurait bien aimé en avoir un peu plus, on se consolera sur un final juste monumental avec Ground tiré de Vertebrae, peut être la plus "pink-floydienne" de leur compo, interprétée de façon magistrale : je ne pensais pas possible de faire ressortir toute l'émotion de cette chanson en live, et le solo fut juste interprété avec perfection ! En résumé, Enslaved c'était du lourd, du très lourd... je me suis pris un joli parpaing dans la gueule, et honnêtement, je n'en attendais pas autant! Merci les gars, maintenant je vous aime en secret!
Après un tour au "coin clope" aussi étriqué que l'anus d'une nonne scandinave et un petit malaise de mon pote aux chiottes (c'était son premier concert de metal extreme, forcément

), et un bon quart d'heure après la prestation d'Enslaved, nous voilà de nouveau sur le headbang floor afin d'accueillir les stars du jour : Dimmu Borgir. La chaleur commence à devenir vraiment pénible (le systeme de ventilation du bataclan semble avoir été conçu par des stagiaires Sri-lankais..) et la tension est à son comble lorsque retentit l'excellente intro d'Abrahadabra (Xibir). Le groupe apparaît tout en grandiloquence (arrivée des membres un par un, salués comme il se doit par un public d'ores et déjà conquis) et commence son set par un grand classique : Spellbound (by the devil), qui ravira les fans dès les premiers accords. Une entrée en matière directe et frontale donc, mais qui témoigne malheureusement du seul défaut de leur prestation : le son bien que très puissant et massif est assez "brouillon", la faute à une batterie trop en avant à mon goût et un niveau sonore peut être un peu trop élevé. Rien d'alarmant, mais au vu de la qualité du son des deux groupes de première partie, on était en droit d'attendre encore mieux pour Dimmu, et on a eu un peu moins bien... too bad ! Le groupe semble bien en place, le bassiste session a de l'énergie à revendre, et la communication avec le public fut très chaleureuse, Shagrath arguant souvent le public pour qu'il hurle à tue tête sur les passages punchy des compos! Moi qui m'attendait à un show froid, je fus agréablement surpris de l'énergie déployée, limite festif (oui, bon, limite..

). Alors, certes, Shagrath n'est pas le meilleur front man du genre mais rien que les mimiques de Galder, en mode evil grand-guignolesque, ont suffit à emporter l'adhésion de tous.. quelle prestance !
La set list fut assez éclectique : alternant grands classiques du combo (dont un Puritania juste monstrueux de puissance, et un Progenies of the great apocalypse dantesque) et nouveautés. Les nouveaux titres passent d'ailleurs bien l'épreuve du live : Gateways se révèle être une chanson très puissante et en parfaite adéquation avec l'exercice (les vocaux féminins étaient samplés et bien intégrées), tout comme Born treacherous. La chanson Dimmu borgir fut aussi, pour moi, une excellente surprise : un titre certes mainstream mais qui donne furieusement envie de headbanger et de taper du pied, et c'est bien tout ce qu'on demande à une song interprétée en concert! Citons aussi Chess with the Abyss dans le rayon nouveauté, un titre qui comme les autres issus de Abrahadabra joués ce soir, témoigne que Dimmu n'a en rien perdu avec les départs de Mustis et Vortex... ouf, on ne se mangera pas deux merdes de suite comme In sorte Diaboli (désolé mais j'ai jamais été aussi dégouté d'acheter un album.. quelle daube intersidérale :/). A noter qu'en l'absence d'un chanteur "lyrique" comme Vortex, les parties à la base interprétées par ce dernier furent remplacées par des samples de choeurs bien sentis, qui finalement n'altèrent en rien la qualité des compos (Progenies.. était un grand moment de bravoure du concert!).
Au final, Dimmu m'aura mis une belle petite gifle dans la gueule, et je ne m'y attendais pas! N'étant pas un immense fan du combo et ayant entendu beaucoup de mal au sujet de leurs prestations scéniques, j'étais parti avec beaucoup d'appréhension, et je fus finalement très agréablement surpris de prendre un pied monstrueux durant tout le set, d'une durée d'environ une heure et demi. Merci à vous, j'ai passé un putain de bon moment !
En conclusion, pour mon premier concert parisien et mon premier show de Dimmu et d'Enslaved, je ne pouvais pas demander mieux : j'ai passé une excellente soirée, les metalheadz parisiens ont l'air d'être de chouettes gars, la salle était de bonne facture (mise à part la chaleur et les prix débiles pratiqués au bar et au vestiaire) et les prestations scéniques vraiment jouissives. Je suis reparti avec le sourire et la satisfaction de ne pas avoir lâché une "fortune" en vain (train + billet + frais sur place = ouch

).
Horns up !